Scarborough | paysage embrumé

Are you going to Scarborough Fair ? Bourgade de soixante-mille âmes perchée à flanc de falaises et léchée par la houle poisseuse à l'âpre fragrance d'iode. La brume omnisciente permet aux ombres de s'y tapir, leurs carnes se mouvant en spectres décharnés à chaque ruelle devenue coupe-gorge lorsque la sorgue domine. Théâtre de mystères irrésolus et nombreuses disparitions, bienvenue au cœur de la cité des faux-semblants.

Landes verdoyante du North Yorkshire aux traces millénaires harassées par la brise et brume littorale de la mer du Nord. Le climat tempéré océanique baigne les terres d'onde fraîche durant une grande partie de l'année, balayée par des vents secs et givrés sous des cieux grisonnants. Le paysage aux étendues semblables à un océan végétal est jonché de bruyères violacées dont la fragrance se mêle à celle de l'iode ferreuse. Au cœur des landes, le parc national des North York Moors semble tapissé de ruines rongées par les mousses, voyant fleurir vestiges romains et autres abbayes surannées. La rupture abrupte entre terre et mer se fait par des roches calcaires inhospitalières léchées par les eaux froides où se complaisent bestiaux issus des abysses.

Station balnéaire aux façades bigarrées faisant office de leurre, dissimulant monticule de crasse à l'image des badauds qui y ont élu domicile. Les eaux thermales y sont soi-disant miraculeuses et les ruines du château surplombent telles une pupille omnisciente qui connait chaque murmure que l'on tente de ravaler. En dépit du sordide insufflé par des disparitions inexpliquées et les trépassés régurgités par la houle, la période estivale voit poindre son lot de touristes. Les jours radieux se font pourtant parcimonieux, les vagues capricieuses de la Mer du Nord tiédies par les cieux opaques aux nuances de gris. Les eaux noires tétanisent les locaux, contant légendes monstrueuses qui n'effraient guère les aventuriers téméraires, à leurs risques et périls. Les pierres antiques érodée des environs sont omniscientes, témoin d'un riche patrimoine historiques aux remembrances lugubres. Bourgade également berceau de créatures toutes aussi immémorielles et enracinées, en cabinet de curiosité voilé par le smog, l'une des plus peuplée en surnaturel du Royaume-Uni.

À quelques kilomètres au nord de Scarborough, falaises et landes laissent entrevoir le village de Ravenscar formant une citadelle à flanc d'abîme, dernier bastion d'humanité avant les étendues sauvages de la forêt de Raincliffe Woods. Colonies de phoques gris et fous de Bassans sont ici maîtres, d’avantages nombreux que les habitants. Se dresse ensuite Whitby et ses ruines d'abbaye sinistre aux nombreux récits, ayant inspiré le conte d'un certain Dracula à Bram Stoker.    

Us et coutumes embourbés à la rudesse des côtes de la mer du Nord et relents britanniques dissimulant nombreux faux-semblants pernicieux qui grouillent aux ombres. Scarborough s'illustre par son absinthe aromatisée aux fleurs de zostères, distillée à flanc de falaise depuis des siècles et dont les démences ont jadis captivé nombre d'artistes dans ses bras glacés. Aujourd'hui n'en demeure qu'un alcool règlementé délaissé de ses hallucinations au doux nom de la fée scarboriane. Bien entendu, le respect de la tradition est de mise et les bouilloires sifflent de concert à dix-sept heures pour un Earl Grey tea.

La bourgade baigne également dans les légendes urbaines et autres histoires de fantômes faisant trembler les carnes des nombreux touristes. Le surnaturel y est culturel et fait partie du commerce local, sans savoir que les légendes sont parfois bien plus véridiques que les contes que l'on murmure aux lobes.

Plantée dans le creux de sa falaise, la terne Scarborough veille dans la brume, comme un étrange mirage où s'agitent fantômes et macabres lubies. Le surnaturel suinte dans ses caniveaux et les ambiguïtés jettent leurs ombres sur ses façades venteuses, théâtre de faux-semblants aux allures de tombeau.

Quelques écrits légendaires relatent la présence de Robin des Bois en ces terres, ayant demeuré un temps dans l'auberge d'une veuve afin d'apprendre le métier de pêcheur.

Énigmatique spectre qui hanterait les lieux, la silhouette blafarde aurait rôdé au début des années 1930, avant d'être capturée sur l'argentique d'une pellicule. Le mythe du fantôme est né, là où une Banshee a très certainement erré.

Au XVIIIe, on murmurait que des loups venaient déterrer les carcasses de la nécropole une fois le soir venu, afin de les dévorer. Les canidés ont vite répandu les mythes terribles qu'il s'agissait en réalité de loups-garous voraces. Cependant, les plus vieilles légendes liées à ce lieu macabre relatent des apparitions mystérieuses et des carcasses revenues à la vie depuis le XIIe siècle. Les zombies et morts-vivants terrifient encore. Probablement quelques Vampires et Stryges peu discrets.  

Nombreux récits de pêcheurs évoquent l'apparition de bêtes, tandis que quelques disparitions éveillent les soupçons. On murmure que les eaux regorgent de monstres, qu'il suffit de s'éloigner des côtes touristiques pour peut-être apercevoir l'inimaginable. Certains disent que ce sont les colonies de phoques de Ravenscar, mais d'autres savent que les eaux grouillent de Sirènes.

Au XIVe siècle, un ange brun se serait posé sur le toit de la bâtisse, annonçant un message de bienveillance divine. Le volatile mystérieux se serait envolé ensuite, sans jamais laisser de trace. Beaucoup y ont vu un présage divin, une présence du Très Haut, alors qu'il ne s'agissait très certainement que d'une Harpie farceuse.

En 1917, deux mômes innocentes prétendent avoir aperçu des fées. Personne ne croit leurs racontars, jusqu'au jour où les deux jeune filles rapportèrent des photographies qui feront plus tard le tour du monde, si bien que Sir Arthur Conan-Doyle (l'auteur de Sherlock Holmes) s'est impliqué dans leurs histoires. L'une des fillettes avoua cependant en 1983, avant sa mort, qu'il s'agissait d'un canular. Il se pourrait pourtant que quelques Dryades soient impliquées.