to the unexpected friendships • evangeline

Sa-rang franchit la porte du regard, son regard cherchant automatiquement l'amie avec qui elle avait rendez-vous. Elle attrapa le regard de Nicky, qui travaillait, et lui adressa un sourire avant de se détourner. Pas d'Evangeline. Elle était la première sur les lieux.

Elle se décala de la porte, enfin, laissant la place d'entrer à un couple à la discussion passive-agressive derrière elle. Les ignorant — ne sachant pas vraiment si cela lui était adressé, n'ayant que faire si ça l'était — la femme se fraya un chemin entre les convives. L'été anglais avait beau être capricieux, cela avait été une belle journée. Après une semaine de pluie, les rayons de soleil qui avaient réchauffé la ville avaient été un véritable plaisir. Et, comme toute belle journée partout dans le monde, les gens étaient sortis de leurs tanières.

L'heure tardive n'aidait pas non plus ; Sa-rang n'avait pas pu se libérer avant vingt-deux heures, comme c'était souvent le cas lorsqu'elle faisait affaire avec des clients sur d'autres fuseaux horaires. Même dans une petite ville comme Sarborough, si loin de l'immense Londres auquel elle était habituée, vingt-deux heures étaient l'heure du vrai début de soirée des jeunes. Jeunes, se reprit-elle avec un certain amusement ; comme si elle était si vieille, du haut de ses vingt-neuf ans.

La londonienne attrapa une petite table au moment où un couple s'en levait — coup de chance de la journée — et s'y installa sans un regard pour le groupe d'étudiantes qui la convoitait également. Coudes sur la table, menton dans le creux de la main, Sa-rang observa l'ensemble du bar, attendant. Il n'y avait pas si longtemps, elle aurait sortit son téléphone pour s'occuper, trop impatiente et distraite pour se contenter d'attendre. Elle avait apprit la patience récemment, ne savait pas vraiment si elle en était fière — si elle appréciait un changement qu'elle n'avait pas choisi.

L'attente n'est pas longue mais elle existe, alors Sa-rang en profite pour commander une pinte, son pull brièvement abandonné sur sa chaise pour s'assurer que personne ne vole cette table si durement (non) trouvé. La pinte n'est pas entamée, la londonnienne à peine rassise, qu'elle entend un Hey ! enjoué. Elle relève la tête pour voir son amie s'installer en face d'elle, excuses rieuses sur les lèvres, et Sa-rang sent ses propres lèvres s'étirer en un sourire amusé à la mésaventure d'Evangeline.

'Ohh, adorable' réagit-elle à la mention des chiens. Si elle ne s'y connait pas plus que ça en chien, elle connait tout de même vaguement les races les plus populaires ; et l'image qu'elle a en tête pour les colleys était adorable. Même si elle se trompe d'ailleurs, la majorité des chiens sont adorables quoiqu'il arrive. Excepté les petits rats peut-être. 'Non, rien de dramatique' la rassura-t-elle avec un geste pour soulever sa pinte. 'J'en ai profité pour commander. Tu devrais y aller avant que le bar ne soit repris d'assaut.' De là où elle était assise, elle y voyait une certaine accalmie ; ainsi qu'un groupe entrant. Il allait bientôt y avoir la queue pour les boissons.

Sa-ran referme ses deux mains pâles autour de sa pinte et se pencha légèrement vers Evangeline. 'Alors, comment ça va sinon ? Du neuf depuis la dernière fois ?' Qui n'était pas il y a si longtemps, certes, mais la question valait d'être posée.'Tu t'habitues à la ville sans problème ?' Moins de problèmes qu'elle-même, espère Sa-rang, même si elle commence enfin à se remettre doucement sur ses pieds.