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J'adore ses livres : quand je les lis, je me rappelle que le talent n'est pas obligatoire. || Merle

2 participants
Rio Marshall
aucune suspicion

Rio Marshall

saisons : 42 ans
occupation : Psychiatre de l'hôpital général de la ville. Il est spécialisé dans l'accompagnement des défis liés à la transition de genre, mais viens comme t'es, on te trouvera bien un créneau, je sais que cette ville tourneboule le cerveau. On apprécie de le consulter dans la mesure où il accepte les rendez-vous à des heures...un peu invraisemblables. Les insomniaques l'adorent.
myocarde : Veuf omnivore, gère tant bien que mal son ado torturé par le deuil de sa mère.
faciès & artiste : takamasa ishihara (miyavi) © ooolympia
victimes : 61


J'adore ses livres, quand je les lis, je me rappelle que le talent n'est pas obligatoire.

❝❞
20/07/2027 - 19h58


Il y avait dans la vie trois choses que Rio détestait par dessus tout : les publicités Youtube pour les webtoon omegaverse, les polices serif sur les écrans d’ordinateur, et les gens qui regardaient sur leur téléphone pendant qu’il était en train de leur parler.

Pour cette raison, il avait toujours mis un point d’honneur à accorder son attention pleine et entière à toutes les personnes qui le consultaient.
Elles étaient rares – par choix – et d’une rare force de caractère – par nécessité. Il fallait, pour continuer à vivre avec leurs troubles, une force peu commune qu’on leur enviait. Elle résultait la plupart du temps de l’entraînement d’une armée de pensées forcenées qui se dressait tant bien que mal contre les ombres qui les assaillaient jour et nuit, et dont personne ne semblait savoir quoi faire.

Son vieux et vaillant Nokia 3310 restait donc parfaitement éteint durant ses consultations. Il le rangeait en gardant dans un coin de sa tête la terreur sourde de le rallumer pour apprendre une nouvelle terrible à propos de Silver ou de son épouse. Elle se roulait en boule dans une tanière sombre au fond de son esprit tant et si bien que ses griffes plantées férocement dans les fibres de ses pensées lui procuraient une douleur perpétuelle étrangement réconfortante – familière.

Pourtant, ce soir, Rio sentait que quelque chose était différent.
Il s’était autorisé, pendant que Merle cherchait ses mots, à poser un instant son regard par la fenêtre dont l’encadrement découpait dans le ciel un morceau de taffetas de nuages noir tressés d’éclairs d’argent. Il allait rentrer sous la pluie, se dit-il alors qu’un grondement fondamental résonnait sur les toits d’ardoise de Sarborough.

« Je te remercie, on va en rester là. » conclut-il finalement.

Il referma un carnet de notes au papier délicat à l’effigie de la souris Diddl et s’étira largement, déployant ses longues jambes gainées de noir d’ordinaire repliées en tailleur sous son bureau. Sa nuque craqua, figée dans l’immobilité et la concentration pendant les 45 dernières minutes.

« Tu vas au concert des Canterville Ghosts ce soir ? » demanda-t-il en ouvrant son tiroir.

Il y échangea son carnet contre un paquet de cigarettes, qu’il ouvrit pour glisser une clope au coin de ses lèvres.


Merle Garland
aucune suspicion

Merle Garland

saisons : Vingt-neuf années perlées d’une innocence en résistance qu’il chantonne.
occupation : Trois déclinai-sons pour un seul corps, le garçon se grime chanteur, youtubeur et apprenti libraire au Coin de Minuit.
myocarde : Célibat déçu, lui qui a un cœur immense à donner aux genres pluriels.
faciès & artiste : Luke Hemmings (corvi ♥)
victimes : 153


J’adore ses livres : quand je les lis, je me rappelle que le talent n’est pas obligatoire


TW/CW troubles psychologiques (autisme, TDAH, dépression, trouble anxieux), emprise, psychophobie, maltraitance psychologique.

  L’impression d’être un poisson dans une flaque ; piégé par le reflux de la mer sur la plage. L’impression qu’on lui a balancé tout un tas de problèmes au visage sans crier gare. L’impression de tourner en rond ; sans parvenir à mettre le doigt sur le véritable problème. Ils le disent troublé, alors qu’il se sent bien – enfin, si l’on excepte l’épisode dépressif qu’il a traversé et la soudaine éruption d’anxiété. Mais ça, c’est la faute des mots vomis en ligne. C’est pour ça qu’il a consulté, à l’origine. Et puis, on lui a parlé d’autres choses ; de choses qui le constituent, qui l’influencent. Merle s’est toujours senti en décalage avec le reste du monde, mais pas nécessairement de façon désagréable ; plutôt comme on est conscient qu’on porte du rose alors que tout le monde est en noir. Se tromper de code couleur, ce n’est pas bien grave – et Merle se trompe souvent. Pourtant, ce qu’on lui a expliqué, c’est qu’il n’est pas seulement différent, mais handicapé. Le choc est rude, sur le moment. Les paroles de ses parents tournent en boucle sous ses boucles. Sa stupidité devient pathologique ; c’est presque pire que d’être traité de fainéant à chaque occasion. Et probablement que c’est pire pour eux aussi, d’avoir un enfant mentalement déficient. C’est sûrement pour ça qu’ils lui ont demandé de tout arrêter ; de cesser d’écouter les imbécilités de ce prétendu médecin.
  Ses cuticules sont hérissées de peaux mortes, abîmées à force d’être maltraitées durant toute la séance. Merle n’a jamais été très fort pour masquer sa nervosité ou sa détresse ; pour l’enfouir, l’ignorer, oui, mais si lui-même en est incapable, personne ne peut la nier. Alors, il pousse un gros soupir lorsque le psychiatre clôt la séance. D’ordinaire, Rio est attentif à ses micro-signes de malaise, à ses yeux bleus qui fuient plutôt que de rêver. Aujourd’hui, lui aussi paraît préoccupé. Le youtubeur hésite. “Nan, j’avais prévu d’filmer des vidéos” répond-il distraitement, grattant toujours ses ongles avec insistance. Il ne dit jamais non à un concert, habituellement, mais ce jour-là est différent. De but en blanc, il finit par lâcher : “Mes parents veulent qu’j’arrête nos séances. Ils aiment pas.” Il ne précise pas que c’est lui qu’ils n’aiment pas, que ce sont ses mots qu’ils reprochent d’être tombés dans l’oreille de leur fils unique. Le patient se racle la gorge, cherche ses mots et même le regard de son interlocuteur – chose qu’il ne fait que très rarement, embarrassé par le contact visuel qui occasionne un malaise presque physique. Ça lui hérisse l’échine et lui donne envie de déguerpir. Pourtant, il se force, pour cette fois. “Ça va ?” s’enquiert-il, soucié par l’air absorbé de son aîné. Rio a beau être son médecin, il est aussi un ami – improbable, peut-être, puisque l’on rencontre rarement son psy avant de se voir proposer des séances, mais son ami tout de même.


icon bishovnen

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20/07/2027 - 19h58



cw : deuil

« Allons bon. » commenta Rio d’une voix à demi étouffée par le filtre de la cigarette qu’il avait coincée entre ses lèvres. « Et qu’est-ce que tu en penses, toi ? »

Surpris que Merle refuse de l’accompagner à ce genre d’événements qu’il ne ratait jamais, Rio ne releva cependant pas. Merle était une connaissance à qui il tenait franchement, au-delà de leur relation de praticien-patient. Pour cette raison, il ne se formalisait pas de retraits, d’absence de réponse ou de lapins posés parce qu’il avait oublié une rencontre, un rendez-vous. Le jeune homme ne lui devait rien – au sens propre comme figuré – aussi leurs comptes étaient bons.

« Tu aurais pu commencer par ça. » argua-t-il en quittant sa chaise pour se diriger vers la fenêtre.

Il tenta de pêcher au fond de son pot à crayons son zippo qu’il n’utilisait jamais, n’y parvint pas parmi la longueur de ses doigts. Sans se démonter, il s’empara de l’objet – un pot de métal qui avait contenu de la crème de marrons, ramené d’un voyage en France par une patiente – pour le retourner sur le bureau. Des stylos de toutes les couleurs s’éparpillèrent sur le plateau, certains sentaient même une odeur de fruit. Rio tria du bout des doigts des trombones, des punaises et des breloques détachées de ses fringues de troubadours au fil du temps pour récupérer le zippo dont il espérait qu’il fonctionnait encore.

La fenêtre atteinte, il l’ouvrit. Une odeur poisseuse d’humidité et de chaleur pénétra dans la pièce, poussée à travers l’encadrement de la fenêtre par l’orage approchant. Rio posa une fesse en jean sur le bord, alluma sa cigarette d’un claquement de zippo avec une maladresse qui s’expliquait par le fait qu’il était passé à la pipe depuis plusieurs années. Mais ce soir, pour une raison très précise, il avait envie d’une cigarette et pas autre chose.

« Ca fera neuf ans demain. » souffla laconiquement Rio à travers sa fumée. « Que Fallon a disparu. »

Et cela ferait 7 ans que des effets personnels de son épouse avaient été retrouvés au bord du lac mais pour lui, cela ne comptait pas. Elle s’était juste volatilisée. Rio tira sur sa clope – dont le parfum lui rappelait Fallon.

« Si c’est une histoire de fric pour tes séances, on peut s’arranger. Tu sais que j’ai jamais été chiant là-dessus. »


Merle Garland
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TW/CW troubles psychologiques (autisme, TDAH, dépression, trouble anxieux), emprise, maltraitance psychologique, psychophobie.

  Qu’est-ce qu’il en pense, Merle ? La confusion se peint sur ses traits, trouble ses yeux bleus. On lui demande pas souvent son avis, faut dire. “Chais pas” admet-il d’une petite voix, suivant les mouvements du psychiatre avec une forme d’inquiétude qui évoque un jeune cervidé aux abois. Il le regarde s’éloigner du bureau pour rejoindre la fenêtre, lâchant qu’il aurait pu commencer par ça. Merle se sent soudain coupable, le bide en vrac. C’est vrai qu’il aurait pu commencer par ça. Pourtant, ça ne lui est pas venu à l’esprit. Ça ne lui paraissait pas relever de sa thérapie ; mais plutôt d’un à-côté, un empêchement. Il rouvre la bouche, alors que Rio retourne un pot à crayons pour y chercher il ne sait pas quoi. Le mouvement l’hypnotise, fait refluer un peu l’anxiété. “Est-ce que ça sert vraiment à que’q chose, c’qu’on fait ?” demande-t-il, toujours d’une voix hésitante. Est-ce que chuis vraiment autiste ou chais pas quoi ? Est-ce que chuis pas juste débile, en fait ? Il se trouve des excuses pour pas faire d’efforts, c’est ce que disent ses parents depuis qu’il est tout petit.
  Un étrange silence s’installe tandis que Rio ouvre la fenêtre pour s’y asseoir et fumer. Après un temps, il lâche le nom de sa femme disparue. Sept ans aujourd’hui, qu’elle est partie. Ou neuf. Il a dit sept ou neuf, déjà ? Merle cille, fronce les sourcils, la langue entre les dents. Il ne se rappelle déjà plus. Alors, il lâche l’affaire pour se concentrer plutôt sur son ami qui paraît bien mélancolique, tout d’un coup. “Ça fait super longtemps” résume maladroitement son patient. Pour Merle qui a toujours eu du mal à garder les choses et les gens en mémoire, ça lui paraît inouï qu’elle manque encore à Rio. À sa place, il l’aurait déjà sûrement oubliée. C’est fou que quelqu’un nous manque encore après tout ce temps, même si on sait pas s’il est encore en vie, même si on sait pas s’il a fui. Un peu gêné par ses pensées égocentriques, Garland se tortille sur sa chaise qu’il n’a pas quittée. Il a beau ne pas comprendre ce que ressent son camarade, ça ne veut pas dire qu’il ne veut pas qu’il se sente mieux. “Après s’tu veux, on peut aller au concert. J’ferai des vidéos plus tard. D’toute façon, ça fera qu’des commentaires méchants en moins, hein” glousse-t-il d’un air dégagé. Il rigole, l’air de rien, comme si ça n’avait que peu d’importance.
  Un nuage de fumée s’élève des lèvres du psychiatre, qui crachote sa nicotine et une phrase apaisante au sujet du prix de ses séances. Merle hausse une épaule. Honnêtement, il serait pas contre. C’est qu’il a les poches trouées et pas grand-chose de côté – fâcheuse tendance à tout dépenser sans réfléchir, puis à s’en mordre les doigts quand il est trop tard. Mais c’est pas à propos du fric. Là aussi, il pourrait faire comme si. Le jeune homme se mord les lèvres, l’air coupable avant d’avoir pu songer à se composer une expression détachée. “Ouais… Fin, non. Enfin… Ça s’rait cool, hein, j’dis pas non, mais c’est pas trop ça le blème…” Merle a peur que Rio se fâche ou se vexe, s’il lui dit la vérité. Déjà qu’il n’a pas beaucoup d’amis, alors il faudrait pas les faire fuir.

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20/07/2027 - 19h58



« Mh ? » releva Rio, plongé dans ses pensées. « Oh ne t’en fais pas pour moi. On peut couper la poire en deux si tu veux. Tu sors avec moi le temps de la première partie pour t’aérer le cerveau et tu rentres bosser ensuite. Ca te ferait du bien, tu ne penses pas ? »

Ce n’était qu’une proposition et Rio n’aurait jamais forcé la main à son patient. Il avait encore son libre arbitre même s’il lui offrait régulièrement le spectacle touchant de sa vulnérabilité absolue. Quelque chose couvait, cependant, et ce n’était pas l’orage menaçant qui roulait derrière les nuages tout autour de la ville, semblant chercher un relief sur lequel faire tomber la foudre d’une quelconque divinité colérique à laquelle il ne croyait pas.

Dans la culture japonaise, il existait une tradition folklorique de créatures surnaturelles qu’on appelait les yokai. Ces derniers, esprits bénéfiques ou malicieux, se cachaient dans divers objets du quotidien. Il y avait des yokai pour tout, même pour les toilettes – une jeune fille du nom d’Hanako-san.
Il existait sans doute un yokai pour ce pot à crayons sur son bureau qui n’était jamais rangé et qui semblait rassembler tous les trésors du monde quand il le renversait. Ou pour ce briquet qu’il faisait tournoyer dans sa main. Ou pour cette cigarette sur laquelle il tirait parce que le tabac lui rappelait le parfum de sa femme.

« On s’arrangera, alors. » assura Rio pour qui ce n’était véritablement pas un problème. « Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ? »

Leur session était terminée, mais la question était sincère. Parce que le praticien ne la posait cette fois-ci pas comme le psychologue qui suivait le jeune homme depuis plus d’un an, désormais.
Il la posait comme un ami qui s’inquiétait sincèrement. D’ailleurs, il avait choisi, malgré la tension qui semblait monter dans la pièce et n’était pas du tout due à l’orage, de ne pas reprendre place sur son fauteuil.

Il attendait, patiemment, que Merle lui dise ce qu’il avait sur le coeur ; et cette attente pouvait durer longtemps. Rio n’avait pas peur du silence.


Merle Garland
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  Rio a pas l’air très concentré. Il a même l’air sacrément ailleurs ; pas ici, avec lui, en tout cas. Quelque part, c’est pas très étonnant avec cette histoire de femme disparue. Ça doit pas être évident de gérer ça quand on a pas la faculté candide de Merle à encaisser toutes les merdes que la vie lui jette à la gueule. Mais le psy a toujours été chouette. Et ce soir encore, il le prouve en lui proposant de venir avec lui une partie de la soirée, avant de retourner à ses vidéos. À cette simple perspective, le bide de Garland se tord violemment. Pas envie d’faire une vidéo qui s’fera chier d’sus sitôt postée. Alors, sa réponse est sertie de l’un des grands sourires pétillants dont il a le secret : “T’inquiète, on peut juste aller au concert ! Osef des vidéos.” Coutumier des abréviations SMS à l’oral, le youtubeur ne cille même pas face à sa propre familiarité auréolée d’un mensonge culotté.
  Le problème, parce qu’il y en a un, est soulevé presque immédiatement par le psychiatre. Pas folle la guêpe. Rio a senti qu’il y avait une coquille dans le pâté ; ou anguille sous rocher ; ou un truc comme ça. “Merci” lâche Merle pour se laisser un peu de quoi cogiter. Que répondre à ça ? Il est pas sûr de vouloir lui en parler. L’impression de faire quelque chose de mal quoi qu’il fasse – se taire ou avouer – lui troue l’estomac. Ses lèvres sont bientôt avalées par des dents coupables, mordillées sans pitié, les joues grignotées sans relâche pour râcler le peu d’idées qui errent dans son crâne creux. Il a toujours été honnête. Si toutes les réponses sont mauvaises, autant être au moins sincère, non ? L’apprenti libraire déglutit péniblement, triturant le bout de ses manches avec ses ongles pailletés tandis que son regard d’océan échoue avec la marée de ses émotions sur le sol qu’il s’obstine à contempler. “Mes parents” marmonne-t-il, pas très sûr de lui, “y trouvent que c’est n’imp ces trucs d’autiste et tout… Genre que chuis pas malade et qu’tu… qu’on m’invente des histoires pour pas qu’j’affronte mes conneries… En gros…” Mal à l’aise, Merle se dandine d’un pied sur l’autre, abandonnant le balancement rassurant de ses talons pour tenter de canaliser l’embarras qui fait cuire ses entrailles façon barbecue. L’air penaud comme un sale cabot trempé, il n’ose pas relever les yeux. Le jeune homme n’a aucune envie de vexer son ami. “Y disent… Y disent que j’me fais entourloupiner, euh… entourlou… avoir, quoi.Et que chuis juste trop con, et qu’c’est juste ça mon problème. Y z’ont pas vraiment tort.


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❝❞
20/07/2027 - 19h58



« Ah. »

Ce fut tout ce que Rio trouva à répondre dans un premier temps : ah. Il avait eu à peu près la même réaction quand Sally sa secrétaire avait découvert que « sa culture formidable » c’était pas que les mangas et les jeux vidéos, ou quand Silver avait fait son coming-out. C’était le genre de choses auxquelles on avait fini par s’habituer, qu’on trouvait touchantes après avoir été tant contrariées par elles – puis il avait fini par se dire que le problème n’était pas la chose en question, mais la société, le patriarcat et le capitalisme, mais une lutte à la fois s’il vous plaît.

Il termina sa cigarette qu’il lança par la fenêtre avec la conviction qu’en tout cas l’écologie n’en ferait pas partie aujourd’hui et se décolla de la fenêtre sans la refermer, ce qui donna l’impression que la tempête l’avait craché dans la civilisation en lui disant « démerdez-vous avec ce malotru il me gêne ». Rio sentait l’orage tranquille quand il se réinstalla dans son trône de maître du chaos des pensées, le genre d’orage qui grondait tranquillement et dont la menace devenait réconfortante au fil du temps – un peu comme l’anxiété passionnante de remplir ses deadline au dernier moment.

Son nez se fronça ; c’était le petit nez mignon de la réflexion, et pourtant chez Rio rien n’était mignon, c’était dire à quel point l’intelligence qui brillait de temps en temps dans ses yeux faisait des miracles. Meilleur highlighter si vous voulez mon avis – mais vous gagnez des cernes en conséquence, je ne vous le recommande pas. Rio donc, car je m’égare et lui aussi avec ça, comptait.
Il arriva à la conclusion que son patient était beaucoup de choses, mais plus du tout un enfant, en tout cas pas du point de vue de l’état civil.

« Si mes calculs sont bons, tu es majeur depuis un bout de temps. » fit-il enfin remarquer. « Et pour autant que je sache, aucun des troubles diagnostiqués ne te rend inapte à disposer de ton libre arbitre. Je me demande donc ce que l’avis de tes parents vient faire là. »

Que les géniteurs Garland tiennent à le protéger, ça, il pouvait le comprendre, il était père également. Qu’on invalide ses diagnostics en le taxant de pseudo-science, il avait vécu ça tout au long de son doctorat. Mais va savoir pourquoi, avec Merle, la situation le faisait plus chier que d’habitude. Sans doute parce qu’il s’agissait d’un ami, à la présence duquel il s’était fait au fil du temps.

« Qu’est-ce que tu en penses, toi ? » demanda-t-il finalement. « Tu veux demander un second avis quelque part ailleurs, ou tu préfères arrêter ? »

Il se doutait bien que la seconde option serait préférable : ré-entamer une thérapie quand on avait le vécu de Merle constituait une difficulté psychologique qui serait probablement bien au dessus de ses forces.
Ca l’emmerdait ; mais qui était-il pour le forcer ?
Ah, voilà qu’il devenait sentimental, maintenant !


Merle Garland
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Merle Garland

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  Une seule syllabe, une seule onomatopée qui paraît bien tranchante à Merle. Il se recroqueville, de la même façon qu’un clebs sait qu’il a fait une connerie et attend en flippant la correction qui suivra inévitablement. Le jeune homme ose à peine le regarder jeter son mégot par la fenêtre, ne se fait même pas la réflexion que c’est pas écolo, pas très cool, pas très propre. Sans trop qu’il comprenne pourquoi, le psy lui lâche qu’il est majeur. Le regard de Merle se fait plus fuyant encore, plus coupable. Sous-entendu : c’est à toi de prendre cette responsabilité, porte tes couilles et dis-moi clairement que tu veux plus venir. C’est forcément ça, que ça veut dire, hein ? La suite est tout aussi incisive : lui rappelle qu’il dispose de son libre arbitre et qu’il peut pas se reposer sur ses troubles pour chouiner. Ça lui rappelle un peu le discours de ses parents. C’est qu’ils doivent avoir raison, au fond.
  Alors que ses doigts continuent de torturer le bout de ses manches abîmées – négligence ou usure prématurée –, il écoute en déglutissant péniblement. Un nœud lui obstrue la gorge, et il est pratiquement incapable de reporter ses yeux bleus sur Rio lorsqu’il lui demande ce qu’il en pense, lui. La confusion habille ses traits, brouille son expression habituellement joviale – amicalité par défaut, il est programmé comme ça, son cerveau. “J-Je, euh… Chais pas ?” commence-t-il d’une toute petite voix, du genre qui ne sait même pas faire de phrase déclarative par peur de vexer son interlocuteur.  Ça le gratte de partout, il voudrait se démanger la peau et partir en courant. Merle a toujours détesté les confrontations. Le balancement revient, quitte ses talons pour prendre son corps tout entier dans une oscillation rassurante – instinct des muscles qui cherche à calmer son trouble et dissiper ce brouillard qui l’empêche de réfléchir. Son cœur, comme une machine soudain emballée, est devenu une putain de machine à fumée. “J’ai pas envie…” De recommencer, de faire d’autres démarches, de devoir reprendre à zéro les interactions avec un nouveau psy – en espérant qu’il se foutra pas de lui. Il veut pas partir, ce nœud de merde en travers de l’œsophage. Pourtant, il avale sa salive ; encore et encore, comme un tic bizarre. “On m’demande jamais mon avis” bredouille-t-il, à moitié égaré, à moitié effrayé. D’ordinaire, on lui dit toujours quoi faire. Mais depuis qu’il a quitté le nid étouffant de ses parents, c’est une cascade d’angoisses permanentes. Les premiers choix étaient terrifiants. Lui, il faisait que les choix pas importants ; avant.
  Qu’est-ce qu’il est censé répondre ? Quoi qu’il décide, tout lui paraît terrible. Abandonner les conseils et les solutions rassurantes de son psy ou affronter la colère et la désapprobation de ses parents ? Nerveusement, ses prunelles cherchent le visage de Rio pour y trouver des réponses. “Dis-moi quoi faire. S’te plaît.” Il sait pas faire, Merle. On lui a jamais appris à vivre par lui-même ; pour lui-même. Tout ce qui lui est arrivé de bien depuis qu’il a débarqué à Scarborough, c’est du pur hasard ; un bout de ce chaos dans lequel il tente de mettre de l’ordre à sa façon pataude. Suffit de voir l’état de sa piaule à la coloc : un désastre. Vaut mieux décider pour lui, c’est sûr. Et Rio, c’est son ami, non ? Il saura mieux que le môme paumé dans un corps trop grand, l’air déjà perdu sur une pauvre chaise de bureau.


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❝❞
20/07/2027 - 19h58



La détresse de ses patients faisait partie de ses habitudes. Le fait qu’il y soit profondément sensible lui donnait la rage de faire en sorte de la contrer, de la soigner et peut-être de la guérir. Il se confrontait régulièrement aux proches de ses patient·es, qui pensaient savoir mieux que quiconque comment agir puisque Rio ne vivait pas avec et ne pouvait savoir que ce que la personne voulait bien lui confier. La lutte permanente résidait moins dans le fait de se faire entendre et comprendre de la personne qui venait consulter, que des ombres soit-disant proches de cette dernière, qui, dans le pire des cas, étaient la source de bien des maux. Le pire se cachait souvent juste derrière l’épaule de ses patient·es, et si Rio ne disait rien, il avait une petite opinion sur la manière dont les parents de Merle semblaient invalider le ressenti et la douleur de leur progéniture.

Et elle n’était ni agréable, ni polie.

L’envie d’une seconde cigarette le démangea mais il la repoussa dans un battement de cils avant de se pencher en direction de Merle qui allait s’envoler de nervosité s’il ne disait pas bientôt quelque chose.

« Dans d’autres circonstances, je te proposerais d’espacer les séances ou de les arrêter quelque temps, afin de voir si ça change quelque chose à ta vie. S’il s’avère que ça ne change rien, et que tu vas mieux, ma foi, peut-être qu’il était temps que nous arrêtions. Je n’en suis pas entièrement convaincu. »

Il pinça les lèvres, signe, chez lui, de grande contrariété. Il s’était attaché à Merle depuis le temps, avec tout ce que cela pouvait impliquer, mais la déontologie l’interdisait, dedans ou en dehors du cabinet, de le montrer avec sincérité. Il ne pouvait pas peser sur les décisions de Merle sous prétexte d’une amitié, aussi profonde soit-elle.

« Je ne t’en voudrais pas si tu préfères arrêter, tu sais. Par contre, je m’en voudrais à moi s’il s’avère que ça t’a fait du mal de ne pas continuer. »

Il se pencha pour ranger dans le pot à crayons toutes les choses qu’il en avait sorties pour récupérer son briquet tout à l’heure, manière de gagner du temps de réflexion tout en occupant l’attention de Merle qui semblait complètement perdu. Ceci fait, il consulta une montre connectée à son poignet, sur laquelle semblait se trouver la solution.

« Tu viens marcher avec moi ? » proposa-t-il. « J’ai pas fait mes 10 000 pas du jour et j’ai besoin d’avoir une discussion avec toi. Pas en tant que psy. En tant qu’ami. »


Merle Garland
aucune suspicion

Merle Garland

saisons : Vingt-neuf années perlées d’une innocence en résistance qu’il chantonne.
occupation : Trois déclinai-sons pour un seul corps, le garçon se grime chanteur, youtubeur et apprenti libraire au Coin de Minuit.
myocarde : Célibat déçu, lui qui a un cœur immense à donner aux genres pluriels.
faciès & artiste : Luke Hemmings (corvi ♥)
victimes : 153


J’adore ses livres : quand je les lis, je me rappelle que le talent n’est pas obligatoire


TW/CW troubles psychologiques (autisme, TDAH, dépression, trouble anxieux).

  Ça se voit qu’il est pas content, Rio. Contrarié, même. Il se penche vers lui, lâche une première possibilité du bout de lèvres pincées. Merle est tout ouï. Ne le lâche pas des yeux, boit ses paroles. Il sait forcément mieux que lui. Ses boucles claires ondulent lorsqu’il acquiesce, signe qu’il a bien entendu sa suggestion. Cependant, la confusion plisse les traits du jeune homme lorsqu’il évoque sa culpabilité, si jamais l’arrêt de la thérapie lui faisait du mal. “Mais ça s’rait pas ta faute…” balbutie-t-il faiblement, peu sûr de lui. Il ne voit pas vraiment en quoi ça pourrait l’être, d’ailleurs. Et la confusion s’épaissit lorsque le psychiatre lui propose d’aller marcher. Garland s’attendait à ce qu’il développe sa pensée, complète sa première proposition dont la formulation en appelait une autre… Au lieu de quoi, son ami lui propose d’aller faire un tour – toujours de cet air contrarié qui ne lui va pas. Sans vraiment comprendre ce soudain changement, Merle ne s’oppose toutefois pas à cette soudaine envie de faire ses 10 000 pas du jour. L’idée d’arrêter temporairement leurs séances lui broie l’estomac plus qu’elle ne le soulage, alors il n’y revient pas ; dans le bête espoir que Rio lui serve quelque chose d’autre sur un plateau d’argent.
  D’un mouvement aussi brusque que maladroit, Merle se lève – manquant de s’empêtrer dans les bretelles du sac à dos à ses pieds –, attrape la lanière de son sac et le balance négligemment sur son dos. “OK, j’te suis.” En tant qu’ami, pas psy ? La formulation tourne dans sa tête, sans qu’il parvienne vraiment à démêler ce que la conversation à venir présage. Un psy, c’est un peu comme un ami, non ? Qu’est-ce que ça change, au fond ? Perplexe, Garland se contente de suivre Rio, qui ouvre la marche en sortant du bureau. Évidemment, Merle n’arrête pas de cogiter pour autant. “J’ai fait queq’chose de mal ?” s’enquiert-il, moue inquiète aux lèvres. Ça expliquerait pourquoi il lui parle plus en tant que pro. Peut-être qu’il ne veut plus continuer avec lui, en fin de compte. Peut-être qu’il doit changer de psy – et là… Et là, autant tout arrêter. Merle déteste le changement, ça l’angoisse, ça l’effraie, ça le fait fuir en courant. Si c’est pas Rio, ce sera personne.

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Rio Marshall
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saisons : 42 ans
occupation : Psychiatre de l'hôpital général de la ville. Il est spécialisé dans l'accompagnement des défis liés à la transition de genre, mais viens comme t'es, on te trouvera bien un créneau, je sais que cette ville tourneboule le cerveau. On apprécie de le consulter dans la mesure où il accepte les rendez-vous à des heures...un peu invraisemblables. Les insomniaques l'adorent.
myocarde : Veuf omnivore, gère tant bien que mal son ado torturé par le deuil de sa mère.
faciès & artiste : takamasa ishihara (miyavi) © ooolympia
victimes : 61


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❝❞
20/07/2027 - 19h58



« Absolument pas, Merle. » assura Rio avec tranquilité en verrouillant son bureau, un long parapluie passé sous son bras.

L’orage s’enfuyait et la pluie avait faibli, tressant un rideau d’épais fils raides et gris. D’un mouvement de balancier, Rio ouvrit le parapluie avec une pression simultanée sur son manche et la chauve-souris de polyesther déploya ses immenses ailes sombres pour les recouvrir tous les deux. La courbure des arceaux leur assurait une intimité en même temps qu’elle propagerait des rumeurs – cela lui importait peu. Rio bascula sur la gauche de Merle, le protégeant de l’eau. C’était plus simple que de le protéger de ses traumas, visiblement.

« Viens. » intima-t-il avec douceur. « Tu as des pensées à détricoter, et moi aussi. »

La pluie tabassait le climat estival en lui volant une dizaine de degrés. Il faisait froid et humide, mais le vent leur faisait grâce de sa morsure. Rio imposa une marche lente et paisible, semblable au battement des rames sur l’eau quand on remontait le lac pour aller y pêcher. Les rues désertes leur étaient grandes ouvertes mais qu’importait puisque c’était la nature qu’il recherchait.

« Je ne t’abandonnerai pas. » déclara-t-il finalement, les doigts serrés autour du manche du parapluie qu’il maintenait au dessus d’eux. « Mais je n’ai pas non plus le droit de te retenir si tes parents font pression sur toi pour que tu arrêtes. C’est une situation délicate, que de ne pas vouloir se mettre à dos des êtres qui nous sont chers pour préserver sa santé mentale. »

Il le vivait tous les jours, avec son fils torturé par la disparition de sa mère dont il refusait – à raison – de faire le deuil.

« Au Japon, nous croyons au wabi-sabi. C’est une philosophie qui allie la simplicité des choses et l’acceptation que le temps et les expériences les ont heurtées, usées, forgées, transformées. C’est la célébration des imperfections. Personne n’est parfait, ou du moins chaque personne a une idée de la perfection. Pour certains c’est une œuvre d’art milimétrée, pour d’autres c’est une conception du bonheur. Et pour d’autres encore c’est l’absence de troubles chez ceux qu’ils aiment. Ca ne veut pas dire que ces personnes sont méchantes, mais qu’elles s’accrochent à une idée de la perfection qui éclipse tout le reste parce qu’elles les réconforte. »

Une voiture rarissime passa à leurs côtés puis disparut au coin de la rue.

« Dans la philosophie wabi-sabi, tout est imparfait, car c’est la nature. Une fois que l’on a compris ça, on peut revenir à l’essentiel. A ce qui nous maintient en vie. »

Il jeta un regard de côté à Merle.

« Qu’est-ce qui est essentiel, pour toi ? Quelles sont les choses, les personnes, sans qui tu ne pourrais pas vivre aujourd’hui ? »


Merle Garland
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  Le grand gamin lui file au train, l’inquiétude peinte sur le museau sans fard. Seules ses paupières luisent de paillettes dans la pénombre ; et le bleu d’océan tumultueux de ses yeux. À la réponse de son ami, ses épaules se détendent nettement – dans un soupir de soulagement un peu comique. S’il lui fait pas la gueule, ça lui va ; il peut bien discuter en tant qu’ami et pas psy ou il sait pas quoi, c’est pas très important. Docilement, Merle suit Rio, s’amuse un peu de le voir déployer le parapluie sur eux et se couler à sa gauche à la façon d’un aîné protecteur. À son invitation, le jeune homme ne se fait pas prier et lui emboîte le pas de ses longues jambes dégingandées. Il a du mal à se caler sur le pas lent du psy, qui le frustre instinctivement. Merle, c’est le genre à cavaler dans tous les sens et à vagabonder à grandes enjambées. La lenteur, connaît pas.
  Sans prévenir, Rio lui balance d’un coup qu’il l’abandonnera pas. Et ça le fait presque sursauter ; ses grands yeux écarquillés se baissent vers son médecin, débordant de reconnaissance comme ceux d’un cabot abandonné tout juste sorti de la rue. “Merci.” Chuchoté tout bas ; des trémolos dans la voix. Ses cils blonds chassent le voile de tristesse que fait systématiquement tomber la mention de ses parents. Le drôle d’oiseau ne sait pas quoi répondre. Est-ce qu’il attend seulement une réponse de sa part ? Ou se contente-t-il d’exposer la situation ? Merle ne comprend pas trop ce qu’il est censé dire ou faire, et ça le met mal à l’aise. Alors, lentement mais sûrement, il se met à osciller d’un pied sur l’autre tout en marchant – pour canaliser la frustration et l’incompréhension qui se fraient un chemin désagréable vers ses synapses en surrégime. Garland choisit de se taire, puisque Rio embraye déjà sur une histoire de wasabi ; pas tout compris. Du moins, l’essentiel semble à peu près intégré : les gens sont pas parfaits, mais c’est pas grave. Enfin, un truc comme ça.
  À nouveau, la question de son ami le prend de court. C’est quoi, l’essentiel, pour lui ? Sans qui ou quoi il pourrait pas vivre ? Ses paupières papillonnent avec perplexité et un fond d’angoisse. “Chais pas.” L’aveu est teinté d’amertume. Ses mirettes collent au goudron, comme ses pensées engluées – les ailes lestées de pétrole. Sa chaîne YouTube ? Y penser le terrorise tant, par moments, qu’il préfère simplement minimiser son existence numérique. La musique ? Ça fait longtemps qu’il est parvenu à la conclusion qu’il est trop nul pour faire venir des gens, même les poivrots du coin ne l’écoutent que par hasard. Ses potes ? L’indécision est douloureuse ; frappe au cœur avec cruauté. Il a des copains à droite, à gauche, mais est-ce qu’eux, ils tiennent autant à lui que lui à eux ? Est-ce qu’ils seraient aussi perturbés que lui s’ils disparaissaient de leur environnement un jour ? Il en est pas sûr. Il adore m’sieur d’Andressy, mais c’est sûrement pas réciproque. Trop un boulet à sa cheville pour ça. Quant à Cody… C’est trop compliqué. Merle soupire, shoote dans un caillou et enfouit ses mains dans ses poches avec une colère inhabituelle. Il l’aime vraiment pas, cette question. “J’me sens un peu seul, en c’moment.” Son aveu parvient à peine à couvrir le bruit de la pluie. C’est un filet de voix qu’il n’a même pas réfléchi qui le porte aux oreilles de son ami. Merle se mord les lèvres, avec l’impression d’être un môme en plein caprice. Il préfère passer à la suite, se racle la gorge pour poursuivre avec son timbre joyeux habituel :“Sinon, j’savais pas qu’le wasabi c’était tout ça aussi. Grave stylé. J’mangerai plus jamais des sushis pareils.

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occupation : Psychiatre de l'hôpital général de la ville. Il est spécialisé dans l'accompagnement des défis liés à la transition de genre, mais viens comme t'es, on te trouvera bien un créneau, je sais que cette ville tourneboule le cerveau. On apprécie de le consulter dans la mesure où il accepte les rendez-vous à des heures...un peu invraisemblables. Les insomniaques l'adorent.
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❝❞
20/07/2027 - 19h58



« Je sais. » répondit simplement Rio. « Et ce n'est pas grave. »

Il le savait parce que ça faisait un an qu’ils discutaient quarante-cinq minutes par semaine et qu’il avait fini par réussir à lire entre les lignes, les inspirations et les silences. Il n’était pas là pour analyser cette solitude car il n’en avait simplement pas la solution. Les choses n’étaient pas aussi simple que de répondre « Ben sors de chez toi ! » sinon, Merle n’aurait pas besoin de lui. Et si parfois le comportement de son patient le désarçonnait, il trouvait pour l’instant la force de lui permettre de redresser la barre. Pour sa constance, Merle pouvait compter sur lui. Ce genre de choses demandait du temps ; il lui offrirait jusqu’au bout.

« Appelle-moi, quand tu te sens trop seul. Je serai là. »

C’était le minimum qu’il pouvait lui permettre.
Il tourna la tête vers lui à sa remarque, fonça dans la plaisanterie comme dans un buffet en soirée parce qu’il était comme ça : opportuniste, à saisir les étincelles de joie dans la tempête des angoisses.

« Wabi-sabi. » répéta-t-il en détachant les quatre syllabes l’une de l’autre. « Ca se mange pas. Et de toute façon, les sushis que vous faites ici sont une insulte à ma culture. Je t’en ferai des vrais un jour ; tu verras que là, tu les mangeras plus jamais pareil. »

Rio n’était pas reconnu pour sa cuisine – personne dans sa famille ne l’était – mais il n’appréciait pas que l’on écorche ses traditions. Il les avait transportées avec lui sans les imposer, un peu comme ses avoirs inutiles et indispensables qu’il dispensait à qui voulait bien les entendre.
Ils tranchèrent le rideau de pluie ainsi, pendant de longues minutes silencieuses durant lesquelles Rio réfléchit à ce que les parents de Merle pouvaient bien lui trouver (ou ne pas lui trouver). Il arriva à la conclusion que c’était toujours pareil et que les gens n’étaient jamais aussi doués que lorsqu’il fallait se mêler de ce qui ne les regardait pas.

« Je te raccompagne, ou tu souhaites rentrer seul ? » demanda Rio.


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  La douceur de Rio est un baume sur les peines de Merle. Il ne les cerne pas vraiment ; sans doute même mal ou pas du tout – il les sent, surtout, palpitant entre ses côtes comme des petites fêlures qui essoufflent son cœur et son enthousiasme. Le psychiatre affirme qu’il sait et que ce n’est pas grave ; et ça le soulage, quelque part, de ne pas avoir besoin de détailler, de répondre à d’autres pourquoi. Sans doute s’étonnerait-on que Garland se sente si seul au milieu du tumulte de cette vie faite de rires et d’agitation joyeuse. Pourtant, c’est là, toujours, lové contre sa cage thoracique. À sa façon, son ami le protège – de la pluie et du sentiment terrible de ne pas être compris. Aussi, lorsqu’il lui demande de l’appeler quand il se sentira seul, qu’il sera là… Merle ne remercie pas – ce serait une fois de plus, une fois de trop peut-être. Et puis, merci, qu’est-ce que ça veut dire, au final ? Pas grand-chose si on le répète tellement qu’on en oublie le sens. Alors, Merle glisse sans rien dire son bras sous le sien et pose doucement – à peine – ses boucles contre son épaule. Le drôle d’oiseau ne cerne pas le côté déplacé de cet acte, de cette proximité, cette intimité, qu’il dégage naturellement. Il fait, c’est tout.
  L’instant, de toute façon, est fugace. Bientôt, le jeune homme recouvre sa bonhomie habituelle en libérant l’épaule et le bras de son aîné. Il préfère bavasser de sushis et de wasabi ; et Rio saute à pieds joints dans ce sursaut pétillant pour rectifier l’expression massacrée allégrement. Fidèle à lui-même, Merle éclate de rire. “OK, deal ! Tu m’dois des vrais sushis maint’nant.” Quitte à être accusé d’insulter une culture, autant comprendre pourquoi il est dans l’erreur. Tout est un jeu, pour lui. Enfin, presque. Le silence les enveloppe encore, seulement troublé par les rideaux d’eau qui se fracassent sur le parapluie dans un bruit qui aurait sans doute été apaisant derrière une fenêtre, bien au chaud. Soudain, Rio reprend la parole et Merle s’étonne. Rentrer ? “Eh, on avait un concert, j’te signale !” le charrie-t-il en lui assenant un coup de coude (un peu trop) enthousiaste. “Tu t’dégonfles ou quoi ?” Il lui coule une œillade malicieuse ; toute humeur mélancolique chassée sous un lourd tapis de non-dits. Tout est un jeu.

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20/07/2027 - 19h58



Doucement, le bras de Rio se resserra contre celui de Merle pour le presser contre son flanc. Ce geste simple voulait dire beaucoup de choses et le fait de ne pas le commenter offrait aux deux silhouettes de ce tableau impressioniste la possibilité de l’interpréter comme elles le souhaitaient. Il avait appris la tendresse dans les moments les plus obscurs par petites touches à peines visibles, semblables à celle d’une une peinture : celles qui pour le commun des mortels ne signifient rien, mais qui pour l’artiste qui les ajoute, fait basculer le monde sur son axe. Cela faisait de lui quelqu’un d’aussi profondément maladroit qu’authentique, qui ne savait pas bien comment se comporter avec cette nouvelle génération qui le rattrapait trop vite. Il s’y ferait, un jour, ou peut-être pas.
Il avait beau vouloir vivre lentement, beaucoup de choses de la vie ne l’attendaient pas.

« Deal. »

Quand Merle se redressa, il le laissa se détacher de lui, pinça les lèvres quand il l’arracha de son mutisme par un coup de coude joyeux.

« On a toujours. » répondit-il avec un sourire. « Mais j’y vais certainement pas dans mes fringues tristes de vieux psy qui cherche à faire corporate. Je vais passer me changer chez moi avant. Tu veux m’accompagner ? Si tu veux boire un truc chaud avant d’y aller plutôt que de finir de te tremper jusqu’aux os. »


Merle Garland
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  Une simple pression et le cœur de Merle se réchauffe aussitôt. C’est un petit geste pour un grand réconfort que lui procure là Rio ; celui de ne pas être seul, d’être écouté et soutenu en dépit de l’impuissance collective face à la situation. Le drôle d’oiseau se fond dans cette attention discrète, cette étreinte mutuelle dont il n’est peut-être pas le seul à avoir besoin. Le psy accepte sans façon de l’emmener manger de vrais sushis, et ça suffit à illuminer à nouveau la face si facilement joyeuse du garçon. Il s’écarte et babille comme si cette parenthèse n’avait jamais existé, déjà pressé de s’enfoncer dans les plaisirs de l’instant avec un ami – pour oublier la tristesse et la mélancolie qui lui collent à la peau comme deux parasites gluants.
  Avec un plaisir non dissimulé, Merle saute à pieds joints dans la proposition de Rio de faire un crochet par chez lui. Prendre une boisson chaude et se réchauffer un peu avant le concert n’est pas de refus ! Et puis, la curiosité naturelle du jeune homme éclaire ses yeux d’éclats malicieux qu’il ne cherche même pas à cacher ; rien que de l’entrain presque enfantin à l’idée de se faire une meilleure idée de l’homme à ses côtés. “Ouais, carrément ! J’te suis !” s’exclame-t-il dans un bondissement qui manque de renverser le parapluie. “Oups, pardon…” Le geignement contrit est accompagné d’une grimace désolée. Toujours fidèle à lui-même, quelles que soient les circonstances.

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❝❞
20/07/2027 - 19h58



On accédait à l’appartement de Rio par un escalier de secours au dernier étage d’un bâtiment de briques rouges coincé entre deux autres immeubles plus modernes qui semblaient donner l’impression qu’ils allaient l’écraser entre eux d’un instant à l’autre. Rio confia le parapluie à Merle tandis qu’il se débattait avec les deux verrous de la porte, parvenant à se tromper de clé alors qu’ils vivaient ici depuis quelques mois déjà avec son fils.

La vétusté de l’appartement allait de pair avec le bordel qui y régnait. Le peu d’affaires possédées par le père et le fils semblaient avoir du mal à remplir le grand espace de ce qui avait du être autrefois un atelier d’artiste, et leur disposition archaïque attestaient du fait qu’ils avaient fui d’un autre endroit pour atterrir ici un peu par hasard. Le mélange des deux personnalités excentriques chacune à leur manière provoquait un désordre familier et presque réconfortant, même si les meubles aux différentes esthétiques prouvaient une récupération ici et là. Le manque de personnalisation des murs nus et l’absence de rideaux aux immenses fenêtres donnaient à la fois l’impression que ses occupants n’étaient jamais là, et qu’ils s’apprêtaient à partir dans l’heure.
Ces deux impressions étaient vraies.

La disparition de la mère de Silver avait été un cataclysme dans leur vie et il leur avait fallu plusieurs années avant de se convaincre de s’arracher de leur maison douillette en périphérie de la ville. Rio passait devant tous les jours pour ses promenades. Elle ne se revendait pas. Comme si les gens savaient que quelque chose la hantait.

Bien entendu, Silver était absent. Il n’était pas plus mal que son fils ne rencontre pas son patient.

« Fais comme chez toi. » assura-t-il en repliant le parapluie pour le placer contre le mur où il glissa lamentablement sur le sol comme une chauve souris mouillée.

Il actionna une bouilloire sur un comptoir de kitchenette et traversa la grande pièce de l’atelier après avoir retiré ses pompes d’un jeu de chevilles. Impudique, il se débarrassa de sa veste et de sa chemise, pour retirer d’un portant la même chose mais propre et dans un autre style.

« J’me douche rapidement. » informa-t-il en ouvrant la porte de la salle de bains. « Hésite pas à fouiller dans les placards. »


Merle Garland
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  L’enthousiasme de Merle a rarement d’égal. Aussi trépigne-t-il dès l’entrée, alors que Rio se trompe de clé – il ne s’en formalise pas, ça lui arrive tout le temps ! Il se contente de faire tournoyer le parapluie qu’il lui a confié au-dessus de leurs têtes, hypnotisé par le mouvement circulaire qui lui fait lever l’océan de ses yeux troublés. Seule l’ouverture de la porte le fait revenir sur terre. Son médecin l’invite à entrer, récupère le parapluie et le dépose dans l’entrée avec nonchalance. Pour sa part, Garland pénètre dans son antre avec de grands yeux curieux. L’ensemble lui donne une impression de stérilité et de désertion tout à la fois ; le côté industriel qui se dégage de l’endroit prend le pas sur les quelques rares éléments de déco disparates. Quant au bordel, ça le rassure plutôt sur son propre cas (quand bien même le sien est largement plus dramatique). “Euh, OK” acquiesce-t-il à l’invitation de son hôte à faire comme chez lui. Malgré tout, Merle l’observe avec une anxiété sourde ; dans l’attente d’un comportement sur lequel se calquer. Les gens s’attendent souvent à ce qu’on ne fasse pas comme chez soi, non ? C’est quand même super bizarre que cette phrase sorte de toutes les bouches, si c’est contraire à ce qu’ils souhaitent.
  Alors, quand Rio se déchausse, son patient l’imite dans la seconde. Voilà une première réponse. Hésitant, il lui emboîte le pas en trottinant, les bras ballants. Un bruit de bouilloire le fait grimacer – c’est toujours trop fort, ces trucs –, mais le spectacle qui s’offre à ses yeux soudain arrondis lui en fait oublier son inconfort. Il se désape ! Enfin, pas complètement. Mais quand même. Perplexe, Merle ouvre la bouche pour demander directement s’il est censé en faire de même, mais le psy s’empare d’un nouveau haut et annonce qu’il va se doucher. Ah. Hésite pas à fouiller dans les placards. Est-ce que ça aussi, ça veut dire qu’il faut faire l’exact contraire ? Ne fais pas comme chez toi et ne fouille pas dans les placards, tranche-t-il avec aplomb. Du coup, il reste immobile comme un piquet dans la kitchenette, bras le long du corps, avec la bouilloire irritante comme seule compagnie et des yeux trop curieux qui passent sur les contours indistincts de l’appartement. C’est seulement lorsque Rio revient dans son champ de vision qu’il s’anime, mettant en mots le flux de pensées saccadées qui l’ont occupé pendant les dernières minutes : “C’est marrant, on dirait qu’tu viens d’emménager ! Mais ça fait longtemps qu’t’es à Scarborough, nan ?” L’innocence et l’absence d’arrière-pensée (de réflexion tout court) sont les maîtres d’œuvre de cette question.

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❝❞
20/07/2027 - 19h58



Après une douche militaire, Rio ressortit changé dans tous les sens du terme. Ses cheveux avaient été légèrement ébourriffés, un trait de khol noir soulignait ses yeux, et une chemise fluide assortie à une veste de cuir lourde et rapiécée par endroits avait remplacé sa tenue plus stricte de l’hôpital. Il aimait dire que ces choix le rajeunissaient mais chacun savait que ce n’était pas du tout le cas. Les années marquaient la lueur dans ses yeux, sa manière de se tenir et sa démarche ; fort heureusement, seuls s’en rendaient compte ses proches, et il n’en avait plus beaucoup.

« Ca fait un moment que je suis là, oui, mon fils Silver est né ici. » Il passa derrière un comptoir encombré pour sortir du thé vert du placard sans commenter le fait que Merle n’avait pas bougé pendant qu’il se douchait. « On habitait dans une grande maison en bordure du lac et on s’est rapprochés du centre ville quand il est rentré à l’université. »

C’était un demi mensonge, mais Rio trouvait cavalier de parler de la disparition de sa femme devant Merle qui avait déjà bien d’autres choses à penser qui n’étaient pas très joyeuses.

« Donc ouais on s’est installés ici mais on est si peu à l’appart qu’on prend jamais le temps de le ranger. C’était peut-être pas l’idée du siècle de venir emménager là, on avait pris nos marques dans la baraque mais...la vie est faite de changements. » Il referma le placard et laissa le thé infuser dans deux tasses qu’il avait sorties. « Putain il caille décidément ici, l’isolation c’est l’enfer. Tu veux manger un truc avant d’y aller ? Je peux pas te faire des sushi en une demie heure mais j’ai des dango. »

Il sortit du frigo une petite brochette piquée de trois petites boules de pâte de riz, en arracha une du bâton de bambou avec les dents, et tendit l’autre extrémité à Merle.

« Ca passe bien avec l’amertume du thé vert. » conseilla-t-il.


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