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what shall we do with a drunken sailor | cody

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Pío Blumenthal
aucune suspicion

Pío Blumenthal

saisons : quarante-sixième printemps dans ce monde étrange qui ne cesse de l'intriguer et de l'émerveiller.
occupation : propriétaire excentrique de la Scarborough Art Gallery, artiste et copiste de talent, disponible à faire des faux pour des particuliers. Ancien consultant pour l'office central de lutte contre le trafic des biens culturels pour son expertise en art, il offre encore ses services aux autorités.
myocarde : fraîchement célibataire, rupture dont il peine à faire le deuil, même s'il tente de faire bonne figure. Il ne cherche pas de remplaçant, la relation qui avait fleuri était l'anomalie de sa vie sentimentale inexistante.
miroir : what shall we do with a drunken sailor | cody C34aruj
faciès & artiste : daniel brühl. PROFIL | (avatar) soeurdelune. (gifs&icon) writerinafoxhole. SIGN | (gif) writerinafoxhole.
victimes : 2465


what shall we do with a drunken sailor

❝ ❞
Expect the unexpected, and whenever possible, be the unexpected.


TW: aucun

Vendredi soir en solo.

Pìo avait quitté la galerie après avoir donné les dernières instructions aux peintres qui allaient travailler dans l'espace des expositions temporaires toute la fin de semaine, afin de préparer la pièce pour le prochain vernissage qui aurait lieu dans quelques jours. Un peu plus tôt dans la journée, il avait fini d'organiser sa semaine dans le but de pouvoir être présent lors de l'installation et de discuter avec les artistes. Son week-end libéré, le propriétaire comptait profiter de celui-ci pour sortir sa goélette et rejoindre une connaissance à Hartlepool, besoin de changer de décors. Ces derniers jours, il s'était plongé dans le travail, sa mère lui avait laissé un SMS pour lui demander s'il venait toujours au repas de famille. Il devait trouver une excuse pour repousser l'échéance et s'échapper en mer était une manière de le faire.

Les beaux jours d'été permettaient à Pío d'opter pour une tenue un peu moins guindée, ayant troqué son habituel pantalon noir pour un short beige avec une ceinture de cuir brun clair, une chemise de coton blanche et une paire de lunettes de soleil sur le nez, style qui lui donnait des airs de vacancier tout droit débarqué de Monaco ou autre ville du style. Contraste saisissant une fois qu'il avait récupéré sa barquette en carton de Fish & Chips, dégustant avec les doigts un morceau de filet frit qu'il avait trempé dans la sauce tartare. Pío longeait la promenade pour rejoindre le port dans lequel était amarrée sa goélette. Son regard scannait le visage des passants qu'il croisait, son attention glissant parfois vers la plage, le souffle des vagues s'écrasant sur le sable, éclats de rire des quelques âme courageuse se risquant dans l'eau, décrochant un léger sourire au coin des lèvres de l'homme, une belle soirée en perspective.

Atteignant le ponton, Pío rejoignait la goélette dont les deux-mâts en bois se détachaient au milieu des yachts et de voiliers plus modernes. Arrivé à sa hauteur, il déposait la barquette sur le pont, afin de se hisser à bord avec aisance, les deux pieds atterrissant sur le bois créant une vibration qui valut une réaction sur tout le bateau. Clapotis de l'eau, léger mouvement de tangage, réponse des poulies sécurisant les cordages, accompagné d'un son inhabituel, celui d'un marmonnement, qui attira immédiatement l'attention du propriétaire.

Allongé sur la banquette derrière le gouvernail, un inconnu. Posant la barquette sur le toit de la cabine, Pío, une expression à la fois amusée et contrariée, s'approchait de la forme endormie afin de déceler les traits d'un jeune homme, à peine la trentaine, rougeur sur le visage trahissant qu'il avait pris le soleil beaucoup plus longtemps que prévu. Il ne semblait pas avoir tenté de pénétrer dans la cabine, ni de libérer le gouvernail de son cadenas, et le propriétaire de la goélette se demandait à quel moment un inconnu pensé pouvoir s'octroyer une petite sieste sur un bateau qui n'était pas le sien. Pío saluait l'audace, bien qu'il considérait cela aussi comme de l'inconscience, déformation professionnelle de sa part, sans aucun doute.

Il finissait par se pencher afin de donner une tape légère sur l'épaule du blondinet « Hey, est-ce que ça va ?, l'accent espagnol ponctuant son anglais, Je pense que vous vous être trompé de bateau. » Ni colère, ni frustration, Pío voulant donner le bénéfice du doute à son naufragé imprévu.


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what shall we do with a drunken sailor | cody 72DPSGt
Fingers stretching out from nowhere, reaching for my throat. Teeth wide smiling that they found me, slowly closing in while you say everything is going to be fine...


Cody Grant
aucune suspicion

Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : what shall we do with a drunken sailor | cody 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
victimes : 608

online

what shall we do with a drunken sailor

❝ ❞
So while you fill the streets, it's appealing to see, and you won't get out the county 'cause you're damned and free. (c)


     Le temps fraichit au déclin du jour, fait frissonner la peau de poule qui ressent pourtant rien d'autre que sa cuisson à point, embrassée par le soleil depuis une sieste trop longue. Du claquement régulier des voiles et du clapotement de la coque sur l'écume du port, des éclats de voix des mouettes comme de ceux des gens – tu n'as rien qu'un silence apaisé et apaisant, et le bruit blanc du souffle d'air rebiquant contre tes tympans. Tu y viens de temps en temps, sur la goélette, te laisser bercer par la houle à des heures où les gens travaillent ; l'avantage indéniable de tes horaires de contractuel. A la haute saison, en permanence sous le cagnard, à parquer les touristes comme on guiderait les vaches, y'a que les jours de congé qui t'autorisent ces moments pour toi. Et le fait que ce bateau ne t'appartienne pas n'a aucun poids dans la balance, puisque la mer appartient à tout le monde, et que ça ne peut pas faire de tort si les premiers concernés ne le remarquent pas.

    Y'a encore sur toi les restes d'une journée de vacances. Un voile de sel sur ta peau l'assèche et la brûle presque davantage que le soleil timide sur ces latitudes, et celui-là miroitait assez sur l'onde pour accrocher à tes cils quelques larmes de sous tes paupières closes. La chemise à palmiers et aras multicolores qui avait vu sauter quelques boutons criait largement que tu étais rien qu'un sans-gêne et non un ouvrier en pause. Il en allait de même des sandales, délaissées en pagaille avec un fond tiède d'ale bon marché, au pied de la banquette où tu t'étais refait le monde, et du roulé de chanvre oublié sur ton ventre qui avait selon toute vraisemblance fini de se consumer tout seul. Qu'un mot pour ce petit bonheur commun, paix, qui s'interromprait pas pour les pas sur le ponton, pas plus audibles que ne pouvaient l'être tes rêves d'insolation pour le reste des passants.

    Qui tanguaient doucement, sur les tons rouges de la toile des paupières, mais pas autant que ton visage après des heures sans crème ; et le délassement des muscles après la baignade de tantôt te donnait une impression de lourdeur et d'ancrage, à en devoir subir sur le bout du nez les chatouilles du vent.

    La tape sur l'épaule te fait sursauter comme dans de l'horreur de nanard, alors que tu n'as rien de cohérent dans le crâne ni rien de visible pour tes yeux brusquement éblouis. Et le cardiaque à 200, sous tes doigts crispés, se fait un marathon d'une côte à l'autre. « Putain tu m'as fait peur ! » tu t'exclames, la bouche pâteuse et la voix rauque trahissant une certaine déshydratation, tant par le soleil et la mer que par l'alcool et le cannabis. Le souffle, les paumes salées contre les paupières, le sourire plus ou moins nerveux. T'entends bien comme un filet de voix mais tu serais bien incapable d'en traduire le sens.

    Quelques secondes en suspens, et tu relèves les yeux mieux habitués vers le spécimen qui avait eu la cruauté d'interrompre ta meilleure sieste des six dernières semaines. Il y manquait vraiment que le polo croisé sur les épaules pour parfaire le portrait du parfait monégasque, à qui tu aurais moins prêté le voilier que n'importe quel yacht. Tu supposes, avec peu de risque de te tromper, que t'as affaire au propriétaire – celui auquel t'as échappé depuis plus longtemps que tu n'oseras l'admettre. « Euh... Désolé. » que tu lâches sans le penser vraiment, et tu te redresses en position assise, répandant en pluie fine sur les lattes et la banquette le sable pris dans tes bouclettes à présent qu'il avait séché. Tu prends quand même le temps de reboutonner ta chemise plus correctement, d'enfiler tes tongs – et d'accrocher à ton short la contrefaçon de Ray-Ban qui te trainait sur le front au lieu de protéger tes yeux. Puis tu t'étires au rythme des îles, sans te sentir pressé le moins du monde de décarrer des lieux. « C'est ton bateau, c'est ça ? Il est top ! 'Scuse, tu m'as dit un truc ? J'ai pas écouté. » Ce qui a un sens différent pour toi des autres, et que tu rattrapes maintenant en rivant tes yeux sur la bouche du type ; ce qu'écouter veut dire, quand de simplement entendre est hors de l'équation.


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Pío Blumenthal
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Pío Blumenthal

saisons : quarante-sixième printemps dans ce monde étrange qui ne cesse de l'intriguer et de l'émerveiller.
occupation : propriétaire excentrique de la Scarborough Art Gallery, artiste et copiste de talent, disponible à faire des faux pour des particuliers. Ancien consultant pour l'office central de lutte contre le trafic des biens culturels pour son expertise en art, il offre encore ses services aux autorités.
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TW: classicisme, abus de pouvoir

Pío avait été élevé dans un environnement dans lequel la courtoisie n'était qu'une façade. Gamin, il avait rapidement compris qu'il n'était pas question de se montrer aimable ou compréhensif, prêter ses jouets en pensant qu'on allait le lui rendre en fasse était naïf, faisant de lui le pigeon à plumer et une personne faible, à dominer. Il l'avait appris à la dure, étaient venus ensuite les années à l'université, puis son entrée dans la vie active, les règles du jeu ne changeaient pas : tenter d'obtenir du pouvoir à coup de sincérité et de générosité, n'était pas bien vue. Non, même les hommes en costume se lavaient les mains des bonnes manières et des valeurs. Le pouvoir, on le prenait, et on s'y accrochait en créant une figure d'autorité, et si bomber le torse ne suffisait pas, l'autorité et la force finirait par faire asseoir sa supériorité sur les autres. Tous les sourires et les poignées de main n'étaient qu'une forme de politesse hypocrite de la haute, un écran de fumée.

S'il suivait cette logique, il devrait être en colère de la présence de l'inconnu, il aurait dû contacter le service de sécurité de la marina ou la police afin de déloger l'homme du pont de son bateau afin qu'il puisse préparer son départ et mettre les voiles, sans jamais se soucier de son sort. Pío ne prétendrait pas qu'il n'avait pas cédé aux règles du jeu plus jeune devant des témoins, mais il avait appris avec le temps qu'il pouvait changer les règles, puisque c'était ce que tout le monde faisait, et jouer les marionnettistes afin d'obtenir ce dont il avait besoin. Il avait aussi appris qu'être apprécié par les autres, peu importe leur statut social, était un atout de taille, un risque, mais il n'y avait rien de plus gratifiant que de voir le mépris de ces hommes et femmes qui usé la force pour asseoir leur pouvoir, quand il parvenait à obtenir ce qu'il voulait sans avoir à mettre en péril ses valeurs. Il fallait trouver le bon équilibre, quitte à se faire quelques ennemis en route.

Il était aussi possible que sa réaction soit inhabituelle, et que n'importe qui face à un inconnu sur son bateau aurait appelé la police. Si l'homme en question avait fait deux fois sa taille, peut-être qu'il aurait eu une autre approche. Son invité (?), il l'avait trouvé allongé sur la banquette en plein soleil et compte tenu qu'il manqua de faire une crise cardiaque en réaction à une simple tape sur l'épaule, le propriétaire de la goélette ne craignait rien. « Ah. » Un soupir amusé soulevait la poitrine de Pío, à l'exclamation injurieuse du jeune homme, soulagé que le pauvre gars au visage rose crevette ne soit pas dans un état proche de passer l'arme à gauche. Il souffrait certainement d'une insolation, mais il allait survivre.

Un ange passa.

Pío regardait l'inconnu se redresser, prenant tout son temps en s'étirant tel un chat paresseux qu'il avait eu l'audace de réveiller de l'une de ses siestes sacrées. Il lui avait tout de même fait des excuses, si on pouvait appeler cela des excuses. Par contre, il était plutôt curieux de savoir comment il avait atterri sur sa banquette. Son naufragé reboutonnait sa chemise, glissant ses pieds dans ses tongs avant de finalement le regarder, reprenant leur échange.

Pío lui lançait un regard amusé par-dessus ses lunettes de soleil, « Oui, c'est une goélette, répondait-il en le corrigeant par réflexe, Merci. Il haussait un sourcil lorsque le jeune homme ajoutait qu'il n'avait pas compris ce qu'il avait dit avant. Ça n'avait pas d'importance. Vous faites souvent la sieste sur les bateaux d'inconnus ? Suicidaire ou simplement inconscient ? Un léger sourire révélant ses canines s'esquissait sur ses lèvres, taquiner l'inconnu l'amusait. Vous avez un nom ? Pío glissait sa main dans la poche de son short pour sortir son trousseau de clefs. Je vais vous chercher de l'eau et quelque chose pour vos coups de soleil, je ne peux pas vous laisser partir dans cet état. » Il lui tournait le dos afin d'ouvrir la porte, récupérant la barquette de fish & chips avant de disparaître à l'intérieur de la cabine.


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Cody Grant
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saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
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    Le sommeil fond sans que tu perdes sa lourdeur ; tu le dois plutôt au soleil et à la claque rouge qui te fait sentir toutes tes fossettes à la moindre crispation. Le sursaut d'anxiété n'a jamais été que ça – un sursaut, aussi commun pour toi que pouvaient l'être toutes ces mains qui ne s'annonçaient pas, s'arrogeant le droit de compenser les appels que tu laissais sans réponse. L'homme devant toi patiente, ne paraît pas s'offusquer de ta lenteur plus que de ta présence, et tu ne t'attendais pas à ce qu'on t'accueille avec cette nonchalance, considérant ce que tu te permettais comme intrusion. Probablement que tous tes salaires depuis tes vingt ans ne suffiraient pas pour chiffrer le prix du voilier. C'est une goélette, corrige le propriétaire. « C'est pas genre un oiseau ? » que tu renchéris, assez vite pour tenir du réflexe et laisser supposer que la pensée suivante aurait été plus pertinente. Preuve étant que tu n'avais pas choisi le rafiot par connaissance ou passion de l'engin, mais spontanément, pour la vibe. Et supposément, n'en déplaisent à tes paupières encore plissées s'ajustant progressivement à l'éclairage, pour le confort, et l'espoir vain de bénéficier des ombres du voilage.

    Vous faites souvent la sieste sur les bateaux d'inconnus ? Suicidaire ou simplement inconscient ? Etrange, comme ces mots affleuraient la menace, mais fondus dans un sourire qui ne casserait pas l'innocence. « Oh non, du tout, et tu te râcles la gorge pour te dégager la voix, éteinte pour toutes les mêmes raisons que plus tôt, tu es ma première fois. » Tu le dis avec un aplomb sincère, un peu d'amusement aussi, encouragé par l'absence de colère de ton vis-à-vis. Ça te semblait le meilleur pari, considérant que tu étais en tort, que de suivre son ton et jouer la carte de l'humour. Il prendrait la plaisanterie, tu quitterais son bateau, et chaque chose retrouverait son ordre, à l'exception d'une feinte odeur de cannabis qui ne s'en irait sans doute pas avant une poignée d'heures. Vous avez un nom ? « Bonne question ça. Attends, j'appelle ma mère et je lui demande. » Le ton reste à l'humour, la main va malgré tout au téléphone, jeter un œil à l'heure – autrement plus avancée que ce que tu avais anticipé. La batterie dans l'angle ne dépasse pas les deux pourcents, siphonnée n'importe comment à s'être fait oublier dans un rai de soleil. Y'a un moment de flottement, de doute, de mal de crâne intense aussi, avant que la réponse ne surgisse en te surprenant presque. « Cody. » Autocongratulation silencieuse. Tu envisages bien qu'il pourrait vouloir s'amuser à le rapporter aux autorités locales, mais sans le patronyme, il n'irait sans doute pas très loin.

    Tu te relèves, ramassant la bouteille à ta cheville, attrapant seulement une grappe de mots avant qu'il ne se détourne pour accéder à sa cabine, et que le reste ne se fonde dans l'inintelligible. Chercher de l'eau. Un regard vers le fond de la bouteille où stagnait la dernière gorgée de bière tiède, que tu as envisagé un bref instant d'avaler pour te dessécher la gorge. Mais finalement répugné par ta propre idée, tu décides d'abuser de l'invitation (possiblement surinterprétée) de ton hôte, contre tout ce qu'il y avait dans ce monde de raisonnable. Quoi qu'on t'y ait pas formellement invité, tu passes le seuil sans t'aventurer plus loin, jetant sur l'intérieur un regard sincèrement curieux. « J'vais pas mentir, je m'attendais pas à ce que ce soit si bien pris. Tout comme je comptais pas rester si tard – j'ai pas vu le temps passer. Je suis vraiment bien tombé. » La main sur la nuque presse contre un coup de soleil, arrache une grimace ; passe dans les boucles et sème, encore, du sable où il ne faudrait pas. « Je veux pas abuser, c'est déjà très gentil, mais je serais pas contre un doliprane, si jamais y'en a un qui traine... » Habitué, toi, à servir de référent à toutes les occasions sociales, que des inconnus se pointent à tour de bras réclamer tout et n'importe quoi. Ça te fait oublier qu'on se permet pas la même chose avec des particuliers. « Ça a dû coûter bonbon, tu bosses dans quoi ? » tu commentes encore, de toute façon tu manqueras ses réponses s'il ne les tourne pas dans ta direction, mais t'es habitué à ça.


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Pío Blumenthal
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myocarde : fraîchement célibataire, rupture dont il peine à faire le deuil, même s'il tente de faire bonne figure. Il ne cherche pas de remplaçant, la relation qui avait fleuri était l'anomalie de sa vie sentimentale inexistante.
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TW: ras

C'est pas genre un oiseau ? Pío avait esquissé un sourire amusé à la question, ne donnant pas pour autant une réponse à son rescapé. Les deux hommes se jaugeaient encore un peu, la réponse qui suivit était tout aussi comique, amusé par sa spontanéité le sourire du propriétaire de la goélette s'étirait un peu plus, et l'inconnu continuait sur sa lancée, cette fois même en accompagnant ses propos d'un geste, avant de finalement se raviser. Prénom lâché au vent, non sans fierté. « Enchanté Cody, Pío. » Avait-il répondu entre le moment où les présentations étaient faites et son offre de lui donner quelque chose pour son état. Personne ici ne pourrait reprocher à un Blumenthal ne manquer d'hospitalité, même pour un indésirable.

L'intérieur de la cabine du Frontiera Bianca était plus grand qu'elle ne semblait de l'extérieur. D'abord, elle était assez haute de plafond pour que des personnes comme Cody ou Pío puissent se tenir debout sans risquer un lumbago. Composée de plusieurs pièces, la principale, sur laquelle s'ouvrait l'escalier, était éclairé par deux puits de lumière naturelle formée par les fenêtres au plafond donnant sur l'extérieur. Si l'intérieur avait gardé sa forme originelle, une partie de l'intérieur était peinte en blanc, laissant que les arches dans leur aspect bois naturel, deux portes coulissantes, inspirées par des pans japonais, séparent la pièce principale des cabines. Elle comprenait une cuisine équipée de plaque et d'un évier, ainsi qu'un petit four encastré dans un mur. Des bibliothèques sont installées d'un côté, au-dessus d'une longue banquette avec vue sur le port, de l'autre, une plus large banquette autour d'une table. Il y avait aussi une table sur laquelle étaient disposées les cartes marines. Le lieu envoyé un message assez mix entre navires de croisière de luxe et cocon chaleureux invitant n'importe qui a en profiter.

Les lunettes de soleil glissaient sur sa tête, la barquette de frite et poisson frit terminant sur le comptoir en bois de la cuisine. Pío déposait sa sacoche sur l'une des banquettes. Il se tournait de nouveau vers Cody qui osait pénétrer dans son antre, l'espagnol s'approchant de lui alors qu'il était encore sur les marches, haussant un sourcil, un nouveau sourire carnassier s'esquissant sur ses lèvres. « En gros, je t'ai pris en flagrant délit de squattage innocent. Tu n'as pas passé l'âge ? Taquinait-il en observant Cody de la tête au pied. As-tu des allergies particulières, ou des intolérances peut-être ? » Demandait-il avant de se tourner et d'appuyer sur l'un des murs de la pièce, révélant une porte de placard pour en sortir la trousse de secours et pharmacie, il mit le tout sur la table de carte le temps de trouver ce qu'il cherchait. Pío riait doucement à la remarque de Cody, hochant la tête, il regardait Cody, une expression attendrit sur son visage, « Oui, c'est le seul dans son genre, l'ancien propriétaire ne pouvait plus en prendre soin, je lui ai acheté au prix qu'il souhaitait. » Il avait ensuite offert le double, car même l'ancien propriétaire n'avait aucune idée de la valeur de sa création, au-delà de la valeur sentimentale qui elle n'avait pas de prix. Pío n'était pas du genre à voler les honnêtes gens, il ne pouvait pas en dire autant de certains de ses clients à qui il n'avait aucun scrupule à vendre ses copies au prix fort.

« D'ailleurs, l'oiseau en question, c'est un goéland, mais certains disent que c'est de cet oiseau que vient le nom de ce type de bateau, tu n'étais donc pas loin. Pío lui tendait le tube de crème d'aloe vera et la boîte contenant de quoi l'aider pour son mal de crâne, installe-toi à la table, je t'amène un verre d'eau. » Pío ouvrait un autre placard au-dessus du comptoir, afin d'en sortir un verre d'eau, qu'il remplit au robinet avant de rejoindre Cody, posant le verre ainsi que la barquette de fish & chips entre lui et Cody. Il se glissait sur la banquette en face de lui. « Je suis le directeur artistique de la galerie d'art de la ville, mais j'ai acheté le bateau, il y a plus longtemps, quand j'étais en Italie. L'homme attrapait un morceau de poisson entre ses doigts, le trempant dans la sauce. Et toi, que fais-tu quand tu n'es pas en train de lézarder au soleil sur les bateaux d'inconnus ? »


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     La volée de marche descendue, s'étale dans ton angle de vue la richesse de confort et d'ameublement que permet la cabine de la goélette. Insoupçonnée. Tu ne t'étais pourtant créé aucune attente particulière, mais c'était quand même amplement plus vaste que ce que tu aurais anticipé. Tu n'avais pas vraiment caressé l'idée de t'emparer de l'embarcation, à vrai dire, ni d'en posséder une toi-même ; tu ne savais pas piloter l'engin d'une part, il représentait un entretien et des démarches qui dépassaient largement ton cadre de compétence de l'autre, autant qu'un budget que tu n'aurais jamais pu te permettre. Le plaisir dérobé de te sentir bercé par la houle est bien le seul dans ta lubie que tu assumes, que Pío dénonce audacieusement comme un flagrant délit d'innocence – ce qui pour antinomique ne te correspond pas si mal non plus. « J'aurai passé l'âge quand j'aurai de quoi me payer le même. » Tu le dis un peu brave en admettant le crime à demi-moue, sans te décrocher de la dernière marche comme pour te surélever des quelques centimètres qui te manquaient pour égaler sa taille. La curiosité se contient quelques secondes encore pour que tu restes vissé aux lèvres s'évertuant à causer. As-tu des allergies particulières, ou des intolérances peut-être ? « Non. » Tu réponds tout de suite, sans vraiment hésiter, et sans que ça le concerne vraiment non plus. Puis le doute s'immisce, les sourcils froncés cherchent l'incohérence, suivent les gestes jusqu'à l'armoire à pharmacie. Tu pourrais mourir quand même. « 'Fin. Sauf si t'as prévu d'infuser l'eau avec des crevettes- » mais faudrait être sacrément con, que tu complètes à moitié. La plaisanterie ne suffit pas à couper le malaise substantiel venu se loger dans un trou de matière grise.

     Pío affairé sans avoir marqué l'indignation ou tenté de te renvoyer sur le pont, tu te permets l'aventure dans ce nouvel espace. Les yeux, curieux, attirés moins par les rangées de livre que par les effets d'optique des puits de lumière perçant le plafond. Le bras levé tâte la voûte, comme un daron s'invente artisan-menuisier à la première poutre apparente. All in all, ça ressemblait davantage à un salon que ton dépotoir du même nom. L'errance sur fond de voix s'interrompt quand le tube de crème est tendu dans ta direction, et que ton visage se pave de perplexité et d'excuses. « 'Scuse-moi, j'ai pas tout suivi. » tu admets, pinçant tes doigts près de ton oreille, et le débarrasses rapidement de son fatras généreux, répondant à la consigne donnée sur un acquiescement léger et un soupçon d'ironie. « Aye sir ! J'en espérais pas tant, merci beaucoup. » Tu rejoins la banquette, craquant la tablette pour donner la priorité au cacheton, pris soudain d'une hésitation devant le profil atypique de ton hôte. « Euh... Tu comptes pas me faire payer ces trucs-là, si ? » tu demandes, espérant que l'hypothèse n'aille pas le vexer. La vie menée te fait dire que y'a rarement plus radin que les riches, quoique celui-là s'annonce une bizarre exception.

    L'attention à nouveau navigue, des lèvres qui répondent, à la barquette de poisson, les doigts bidouillent à l'aveugle ; cachet d'abord, et le verre se retrouve sec en trois secondes deux. Directeur, bateau, Italie. Y'a pas à brasser de la thune comme ça. Le renvoi de la question se perd dans un bref serrement de poitrine. T'aimes ce que tu fais, faut pas croire – mais t'aurais peut-être pas atterri là si tu te sentais pas si profondément incompétent ailleurs. « J'suis animateur. 'Fin, ça veut tout et rien dire, mais je fais plein de trucs - j'fais le mariole surtout. - Je bosse sur le camping pour le reste de l'été, là. » Cherche, dans ses yeux, l'accusation commune comme t'as droit à chaque repas de famille. « C'est pas ça qui va me payer un bateau » tu plaisantes. Une barque miteuse tout au plus, mais pour te laisser balloter par les eaux, est-ce que t'aurais vraiment eu besoin de mieux ? « Mais par contre ! J'ai un party bus. J'ai... » Fier, conquérant. Les mains cherchent dans une poche, une autre, se ravisent. « Bon, j'ai pas de tract et j'ai plus de batterie, tu admets, un peu salé. Mais si tu cherches Magicobus sur Internet, tu vas trouver. C'est pas le premier résultat, c'est pas non plus le deuxième, mais dans la liste y'en a un qui est à moi. Je l'ai depuis juin de l'an dernier, je fais un peu de tout avec. C'est pas le même standing par contre. J'veux dire, c'est pas ta goélette quoi. J'ai pas ramassé une pièce de collection, j'ai juste sorti une ferraille de la casse. Mais en picolant assez, je parie que même toi tu pourrais l'apprécier. » Probablement pas, en réalité, mais faut bien être vendeur pour racoler. Sait-on jamais qu'il balade l'info autour d'oreilles propices. « Ça te dérange si j'tape dedans ? » La question est enchainée sans transition, tu pointes du doigt la barquette de fish and chips, tenté par sa position équidistante depuis que t'as posé ton fessier autour de la table, quoi que tu te sois efforcé de le cacher à peu près. Le grommellement de ton estomac réveillé de sa sieste, la faim animale des redescentes de cannabis achevant de te faire pousser l'audace. « J'adore ça, pitié me dis pas non » tu plaisantes encore, gêné sous la surface, les coups de soleil en impeccable couverture.


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Pío Blumenthal
aucune suspicion

Pío Blumenthal

saisons : quarante-sixième printemps dans ce monde étrange qui ne cesse de l'intriguer et de l'émerveiller.
occupation : propriétaire excentrique de la Scarborough Art Gallery, artiste et copiste de talent, disponible à faire des faux pour des particuliers. Ancien consultant pour l'office central de lutte contre le trafic des biens culturels pour son expertise en art, il offre encore ses services aux autorités.
myocarde : fraîchement célibataire, rupture dont il peine à faire le deuil, même s'il tente de faire bonne figure. Il ne cherche pas de remplaçant, la relation qui avait fleuri était l'anomalie de sa vie sentimentale inexistante.
miroir : what shall we do with a drunken sailor | cody C34aruj
faciès & artiste : daniel brühl. PROFIL | (avatar) soeurdelune. (gifs&icon) writerinafoxhole. SIGN | (gif) writerinafoxhole.
victimes : 2465


what shall we do with a drunken sailor

❝ ❞
Expect the unexpected, and whenever possible, be the unexpected.


TW: ras

Pío avait eu son lot de rencontre plus étrange les unes que les autres, et elles avaient généralement laissé un souvenir dans la mémoire de l'homme. Le clash des cultures, autant générationnel que de milieux, ne faisait aucun doute, pourtant, il y avait autre chose dans cette interaction qui maintenait une aura un peu gauche. Pío pourrait mettre son interlocuteur dans la catégorie des personnes impressionnables, naïve, facile à berner, la moindre salade, pourvu que le ton soit assez convaincant, serait gobée et toutefois, par expérience, il n'était pas encore prêt à accepter ce scénario. Il était si souvent sous-estimé dans son allure de richou déconnecté, il serait idiot de faire la même erreur. Les tentatives d'humour de son interlocuteur témoignaient du malaise, et un troisième observateur aurait certainement trouvé la situation cocasse la quasi-absence de réaction de Pío, soulignant la gêne, plus pour son amusement personnel, car à peine avait-il le dos tourné qu'il souriait à la boutade de son invité imprévu.

De l'eau infusée aux crevettes, on ne lui avait jamais fait celle-ci. Allergique aux crustacés, donc, fut la conclusion de Pío, il n'y avait donc aucun risque, l'eau serait sans goût, et les pilules ne contenait pas de quantité suffisante, s'il y en avait, pour que Cody s'écroule sur le sol en réaction allergique. Ce dernier ne l'écoutait pas, en tout cas, il n'écoutait plus ou alors Pío l'avait perdu au milieu de la conversation, au moins il avait assez de confiance en lui pour l'admettre sans embarras. En-tout-cas, il n'en relevait pas dans son ton, et il semblait fort heureux que le propriétaire de la goélette l'invite à s'installer comme s'il était chez lui. Dans un autre monde, peut-être qu'il l'aurait viré du pont à la seconde, ou alors l'aurait empêché de descendre les marches de l'escalier, Pío qui pourtant avait de nombreuses barrières levées ne voyait pas d'inconvénient à laisser le squatteur ensablé s'installer sur le velours émeraude de ses banquettes. Quid craignait le sable sur son bateau était tout aussi ridicule de craindre le sel et l'eau.

La question de Cody lui valait un nouveau haussement de sourcil. La tentation de pousser dans la caricature toujours un peu plus fort, mais il décidait de faire preuve de retenue, il aurait d'autres moyens de faire suer son invité qui paraissait plus que volontaire pour lui tendre des perches. « Désolé, il existe encore des personnes capables de rendre service sans attendre quelque chose en échange. Nous sommes une espèce en voie de disparition, je sais. » Il ne fallait vraiment avoir aucun scrupule, ou alors être beaucoup plus malin que lui, encore une fois, les cibles de Pío n'étaient pas du calibre de Cody. Même si celui-ci avait tous les attributs, et d'ailleurs à peine avait-il pris place en face de lui, le fish & chips entre eux, qu'il se mit à lui raconter sa vie.

Pío aurait pensé compte tenu de leur premier échange qu'il serait beaucoup moins bavard, mais peut-être qu'il avait réussi à gagner un peu de sa confiance, ou alors Cody avait peur du silence qui s'installait entre eux après chaque échange. Animateur dans les campings. Propriétaire d'un party bus. Il ne cesse de se comparer à Pío, le standing, les moyens. C'était certainement vrai, sur le papier, le party bus n'était certainement pas le style du propriétaire de la galerie, et ce dernier ne buvant que très peu d'alcool, il n'y aurait pas assez de sang pour le convaincre d'y monter. Cependant, il ne montrait pas plus dans un yacht avec le même principe, donc ce n'était pas parce qu'il trouvait l'idée du bus moins classe, c'était plus l'aspect fête qui n'attirait pas Pío qui fuyait ce genre d'espace restreint où la musique forte et l'alcool coulé à flots. Riche villa ou night-club miteux, il ne voyait pas vraiment de différence, dans la débauche, ils étaient tous égaux.

« Cody, commençait-il attrapant la barquette d'un doigt, il aurait été bien cruel de ma part de mettre la barquette entre nous si je ne comptais pas partager mon repas. Il relâchait le carton, il espérait dernier signal évident que son invité pouvait se servir généreusement. C'est une sauce tartare truffée. Précisait-il, plus au cas où la truffe n'était pas son délire. Et avant que tu me demandes l'autorisation, les toilettes sont derrière toi, juste derrière les escaliers à droite une fois que tu as ouvert le pan coulissant. » Pío regardait donc son invité taper dans son fish & chips, son regard se baladant entre eux, le tube de crème qui partirait certainement avec son invité et puis un instant à travers le hublot qui donnait sur le ponton. « Cette goélette était aussi une carcasse un jour, donc j'ai de l'espoir pour ton bus. Tu sembles passionné par ton projet, je ne vois pas pourquoi si tu souhaites un jour avoir un bateau, tu ne serais pas capable de transformer une vieille bicoque en pièce de collection. Parfois, il suffit d'avoir un peu de cœur et prendre le temps. Il marquait une pause. Qu'est-ce qui te plaît dans l'animation ? Je remarque un fil rouge entre les campings et le party bus, si tu aimes ce que tu fais, on s'en tape un peu du standing non ? »


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what shall we do with a drunken sailor | cody 72DPSGt
Fingers stretching out from nowhere, reaching for my throat. Teeth wide smiling that they found me, slowly closing in while you say everything is going to be fine...


Cody Grant
aucune suspicion

Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : what shall we do with a drunken sailor | cody 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
victimes : 608

online

what shall we do with a drunken sailor

❝ ❞
So while you fill the streets, it's appealing to see, and you won't get out the county 'cause you're damned and free. (c)


cw ; classisme, validisme.
mentions de : addiction, noyade, maladie, mort.


    « Désolé, il existe encore des personnes capables de rendre service sans attendre quelque chose en échange. Nous sommes une espèce en voie de disparition, je sais.C'est-à-dire non, je te dois rien, c'est ça ? » […] « Cody, il aurait été bien cruel de ma part de mettre la barquette entre nous si je ne comptais pas partager mon repas.Du coup, oui je peux ? » La frustration naissante est contenue dans la force d'habitude, et tu te persuades de ne pas y trouver de la condescendance, dans une volonté de ne pas contrarier l'autre quand tu t'invitais déjà plus qu'il n'aurait fallu. Mais les tournures inutilement alambiquées de Pío, en lieu des réponses courtes dont tu as besoin, représentent un obstacle usant pour toi qui dois t'assurer de chaque mot prononcé, avec une marge d'erreur notable, pour en déduire le sens global avec exactitude. Incapable de suivre les dédales de phrases du premier coup quand aucun mot-clef saillant ne suffit à confirmer ton interprétation initiale, tu t'obliges à reposer chaque question avec l'approche la plus directe possible. Oui ou non, tu n'as besoin que d'un mot, quel intérêt y a-t-il à te torturer avec des exercices de compréhension.
    Elle s'insinue encore, cette insupportable sensation. Tu sais quelles sont tes limites, et tu sais qu'elles n'ont rien à voir avec l'intelligence, mais dans ces moments-là, c'est difficile de ne pas se sentir idiot – ou de passer pour un idiot, ce qui n'est pas si différent quand ta valeur dépend aussi du regard des autres. « J'suis désolé, j'entends très mal. » C'est le moment butoir où tu sais que si tu l'admets pas, tout sera inutilement plus compliqué ; pour sauver la face, les mots sortent tout seul, parce qu'il ne pouvait pas deviner de toute façon. Les excuses n'ont rien à faire là non plus, les vieux complexes ont bullé à la surface – ça n'aide pas, qu'il soit d'un monde si différent du tien, que tu lui reconnaisses les apanages de la réussite que tu n'auras sûrement jamais. Et peut-être que tu l'es quand même au fond, stupide – ou naïf, crédule, simple d'esprit. C'est facile de tirer ces conclusions quand on a facilement les moyens de débattre les choses, contredire, approfondir. Suivre le mouvement demande moins de ressources que lutter à contre-courant, même si c'est prendre le risque des conséquences.

    Et suivre le mouvement, c'est aussitôt ce que tu fais, choisissant de ne pas t'attarder sur ce qui te vexe ou te dérange. « De la truffe, hein ? Je suis pas sûr d'avoir déjà goûté. » Renchérir dans la foulée, c'est aussi le rassurer sur le fait que tu sais te démerder quand même, qu'il a pas besoin de te prémâcher toute la communication. Tu attrapes un morceau de poisson, le trempes généreusement dans la sauce avec un « merci » souriant – tu mâches, puis mâches plus lentement, en t'efforçant de camoufler l'expression dépitée qui surgit presque trop naturellement. Tu l'avales quand même : « C'est pas mal » tu admets, sans le sourire cette fois. Quand tu te saisis d'un nouveau morceau, tu ne le trempes pas. « Le poisson est vraiment bon, tu le prends où ? » Tu supposes que, quand même, pour ce que c'est, ça doit entrer dans tes moyens.
    Et tu écoutes ce que Pío te raconte – par écoute, c'est nécessairement l'écoute attentive d'un regard qui cligne peu et ne cille pas, les automatismes. Presque embarrassé qu'il ressente le besoin de te rassurer sur ce que tu as, comme un peu de la pitié, et tout à la fois tu y trouves un bizarre réconfort. Ce n'est pas si mal, ce que tu fais. Pourtant, tu le trouves naïf aussi, à sa façon. Le temps, le cœur et la passion ont bien sûr leur rôle à jouer, mais il fallait être né dans l'argent pour croire qu'il suffisait de le vouloir pour acquérir une épave et la transformer en luxueux salon flottant. On s'en tape un peu du standing non ? Ça te fait souffler du nez. « T'as pu payer ton loyer toi, le mois où t'as acheté tes sièges en velours ? » Sans aller lui reprocher, le sarcasme en est pas moins net : t'as pas vraiment besoin de sa réponse pour savoir ce qu'il en est. « C'est juste... C'est pas un truc très sérieux. » Et quand tu dis ce mot, il vient pas vraiment de toi. Ceux que tu te mets à chercher ensuite sont pas tout à fait les tiens non plus.

    « J'aime ça parce que je m'amuse, mais s'amuser c'est pas un vrai métier. C'est pas stable et ça rapporte rien, j'ai pas de garantie. Le bus me coûte plus qu'il me rapporte, en vrai. Je saurais même pas dire de combien, je suis pas sûr de mes comptes, c'est pas dans mes compétences. » Tu recraches tout l'argumentaire de tes parents, celui que les adultes respectables veulent entendre, dans ta conception du monde. « J'avais envie d'autres choses, moi, à la base. Je voulais être maître-nageur, ou sauveteur en mer, secouriste, quelque chose comme ça. C'était pas compatible avec mon audition, mais enfin tant pis. » Si seulement ça t'avait privé que de ça, mais qu'importe, c'est pas un truc qu'on surmonte avec de la volonté. Avec le cœur et le temps non plus. « En fait même, tant mieux. J'suis pas sûr que j'aurais encaissé ça bien, si j'avais laissé quelqu'un se noyer. » Parce que dans le scénario fantasmé, sous la peinture héroïque, t'étais quand même pas à la hauteur de la responsabilité. « Et puis en fait j'aime vraiment ça, l'animation. De toute façon, je sais rien faire d'autre. Le standing, je m'en tape aussi, d'ailleurs, mais ça me ferait plaisir qu'il soit un peu classe. C'est juste que je vais nulle part avec ça, je sais. Faudra pas que j'vienne pleurer quand j'serai vraiment dans la merde, ni que j'me plaigne si j'suis pas pris au sérieux. » Y'a pas de réelle cohérence au global dans ce que tu débites, seulement que Pío s'était risqué à ouvrir la petite porte derrière laquelle se confrontent les envies personnelles et les attentes des gens qui comptent. Le doute permanent, si t'aimes tellement ce que tu fais, pourquoi tu le fais si mal ? La somme de tes incompétences, la déception à tous les niveaux dans les têtes pourtant nombreuses des Grant, et pas réellement de destination. Tu te vois, à cinquante ans, organiser des rave parties à des types dans la vingtaine, boire comme un trou, fumer joint sur joint, si tu te tapes pas un cancer d'ici là ? Tu te vois déjà pas à cinquante ans, que dire du reste. C'est pas une question que tu creuses par plaisir, que quand une figure étrangement paternelle se permet de remuer les leçons de vie que t'as intégrées profondément sans jamais les suivre.


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