Tea Time at Auntie's

2 participants
Moira Grant
aucune suspicion

Moira Grant

saisons : cinquante années pile
occupation : agente immobilière pour sa propre agence
myocarde : divorcée depuis six ans, le re-mariage n'est pas dans les plans; attirée par la gente masculine seulement
faciès & artiste : lena headey / proserpinegraphics
victimes : 38


Tea Time at Auntie's

❝ ❞


tw: deuil, décès

La patience n'était pas une vertu de Moira Grant. Au contraire; gaspiller de précieuses minutes à attendre lui donnait de l'urticaire. Et pourtant, elle tentait de rester impassible. Mary Grant, la femme qui lui a donné la vie, sirotait son thé calmement et Moira ne voulait pas lui transmettre sa mauvaise aura. Elle se contenta alors de prendre une autre gorgée de son thé.

Il y avait plusieurs mois déjà - c'est toujours au moment d'un décès qu'on remet sa vie en perspective -, Moira s'était donnée comme résolution de prioriser sa famille sur son boulot, tentant de réparer des pots cassés depuis quelques années. Pour l'instant, l'opération se déroulait bien - avec sa mère, surtout - mais il restait encore quelques membres avec qui Grant était moins... pressée de renouer. Notamment Cody, le fils unique de son frère Douglas Grant. Son neveu. Pas qu'elle le détestait, non non! Leurs intérêts étaient opposés, c'était tout. Cody était très irresponsable, immature et rêveur, alors que Moira avait déjà toute sa vie prévue depuis l'adolescence - sauf le divorce (on ne prévoit pas un divorce dans une vie, généralement). Son neveu venait d'ailleurs d'acheter un Party Bus, pouvez-vous croire!? Avait-il fait un plan d'affaires sur cinq ans et avait-il mis en place un plan de secours, si sa nouvelle lubie n'était pas aussi lucrative qu'il avait pensé? Elle l'ignorait - ça pourrait être un bon sujet de conversation, tiens. Moira n'avait pas encore eu l'occasion - ni la volonté, sincèrement - jusqu'à ce que Mary lui en glisse un mot il y a quelques semaines, de la façon que seule une grand-mère est capable de faire: la culpabilité. "Ça fait trop longtemps que je n'ai pas vu mon cher Cody! Il doit avoir drôlement grandi! L'as-tu vu récemment?" Au bout de trois jours, Moira a craqué et a contacté son neveu pour l'inviter à boire du thé dans sa demeure. Elle aurait préféré dans un endroit neutre - l'hygiène de Cody pouvait parfois laisser à désirer - mais c'était plus facile pour la matriarche de rester dans la maison. L'heure du thé était souvent suivi par une sieste pour Mary.

Inspire, expire. Cody était en retard de vingt minutes, déjà. Cinq minutes était tolérable, mais limite, alors l'humeur de Moira était exécrable lorsqu'enfin la sonnette se fit entendre. Elle se leva presque trop brusquement et se dirigea vers la porte. "Cody! J'espère que tu ne t'es pas trop perdu." Moira avait caché toute sa mauvaise humeur derrière un grand sourire; elle était assez douée pour feindre la joie. "Entre. Ta mamie et moi avons déjà commencé à se servir, mais le thé est encore chaud." Moira laissa ensuite son neveu entrer dans sa grande maison immaculée.


Cody Grant
aucune suspicion

Cody Grant

saisons : Trente-trois ans.
occupation : Animateur dans l'événementiel et sur camping l'été ; propriétaire et conducteur d'un party bus, disponible à la location pour à peu près tout et n'importe quoi.
myocarde : Pansexuel et célibataire récidiviste, en quête d'intimité émotionnelle, fuit l'engagement comme le reste de ses responsabilités.
miroir : Tea Time at Auntie's 669f03d8e9924e88108f3f914093f5bc456cc2c7
faciès & artiste : Jeremy Allen White ; ava (c)etnrs, gif (c)ewans-mitchell, signa (c)awona, icons (c)vocivus.
victimes : 608


Tea Time at Auntie's

❝ ❞
J'traînais les pieds et des casseroles, j'n'aimais pas beaucoup l'école, j'traînais les pieds et mes guiboles abîmées, j'explorais mon quartier. (c)


cw ; addiction, anxiété, consommation de cannabis, tension familiale

    Cinq minutes de retard. La ponctualité est pour toi ce que la patience est pour ta tante : une corvée contre-nature que tu t'efforces de surmonter pour le bien commun et la paix sociale. C'est pas tant un manque de volonté de ta part, plutôt une tendance à trop mettre dans ton assiette et te laisser déborder par le quotidien. Tu vis imprévisible, chaotique, sujet aux lubies, aux émotions – aux oublis aussi, l'attention sélective t'amenant régulièrement à trahir les confiances, et seulement quelques fois de façon intentionnelle. Pas de réelle excuse, sinon qu'il a fallu que tu repères l'endroit, l'emménagement de Moira ne datant pas de plus de quelques mois. Est-ce qu'elle t'avait invité depuis son installation ? Ça aurait été surprenant que non, mais considérant que tu t'étais probablement défoncé à chaque fois, on ne peut pas dire que les souvenirs reviennent en masse.

     Dix minutes de retard. Tu piétines devant la porte, un joint aux lèvres, besoin de détente. Y'a ce contrecoup vicieux : tu sais que l'odeur va te suivre à la trace et que ta tante la supporte mal. C'est pas que tu veux spécialement la contrarier, mais tu te prépares au jugement pointilleux auquel elle t'a habitué, qui fait grimper ta tension au-dessus du seuil recommandé, et t'as vraiment que ce recours pour gérer le stress. La même chose qui te rend plus facile d'encaisser sa critique fait la matière de ce qu'elle pourra te reprocher. Tu l'aimes, ta tante, et assurément elle doit t'aimer aussi (quoique t'as du mal à te débarrasser totalement du doute) ; tu sais aussi que y'a cent raisons pour que tu sois pas son neveu préféré, et cent raisons pour que tu la visites moins que d'autres. Moira s'impose des attentes que tu pourras jamais égaler. T'aimerais dire que depuis le temps tu es en paix avec cette idée, mais elle revient toujours te torturer dans les minutes qui précèdent la rencontre. Y'a des jours où t'aimerais pouvoir être assez.

    Vingt minutes de retard. Soupir, le cul du joint finit râclé sous ta semelle et expédié d'un revers de pied dans un flanc de l'allée, où il ne sera probablement pas déniché avant la prochaine tonte. Tu sonnes ; elle est presque trop rapide sur la poignée, c'est une évidence qu'elle t'attendait sans rien faire d'autre. Tu étires un sourire, accueillant au même moment les premiers effets de ta relaxation artificielle – et l'accélération cardiaque qui vient avec. « Salut tata ! » On pourrait presque te croire à l'aise. Au premier coup d'œil jeté à l'intérieur de la baraque pourtant, tu sens immédiatement que t'es pas chez toi. Propre, rangé, cher. « T'inquiète pas, avec Maps j'me suis démerdé comme un chef. » Tu sais bien que c'est pas de l'inquiétude, plutôt un reproche sur ton retard, mais tu comptes bien éviter les sujets qui fâchent. Pourtant, la bonne volonté s'affaisse une seconde, avec les mots que tu attrapes avant de réussir à passer le seuil, qui étalent sur ta face une espèce d'alarme. « Mamie ? » A croire que dans ta préparation psychologique, tu n'avais pas anticipé la double peine.

    Y'a une paire de secondes de latence avant que tu répondes à l'invitation et t'engouffres à l'intérieur de la grande maison, attendant qu'elle te guide comme tu te souviens de rien de l'aménagement des pièces. Le regard oscille sur la décoration ; tu toucheras qu'avec les yeux, Moira déteste tes doigts sur ses affaires. « Le voilà Cody ! Qu'est-ce qu'il est beau mon petit fils. J'oublie à chaque fois, parce que tu ne viens plus me voir assez. » Elle t'accueille joyeusement au salon, les mains plissées tendues dans ta direction pour que tu ailles l'embrasser. Y'a pourtant encore un puits de malaise dans ton ventre qui te fait casser ton allure à la porte. « Tu es bien rouge. Il faut mettre de la crème solaire, tu vas finir tout ridé. Comme James ! Oh, c'était impossible de le convaincre aussi celui-là, et puis toujours à se mettre en plein soleil. » Curieusement flottant dans une réalité abstraite, allant presque à reculons, tu finis quand même auprès d'elle – la mort dans les yeux quand elle t'embrasse la joue. « Coucou mamie » tu répliques seulement, peu inspiré faut croire, ce qui te ressemble pas vraiment. « Mais tu aurais pas maigri ? Tu te nourris assez, tu te fais des bonnes choses ? C'est le vrai nerf de la guerre tu sais, tout passe par l'estomac. C'est bien beau de te faire gonfler les muscles, mais sans la graisse tu n'iras pas loin. » Sourire forcé, tourné vers Moira, quand bien même ton regard lui passe à travers. « Tata ? J'aime pas le thé, j'pourrais prendre un skoosh* ? J'sais pas, si t'as un irn-bru, un coca, un sprite, un schweppes... ou un jus... t'occupes, je peux trouver tout seul, c'est là-bas la cuisine ? » Et les pas, mécaniques, te font échapper la scène, sourd sinon indifférent à ce qu'on pourrait t'en redire.

*skoosh : en écossais de Glasgow, un soda.


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should've washed this, smells like R. Kelly sheets, but shit, it was ninety-nine cents