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Chlorine colored dream | ft. Merle

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Cody Grant
aucune suspicion

Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : Chlorine colored dream | ft. Merle 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
victimes : 608

online

chlorine colored dream

❝ ❞
I want it all and I could be your muse here, every single summer. If you need to leave the rules up there, I hope you lеave them all and take mе down the pool house stairs. (c)


    Tes yeux vont le chercher sitôt le pédiluve franchi, balayent les têtes rincées au lieu de passer au travers comme ç'a pu être ton usage pendant des années. Dans le seul endroit au monde où tu cours pas après le tapage, où tu mendies pas l'attention pour te remplir l'espace des grands éclats de vie des autres, où tu viens te resserrer dans ton propre petit cocon ; depuis seize ans que tu la fréquentes chaque semaine, la piscine du complexe la plus vaste qui reste accessible par tous les temps. Ses parois vitrées font rebondir les voix à ne plus savoir distinguer leurs mots, et invitent l'été comme par effet de serre à se laisser cuire quelques morceaux.
    C'est pas vraiment là que tu traînes d'habitude en juillet. Dès que la température grimpe assez pour ne plus se peler les extrémités, tu regagnes la mer plus solitaire et moins tendre, accordes à ton corps un répit du chlore, que tu remplaces par les algues et le sel. C'est autant la saison pleine qui t'excentre de la ville, te pousses à limiter tes temps personnels et à plutôt te vider le crâne à contre-courant, te faire gifler par les vagues et le vent du nord. Et tout ce que ça peut te demander comme supplément d'efforts, c'est aussi tout ce qui te vide davantage, de tout ce qui s'accumule sous la peau comme frustrations.

    Mais cet été, tu te caches pas quelques exceptions, comme depuis quelques mois que tu nages plus tout seul. Tu la repères sans difficulté, l'autre tête bouclée qui fait ton pendant, non pas systématiquement présente mais bien assez pour que tu espères toujours un peu la voir. Quelques secondes que tu lorgnes dans la distance en espérant capter son attention, et comme s'il vérifiait périodiquement la sortie des vestiaires ou connaissait ton planning, ou que le hasard faisait bien les choses, tu finis par échanger un regard, suivi d'un sourire facile, d'un geste amical. Attends, j'arrive. La consigne est signée sans que ce soit très nécessaire, il se doute que tu vas d'abord prendre un moment tout seul. Ça change rien à ton besoin de faire le vide, qui t'a fait plonger un jour déjà très lointain et jamais cesser d'y revenir.

    Les lunettes étanches passent de ton front à tes yeux, les iris du bleu au brun derrière les verres polarisés. Plongeon dans l'eau chlorée, aussitôt le silence ; la quiétude des étendues cernées, tu la fends sans qu'elle offre la moindre résistance. La première longueur est presque achevée quand tu fais surface la première fois, prends une nouvelle mesure du bruyant autour de toi mais qui n'a plus le même impact, à présent que tu t'es mis dans ta bulle. Et de crawl en dos crawlé, il faut pas moins de six à huit longueurs avant que la sensation de plénitude ne cède devant une ou deux pensées.

    Alors à nouveau, tu cherches en surface celui qui a cassé le trait solitaire de cette activité refuge, et tu le repères sur un flanc du bassin, relativement statique. Tu ne vas quand même pas laisser passer cette chance – de t'immerger aussi bas que possible pour le rejoindre, et parvenu à sa hauteur de le tirer subitement par la cheville comme dans les meilleurs films de requin (et qui sont un de tes péchés mignons, soit dit en passant). Tu refais surface avec le rire aux lèvres, et presque immédiatement tu déposes tes lunettes sur le rebord, sachant bien assez les difficultés qu'elles te donnaient pour lire correctement. « Tu vas bien ? » que tu lui demandes, en le signant moins pour toi que pour lui rappeler le geste, pas très loin d'être le plus important dans votre système de communication bizarre. « T'es arrivé y'a longtemps ? » La question n'avait pas vraiment d'autre intérêt que de savoir combien de temps encore tu pouvais espérer compter sur sa présence. La bulle où tu te lovais chaque semaine retrouvait presque les couleurs de ton enfance, de l'époque où tu rechignais à quitter le petit bain – l'autre est trop froid ! Y'avait cette simplicité, cet amour du jeu que tu redécouvrais autour du Merle, quoi que t'irais pas le formuler plus clairement que par un sourire trop grand.


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should've washed this, smells like R. Kelly sheets, but shit, it was ninety-nine cents

Merle Garland
aucune suspicion

Merle Garland

saisons : Vingt-neuf années perlées d’une innocence en résistance qu’il chantonne.
occupation : Trois déclinai-sons pour un seul corps, le garçon se grime chanteur, youtubeur et apprenti libraire au Coin de Minuit.
myocarde : Célibat déçu, lui qui a un cœur immense à donner aux genres pluriels.
faciès & artiste : Luke Hemmings (corvi ♥)
victimes : 117


Chlorine colored dream


TW/CW mention de décès.

  La piscine, c’est comme aller chercher des escargots sous la pluie avec papi. Sauf qu’il n’y a pas de pluie, pas d’escargot et pas de papi – il est mort, de toute façon. Bon, en fait, ça n’a rien à voir. Mais un peu quand même. C’est réconfortant pareil. Doux comme le moment suspendu de l’averse, tendre comme le contact avec papi. Merle retrouve la douceur dans l’eau, cet élément dans lequel il a toujours adoré patauger et nager avec une aisance presque insolente. La tendresse, en revanche… S’il y réfléchit quelques secondes, il pense immédiatement à Cody. Papi Cody. La pensée le fait glousser bêtement alors qu’il se désape avec des gestes inutilement larges, cognant ses jointures trop bruyamment contre les parois dégueues de la cabine. Il sait qu’il va le croiser aujourd’hui. Garland est un être de routine ; et comme tous les animaux routiniers, il prend le pli d’une habitude plus vite que son ombre. Inutile de regarder le cadran, son cerveau pété sait instinctivement que c’est l’heure. L’heure à laquelle il croise Cody à la piscine. Et ce moment-là, c’est devenu l’un de ses préférés de la semaine.
  Lorsqu’il franchit le pédiluve en envoyant des éclaboussures – ça le fait marrer, même si c’est la trois cent septième fois –, il ne repère pas les boucles jumelles. Un peu tôt, peut-être. Épaules haussées pour un interlocuteur fantôme, il se coule entre les corps moites pour se frayer un chemin vers le grand bassin. C’est là qu’il le verra, à faire ses longueurs avec une application olympique. Il aime le spectacle de ses épaules tendues qui se dénouent à mesure que la carcasse ondule et disparaît dans les vaguelettes ; la peau qui avale les premiers frissons pour devenir aussi lisse que la surface ; la simplicité du mouvement qui devient aussi naturel que l’élément qui le porte. Mais cette fois, c’est de derrière lui qu’il surgit. Merle était effectivement un peu en avance, et met quelques secondes à capter sa silhouette musclée dans son dos. Immédiatement, un croissant de satellite cramé par le soleil s’étire sur sa face lunaire ; tout ce qu’il y a de nébuleux en lui se fait éclipser par la grosse étoile brûlante qui s’anime dès qu’il croise le miroir de son sourire sur le visage de Cody. Son copain signe ; et il comprend d’attendre avant même d’avoir identifié le mouvement. Oh, c’est pas qu’il est devenu un crack en langue des signes ; ça aussi, c’est la force de l’habitude. Le nageur assidu fait d’abord ses longueurs avant de venir vers lui. Ça l’apaise, ça le calme ; suffit de voir le dessin de ses muscles se détendre soudain après sa séance.
  Pour toute réponse, Merle lève un pouce et fait mine de se diriger vers l’autre bassin, avant de se raviser. De toute façon, il sait qu’il finira par aller observer son manège ; comme à chaque fois. Pour sa part, s’il va à la piscine, c’est parce qu’il aime nager. Rien de plus. Et c’est pas pareil que de sauter dans les vagues. Nager dans la mer, c’est pas drôle. Alors, il rebrousse chemin et descend l’échelle du grand bassin en suivant des yeux la créature aquatique qui a sa préférence dès le premier coup d’œil. Les boucles aplaties par l’humidité et les lunettes servent de repères, mais ce sont les épaules qu’il voit d’abord ; rondes et musclées, comme deux îles massives qui se déplacent dans l’océan à une vitesse vertigineuse. Lorsqu’il a bien calqué son rythme sur le sien, le youtubeur abandonne ses longueurs et se laisse couler au fond en tailleur. Ses propres lunettes sur le museau, il observe depuis en dessous. Le ventre contracté, les abdominaux serrés à chaque lancée de bras vers l’avant ; fusée de chair fascinante qui trace l’ondée sans s’arrêter. C’est dommage que personne d’autre n’ait l’idée de l’imiter, ils seraient sûrement tout aussi fascinés par le bal des ventres exposés. Ce n’est qu’en voyant le bolide ralentir qu’il se décide à remonter d’un coup de pied presque surpris. Il n’a pas vu le temps filer, mais ça n’a pas dû durer si longtemps ; Merle n’est pas le plus fort en apnée. Soit il a été rapide, soit le youtubeur s’est perdu dans ses pensées en faisant une pause au bord du bassin. Ce qui est fort possible, étant donné sa propension à lever le pif sans s’apercevoir que le monde continue de tourner.
  Une fois remonté, ce n’est pas Cody qui vient à sa rencontre, mais les boucles lourdes dans les yeux et le chlore qui pique les muqueuses. Pas cool. Trop occupé à se frotter le visage en battant des jambes, il ne voit pas le salaud venir. D’un coup, on tire sur sa jambe et il se retrouve encore en dessous ; pas paniqué pour un sou, il sait qui est l’auteur de la farce, alors il prend son temps pour remonter. La surface accueille son propre bruit qui se mêle à celui des autres ; un rire sonore, qui éclate en même temps que celui de Cody. Qu’est-ce qu’il est con, quand même ! Il aurait fait pareil. “Pas mal avant d’êt’ coulé” il répond toujours en rigolant, suivant les mains de son pote au-dessus de l’eau. Les siennes miment approximativement la traduction. Il est sûr pour “couler”, mais le reste c’est plus dur dès que ça dévie d’une réponse classique. “Et toi ?” ajoute-t-il en signant cette fois correctement, faisant l’effort d’articuler – ce qu’il ne fait jamais autrement. “Nan, y a que’q minutes p’t’êt.” Honnêtement, il ne saurait pas dire combien de temps à l’avance il a atterri ici. Probablement plus que ce tout ce qu’il pourrait supposer.
  Faisant mine d’être tranquillement pris dans la conversation et l’exercice de signes du jour, il profite de cet instant pour se rapprocher subrepticement de Cody ; avec le passage des nageurs derrière eux et les vaguelettes qu’ils soulèvent, tout paraît naturel. Et sans prévenir, il se glisse d’un battement de jambes puissant dans son dos pour appuyer de ses deux mains sur ses épaules. Ensemble, ils s’enfoncent (encore) sous la surface dans un “Vengeance !” guerrier qui va à coup sûr leur attirer des emmerdes. Le maître-nageur est pas très fan de l’alternative à la poignée de main qui consiste à se couler mutuellement à la première occasion. Mais Merle s’en fout, les mains toujours agrippées à Cody, son ventre épouse son dos et lui transmet le séisme hilare qui le secoue tout entier et se propage en son étouffé autour de leur bulle puérile.


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occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
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chlorine colored dream

❝ ❞
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cw ; addiction.

    Sourire échangé avec le Merle, comme d'habitude ; l'immersion pleine, créer le vide sous la tension des eaux, la pression douce sur tous tes reliefs, comme d'habitude. Quoique la distribution des rôles soit toujours la même sur ce petit théâtre hebdomadaire, c'est pourtant pas comme un être d'habitude qu'on voudrait le mieux te définir. Plutôt, tu te faisais succession de points d'ancrage et de motifs, mais traversés de lignes courbes et chaotiques, sans destination et sans horaire. D'un jour sur l'autre, jamais le même programme ; les envies, lubies de passage, déterrées d'anecdotes et de circonstances ; les goûts, au demeurant relativement similaires ; et pas de rêves, réellement, hélas. Pas toujours évident à suivre, surveiller, anticiper, mais y'avait quand même certaines contraintes alliées de certitudes pour qui voudrait essayer.
    La piscine, par exemple, on t'y trouvait plutôt le matin, le début d'après-midi tout au plus. Moins animée, plus libre, plus silencieuse. Surtout, au plus tôt tu t'y rendais, au plus ton corps était à jeun de toutes les substances lamentables que tu y faisais entrer à longueur de jour et de nuit. Les verres attrapés sur toutes les tables, les joints au premier sursaut d'anxiété, sans même que la réflexion se fasse : purement, là aussi, par des habitudes de vie sous les auspices du hasard. De la même façon, on n'aurait pu déterminer l'heure ou la minute exacte où tu entrerais dans le bassin, mais l'on pouvait supposer que tu y serais dès qu'on t'en donnerait l'occasion, et que tes yeux chercheraient Merle d'abord, un couloir de nage ensuite, un plongeoir et rien d'autre. L'usage, façonné par la pratique, peu à peu tordu pour accoler à la compagnie. Et peut-être que finalement, le jour et l'heure en étaient devenus plus réguliers, presque à ton insu, par souci d'échapper à ta solitude.

    Solitude qui, depuis deux ou trois semaines, te rongeait plus qu'à l'accoutumée.
    C'est peut-être ce qui a raccourci ta routine, d'une grappe de minutes chaque fois ; le rejoindre plus vite, chercher le sourire, le regard, qui te permette d'exister pour quelqu'un le temps d'une excuse. Tu te soucies pas vraiment de ce qu'est Merle au-delà de cette piscine, comme tu lui racontes pas non plus en détail ce que tu fais dehors. Tu pouvais, toi, pourtant, parce qu'il t'entendait sans mal. Mais tu y tenais, à ce qu'il y ait rien d'autre dans ce bassin que la spontanéité et l'instant, comme pour préserver ton refuge de tout ce qu'il pouvait exister au-delà. Et s'il est vrai que tu l'avais abordé, la première fois, justement parce que tu l'avais reconnu d'un ailleurs de petite célébrité locale, tu ne gardais aujourd'hui plus grand souvenir de la rencontre, et tu t'épargnais judicieusement d'en parler plus que dans les banalités les plus plates.

    La question posée trouve une réponse vague, un chapelet de mots que tu saisis mal et des signes approximatifs. Mais peu importe, en réalité : la réponse, tu la trouves dans le rire qui lui habille la face quand il te regarde et que vous commencez à jouer. Et toi ? Le sourire renvoie une réponse à peu de choses près identiques. T'as mille choses à faire dans ton planning, un déménagement sur les bras, des proches en deuil, une solitude crevante, le poids de pressions légales que tu comprends pas bien. Quoi d'autre encore, mais rien que tu voudrais formuler. On dit pas les choses complexes quand on a pas de réponse à espérer. « Ça va, ça me fait plaisir tout ce soleil. » Que t'avais pris en masse sur les dernières semaines, en dépit de toutes les épaisseurs de crème. Les pommettes portaient encore le rouge des cuissons trop sévères. C'était parmi tes facteurs de bonheur – le temps chaud, moite, la baignade, les consommations sans conscience. Merle aussi avait sa petite épingle dans le tableau.
    Il est pas là depuis long ; t'attrapes que le premier mot mais c'est le seul qui sert. Y'avait eu la frustration, les premières fois, sincèrement, démesurément, comme chaque fois que tu te sentais privé de la communication la plus primaire, exilé social de naissance. Ralentis, articule, et le sentiment d'être celui qui exige trop de l'autre quand tu demandes rien de plus que le strict minimum. Mais sous le couvert des maladresses et des incompétences du Merle, y'avait en permanence la tentative et l'effort, où d'autres auraient laissé tomber à la première contrainte. C'était nettement ce qui avait pour toi dans cette relation le plus de valeur.

    Et y'a vraiment pas besoin de se parler plus, d'espérer plus. Tout le reste, c'est du jeu – Merle qui s'amuse à son tour à t'enfoncer sous l'eau, toi qui aurais pu anticiper la chose depuis le temps que ce petit manège existe, mais qui te laisses couler d'abord dans un chapelet de bulles d'air. Le retour à la surface se fait alourdi par son poids, cajolé par sa peau, secouée par un rire de grand gamin. Un bras passé sous sa cuisse, le second vous hissant contre le bord pour te donner un élan, tu te jettes dans l'eau en arrière en lui offrant la possibilité d'un plat pas trop cruel, mais décidément pas prêt à lui laisser si aisément la victoire. En quelques roulements d'épaules et de muscles, tu te dégages de son appui ; passe un bras sous son cou, un autre en travers de sa poitrine, dans une fausse prise d'étranglement en limite de surface. C'est un sifflement stridant qui t'interrompt, caractéristique et que tu reconnais bien, suffisamment sonore pour attirer ton attention – et tes yeux vont au maître-nageur perché sur sa hauteur, agitant le doigt d'un air sévère pour vous ramener à l'ordre sans délai. C'est qu'à contrecœur vraiment que tu lâches prise, prétends reprendre ton sérieux autant de visage que de geste. Et sitôt le regard détourné, asperges d'une poignée d'eau le visage de ton compagnon, sur un sourire conquérant. « Je m'en fous, j'ai gagné quand même. » Et plus un regard pour l'arbitre de cette joute sûrement déjà lassé par les mois d'immaturité récurrente, que pour l'imbécile qui s'abaissait à ton niveau, ou toi au sien, question de point de vue.


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Merle Garland
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Chlorine colored dream


TW/CW ràs.

  Pas besoin de grand-chose pour arracher un sourire à Merle. Le soleil, ça suffit. Peut-être que certains détestent les conversations aussi banales, que la réponse de Cody les ennuierait ; mais pas lui. Ça lui fait plaisir aussi, ce temps éclatant – les rétines cramées avec les joues. D’ailleurs, ça s’épanouit comme une grosse fleur cramoisie sur les pommettes de Cody ; et ça ravit le youtubeur. Il a toujours aimé les gens qui ont des couleurs ; les paillettes dans les prunelles et le sourire dans les yeux. Il se contente d’un “Ouais, grave” qu’il ne prend pas la peine de signer ; son acquiescement est clair sur sa bouche et son visage. Et puis, il est concentré sur sa tentative de noyade ; revanche bien méritée, quotidien habitué à se bousculer l’un l’autre. C’est comme ça, entre eux. Ils se chamaillent sans cesse, au grand dam du maître-nageur. Merle profite qu’il n’a pas encore les yeux sur eux pour plonger avec Cody et l’enserrer entre ses bras ; l’empêcher de remonter tout de suite, suspendre le temps entre les bulles d’oxygène qui s’emmêlent d’une bouche à l’autre. Les rires se confondent – celui de Garland éclate à la surface, ses bras autour de ses épaules, son ventre contre son dos, son nez dans ses cheveux. Le contact est facile, naturel.
  Décidé à ne pas se laisser faire, son adversaire crochète sa cuisse – lui arrachant un cri gloussant qui alerte inévitablement le rabat-joie sifflant –, attrape le rebord et donne un grand coup en arrière pour punir l’attaquant toujours juché sur son dos. Le plat claque sur la peau, mais le rire ne s’essouffle pas, et Merle se laisse presque faire lorsque Cody reprend le dessus dans une parodie de prise agressive. C’est le sifflet du maître-nageur qui les interrompt. Les mains le relâchent, et le youtubeur lâche un soupir agacé sur une moue frustrée. Le relou ! Dès qu’il a le dos tourné, il lui tire la langue comme un môme de six ans. À peine le temps de se satisfaire de sa vengeance puérile qu’il se fait éclabousser par son petit camarade ! “Hey !” Sa protestation se perd dans un rire – encore un autre. Il a l’air si fier de lui que c’est presque dur de répliquer, mains hors de l’eau pour signer sa réponse pas aussi bien articulée qu’il l’aurait voulue. “Tu parles ! J’t’ai laissé faire, c’est tout.” Et parce qu’il n’y a jamais vraiment de fin au jeu, il tend le bras sous l’eau dans une fulgurance pour lui pincer le bide – ni vu ni connu. Son sourire fait briller ses yeux malicieux, un rien de défi dans le regard. S’ils se font prendre à nouveau, ils se feront chasser sans l’ombre d’un doute. Mais ne dit-on pas “pas vu, pas pris” ?
  D’un battement de jambes musclées, Merle s’éloigne pour éviter les représailles, ne jetant qu’un coup d’œil par-dessus son épaule pâle pour vérifier que son copain le rejoint pour poursuivre la bataille navale. S’il faut changer de bassin ou carrément rejoindre les douches pour éviter l’assaut, il n’hésitera pas – et Cody le sait. Suivra, suivra pas ?


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cw ; toucher décomplexé.

    La fête gâchée, la victoire en demi-teinte, tu la brandis quand même pleine et entière selon des règles qui ont jamais été dictées. C'est la loi de celui qui déclame avec le plus de conviction, et le jeu s'arrête que quand y'en a un qui cesse de rire. J't'ai laissé faire, qu'il ose même dire, et bizarrement tu la comprends du premier coup, sa réplique de mauvais perdant. Ça change rien qu'il ait fait exprès, t'as gagné quand même et c'est tout ce qui compte vraiment. « C'est ça ouais ! Tu m'as même pas vu à 100% de mes capacités. Dis plutôt que t'oses pas tenter parce que tu sais que j'te battrais quand même. On la fait en trois points gagnant, tu vas voir si- hé ! » La tirade interrompue quand il te pince le ventre, comme un antagoniste paye toujours après qu'il ait exposé ses plans. De toute façon, personne compte les points ; déjà parce que tu mémorises aussi mal que tu calcules, et ensuite parce que Merle a tout l'air d'être le même modèle en pire, ce qui explique sans mal que le courant passe aussi bien.

    « Toi, tu vas voir ! » La menace pèse pas lourd quand on l'accompagne d'un sourire comme ça, lui s'échappe anguille après t'avoir jeté un regard où pétillent des étincelles intéressantes. Il s'assure que tu le pourchasses et c'est évidemment ce que tu fais. Tu lui reconnais une aisance aquatique pour ce genre de jeux, comme t'as la nage bien moins intense quand ta tête s'y plonge pas en entier. Le voyant approcher l'échelle, tu le laisses te semer dans les eaux et accroches le rebord, prêt à te hisser, sur un air de défi. Qu'il essaye de t'échapper seulement. Pas une hésitation quand il quitte le bassin, tu le prends en chasse, en marche rapide sur le carrelage – le regard échangé brièvement avec le maître-nageur t'ayant fait comprendre que si tu courais, y'aurait des répercussions moins tendres – laissant derrière toi les lunettes de natation, dont tu te souviendras qu'une fois rhabillé, quand revenir les chercher sera un calvaire, comme d'habitude.

    La poursuite vous fait contourner le bassin ; prudent que tu restes, tu tardes à le rattraper et mises plutôt sur les raccourcis et les obstacles. Une paire de dames en bonnets de bain lui bloque le passage à côté d'un bassin, non pas nécessairement plus petit mais à la profondeur inégale et l'eau sensiblement plus chaude. C'est l'opportunité que tu guettais pour rattraper la distance et le saisir par la taille, l'embarquer avec toi dans les remous et courants délaissés des nageurs assidus, préférés des familles, et relativement tranquille si tôt dans le jour et en pleine semaine.
    Aussitôt la vengeance, la prise ferme s'assure qu'il ne puisse aisément échapper à l'attaque – et tu pinces à ton tour sa taille, chatouilles le mou du ventre, cherches tous les angles qu'il pourrait laisser ouvert en se débattant. « Alors, qui c'est qui gagne là, vas-y ? » tu demandes avec arrogance, priant intérieurement pour échapper à un coup de boule. Tu sais pourtant que pour l'entendre il aura tout intérêt à pratiquement le crier, ce qu'il aura du mal à faire si tu le prives de respiration. Alors tu t'interromps sans pour autant le lâcher, lui laisser une chance de clamer ta victoire – humide, la peau sous tes doigts n'est pourtant plus tout à fait immergée, l'ajustement de tes mains avoisine la caresse, et la prise, l'étreinte. « Tu déclares forfait ? » Le mot te crée une excuse pour pas le lâcher, mais t'as senti, toi, que ton intention avait changé, autant que tout dans ton jeu n'a pas cette innocence.


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Chlorine colored dream


TW/CW ràs.

  Il se rengorge, le coq ; il clame sa victoire, il provoque son adversaire, il attise le défi dans les yeux d’un Merle aux yeux malicieux. Le bleu d’océan ne flanche pas, ravi de cueillir l’énergie inépuisable de son semblable en dépit de l’intervention exécrable du maître-nageur. Le jeu n’est pas terminé ; au contraire, il ne fait que commencer. Rapide comme un serpent jetant ses crochets vers la chair, il pince le moelleux du ventre de son opposant – avant de se retirer fissa pour prendre la poudre d’escampette. Cody lui dit qu’il va voir, et Merle a hâte de voir. D’ailleurs, son regard jeté en arrière trahit sans peine cette excitation qui boue déjà dans son bidon – tordu de soubresauts de gamin prêt à partir au quart de tour au moindre geste de son copain. Pour l’instant, il est trop occupé à s’extirper du bassin pour tenter de lui échapper. Et bientôt, le “floc, floc” de ses pas est suivi d’autres ; rapides, déterminés. Garland presse le pas, jette un nouveau coup d’œil par-dessus son épaule à la rondeur blanche. Impossible de réfréner l’immense sourire que fait naître leur échange de regards à quelques mètres de distance ; des putains de mioches. Pourtant, ils ne planifient aucun mauvais coup – même si le rabat-joie siffleur leur fait comprendre d’un œil sombre qu’ils n’ont pas intérêt à faire les marioles trop longtemps.
  Bon, ça devient compliqué, là. Après avoir fait un premier tour de bassin sur le carrelage, il faut trouver un autre chemin – comme le lui fait comprendre le claquement de langue agacé du relou-nageur en le voyant s’apprêter à refaire un tour de manège. Qu’est-ce qu’il est chiant, celui-là ! Il a pas de potes avec lesquels s’amuser, ou quoi ? L’agacement momentané lui est fatal ; il ne voit pas qu’en s’engouffrant du côté du bassin de détente, il se retrouve face à un obstacle incontournable. Le ralentissement est aussitôt suivi de l’accélération de son poursuivant, évidemment. En un clin d’œil, ses hanches sont prises d’assaut et Merle se retrouve coincé dans la chaleur de cette eau nettement plus accueillante. Ça pourrait presque être agréable s’il ne subissait pas le supplice des chatouilles ! Le fanfaron se moque de lui, sans même lui laisser autre chose que la possibilité de lâcher des cris hystériques et des rires mouillés en se débattant vainement. Vainement, le youtubeur tente de lui retourner la politesse, mais ses mouvements sont trop chaotiques, trop saccadés à cause de sa façon de se tortiller pour échapper aux doigts – doigts qui deviennent progressivement plus cléments, pour le laisser respirer (et admettre sa défaite).
  Comme s’il craignait que Merle s’enfuie à la première occasion, Cody ne le lâche pas. Leurs torses sont pratiquement collés l’un à l’autre, résultat d’un corps-à-corps de mioches qui a soudain une saveur très différente ; plus adulte. Un flottement bizarre accompagne le frisson qui remonte le long de son échine blême. C’est pas désagréable. Un instant, Garland se fait la réflexion qu’il est bien, là, qu’il n’a pas envie que les mains se retirent. Ils échangent un drôle de regard, comme rarement Merle en accorde – déjà parce qu’il déteste regarder les gens dans les yeux, ensuite parce que tout le monde n’est pas Cody. Il lui demande s’il déclare forfait. Une hésitation naît autour de sa bouche, qui s’ouvre et qui se referme. Merle prend bien soin d’articuler et accompagne carrément sa phrase d’une tentative de langue des signes, sans même s’apercevoir qu’il met tant d’efforts dans sa réponse débile. “C’est quoi l’gage si j’perds ?” Pas le temps d’entendre la réponse, le rabat-joie sifflant est de retour. C’était prévisible, mais ça n’en reste pas moins pénible.
  Cette fois, il est vachement moins patient. Il est même franchement désagréable, le gars. Faut décamper, apparemment ; à moins de s’assagir, et ça, c’est pas trop au programme. “Gna, gna, gna” grommelle Merle en quittant le bassin avec une mine froncée. Le garçon traîne les pieds jusqu’aux douches, à la fois pour marquer son mécontentement et pour attendre son copain. Lorsqu’il le rejoint après le pédiluve, Garland lui donne un petit coup d’épaule joueur. Ses yeux pétillent toujours, mais peut-être d’une façon que Cody n’a encore jamais vue. “C’est quoi, l’gage, du coup ?


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Cody Grant
aucune suspicion

Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : Chlorine colored dream | ft. Merle 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
victimes : 608

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I want it all and I could be your muse here, every single summer. If you need to leave the rules up there, I hope you lеave them all and take mе down the pool house stairs. (c)


cw ; toucher décomplexé.

    Elle n’est pourtant pas neuve sous tes paumes, la peau du Merle. Tu connais ses reliefs à peu près autant qu’il connait les tiens, en prises trop fermes pour être tendres et en caresses trop passagères pour être intentionnelles. Dans le cocon permissif des bassins, tu as effleuré des mains, saisi des épaules, agrippé des cuisses, familier de la pression de sa poitrine contre tes omoplates autant que du chatouillis de ses bouclettes humides contre ton visage.
    Tu le connais assez pour t’autoriser d’être avec lui si spontanément tactile, tu sais que les contacts vous tiennent lieu de mots, qu'ils semblent - ou jusqu’alors semblaient - moins propices aux quiproquos, aux malentendus, aux difficultés de communication. C’est ce que vous avez de plus direct et de plus simple, et tu le cherches, l’inities avec la même facilité que le jeu, sans arrière-pensée et plutôt avec l’appétit d’un manque social difficile à combler. Tu veux, tu as besoin de cette proximité pour contrebalancer la distance pénible qui subsiste entre toi et l’autre, les doutes résiduels, les fatigues de langage.
    Peau contre peau. Nourri de sourires.
    Plus rarement de regards.
    Ceux-là sont brefs, réservés aux interludes privés de contact ; les yeux de Merle souvent s’échappent, les tiens retombent par habitude sur les lèvres. Dans l’instant suspendu où, pour une fois, ils s’attardent, où plutôt que substituts, ils accompagnent l'étreinte trop longue et trop voulue, tu te sens avec lui comme deux ions chargés, bizarrement électriques. L’envie de tester la limite, de savoir ce que ce moment permet - savoir si derrière la pagaille immature il ne se tapit pas quelque chose d’autre, d’inavoué, qui se serait réfugié dans le prétexte.
    L’oiseau reste lové et n’exprime pas son intention de fuir, toi non plus tu n’es pas pressé de le laisser s’envoler. Il y a une hésitation pourtant sur les lèvres qui s’animent, capturant un de tes regards aimantés. Un réflexe qui te vaut parfois qu'on te prête de fausses intentions, mais pour une fois on n'était pas loin de la vérité.

    C’est quoi l’gage si j’perds ? Ça ne t’échappe pas, l’effort qu’il y met pour le signer, l’articuler assez distinctement pour être certain que tu ne passes pas à côté - tu comprends sans mal que la proposition dépasse la simple plaisanterie. Tu n’as pourtant que le temps d’une risette avant que le détenteur de l’autorité ne vous siffle, cassant prématurément l’intimité qui s’était créée le temps d’une minute. Tu pestes. « Qu’est-ce qu’il peut casser les couilles alors, lui ! »
    Le coup d’œil que tu jettes au maître-nageur est plus colérique qu’à l’accoutumée, et ce serait à ton initiative, tu serais resté quand même. Qu’il descende seulement de son perchoir, qu'il t’oblige à partir ou vous sépare lui-même ! Sans aller jusqu’au conflit, tu n’étais pas le plus obéissant non plus - mais Merle cède tout de suite, quitte les eaux trop tièdes qui t’ont aussi fait bouillir. Tu pourrais rester. Pour peu que tu sois seul, on te laisserait nager, tu te serais bien éternisé une heure de plus. Mais tes yeux suivent le Merle, puis tout ton reste s'élance après lui, curieux d’où ça pourrait mener, soucieux de te dire que l’étincelle sera peut-être perdue la fois d'après.

    Tu le rattrapes à hauteur du pédiluve, rejoignant son flanc avec une proximité volontaire. Sur sa légère provocation, tu passes un bras autour de ses épaules dans un geste exagérément amical - mais le pétillement dans son regard te rassure que tout ne t’a pas encore filé entre les doigts. C’est quoi, l’gage, du coup ? « Donc t’admets que t’as perdu ? » tu plaisantes d’abord, le rire au bord des lèvres ; quand tu appuies ton regard sur les siennes, cette fois encore, ce n’est pas seulement pour les lire. Tu sais ce que tu veux autant que ce que tu ne veux pas, mais incertain encore d’où tu peux te permettre d’aller. Tous ces petits contacts saisis à la volée, tu veux les appuyer pour leur trouver la même saveur particulière que tantôt. Pas une pensée pour les implications ou les conséquences, les promesses que ça peut signifier pour d’autres, ni pour les sentiments, même. C’est bizarre pour toi de lui demander par les mots quand vous mettez autant d’efforts à les éviter.
    « Merle ? » tu commences, presque indécis, trop appuyé.
    Le bras sur sa nuque se décroche, les doigts sans insister suivent la courbure de son dos, s’arrêtent en pression douce à hauteur de ses reins. Hésitent. Un regard, c’est loin d’être assez. Tu ne sais pas comment il est dehors, ni s’il est de ce bord, s’il a quelqu’un, ce qu’il veut, ce qu’il aime, comment il vit ces choses-là. Il faut dire aussi que toi, ce ne sont pas des questions que tu aimes te poser : tu les évites, tu suis les impulsions sans espérer qu’elles mènent quelque part - en espérant, même, qu’elles ne mènent nulle part.
    « Si j’te gage de m’embrasser, tu le fais ou tu te dégonfles ? »
    La plaisanterie tente de désamorcer un si jamais, tu laisses pourtant peu de doutes sur la franchise de l’intention, autant que tu sais que l’enrobage suffira pas, s’il est de ceux que la proposition vexe. Qu’une poignée de minutes par semaine, peu de conversations et pas de moments privés, ce n’est pas une relation qui te permet de préparer le terrain. Affamé de présence, la patience en rade, tu vois seulement que vous êtes seuls au moment où le défi est lancé, et rien ne t’assure que ça va durer plus loin que les prochaines secondes. Que si c’est pas maintenant, ce sera sans doute jamais.


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Merle Garland
aucune suspicion

Merle Garland

saisons : Vingt-neuf années perlées d’une innocence en résistance qu’il chantonne.
occupation : Trois déclinai-sons pour un seul corps, le garçon se grime chanteur, youtubeur et apprenti libraire au Coin de Minuit.
myocarde : Célibat déçu, lui qui a un cœur immense à donner aux genres pluriels.
faciès & artiste : Luke Hemmings (corvi ♥)
victimes : 117


Chlorine colored dream


TW/CW érotisme (non graphique).

  Merle s’est toujours laissé porter par le vent. Ailes déployées avec sérénité, abandonnées aux quatre coins du ciel et tout ce qu’il a à offrir. Parfois, des surprises se glissent derrière les nuages ; même les cumulonimbus inquiétants peuvent se révéler charmants. Là, dans cette étreinte qui dure et qui s’étire et qui devient bizarrement agréable, ça frôle le sentiment que c’est pas normal – qu’il devrait s’en aller, casser le nœud serré qui l’enlace. Merle déteste ce qui brise sa routine ; ce qui n’est pas comme d’habitude. Alors, pourquoi ce frisson si délectable, pourquoi cette envie de se presser un peu plus, pourquoi le désir de lutter plus longtemps peau à peau pour migrer vers des horizons plus matures ? Il n’a pas le temps de réaliser que déjà les mots passent ses lèvres malicieuses. Il a encore envie de jouer, ça, c’est une certitude. Ce sont les limites du jeu qui ont changé. Mais le casse-couilles en chef les siffle comme un mec de mauvais goût, rompt l’instant et les sépare comme le dernier des connards. Merle pense rarement du mal des gens – et s’en veut immédiatement –, mais là, il a juste envie de l’envoyer se faire foutre. La colère n’est pas une émotion familière, aussi la reconnaît-il mal. Il identifie plus facilement la frustration qui grignote les frontières émoussées de sa patience. Il lui a volé sa réponse ! Cody râle, surfe sur les mêmes grossièretés que son copain silencieux a tues. Il l’aime vraiment bien, Cody – c’est juste qu’il avait pas compris qu’il l’aimait vraiment, vraiment bien. Enfin, pas comme ça.
  Pas du genre à trop réfléchir, l’animal obéit sagement malgré sa déception et espère très fort que les pas familiers emboîteront le sien. Heureusement, l’angoisse étrange qui se noue dans son ventre disparaît sitôt qu’une hanche frôle la sienne. Même pas besoin de regarder pour savoir que c’est à lui ; son corps, il l’a beaucoup exploré. De bien des façons, et surtout innocemment, mais peut-être que finalement, cette drôle de proximité avait quelque chose de voulu depuis le début. Une façon de tester les limites, en caresser les contours sans jamais les franchir ; jeu pour adulte aux formes enfantines – c’est à qui franchira la ligne. Le drôle d’oiseau vient à nouveau quémander sa peau. Cody la lui accorde sans broncher, bras jeté en travers des épaules avec un naturel ébranlé par les nouveautés promises dans le regard mutin de Merle. “Ouaiiiiis…” lâche-t-il, levant les yeux au ciel avec un rire qui se mêle au sien. Il ne rate pas la façon dont ses yeux s’attardent inhabituellement sur ses lèvres pour lire une réponse aussi simple. Son bide fait un triple salto option vrille et salutation du public en délire. C’est toujours ça que ça lui fait, quand l’impression de plaire se confirme par petits bouts. L’ennui, c’est qu’il est jamais sûr de lui. Pas du genre à bien capter les signaux discrets, alors il met les pieds dans le plat, histoire de pas se faire de faux espoirs. “Y a des défaites qui sont agréables.” Il ronronne presque, attrapant impatiemment son expression au vol pour la décortiquer comme il le fait rarement. C’est vraiment trop nul, d’être débile au point de pas savoir sur quel pied danser. Du coup, c’est le moment de déployer la parade nuptiale la plus pétée de l’histoire. Au pire, ça le fera marrer… et il prétendra que c’était pour de rire.
  Il ne sait pas comment mieux appuyer ce contact léger autour de ses épaules, et le temps qu’il réfléchisse à la formulation brute de décoffrage de sa proposition, Cody réclame son attention avec la prononciation inhabituelle de son prénom. Ça lui file encore un frisson, qui court comme un dératé le long des vertèbres jusqu’à hérisser les petits cheveux de sa nuque. Peut-être qu’il le sent, juste au moment où sa main reflue et descend lentement en caresse moins innocente. Elle s’arrête dans le creux de ses reins, qui se cambre à peine, mais juste assez pour se tendre à son contact – instinct de la chair qui répond à l’appel primitif. En tout cas, il a toute son attention, c’est le moins qu’on puisse dire. Le sourire s’est un peu tari, même si la malice rôde au coin des prunelles. “C’est moi, y paraît.” Répondre n’importe quoi pour désamorcer la tension qui crépite entre leurs corps si proches et si désespérément loin en même temps. Mais la question qui tombe de la bouche de Cody explose entre eux comme une pluie d’étincelles – et c’est un feu d’artifices qui illumine ses entrailles. Il doit être à peu près aussi coloré et joyeux que le sourire qu’il lui décoche d’une oreille à l’autre. “Genre t’as cru j’étais un dégonflé ?” Faire le con pour tromper le tambour qui bat férocement dans sa poitrine. Ses signes sont un peu plus maladroits, mais l’intention est claire sur son visage. “J’te galoche tous les jours si tu m’dis pas cap, même.Too much, mais trop tard, Merle est un spécialiste de l’oversharing et des diarrhées verbales embarrassantes. Maintenant, il faut juste qu’il se taise.
  Il se racle la gorge, émet un gloussement gêné, mais ne se dérobe pas – trop gourmand, trop avide, trop envie que sa main reste sur ses reins. D’un coup d’œil un peu nerveux, il vérifie que personne ne peut les voir depuis les bassins ; que pas un regard ne traîne dans le coin. L’idée de l’entraîner dans une cabine de douche est tentante, mais ça a aussi quelque chose d’un peu brusque et même un peu flippant. Un baiser, pour commencer. Peut-être que Cody fait que rigoler, et qu’il va se contenter d’un smack sec, sans comprendre ni voir la déception dans le bleu des yeux qui le mangent depuis tout à l’heure. Une dernière hésitation se lit sur son pif froncé, le drôle d’oiseau se mord une seconde la lèvre. “Tu… Tu m’jettes si c’est pas OK, hein ?” Cette fois, il prend bien soin d’articuler et de signer du mieux qu’il peut. Hors de question que la blague aille trop loin. Sagement, Merle attend qu’il acquiesce, qu’il reste, qu’il confirme un bout de ses propres envies. L’excitation se mêle d’un pincement d’anxiété, mais c’est pas nécessairement désagréable ; c’est comme contempler le vide avant de sauter à l’eau de la plus belle falaise de Scarborough. “Faudrait trop j’t’emmène sauter dans les vagues et d’puis les côtes, un jour.” Ça sort de nulle part, mais Garland a la fâcheuse tendance de dire tout ce qui lui passe par la tête. “Euh, le gage, du coup…” ajoute-t-il précipitamment, l’air de dire “Allez, j’y vais.” Et il y va ; d’une main légère sur la joue de Cody, il se penche vers lui pour combler les centimètres qu’il domine depuis la perche qui lui sert de corps. Sentir son souffle échouer sur ses lèvres lui gonfle déjà toutes les veines, jusqu’aux plus petites veinules qui sinuent sous la peau tendre de sa gorge. Et puis vient la caresse tendre de la soie des lèvres qu’il aime tant – Merle a toujours adoré embrasser des gens. Y a rien de plus excitant, de plus waouh que cette intimité-là qui fait jaillir des gerbes de joie à l’intérieur. Et la soie de Cody, il voudrait s’y vautrer – trahi, d’ailleurs, par un soupir qui sonne trop comme un désir mal enfoui. Sa bouche s’entrouvre, interrogative ; un peu plus ? Un peu plus de toi, un peu plus de moi, un peu plus de nous ; ta langue sur ma peau.


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Cody Grant
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Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : Chlorine colored dream | ft. Merle 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
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cw ; érotisme (et un peu en public quand même).

    Son rire résonne brièvement dans les interstices du tien ; y'a des défaites qui sont agréables dit-il, admettant la sienne sans plus de lutte. Son regard appuyé sur toutes tes ridules d'expression donne l'air d'y chercher une réponse implicite quand elle y est évidente et assumée. C'est une autre des choses de Merle qui te plait, qui fait que ça fonctionne en dépit du reste : il est un livre ouvert et illustré d'images, qui rendent explicites, mieux que les mots, les nuances qui autrement t'échappent. Tout ce qu'il y a dans votre communication de non-fonctionnel se rattrape dans les gestes spontanés et les intentions, dans les explosions de l'émotionnel. Tu le lis rayonnant et à l'aise, réceptif, intéressé, explorant ce que tu lui donnes à voir ; c'est palpable dans l'air, pour toi, le désir mutuel de tâtonner vers davantage. Tu les maîtrises assez, tu les as suffisamment dansées – l'envie et la timidité, les regards allongés, les rires trop sonores, les contacts qui s'attardent. Tu devines chez lui la nervosité, pas celle des hontes ou des appréhensions, celle plus avide qu'on n'essaie pas de fuir, qu'on prolonge rien qu'un peu pour se faire languir.
    « Peut-être, mais ma victoire l'est encore plus. »
    Volontairement, exagérément railleur pour ne pas perdre la couverture du jeu et ce qu'elle permet comme complicité et comme protection. Il faut un premier pas. Ça ne te dérange pas de le faire, c'est ta victoire qui te donne cet ascendant de choix. Tu oses – restes vigilant à tous les freins mais il ne te semble pas en rencontrer un seul. Arrêtés dans vos pas sans la moindre intention de prendre de la distance, le frisson de sa peau sous tes doigts qui se laisse caresser donnerait même l'impression d'épouser le mouvement ; le sourire, l'intonation un peu plus haute que tu perçois mieux que les mots empressés, les signes maladroits. A cet instant tu sais déjà, ça crépite entre vous deux : il ne se dégonflera pas, toi non plus, et la patience non plus nécessaire se contient dans autant de regards écrasés contre sa bouche. Dans la mélasse vocale, la lecture distraite par d'autres envies, tu distingues la promesse d'un tous les jours. Aussitôt, renchérir pour t'approprier un peu plus, la pression montée de quelques échelons. « Ça peut facilement se prouver, ça. » Tu comptes pas le concrétiser, t'en es pas à te demander si tu voudras encore l'embrasser demain, mais elle est exaltante, la perspective qu'il te laisse revenir réclamer ton dû jusqu'à ce que l'univers se lasse, comme déjà trop pour se contenir dans une seule minute.

    Tu le sens hésiter, rien qu'un instant tailler le doute sous tes côtes, dans un remue-ménage du cœur et la peur de te faire rejeter au tout dernier moment, celui qui fait le plus mal. Tu m'jettes si c'est pas OK, hein ? « Quoi, t'embrasses si mal que ça ? » tu ricanes, rendu nerveux à ton tour par le délai qui fait prendre au geste trop d'importance. Je veux juste t'embrasser. Pas juste, pas que, mais tu oses plus quand ça ne signifie pas grand-chose. C'est juste un baiser, et tout ce que tu pourras lui prendre d'autre. Ton maigre contact se fait plus insistant, s'étire sur sa taille l'air de vouloir lui confirmer que c'est tout ça et c'est maintenant – qu'il n'y a pas de doute à avoir : que la plaisanterie se cantonne au ton, que l'envie est aussi sincère qu'immédiate. Mais il cause encore, te tend encore, te fait mourir un peu. Dans les vagues. « Hein ? » Qu'est-ce qu'il raconte encore ? Il ne veut pas t'embrasser plutôt ? Et si quelqu'un arrive ? Si tout s'arrête avant d'avoir commencé parce que Merle a un cas de conscience ? Ou bien c'est toi, qui est trop impatient ?
    Enfin, il initie un contact à son tour. Enfin, ton visage se lève vers le sien comme rarement – tu t'en rends moins compte dans les bassins, vos bustes émergés de la même façon. C'est peut-être la première fois que tu prends la pleine mesure de cet écart, parsème tes joues brûlées de soleil d'un rose imperceptible, tu les aimes plus grands que toi. L'horizon contenu dans ses yeux dans la seconde qui précède et vos souffles qui s'affrontent, tu trouves refuge dans la sensation, paupières closes. La capture tendre se prolonge en secondes, de sa bouche comme seul ancrage tu t'éparpilles d'une lèvre à l'autre, voleur qui demandait un baiser et s'empare d'autant d'autres qu'on le laissera prendre. Sans réfléchir, les mains explorent la peau humide, déjà familière mais jamais de cette façon, remontent sans se précipiter autour de son cou pour le retenir – l'attirer à toi, encore, encore, embrasé de rêver ce corps à corps dériver plus loin en des horizons moins sages. Reculant d'un pas, d'un second, sans même réaliser, jusqu'à ce que le contact froid du carrelage contre ton dos t'interrompe sur un éclat de voix équivoque.

    Tes yeux cherchent les siens, s'étonnent aussi de retrouver le décor – très public quoique très vide – des douches communes, quand éclate la bulle qui ne contient que vous ; presque un vertige, la chaleur montée jusqu'au front, et la respiration plus courte que tu l'aurais cru. « Ça va ? » tu demandes, par souci d'assurer le coup, encore trop près de ses lèvres pour être capable de les lire. Tu ne l'as pas lâché, pas encore prêt à renoncer à sa proximité, à son contact non plus – tu n'en as pas eu assez, retardes le moment où tu t'en retourneras à la solitude alors que tu aimes quand les mains osent, s'attardent et se servent. « J'ai pas envie de m'arrêter. Toi ? » Pas une once de gêne quand il s'agit de l'admettre. Pourquoi faire ? Ton air est suffoquant et tu n'arrêtes pas de vibrer. « Tu veux qu'on s'isole ? » Plus bas, écartant ton visage suffisamment pour lui désigner l'une des cabines, un sourire mutin débarrassé de la moindre inquiétude. Habituellement plus sobre ici qu'ailleurs, mais finalement juste grisé d'autre chose. « Perso, j'en ai rien à foutre qu'on me regarde te croquer, mais j'aimerais autant que le staff me blackliste pas. » Le rire bref change rien que les mots sont profondément vrais ; t'es prêt à prendre le risque quand même, tu sais très bien que ça risque d'arriver, si on vous attrape un peu trop loin, mais est-ce que c'est pas ça aussi qui te plait ? Est-ce que Merle te bouleverserait comme ça, si la relation ne fourmillait pas d'obstacles ?


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Merle Garland
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saisons : Vingt-neuf années perlées d’une innocence en résistance qu’il chantonne.
occupation : Trois déclinai-sons pour un seul corps, le garçon se grime chanteur, youtubeur et apprenti libraire au Coin de Minuit.
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TW/CW érotisme (non graphique), anxiété liée à la sexualité, homophobie (subie).

  L’océan de ses yeux s’échoue en vagues répétées sur le visage de Cody. Il ne le comprend pas, ne le cerne pas autant qu’il l’aurait voulu. Mais il le dévore quand même, laisse son écume en lécher les contours dans l’espoir d’y laisser la trace de ses doigts à venir. Le jeu n’est pourtant pas tout à fait fini, et Cody s’en gargarise – de cette victoire qui redonne de l’espoir aux envies inavouées palpitant dans le bide du drôle de piaf. “Fais pas trop l’malin, eh.” C’est pour la forme, pour les apparences et les yeux suspicieux. Y en a pas dans le coin, heureusement, il s’en assure d’un nouveau regard lorsque les gestes trahissent le désir au creux de ses reins frissonnants. Son corps épouse sa paume dans un aveu décomplexé, c’est presque un soupir impatient qui passe ses lèvres déjà entrouvertes par la perspective de goûter les siennes. Évidemment, Merle parle trop ; comme d’habitude, il s’emmêle dans ses pensées qui deviennent mots avant même qu’il les ait imaginés sortir de sa bouche. Mais ça a pas l’air de fondamentalement déplaire à Cody. Il laisse la porte entrouverte, sans la refermer ou l’ouvrir tout à fait ; la possibilité, les papillons s’épanouissent dans la poitrine au tambour battant férocement. L’appréhension glisse ses doigts entre ses côtes pour les piquer d’un chaud-froid pas exactement désagréable ; désir excité par la peur d’être surpris et l’envie qui la dépasse.
  Le nageur expérimenté balaie son interrogation anxieuse d’une réplique insolente. Ça lui arrache un gloussement débile – encore un autre dans la triste collection de ses réactions enfantines. D’ordinaire, elles font fuir, mais Cody reste. Il est toujours resté, malgré son QI qu’on évalue facilement dans le négatif avec un regard méprisant et ses manières trop spontanées pour pas être gênantes. “Tu m’diras” lance-t-il avec un faux air dégagé, les yeux malicieux à s’en fendre la pupille. Tu m’diras si t’en veux encore, si faut qu’j’t’embrasse sans m’arrêter pour t’faire une meilleure idée. Les neurones distraits par la main qui appuie davantage sur ses reins, Merle baisse les yeux brièvement, appuie sur cette chair contre la sienne pour les remonter vers ce visage qu’il veut écraser d’un baiser – pas juste pour tester, mais pour s’enivrer. Le chaos de la caboche s’embrouille encore et ânonne d’autres conneries qui peignent un masque de confusion sur le pauvre Cody. Son onomatopée perplexe ramène l’oiseau envolé sur terre ; et il étire un sourire désolé aux airs de grimace simiesque pour se faire pardonner. Le baiser ; pas les vagues, pas les falaises, pas la mer – le baiser, là, maintenant, tout de suite.
  Et il se penche, pose sa main en coupe délicate contre ce visage qu’il a déjà mille fois touché, éclaboussé, chahuté avec son corps tout entier. Cette fois, c’est différent, ça lui tord le bas-ventre comme s’il était transbahuté par une machine à laver en mode essorage. Lorsque sa bouche se rapproche de celle qu’il convoite, il voit son menton se redresser, sa mâchoire venir à sa rencontre comme un secret confessé par un silence mouillé. Plus de contact visuel, plus que le noir des paupières abandonnées au baiser qui s’embrase et se propage comme un incendie depuis les lèvres jusqu’à la gorge, le torse et le ventre qui s’enflamment à mesure que les lèvres se pressent, se cherchent, en redemandent. Ce n’est plus un baiser, mais dix ; ce n’est plus un jeu, mais une danse ; ce n’est plus un défi, mais une étreinte. Ses soupirs s’éparpillent entre chaque respiration glanée pour mieux replonger dans l’humidité de ces muqueuses qu’il voudrait davantage explorer. Les paumes s’emparent du cou comme un collier tendre, supplique sans mots qui réclame appartenance pour cet instant. Les synapses presque grillées par toutes les idées salaces qui en veulent plus, Merle se rend à peine compte qu’ils ont avancé – reculé pour Cody – jusqu’au mur carrelé qui les arrête brusquement.
  Les yeux rouverts, ils se regardent comme deux poissons étonnés de ne pas être seuls dans l’océan. Ça le fait un peu marrer, Merle. Il a les joues mangées de rouge et chaud à peu près partout ; sa carcasse échouée contre la sienne avec le ressac de leur désir. Il n’a aucune envie de se dégager, de se reculer, de le laisser s’échapper pour aller nager sans lui. Son souffle alourdi en témoigne, leurs soupirs encore mêlés qui ne font pas mine de s’éloigner. Merle hoche la tête, exagérément, pour lui confirmer que ça va ; que ça va même super bien, et que ça pourrait aller encore mieux s’ils continuaient. L’un de ses immenses sourires vient éclairer son visage pour couronner son assentiment silencieux. “Alors ? À quel point c’tait nul/20 ?” le charrie-t-il, nez froncé, prunelles mutines. Et là, Cody lâche tout haut ce que son corps disait déjà tout bas ; qu’ils sont en harmonie, en symbiose, en accord – peu importe en quoi, finalement, mais en tout cas partis pour recommencer. “Nan.” Pas envie de s’arrêter, jamais. Son copain propose de s’enfermer dans une cabine de douche, qu’il désigne en se reculant légèrement – rien qu’un peu. “Vite.” Qu’ils s’isolent vite, oui, avant qu’il n’ait plus la pensée rationnelle de se cacher. L’idée emballe tout en Merle ; le cerveau, le bide, la peau. Et là, Cody dit un drôle de truc. Qu’il s’en fout qu’on les choppe. “Pas moi.” Lancé fort et bien distinctement pour que ce soit clair. Lui, ça le terrorise. Pas parce qu’il assume pas – il assume depuis trop longtemps, en fait –, mais parce qu’il veut pas se voir étalé encore sur les réseaux, dans les commentaires, les vidéos, les fils Reddit à vomir. Il veut pas que ses parents sachent ; ils (le) détesteraient. Il veut pas qu’on lui retire ça, aussi.
  Trop sérieux pour pas inquiéter Cody – c’est que c’est pas vraiment le genre de la maison, d’habitude –, Garland secoue la tête avec un petit sourire pour le rassurer, puis glisse sa main dans la sienne. Tout ce qu’il fait, c’est l’entraîner vers la cabine de douche la plus éloignée – celle que personne prendra en premier, celle qu’est calée contre le mur qui arrête net les rangées de box. D’un mouvement empressé, il referme la porte à clé derrière eux ; revient aussitôt à Cody qu’il chope par les hanches pour lui arracher un premier baiser – grignote la lèvre inférieure, imprime ses lèvres sur sa jugulaire chaude et gonflée, remonte jusqu’à son oreille. “J’ai envie d’toi.” Voix frémissante, encore un peu timide mais toujours ourlée de cette simplicité qui emballe chacun de ses gestes spontanés. Merle détache bien les mots ; l’envie chevillée au corps d’exciter son partenaire, de lui balancer son désir dans le creux de l’oreille. Un soupir un peu rauque lui échappe lorsque son corps encore humide se colle au sien – torse contre torse, peau contre peau –et que leurs hanches s’entrechoquent ; besoin de plus. Sa bouche cherche à nouveau la sienne, s’imprime sur ses lèvres qu’il embrasse plus férocement, plus avidement ; sa langue vient taquiner une commissure, effleurer l’émail et la rondeur des dents pour quémander davantage. Ses gestes ne dirigent pas, ils suggèrent ; proposent. Prends-moi tout entier, supplient-ils, fais durer ce moment toute l’éternité.

icon demoncity

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❝ brightest is sometimes
b l i n d i n g


Cody Grant
aucune suspicion

Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : Chlorine colored dream | ft. Merle 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
victimes : 608

online

chlorine colored dream

❝ ❞
I want it all and I could be your muse here, every single summer. If you need to leave the rules up there, I hope you lеave them all and take mе down the pool house stairs. (c)


cw ; érotisme (en lieu public).

    Et juste comme ça, vous abattez la digue. Un seul baiser aurait suffi, pour commencer. Un seul pour prendre la température, estimer la portée et l'après, prendre la mesure des inévitables conséquences ; un seul passe encore pour du jeu, l'intention cassée par quelques rires. Pourtant le premier baiser volé, tu ploies immédiatement : un seul ce n'est pas assez, poussé plus loin dans ton caprice à sentir Merle si réceptif à tes avances. L'amitié chamarrée sur les carrelages vert d'eau vire au rose tendre et à l'écrevisse de vos têtes enflammées. Chaque pression supplémentaire contre ses lèvres plus empressée que la précédente recule la ligne de côte toujours plus permissive. Les jeux ne pourront plus revêtir la même innocence, les contacts accidentels et les regards appuyés, ombragés de ces nouveaux possibles en permanence. Pour tout ce que tu y gagnes, il y a quelque chose de perdu. Mais tu ne te caches pas non plus préférer ce qui se dévoile peu à peu.

    Le contact rompu, sans porter une once de doute, sans non plus t'arrêter sur la question posée, tu oses déjà réclamer davantage. S'il embrassait mal d'ailleurs, ça ne changerait rien, tu n'es pas là pour la performance et, de toute façon, tu crois fondamentalement impossible de rater un baiser, pour autant que l'envie flambe des deux côtés. C'est peut-être l'excuse de quelqu'un qui embrasse aussi terriblement mal, qui sait – mais tu les connais, les butinages ivres couplés de vertiges, les haleines difficiles de lendemain de cuite, les dents qui s'entrechoquent à être trop pressé, les lèvres gercées qui laissent un goût de sang, celles bizarrement fermes et trop glacées, les timides qui demandent sans trop oser donner, ou qui donnent sans oser recevoir. Tu ne te souviens pas d'un baiser si mauvais que tu l'aies regretté ensuite. Certainement pas celui de Merle, qui ne te semble qu'une mise en bouche à la promesse que tu lui fais de le croquer s'il y consent.

    Vite. Galvanisé par la caresse de ses soupirs à défaut de les entendre, tenu en haleine, pendu à ses lèvres, électrisé de constater son empressement – toi même rendu plus impatient, plus fébrile, comme un effet miroir. Tu as ta propre façon de lui communiquer que tu es disposé à jouer sur d'autres terrains, qu'il n'a pas à s'inquiéter de cogner trop tôt ta limite, désencombré de honte sur tes envies, désinhibé d'une décennie de consommations au moins, aussi délesté de toute ambition d'avenir. Même si la planète me regarde, je m'en tape, y'a que nous qui compte. Sûrement que l'idée ne te déplairait pas non plus, les traces plus que résiduelles d'un manque d'attention, mais tu l'enterres aussi vite devant sa réaction épidermique et sans appel. Pas moi. Tu interromps ton jeu de petites provocations, pourtant ni refroidi, ni non plus inquiet. C'est commun dans tes relations homosexuelles que les curseurs ne s'arrêtent pas sur le même échelon, et tu n'as pas besoin qu'il s'épanche sur les détails ou se justifie. Tu as connu moins assumé, suffisamment pour rejoindre une posture d'empathie et renforcer la nécessité de discrétion. Au sourire, tu réponds par une brève proximité ; quand il s'empare de ta main pour t'entraîner vers la cabine, tu serres la sienne avec une douceur volontaire comme une promesse intime, l'affection outrepassant le désir.



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should've washed this, smells like R. Kelly sheets, but shit, it was ninety-nine cents

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