La petite robe noire | ft. Dawn Buchanan

2 participants
Ligia Velasco
aucune suspicion

Ligia Velasco

saisons : 25 étés
occupation : Employée au Luna Park
myocarde : Éprise de Liberté / Volage Hetero un brin Curieuse
miroir : La petite robe noire | ft. Dawn Buchanan Brown_10
faciès & artiste : Ester Exposito by me
victimes : 293



La petite robe noire.

@Dawn Buchanan

Quelques jours plus tôt.
Dans le silence relatif du manoir, Ligia se glisse, discrète, longe les murs aux boiseries complexes, les pas légers sur le parquet gémissant, contracte ses muscles et tord ses traits à chaque plainte qu'il émet. A quel moment la propriétaire des lieux apparaîtra a nouveau ? L'œil alerte lorgne le corridor désert, avant de balayer les nombreux portraits alignés là, les cadres richement sculptés jouant la concurrence à ce qu'ils entourent. Les mirettes sont inlassablement attirées par ce qui brille, elles qui ne sont habituées qu'à la médiocrité d'une vie simple, la demeure ancestrale qu'elle s'autorise à visiter en contrast absolu. Le smartphone entre les mains, l'ancienne influenceuse n'hésite pas à capturer quelques images de l'endroit plus spectaculaire encore que les villas andalouses dans lesquelles J.J. et elle s'introduisaient illégalement. Autre genre, style plus vieillot mais ô combien chargé d'histoire et de richesses…

La curiosité exacerbée, la blonde se faufile dans l’embrasure d'une porte qui s'ouvre sur une chambre plongée dans la pénombre où la poussière s'est accumulée depuis des siècles semble-t-il. Oeillade en direction du battant laissé ouvert, quelques pas esquissés encore, la pointe de ses pieds nus tentant d'atténuer les geignements du bois caractériel. Dans un coin, elle dépose ses baskets alors qu'elle avise une lourde armoire semblant dater de plusieurs siècles. De son point de vue à elle, en tout cas. Les doigts se glissent dans la poignée ouvragée, tirent sur le loquet et dévoilent une garde robe digne de Marilyn Monroe au plus haut de sa gloire… “Wow…” ne peut-elle s'empêcher de laisser echapper tandis que ses doigts courent déjà sur les draperies de soie et de velours. Mais une silhouette attire bientôt le regard, fantomatique dans l'ambiance sombre de la pièce tout juste auréolée de la lumière tamisée du couloir. Un œil lancé en direction de la porte, encore, quelques pas pour rejoindre Casper, planté au milieu du tapis épais. Les doigts agrippent le drap blanc, tirent lentement dessus et dévoilent la star de la penderie, le clou du spectacle. Un mannequin inerte porte une robe noire qui doit valoir une fortune. Les iris s'habillent d'une lueur de convoitise qu'elle ne sait dissimuler, le bulbe de ses doigts osant effleurer la soierie qui compose l'ouvrage.

Au loin, le parquet grince à nouveau, Ligia sursaute et s'empresse de contourner le mannequin pour le défaire de sa mise bien trop somptueuse pour être cachée. L'Andalouse range précipitamment la robe dans une housse empruntée à une autre robe, ouvre la fenêtre et la lance dans le jardin avant d'escalader à son tour le rebord. Tant pis pour ses chaussures. La belle saute dans les buissons, s'égratigne de partout, se bat carrément avec les branches qui la décoiffent et l’assaillent de toutes parts, imprimant leurs marques de griffes sur son derme. Maudit végétaux.


Retour au présent.
Le corridor s'habille des lumières bleues et rouges des lasers qui chahutent l'arrivée des nouveaux convives, jouant au rythme des basses qui s'animent plus loin. Hissée sur ses talons aiguilles, l'espagnole remonte d'un pas altier les quelques mètres qui la séparent de la grande salle, fière qu'elle est dans sa magnifique robe de couturier. Le bustier épouse ses formes bien plus joliment que celles du mannequin sur lequel il dépérissait, Ligia en a conscience. D'autant plus lorsqu'elle surprend les regards qui se posent sur elle. Des sourires faussement gênés égayent ses traits, tandis qu'elle s'avance jusqu'au bar, satisfaite de son petit effet. Cette robe est trop belle pour être laissée dans un coin.

Mais alors qu'elle s'apprête à commander à boire, voilà qu'elle sent un tiraillement au niveau de sa taille. Le buste pivote immédiatement, cherchant le coupable, celui qui a posé un pied sur la traîne qui frôle pourtant à peine le sol. ”Héééé ! Faites attention avec vos gros sabots ! Cette robe coûte plus chère que votre voiture !…” qu'elle râle un peu avant que son regard ne remonte jusqu'au type à la mine un brin exaspérée, les yeux qu'il monte vers le ciel comme indice indubitable. “Oui bah, juste, ne marchez pas dessus, en fait…” qu'elle s'énerve un peu. Mais les miroirs d'âme viennent bientôt croiser les orbes sombres d'une connaissance à peine effleurer. ”Mierda. Je ne pensais pas que ta propriétaire serait là ce soir…” s'exclame-t-elle en s'adressant à la robe. L'autre la regarde, sa mine est passée de l'exaspération à l'interrogation… Ça se sent dans son œillade bovine qu'il ne comprend rien. “Nan mais pas vous !” qu'elle ajoute à son attention en faisant volte face. Plantant lâ l'importun, voilà qu'elle longe le bar, se faufile entre les danseurz, fuit le champ de vision de la fameuse châtelaine, quelque chose dans ce goût là. Comment on dit pour un manoir ?

Ligia s'adosse precipitamment à un poteau à peine assez large pour la dissimuler, le myocarde qui s'emballe, le souffle qui s'écourte. “Réfléchi !” se fustige-t-elle en osant se pencher légèrement pour lancer un coup d'œil. Elle se retourne finalement, le buste collé à la paroie, les doigts agrippés au coin. ”Où est-elle passée ?” qu'elle murmure en sondant lentement la foule mouvante de la boîte de nuit. “Mierda…”



____________________________

• I want to feel sunlight on my face •


Dawn Buchanan
légère suspicion

Dawn Buchanan

saisons : [ trente quatre ] longues années à frôler la folie.
occupation : [ artiste ] indépendante et passionnée.
myocarde : [ veuve ] par deux fois, le cœur en charpie.
faciès & artiste : olivia cooke, rathmore (avatar), vocivus (icons) &alcara (signature).
victimes : 55


Le silence est maître des lieux, roi d'un royaume déchu, d'une demeure aux allures funestes dans lequel se complaît sa seule propriétaire. Le silence est véritablement accueilli comme un vieil ami, son étreinte aussi chaleureuse que l'emprise du deuil n'est envahissante. Lorsque celui-ci est soudainement brisé, une nuit d'été plus chaude qu'à la normale, il est ainsi difficile pour la veuve de ne pas le remarquer. Délaissant ses pinceaux, la peinture dégoulinant fatalement le long de la toile, elle dévale les escaliers de marbre pour découvrir l'origine des bruits qui éveillent le manoir. L’intrus ne tarde pas à se dévoiler, la vision de ses cheveux blonds vite remplacée par celle d'un visage qui pourrait aisément être celui d'une poupée, ses traits à jamais figés dans l'espace et dans le temps, celui d'une jeunesse qui n'est qu'à peine effleurée. La surprise s'y affiche finalement, alors que la maîtresse des lieux se tient à quelques mètres seulement. De nouveau les échos se muent en mutisme un court instant, laissant aux deux femmes le temps de s'observer, avant que l'une d'elles ne prenne la parole. « Vous auriez pu emprunter la porte d'entrée. » Une remarque comme une autre, une invitation à discuter calmement, l'idée d'appeler la police bien loin dans l'esprit de la plus âgée. Elle sait, pourtant, que l'inconnue ne serait pas passée par la fenêtre si ses intentions n'étaient pas mauvaises. Elle le sait, oui, mais n'en a que faire. C'est la curiosité que l'étrangère anime en elle, l'intérêt pour ce qui semble la poursuivre, quand bien même leur conversation n'en effleure même pas les contours. Cela fait bien longtemps que personne n'avait attiré son attention de cette manière.

Après quelques mots échangés, un léger contre-temps oblige l'artiste à s'absenter de courtes minutes. A son retour, le silence a retrouvé sa juste place. Il n'y a plus aucun signe de l'inconnue, si ce n'est son parfum qui se mêle aux odeurs habituels du manoir. Odeurs qui la rendraient presque nauséeuses tant elle ne supporte plus de les sentir, de respirer son propre désespoir, d'inhaler sa solitude grandissante. Ses pas la guident le long du couloir principal dont les murs sont habillés d'une vingtaine de ses tableaux, des plus abstraits aux plus réalistes, tant d'eux portant les traits de son mari, jusqu'à la suite dans laquelle elle ne dort plus depuis la disparition de ce dernier. Si la veuve espérait y trouver l'inconnue, il n'y a que l'obscurité pour l'assaillir. Dans la pénombre le mannequin dénudé lui saute aux yeux. La robe qui l'habillait semble s'être volatilisée, à l'image de l'intrus qui a laissé la fenêtre ouverte après elle. La jeune femme s'approche du mannequin, ramassant le tissu qui recouvrait le dernier cadeau que son mari lui avait fait avant de disparaître. Elle inspire profondément. « Vous me testez, » que celle-ci prononce dans l'obscurité, à destination d'un Dieu auquel elle croit par intermittence. La patience d'une femme a ses limites, la sienne semble avoir dépassé toute frontière.


————


Les jours se transforment en une longue semaine, chaque minute éveillée étant passée à jouer du piano ou à peindre au sein d'un manoir qui étouffe pourtant sa propriétaire. En vérité, elle peine à se concentrer tant l'inconnue occupe la moindre de ses pensées. Si elle pourrait prétendre que son vol y est pour beaucoup, elle souhaite surtout la revoir sans véritablement se l'expliquer. Et bien que l'artiste peine à croire au hasard, la nuit où elle décide finalement de mettre les pieds dehors, de vivre en l'absence de son mari, elle la trouve enfin au milieu d'une foule effervescente. Les corps se bousculent, dansent peau contre peau, chacun de leurs gestes rythmés par une musique qu'elle n'entend qu'à peine. C'est aussi soudainement que ses iris n'épousent sa silhouette, habillée de la robe qui lui a été volée — comme une provocation ou bien une invitation. Le regard de la voleuse croise enfin celui de la victime et le temps est suspendu. Cette dernière ne la quitte pas des yeux, pourrait presque jurer sentir son parfum par-dessus les odeurs envahissantes qui se mélangent autour d'elle. Ce contact visuel ne dure que quelques secondes, une minute tout au plus, mais celui-ci semble pourtant durer une éternité. Lorsqu'il est finalement brisé, le monde recommence à tourner. Les corps sont soudainement trop proches, leurs odeurs trop fortes, les lumières trop aveuglantes, la musique trop assourdissante.



@ligia velasco

____________________________

t h u n d e r
grab me by my ankles, i've been flying for too long. i couldn't hide from the t h u n d e r in a sky full of song.

Ligia Velasco
aucune suspicion

Ligia Velasco

saisons : 25 étés
occupation : Employée au Luna Park
myocarde : Éprise de Liberté / Volage Hetero un brin Curieuse
miroir : La petite robe noire | ft. Dawn Buchanan Brown_10
faciès & artiste : Ester Exposito by me
victimes : 293



La petite robe noire.

@Dawn Buchanan

Quelques jours plus tôt.
”Ahem… Je crois que la porte était verrouillée, en fait. J'ai bien essayé mais la poignée ne voulait pas céder à mes avances. La fenêtre m'a tendu les bras alors je… enfin… Je croyais que cet immense manoir était inhabité en vérité. Je vois à présent que c'est faux. Pardon.” La teinte chantante qui habite chacun de ses mots ne trompe guère sur ses origines ensoleillées, son anglais manquant sans doute de ce flegme propre aux habitants de ces contrées pluvieuses. Prise sur le fait, coupable évidente, l'Andalouse parvient pourtant à garder un certain calme apparent, les minauderies en guise de défense première. C'est que jouer les blondasses écervelées lui a sauvé la mise bien des fois. On ne soupçonne pas le pouvoir que possèdent les jolies filles de tromper leur monde, surtout lorsqu'elles sont un peu plus futées qu'elles n'en ont l'air. Ligia sait user de son joli minois à n'en pas douter mais n'est pas aussi stupide qu'elle le laisse souvent entrevoir. Même si sa maladresse notoire ne fait pas vraiment partie de la comédie, un défaut sur lequel elle a appris à rebondir néanmoins, indécrottable optimiste qu'elle peut être.

”La curiosité est un vilain défaut. On me l'a souvent dit. J'espérais trouver ici un fabuleux trésor… j'aime les histoires d'aventures et de chasse au trésor, vous voyez… Et… J'ai cru pouvoir me prendre pour une Indiana Jones des temps modernes, quelque chose comme ça…” qu'elle poursuit son monologue en se redressant un peu, les oeillades lancées discrètement - pas tant que ça, en vérité - vers la fenêtre, prête à s'y jeter corps et âme au moindre indice de danger imminent.

Mais s'armant soudain de culot, la blonde esquisse toutefois quelques pas en direction de son hôtesse pour lui tendre une main subtilement tremblante, l'aplomb pas si bien feint si l'on sait observer. ”Ligia Ve…làsquez, enchantée, Madame ?...” ment-elle sur son identité, un sourire habillant ses traits, la malice scintillant dans les émeraudes de son regard. ”Pitié… n'appelez pas la police…” qu'elle ajoute, une grimace de gêne tordant légèrement ses traits.


Retour au présent.
Les mots se faufilent subtilement jusqu'à son oreille en une caresse aérienne, provoquant un frisson doucereux qui descend le long de sa colonne vertébrale. Les doigts se crispent soudain sur le rebord glacial du poteau qui s'est fait soutien solide tandis qu'en son sein, le myocarde tambourine plus vite que les basses qui animent les danses désarticulées des convives. Le temps semble brusquement se figer, la perle de sueur glissant sur sa nuque comme seul indice des secondes qui s’évaporent pourtant sans elle… Ligia se retourne lentement, son dos se colle à la surface métallique, incapable de dissimuler la pointe de panique qui l'habite sur l'instant. L'autre poursuit sa litanie, expulse des mots qu'elle s'imagine reproches mais qui se teintent ostensiblement de charme. Ligia sourcille légèrement, interdite sur le moment alors que les miroirs d'âme viennent se perdre dans ceux de l'autre. Est-ce qu'elle l'a réellement complimentée, là ? ”Je…” que l'espagnole arrive tout juste à prononcer, interloquée qu'elle est pas les mots déstabilisants. A quel moment une femme ne devient pas hystérique quand on lui vole sa plus belle robe ? C'est pas normal, ça, si ? L'Andalouse secoue la tête comme pour retrouver le chemin de sa raison égarée on ne sait où, chassant par la même la surprise qui la cloue sur place.

”Hmm.. Il se peut que vous ayez quelque raison d'appeler la police cette fois mais… C'est un crime plus odieux encore de laisser cette splendeur au placard, non ? Et.. Elle est parfaitement à ma taille… comme si… le destin nous avait réunis…” qu'elle tente de s'en sortir, avant de marquer une pause nécessaire le temps de se racler un peu la gorge. ”Il fait chaud, non ? Je vous offre un verre ?” lance-t-elle sans réfléchir en se déplaçant en crabe comme pour s'extirper de l'emprise étrange que l'autre à sur elle. Quelques pas esquissés, le dos tourné, les muscles tendus, les poings serrés, jusqu'au comptoir salutaire. Dans son esprit, l'envie de fuir en courant s'échafaude insidieusement. Pourtant, Ligia tient bon, garde un sang froid de façade et gagne dignement le bar avant de s'y accouder, osant enfin se retourner. ”Vous prenez quoi ?” questionne-t-elle son invitée. ”C'est moi qui régale, je vous le dois bien… et euh… promis, je comptais vous la rendre une fois que… ”. C'est faux. ”...je… après cette soirée. Et peut-être une autre… si j'avais eu le temps. Mais je vous l'aurez rapportée ! En passant par la fenêtre… parce que les portes, c'est pas mon truc. ” tente-t-elle de plaisanter. La porte de sortie reste une option fort alléchante ce soir, cela étant dit.


____________________________

• I want to feel sunlight on my face •


Contenu sponsorisé