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smooth operator | emily

2 participants
Reyes Goldstein
légère suspicion

Reyes Goldstein

saisons : trente-cinq ans.
occupation : propriétaire d'un centre équestre, comportementaliste équin.
myocarde : red flag ambulant ayant jeté son dévolu sur un homme qu'il ne mérite pas.
miroir : smooth operator | emily  B6df2d4721aa50fa911b967419b3cdd760eeb131
faciès & artiste : pierre niney (persephonia)
victimes : 1393


smooth operator

❝ ❞
“One good thing about music, when it hits you, you feel no pain.”


TW: ras pour l'instant Les doigts de Reyes glissent aisément sur tous les touches noires et blanches du piano à queue, installé au fond du bar sur une scène. Les sons que les notes produisent taisent petit à petit les conversations houleuses et passionnées qui habitent les clients. Reyes fait le silence dans son esprit et parvient à oublier tout le reste. Il oublie les cris, les verres qui se cognent sur les tables, les pas rapides des serveurs et des serveuses. Il canalise sa colère en jouant jusqu'à en a avoir mal au main et dos car il n'est pas pianiste de profession. Dans une autre vie, il aurait pu. Il se serait invité sur les scènes de Broadway et il aurait pu avoir une vraie carrière, des groupies, des amants. A Scarborough, il ne possède qu'une mauvaise réputation temporairement oublié des ces instants de grâce. Il joue depuis une heure et sait qu'il doit bientôt laisser la place à un autre musicien. C'est le moment de tout donner. Il martèle, joue avec force une mélodie sombre et mélancolique. Il termine chacune de ses représentations sur Lacrimosa. C'est son rituel.

Il est un homme d'habitude, car elles apportent du réconfort. Les protocoles, les conventions qui quelques fois lui font grincer les dents lui permettent de régir sa vie avec la précision d'une partition, alors il n'en déroge pas. Reyes suit les lois et les règles autant qu'il le peut comme il suivrait une religion, avec la promesse d'une vie meilleure, d'une vie bien et d'une absolution. Finalement se retrouver au poste chaque fois qu'il défend son lopin de terre de touristes et campeurs arrivistes, c'est un peu comme une confession. Les applaudissements discrets sont étouffés par la présentation du prochain musicien venu profiter de la scène ouverte. Il quitte la lumière et elle lui manque déjà. Intimement, il sait qu'il est fait pour briller.

S'il y a une chose qu'il n'a pas ignoré tout au long de sa prestation c'est un regard appuyé vers sa direction. Jusque là il ne lui avait pas accordé d'attention, mais maintenant il se dirige vers elle. La jeune femme rousse doit être dans sa vingtaine, des étoiles plein les yeux. « Je vous ai vu me regarder. » Il reste debout, ne s'invite pas encore à sa table car un gentleman attendrait d'abord qu'on le convie. Je peux vous offrir quelque chose à boire ? J'ai le sentiment que nous pourrions avoir une conversation passionnante. Reyes aime parler. Enfant, il avait du mal à se taire, se tenir droit sur une chaise et garder le silence. Il déborde toujours autant d'énergie. Évoquer la pluie et le beau temps n'a que très peu d'intérêt à ses yeux. Les mots ont un pouvoir et un sens précis, il sait depuis les manier avec parcimonie pour en exploiter le potentiel. Ne pas gaspiller sa salive avec les ignorants. S'il doit parler, il veut refaire le monde au passage. Vous venez souvent écouter les musiciens ? Vous ne me donnez pas l'air d'être étrangère à ces spectacles. J'espère que j'ai été à la hauteur et que l'intérêt que vous me portez n'est pas, en réalité, une forme de mépris car j'aurais massacré votre morceau favori. » Il rit doucement.


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✵✵✵
Come out and haunt me
I know you want me


Emily MacBride
aucune suspicion

Emily MacBride

saisons : 24 y.o.
occupation : apprentie avocate
myocarde : célibataire; bisexuelle
miroir : smooth operator | emily  0glIM7F5_o
faciès & artiste : daria sidorchuk (self)
victimes : 125


Smooth operator


Les conversations n’étaient que murmures dans la pénombre tamisée de l’Indigo Alley. Ils accompagnaient la musique comme le murmure des vagues. Emily se tenait seule à une table reculée, son dossier ignoré et refermé à côté de son coude. Le menton posé sur le dos de sa main, ses yeux moroses fixaient l’élégant pianiste sans vraiment le voir, les oreilles et l’âme emplies d’accords amples. Son verre de whisky en était à ses dernières gorgées, mais elle n’y avait plus touché depuis un moment. La mélodie, comme une hypnose, avait entraîné ses pensées dans des profondeurs qu’elle aimait rarement explorer.  “Qui étaient les premiers musiciens?” se demandait Emily, Qui de l’homo eretus, de l’homo neanderthalensis ou sapiens, avait en premier conçule premier chant, le premier morceau? Et dans quel but?

Pendant des années, Emily avait été convaincue que la musique n’avait jamais eu qu’un seul réel but: adorer le divin. A travers toutes les langues, tous les âges, toutes sortes de civilisations, l’humanité avait utilisé la musique pour adorer les puissances supérieures, sous différents noms. La musique n’avait pas de langue, était ce qui existait de plus sacré, l’humain dans sa forme la plus pure. Avec de simples sons, faire naître de véritables émotions, influer sur la conscience comme seul le Saint Esprit en avait le pouvoir.

Les sourcils froncés, Emily poussa un soupir et porta son verre à ses lèvres. Elle n’aimait pas se l’avouer, mais cette simplicité d’esprit lui manquait aujourd’hui. Avoir laissé derrière elle toutes ces règles austères, cette dictature de la morale et des mœurs, l’avait rendue plus libre, mais aussi, d’une certaine manière, plus seule. Son verre revint sans un bruit sur le bois de la table, vide. Elle reporta son attention sur le pianiste, les yeux embués de lumière.

Si ce n’était pas Dieu qui avait inspiré la musique aux hommes, alors d’où venait-elle? Sans doute un hasard tristement dénué de tout sens. Souffler dans un bâton creux pour chasser l’ennui et s’apercevoir qu’il en sort un sifflement. La musique, pour occuper le monotone et non vénérer le plus grand. Pour combler le silence. Toutes ces somptueuses harmonies, pour ne raisonner que dans le vide. En dehors de ce caillou, il n’y a personne.

Les applaudissements retentissent et Emily s’aperçoit qu’il n’y a personne. Le pianiste est parti. Elle réalise qu’il n’y a plus rien dans son verre pour détendre sa gorge serrée. Elle passe des doigts délicats sur ses cils humides. Le morceau l’a touchée davantage que ce à quoi elle s’était attendue. Elle avait sous-estimé le talent du musicien.

« Je vous ai vu me regarder. » J’ai entendu ta prière. Le musicien était là, debout à côté d’elle, la contemplant avec un doux sourire. Elle ne le nie pas. Soutient son regard, le sien plein de larmes contrastant avec le sourire qui soulève ses pommettes.

« ça vous a plu? » sa voix est légèrement rauque, mais son ton se veut espiègle.

« Je peux vous offrir quelque chose à boire ? J'ai le sentiment que nous pourrions avoir une conversation passionnante. » Voilà qui ’était une audacieuse et courageuse promesse pour quelqu’un comme Emily. Elle espérait pour lui qu’il jouait aussi bien avec les mots qu’il jouait du piano.

Après une courte hésitation, elle se contenta d’acquiescer silencieusement, ne lui donnant aucune indication quant à ce qu’elle souhaitait boire. Elle était curieuse de voir ce qu’il leur choisirait. Elle le fixe du regard, c’est à peine si elle semble respirer.

« Vous venez souvent écouter les musiciens ? Vous ne me donnez pas l'air d'être étrangère à ces spectacles. J'espère que j'ai été à la hauteur et que l'intérêt que vous me portez n'est pas, en réalité, une forme de mépris car j'aurais massacré votre morceau favori. »

« Aucune inquiétude, le sourire de l’avocate s’élargit, vous ne l’avez même pas joué. Mais pensez-vous sincèrement avoir été si médiocre que vous vous exposez aux critiques silencieuses des gens ici présents? Ou bien est-ce une quête pour flatter votre égo grâce à mes éloges?...» Peu importe au final, elle n’a pas le coeur de le mettre au supplice, même s’il ne s’agit que d’une question d’ego. « Ce que vous avez joué était très beau. Cela m’a profondément touchée. » Elle ajoute ces deux dernières phrases sans le ton joueur de sa diatribe précédente. Sa sincérité paraît presque brutale dans son honnêteté, sa voix baissant de volume comme par modestie.

« Oui, je viens assez régulièrement. Si j’ai du travail, j’essaie de l’amener, si j’en ai la possibilité. » Elle indique d’un geste le dossier dans sa pochette de carton, qui file reprendre sa place dans son sac. « La musique m’aide à me concentrer…Je vous ai déjà entendu plusieurs fois d’ailleurs, mais c’est la première fois que vous semblez me remarquer. » Il n’y a aucune culpabilisation dans sa voix, aucune fierté blessée. Elle cite simplement un fait. Puis, elle se penche en avant et chuchote comme un secret. Sa main s’est posée juste à côté de celle du musicien, attirée comme par un aimant. « Et vous avez joué mon morceau favori il y a trois semaines. »

Cette main a quelque chose du mystique, s’est-elle souvent dite. C’est cette main qui, des clés qu’elle caressent ou assomment, déclenche l’émotion qu’elle souhaite dans la poitrine de l’irlandaise, fait battre son cœur la chamade ou l’anesthésie d’une douceur sereine. Elle songe à la prendre entre ses doigts, à toucher le sacré, à sentir leur fermeté ou leur tendresse.

« Comment choisissez-vous vos morceaux? Comment décidez-vous de ce que vous allez jouer lorsque vous venez ici ?  » murmure-t-elle en traçant des yeux les lignes de la main du pianiste. Puis ses prunelles se plantent dans le regard du musicien comme des couteaux.

« Et plus important encore, qu’est-ce qui vous a fait me voir ce soir? Ce n’est pas la première fois que je viens. Qu’est-ce qui a changé?  » Des années à prier le silence. Se sentir invisible, jamais entendue, est un sentiment familier. Ce soir est pour elle une expérience nouvelle.



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C’est l’aspect des procédures judiciaires et exécutives qui empêche le coupable de condamner en soi son méfait : car il voit commettre au service de la justice la même espèce d’actions, ces actions essentiellement criminelles qui n’ont même pas pour excuse la passion.

Reyes Goldstein
légère suspicion

Reyes Goldstein

saisons : trente-cinq ans.
occupation : propriétaire d'un centre équestre, comportementaliste équin.
myocarde : red flag ambulant ayant jeté son dévolu sur un homme qu'il ne mérite pas.
miroir : smooth operator | emily  B6df2d4721aa50fa911b967419b3cdd760eeb131
faciès & artiste : pierre niney (persephonia)
victimes : 1393


smooth operator

❝ ❞
“One good thing about music, when it hits you, you feel no pain.”


TW: ras pour l'instant
Reyes a envie qu'on l'admire. Qu'on le regarde avec l'envie d'être lui, sans doute parce que le regard des autres est le seul miroir qui puisse lui renvoyer une imagine positive. Qu'importe qu'il soit menteur. Les apparences l'ont toujours été. Il s'abreuve de ce mensonge que son propre esprit façonne pour se rassurer, en se disant qu'ainsi il ne peut être oublié. Tous ces mécanismes, il les connait, parfaitement huilés. Pourtant il ne trouve ni la force, ni l'envie d'aller contre. C'est bien plus confortable, d'être une mauvaise personne, objectivement. L'effort que lui demande la compassion n'en vaut pas la chandelle.

Reyes tire la chaise à lui et prend place, réfléchissant encore à ce qu'il peut commander. Il hésite entre soft qui pourrait le rendre ringard ou quelque chose de fort. Un cocktail peut-être, le ferait paraître raffiné. Il réalise qu'il ne lui a pas encore demandé son prénom, parce qu'il ne s'est tout simplement pas intéressé à elle. Seulement ce qu'elle pouvait lui apporter, des compliments, une conversation pour tromper la solitude. Non, c'est faux. Ce n'est pas qu'elle ne l'intéresse pas, ce qui l'intéresse est bien plus profond qu'une identité. Bien plus subtil. On ne connait jamais vraiment quelqu'un en lisant ses papiers d'identité, mais la musique... Oh la musique c'est le miroir de l'âme. Ce sont les pensées refoulées, les émotions que l'on garde précieusement enfermées, ce sont les désirs et les passions qui s'éveillent dans l'intimité. Sa gestuelle se doit d'être millimétrée. Pour l'heure, il ne rentre par complètement dans le jeu. Il n'a même pas besoin de faire semblant d'être distant.

Ce qui est ironique, c'est que c'est exactement l'émotion qu'elle affiche qui lui fait prendre de la distance. Comme frappé par l'intensité fugace de ce moment, par l'authenticité. Il a presque envie de pleurer à son tour et n'aurait aucune honte à le faire. Reyes ne sait plus retenir ses larmes. Il n'est pas assez fort pour les retenir, il n'est pas de ces hommes fiers qui prétendent ne pas se souvenir de la dernière fois qu'il ont inondé leurs visages de tristesse. Reyes se souvient de chaque fois qu'il s'est effondré, tant il semble facile pour lui de tomber à genoux. Balayé, tel un château de carte qui se prétendait roi du poker.

« L'incertitude me pousse à quémander les éloges, je dois l'admettre. Il sourit en coin. Trop honnête ? Ce n'est pas dans sa nature de mâcher ses mots. Malgré son amour pour les artifices et les beaux vêtements, il ne voit pas l'intérêt de maquiller une réalité, aussi affreuse soit elle. Reyes aime être honnête, l'être jusqu'à la brutalité. L'être tout entier comme si il n'y avait que ça à offrir. La crainte d'être un imposteur n'ayant pas vraiment sa place ici, voilà ce qui me torture l'esprit. Je doute, comme tout le monde et je ne fais pas semblant de le cacher. » Dans une autre vie, peut-être, il aurait écumé les bars de tout le Royaume-Uni, martelant les touches noir et blanc d'un piano à queue. Sa musique alors, aurait fait chanter et danser les âmes à chaque coins de table. De soirées en réceptions, en mariages, en tête d'affiche. Son existence cependant, s'est réduite à cette ville, maudite. Qui aura emporté la seule personne qui fût pour lui un père et qu'il déteste encore. La compagnie des chevaux le rassure, en revanche il ne peut prétendre qu'il s'agit d'un rêve réalisé. Il a depuis longtemps perdu cette saveur. Son imagination s'est atrophiée. Elle ne lui était pas nécéssaire.

Alors il le sait, sa musique comme son regard est emplie de mélancolie, de tristesse et de tous les regrets qu'il invoque. Et si il était mauvais ? Ce serait le vrai drame. Reyes ne joue pas pour galvaniser les foules ou se faire applaudir, il joue pour lui même, pour se lamenter sur son triste sort. Pour la perfection et l'exigence qu'impose une partition. Pour se récompenser. Pour se punir. « Je pioche parmi les classiques qui me plaisent. Je ne crois pas avoir de méthode, de mode opératoire, comme certains grands artistes. Je suis l'émotion qui me traverse. La musique lui vient en tête comme une évidence. Il aime jouer des pièces populaires que chacun sait avoir déjà entendu quelque part, sans pouvoir toujours la nommer. Peut-être que ce soir, je suis parvenu à rassembler ce courage qui m'a tant fait défaut les fois d'avant. Et je suis parvenu à briser cette glace qui m'empêchait de vous faire la conversation. Il ne cache pas son jeu de séduction. Reyes aime qu'on le regarde, il aime aussi plaire. Alors, allez vous me faire deviner ce morceau qui est votre favori ? Et si c'est le cas, aurais-je le droit à des indices ?  Il veut le trouver, résoudre l'énigme et le jouer l'instant d'après.   Votre émotion me bouleverse.   Sa propre voix se brise, légèrement. Si vous saviez comme... c'est important pour un artiste. De savoir que vous avez vraiment écouté, que j'ai touché votre coeur et que... j'ai peut-être été un peu utile ce soir. »


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Come out and haunt me
I know you want me


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