Routines in the night ft. Eli

[ tw : mention de décès d’un époux ] T’as passé une journée de merde, globalement. A en croire le sourire perpétuellement fiché sur ton visage, on pourrait se dire que tout va bien et c’est le cas, généralement. Tu prends comme fierté le fait de tout laisser glisser sur toi, t’as pas d’autres chats à fouetter, juste pas d’énergie à dépenser dans des bêtises insignifiantes. Gilda dirait que tu sais pas être de mauvaise humeur de toute façon, mais qu’est-ce qu’elle sait, elle.  Morale de l’histoire, Helen est encore venu te parler de son mari mort (t’as compris qu’il est mort, ça fait plus d’un an qu’elle tourne en boucle la dessus), Eddie s’est barré sans payer sa bière (sans doute qu’il a perdu en jouant mais bon, c’est sur tes tips que ça va partir ça encore, pas sur la thune du casino) et en plus, t’as pas pu prendre ta pause clope de 20h30 parce que Nick était en retard, cette espèce de raclure de bidet.
Bref, t’es saoulé, ce qui se traduit pour toi pas par des cris de colère ou des coups de poings assénés à des murs innocents, mais par un sourire légèrement plus faux que d’habitude, et plus l’envie de partir que d’habitude. Encore une heure, une petite heure et tu seras libéré des néons du casino et tu pourras oublier tes petits désagréments en regardant le reflet des étoiles sur la mer.
T’as déjà vu l’homme qui s’assoit à un mètre de toi plusieurs fois, tu sais qu’il fait partie des habitués du casino et il est différent, déjà parce qu’il a pas 56 ans et parce qu’il a l’air plus … cool que les autres ? Bien que la barre soit au troisième sous-sol à ce niveau là. Ça te remonte un peu le moral, et tu te dis que ça peut être sympa d’avoir des clients qui vont pas te la mettre à l’envers, pour une fois.
T’effectues ta routine habituelle, tu te forces à sourire (celui que tu réserves pour les clients qui t’intéressent potentiellement à un niveau plus profond que wow bg) et tu t’engages vers lui pour prendre sa commande, simple, efficace.

[ tw : addiction aux jeux ] 'Y a l'effervescence au pif, induite par stroboscopes bigarrées issus des machineries aux mugissements tonitruants. Ça cliquette, tape aux mires, en stimulations omniscientes. Antre infestée de griffes vénales insatiables où les badauds ne sont plus que requins invoquant Miss Fortune. Pognes avides grapillent quelques jetons, fait les paris. Il ère ça et là en monarque d'un royaume qu'il ne connaît que trop bien. Vice à l'encéphale, l'attrait des jeux, paris et autres mises en obsession crasse, 'serait probablement plein aux as s'il esquivait les casinos. Ultime sou perdu pour la nuit, dilapidé, issus d'un fond de poche dérobé. La bourse est désormais bredouille.

Panards s'traînent au bar, l’œil maussade et le poids de l'échec cuisant à l'échine. 'Relève à peine minois en direction du quidam quémandant sa commande. La risette de l'autre en demi-lune aux lippes finit par le convaincre en dépit d'un compte en banque désertique, se dit qu'il trouvera bien un moyen d'gruger quitte à négocier l'une des babioles qu'il a emporté aux poches contre un verre. « Un truc costaud. » S'efforce à renvoyer le rictus. Quitte à savourer le goût de l'échec cuisant, autant le sentir passer.

La vision périphérique repère soudainement la silhouette découpée d'un loubard probablement à sa recherche, le problème lorsqu'on fait des "emprunts à longs termes" « Oh putain. » Juron s'extirpe de lui même, anticipant un mouvement vif avant que la source de ses problèmes ne le remarque, disparaissant aussitôt derrière le comptoir, imposant sa présence, accroupi à côté des jambes du barman. « J'suis pas là ok ? » qu'il murmure à son intention, priant qu'il coopère. Non pas qu'il craigne de prendre une raclée, plutôt habile lorsqu'il s'agit de se défendre, mais plutôt l'appréhension au bide d'être bannit et radié définitivement des lieux. « Dis-moi quand il s'est tiré. » Le tutoiement moins formel, comme pour imposer complicité soudaine.

[ tw : mention d’alcool / addiction, langage cru  ] « Un truc costaud, » te répond-t-il, comme s’il n’y avait pas que ça au sein de cet endroit, littéralement antre de l’alcool et du jeu. Paradoxalement, t’es pas un gros buveur, voire pas du tout. Si tu te laisses occasionnellement tenté par une pinte, pour faire plaisir, ta drogue de choix reste la clope et une partie de toi pense que c’est pas plus mal. Mais bon, il n’empêche que t’as fait le tour des « trucs costaud », faut bien goûter la marchandise après tout. Alors tu pondère sur tes choix — vodka, whisky, la bouteille d’absinthe que le patron cache derrière les innombrables canettes de coca ?? T’as pas le temps de te décider que l’homme lâche un juron et se précipite derrière le bar. what the fuck les clients sont censés rester de l’autre côté, c’est tout le principe de la clientèle. Tu t’apprêtes à lui faire savoir, il y a même un petit panneau sur sa droite qui indique en lettres claires « il est interdit pour les clients de se placer DERRIÈRE le comptoir ». Mais encore une fois, l’homme te coupe la chique et ses paroles t’arrachent un petit rire/gloussement sur lequel on ne s’attardera pas. « Ok, » tu réponds à moitié en pouffant, tu sens que la soirée va être longue mais peut être pas aussi intéressante que prévue.

Tu dois reprendre ton sérieux, alors que l’autre est littéralement accroupi à tes pieds, parce que son némésis s’arrête pile devant toi. « T’aurais pas vu un mec ? » qu’il demande avant d’ajouter une description sans doute pas tout à fait avantageuse. « Non, » tu réponds avec toute l’innocence dont t’es capable, « pas de mecs, juste Jenny » tu ajoute en pointant d’un coup de tête la silhouette affalée sur le bar. L’homme sans va, sans un mot, alors t’ajoute un « bonne soirée » bien ostentatoire, parce que t’es peut être un petit con mais au moins t’es un petit con poli, toi. T’attends quand même de le voir franchir la porte avant d’annoncer à l’autre son départ. « Beck, » t’annonces en lui tendant la main, parce que, encore une fois, t’as pas été élevé chez les loups. « C’était qui le con ? » t’ajoutes, parce que la curiosité est un villain défaut, mais personne n’est parfait.

[ tw : addiction aux jeux ] Luron demeure tapis, accroupi en esquivant de ses pognes le sol collant à la fragrance de tord-boyaux, très probablement inondé des quelques relents d'alcool échappés durant le service. 'L'a bossé dans un bar une fois, davantage au service qu'aux concoctions semblables aux élixirs magiques qui se seraient soldées par gloubi-boulgas infâme. De toute façon trop peu habile avec les commandes et plateaux, viré après deux semaines de la besogne (à moins qu'il ne se soit plus présenté de lui même à déserter par manque d'intérêt).

L'encéphale éparse fini par se reconnecter lors de l'altercation, tandis l'armoire à glace émet son avis de recherches. Lippes pincées, comme pour s'empêcher des respirer, qu'il ne remarque guère la présence couverte par le barman complice. Soupir. Carcasse se déplie d'un bond, affiche risette tout en saisissant la pogne tendue à la manière d'un "check". « Bien joué mec. » Œillade à l'entrée des lieux, s'assurant que l'molosse ait pris poudre d'escampette. « Eli. Ou Yaz, ça marche aussi. » Renvoie la politesse, pas du genre à s'étaler en syllabes avec son nom, le genre à utiliser sobriquet succincts.

Haussement d'épaules tout en retrouvant le perchoir initial. « Un con. » répète machinalement, appuyant le terme. « Il se pourrait que j'lui doive un peu d'argent. Il en fait tout un foin. » Euphémisme. Le pactole est considérable, plusieurs milliers de livres sterling égarées aux jeux en une dette qu'il esquive avec soin comme il esquive les factures et laisse cette besogne à Dejan. Songeant au binôme en phalange indissociable, égaré dans sa famille galloise depuis ce qui semble être une éternité, le portable à la coque d'extra-terrestre pailleté s'extirpe de la poche, constatant que ce dernier n'avait pas encore répondu aux sept derniers messages vocaux envoyés. Nouveau soupir. À défaut, le baman a l'air plutôt cool pour ne pas passer la soirée affalé en slip au canapé à jouer aux jeux vidéos. « On en était où ? Ah ouais, le truc costaud. » reprend la commande alors qu'il n'a toujours pas un rond, comme si de rien n'était.

[ tw : mention d’alcool / addiction, langage cru  ] La réponse te fait rire légèrement. Il avait l’air bien con, effectivement. La suite est moins sympathique, mais pas plus étonnante. T’en as vu passer des gens qui devaient de l’argent à d’autres, ou qui étaient à deux doigts de se faire tabasser pour avoir été meilleurs joueurs qu’eux. Chaque jour qui passe, tu te fait la réflexion que ce job te fait voir le pire de l’humanité, et clairement pas le meilleur. Mais bon, tu te réjouis d’être plus ou moins en sécurité derrière le bar, et de ne pas avoir à vivre les problèmes qu'ils vivent. « Je vois, » tu réponds simplement, parce que qu’y a-t-il d’autre à dire ? T’as appris à pas demander de détails sur ce genre d’affaires, aussi. Moins t’en sais, mieux tu te portes, et ça doit rester ainsi.
Tu observes l’autre, Eli, ou Yaz, sortir son téléphone, tu lorgnes vite fait sur la coque, les paillettes attirent ton œil et l’alien te fait sourire. Peut-être qu’Eli a des hobbies qui le mettent dans la merde mais au moins il a bon gout.
Sa voix te sort de ta torpeur momentanée et tu lâches un « ah, oui », pas très éloquent. Il n’a pas l’air vraiment décidé sur le pourquoi du comment alors tu prends l’initiative de lui servir un combo shot assez populaire dans le coin. Tu déposes le verre devant lui avant de lui en annoncer le contenu avec un sourire. « Silver Bullet, mi-gin, mi-scotch, normalement ça fait le taf. »
Tu jettes un œil à ton propre téléphone et son fond d’écran mi-alien mi-étoiles te redonne un peu de baume au cœur. Tu te demandes si tu peux pas laisser Nick seul, après tout, c’est lui qui est arrivé en retard (encore), et qu’est-ce qu’une demi-heure de plus ou de moins ? T’as la hiérarchie avec toi, il peut pas vraiment refuser, de toute façon. Tu abandonnes ton client pour lui demander, rapidement, en insistant sur le fait que tu balanceras pas son retard si tu peux le laisser un peu plus tôt. Nick est bonne pâte, malgré tout, alors évidemment qu’il te dit oui. Puis quand le patron n’est pas là, bah, le patron, c’est toi.
Bref, tu retournes à ton client, parce que tu veux pas non plus te barrer sans rien dire. « Tu veux autre chose ? » tu demandes « pour moi, la soirée semble avoir été compliquée » tu ajoutes avec un sourire. « Je vais pas tarder à finir, » tu dis sans expliquer tout ce qui vient avec, fermer ta caisse, montrer à tout le monde que c’est toi qui ramènes le plus de thunes, planquer les tips déjà reçus et laisser le petit là où il est. « Tu pourrais partir avec moi, si tu veux, » tu lâches sans trop réfléchir avant de te rendre compte que ça sonne comme une putain de pick-up line, alors que ça n’en est même pas une, pour une fois.

Trouble envolé, ne laissant plus que lurons au bar à reprendre la manœuvre initiale. Risette gratifie le dit Beck tout en réceptionnant le verre, levé en guise de santé, aussitôt porté aux lippes tout en assimilant la liste des ingrédients. « Pas mal. » félicite d'un hochement du chef en client satisfait.

Mires se perdent un instant à l'écran de l'autre, laissant échapper soufflement de nez amusé par la coïncidence entre leurs objets respectifs criant "I believe". Connivence. « Non tranquille. » Finit son verre, pas déranger davantage. « Du coup un barman, quand ça a une soirée merdique, ça finit dans un autre bar pour cuver ? » L'genre à s'égarer dans tout un tas de débat futiles. Ce serait vraiment ironique de quitter le boulot après une journée insipide pour se retrouver dans un même endroit qui rappelle ironiquement les heures de travail.

Proposition d'traîner ensemble tombe, faire connaissance. Loustic hésite un instant, lorgne en direction de la sortie. « J'sais pas, c'pas un faux plan foireux ton histoire ? » Lorgne dehors, l'appréhension de s'trouver face à malabar en embuscade. « Genre t'es pas de mèche avec l'autre ? » Comme s'il allait lui répondre si c'était bel et bien le cas. « En fait j'ai pas une thune. Mais j'ai ma bécane dehors j'peux t'emmener faire un tour. » confesse la magouille, là il aurait pu disparaître en courant, sans quémander son reste. Un p'tit tour aux landes en moto contre un verre, c'est sympa après tout. Enfin de son point de vue. « J'ai un bon spot pour chasser les ovnis. Enfin si t'aimes chasser les ovnis bien sûr. C'est à cause de ton fond d'écran. » Passion cachée, l'attrait des océans d'étoiles à l'encre nocturne. « Enfin j'espère que t'y crois et que j'ai pas l'air d'un gros complotiste. »

[ tw : mention d’alcool / addiction, langage cru  ]

“Pas de bar non, en général je traîne plutôt dehors,” tu réponds à sa question. T’as vu assez de bars dans ta vie et t’as jamais été un gros buveur, de toute façon. Tu dirais que c’est le métier qui t’as dégouté, mais ça date probablement d’avant que tu commences.

“Promis, pas de plan foireux. Pas plus foireux que ce qui a déjà l’air de se faire. Le verre est pour moi, pour la dure journée,” tu réponds avec un léger sourire. Tu t’éloignes un instant pour fermer ta caisse.  La routine est simple, connue à la perfection et ne prend donc que quelques courtes minutes. Tu reviens à ton interlocuteur. “T’es sur que c’est pas toi qui veut me prendre en embuscade ?” tu demandes avec un sourire. “Je suis pas si frêle que ça,” t’ajoutes, à deux doigts de frimer sur tes biceps, mais t’as promis d’arrêter d’être un gros beauf.

“Ouais, j’ai vu ta coque, aussi.” T’es plutôt satisfait de la proposition. Il a pas l’air trop dangereux comme gars, plutôt paumé, si tu devais choisir un adjectif pour le décrire. “Et t’inquiètes, si t’es un gros complotiste, moi aussi. J’ai beaucoup de théories sur la question. Mes potes me disent souvent que je dois venir d’une autre planète moi-même pour sortir des trucs pareils, mais ils ont juste pas vu ce que j’ai vu.” Tu déblatères, les mots sortent les uns après les autres comme souvent lorsqu’on te lance sur le sujet. T’as grandi en Arizona, un État qui a un taux plus élevé que la moyenne d’ovnis et ça a laissé des traces certaines. “J’ai besoin de 5 minutes pour me changer,” t’annonces avant de t’absenter pour faire ladite besogne. Et quand tu reviens t’es pas mécontent de voir qu’Eli est toujours là et apparemment près à partir chasser de l’alien. “On y va ?” tu demandes avant de dire au revoir à Nick et de lui préciser que “si Eddie reviens, tu le vires direct.”

[ tw : addiction aux jeux, conduite imprudente ] Offrande alcool, mal à l'aise maintenant que loustic a le pif dans ses magouilles scabreuses. « Ouais désolé, j'pensais pas j'allais tout perdre. » Pourtant la rengaine coutumière, dès qu'un semblant d'oseille encombre les poches : miser tout, grappiller quelques jetons en euphorie crasse, recommencer. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Poches vides, sans le sou qui espère un jour rafler le pactole, se verrait bien rentier à défaut d'enchainer les jobs à la chaîne avec lesquels il n'est pas vraiment en accord. 'Question d'temps avant qu'il ne se fasse virer du Luna Park. « J'imagine que j't'en dois une. Puis ce serait con de finir radié d'ici à m'en prendre au barman. » Risette retrouve les lippes à l'évocation d'une embrouille inversée. Parce que l'employé pourrait très bien foutre le grabuge, le sortir des lieux sans permission de revenir avec sa gueule affichée à l'entrée en ennemi public. Pour avoir été banni de plusieurs casinos de Vegas, Eliyaz sait que la chose est loin d'être plaisante.

Intérêts croisés qu'ils ont, l'attention – d'ordinaire éparse – se focalise sur sujet de prédilection, une demi-lune de môme aux mots de Beck. Deux extra-terrestres tapis à Scarborough. « Putain trop cool mec, les miens disent pareil. » Retient la langue, le temps que l'autre fignole, appâté par le besoin de "savoir ce qu'il a vu", tiraillé dans le suspens.

Lurons s'extirpent de l'antre des jeux. Œillade au parking, peu serein à l'idée d'y croiser potentiellement le malabar auprès de qui il s'est endetté. La voie est libre jusqu'à la bécane. 'S'rend compte qu'il n'a que son casque. « Ah ouais merde. Tiens. » Le refourgue entre les pognes de l'autre, préfère protéger le passager. Paluches au guidon, attendant que Beck monte, se cramponne. Moto vrombit, filant entre les ruelles avant de s'embourber aux landes voisines sous les lueurs stellaires.

Spot paumé au milieu de nulle part, idéal pour les observations stellaire. 'Espère ne pas avoir traumatisé l'autre par sa conduite trop sèche. « On y est ! J'ai déjà vu plein de trucs ici. J'te jure que c'était pas des satellites d'Ellon Musk. Puis quand le ciel est dégagé comme ce soir, on voit la voie lactée. » babille de trop, lancé au quart de tour sur le sujet fétiche. Mires sont déjà en train de lorgner en l'air, parce que de tous les cieux nocturnes scrutés dans le monde, le Yorkshire reste un de ses endroits favoris, grandiose, réputé pour sa sorgue aux milles joyaux. « Par contre j'veux savoir c'que t'as vu. » En revient au sous-entendu laissé, l'attention porté à son nouveau compagnon de soirée.

[ tw : mention d’alcool / addiction, langage cru  ]

T’as jamais trop expérimenté la vitesse, c’est pas quelque chose qui t’as jamais attiré. Ni aucune sensation forte, d’ailleurs. T’es quelqu’un de plutôt calme, malgré les apparences parfois trompeuses. Ça ne semble pas être le cas de ton ami d’un soir. Ton côté (légèrement) hypocondriaque ne peut pas s’empêcher de penser à tout ce qui pourrait arriver à quelqu’un qui roule si vite et sans casque, ou à son passager.



T’imagines que certains auraient ressenti une certaine gêne à devoir s'agripper ainsi à quelqu’un qu’ils connaissent à peine, mais c’est la survie avant la dignité, pour toi.

T’es pas mécontent d’être arrivé à bon port, dans un endroit que tu connais pas. Là encore, la voix lointaine de ta mère te souffle que t’es peut être pas la personne la plus responsable qui existe mais ce qu’elle ne sait pas ne peut lui faire de mal. Tu te détends à la mention de la voie lactée. “Trop cool,” que tu réponds avec un enthousiasme plus qu’honnête, “ça fait trop longtemps que je l’ai pas vue.”



La question détournée t’arraches un sourire. “J’habitais entre la zone 51 et Roswell,” tu réponds. “Bon, à quelques heures de routes, mais pour nous c’était pas grand chose.” T’as toujours trouvé les européens étranges pour leur manque de volonté et leur refus de conduire plus de deux heures d'affilée. “J’ai vu plus de crop circles que je peux en compter et quelques soucoupes volantes. Une fois j’ai vu des lumières qui ressemblaient à des phares, je pense que c’était un vaisseau. Mais surtout j’ai grandi avec plein d’histoires de la région.” T’espères tes explications pas trop longues, mais il a demandé après tout. “Je sais qu’on en fait des tonnes parce que ça rapporte de la thunes mais, je peux pas croire que tout ça sorte de nulle part.”



Tu prends place au sol, t'apprécies le courant d’air frais que la nuit apporte. “Et toi, tu viens souvent ici du coup ?” tu finis par demander.