Sweet summer evening

2 participants
John Brixton
légère suspicion

John Brixton

saisons : 34 ans, si vous voulez la marque de sa crème de jour, il peut vous envoyez le lien amazon.
occupation : Marchand de glace affable et qui propose des goûts sympa à prix pas trop abusés.
myocarde : Célibataire, et assez discret sur la question en général.
faciès & artiste : Hozier, by Sarah
victimes : 64


Sweet summer evening

❝ ❞
Borders of salt, borders of sand
Of endless prayer thrown through the skies


La journée l’avait bercé d’une douce monotonie du réveil jusqu’au coucher du soleil. Au matin il s’était posé vers le centre-ville, sans faire un chiffre d’affaire exceptionnel (il s’y était attendu), avant de prendre le chemin du bord de mer, sur la digue face à la plage la plus touristique de la ville.
Ensuite, de quatorze à dix-huit heures, il se laisse porter par les commandes, répond aux clients qui lui parlent du beau temps (ressenti vingt degrés aujourd’hui ! incroyable !), hoche la tête avec gravité devant les enfants qui réclament la plus groooosse boule vanille du moooonde (pourquoi prendre vanille quand il y a tant d’autres parfums bien meilleurs ?) et parfois se laisse le temps de fixer la mer verte qui lentement s’éloignait du bord et découvrait quelques mètres de sable humide, jonchés de coquillages offerts par les ondes.
Les enfants profitaient du sable encore bien compact pour construire des châteaux branlants ou des pistes alambiquées pour y faire rouler leurs billes.
Un moment, il ferma les yeux, prit une longue inspiration et attendit… Rien ne vint.

Bien.

Il rouvrit les yeux, et la journée se continua sur le même ton doux. Jusqu’à ce que vienne l’heure de fermer : "No, sorry little guy. It’s closing time. But I’ll be here tomorrow," dit-il à un gamin qui s’était pointé un peu trop tard avec un billet de five pounds dans les mains. Il le regarda partir en traînant les pieds. De toute manière, aussi proche de l’heure du repas, ce n’était pas vraiment responsable de manger du sucré…
Il rangea les billets, la machine à CB dans le petit coffre dûment fermé à clé, puis les bacs, laissa tomber les ustensiles dans une bassine, était prêt à fermer totalement la devanture quand soudain apparut une figure familière.
"Sayanel!" sourit-il à l’arrivant en s’accoudant un peu plus par-dessus son comptoir. "A nice surprise, seeing you here. Fancy a scoop?" On va dire que certains pouvaient bénéficier de passe-droit, par rapport à des enfants lambdas. Après à ce stade, c’était quasi devenue une habitude de langage de sa part. Un jour il répondrait "which flavor?" à un policier qui demanderait à voir ses papiers.
"You just passing-by to say hello, or you’re staying a bit? It’s closing time, I’ll have all the time I want." Pas comme s’il avait envie de retourner à son studio morne et vide. Passer un moment avec Sayanel était un bien meilleur programme. On n’était jamais vraiment sûr de ce qui allait se passer (le côté américain peut-être ?) mais on était certain de ne pas s’ennuyer. Et John savait qu’il devait apprendre à lâcher prise, un peu.


Sayanel Pritchard
administrateur·ice

Sayanel Pritchard

saisons : Quarante-deux ans à se traîner dans la poussière, toujours l'audace de croire qu'il peut veiller jusqu'à trois heures et se lever aux aurores. Pas sûr d'y arriver assez souvent, comme le prouve le snooze perpétuel de son réveil.
occupation : Pas d'études mais une formation bien suivie et le voilà conseiller sur une hotline d'aide aux victimes.
myocarde : Sur facebook, c'est compliqué. Y a pas forcément d'autres mots pour l'expliquer, il s'est marié jeune, a profité du grand départ pour fuir et la laisser là avec ses responsabilités.
miroir : Sweet summer evening 73b36944c6d4b1e825422d937955455ce35a4376
faciès & artiste : Boyd Holbrook (Lune ce talent incr)
victimes : 69


Sweet summer evening

❝ ❞
Borders of salt, borders of sand
Of endless prayer thrown through the skiesi


T’as la bougeotte facile, faut le dire, incapable de rester en place plus de trois secondes, sauf quand t’es appelé sur Call of par Cody - dans ces cas-là faut une armée pour te sortir du canapé, parce que t’es un glandeur inné quand ça parle de mitrailler des gars qu’ont rien demandé, mais ça va, c’est en ligne donc ça compte pas, les jeux vidéos, ça rend violent que dans l’imaginaire général des boomers du dimanche.
Mais là, y a pas de jeu qui tienne, Cody est sûrement en vadrouille avec son bus à jouer aux animateurs de camping, et toi tu t’emmerdes. C’est ton jour de repos, et comme toujours, tu réfléchis à la dernière minutes à savoir ce que t’aurais vraiment envie de te faire subir. Passer ton temps avec Shrimp, tu le fais déjà, tu viens de passer deux heures au parc, et si t’es pas le plus brillant des scarborians, y a que le clébard qu’aime bien courir après un bâton aussi longtemps, toi tu te lasses plutôt vite hein, étonnamment.

Au bout d’un moment, après avoir redéposé le chien dans l’appartement de Ren - t’as encore du mal à te dire que c’est aussi chez toi maintenant, mais c’est compliqué, tu regardes encore par-dessus ton épaule à te demander si t’allais pas revivre dans ta caisse un petit coup, juste parce que t’étais pas le plus vivable des mecs du quartier - t’as l’illumination de te dire que tu visiterais bien ton pote sur la plage.

Elles te font mal au coeur les plages de Scarborough. T’as beau te dire qu’on peut pas comparer l’incomparable, que par chez toi, c’était pas la même eau, c’était pas le même climat, c’était pas la même ambiance. Y en a qu’aiment ça, vivre au milieu d’un film d’Hitchcock, mais toi t’as pas la même vibe. La première fois qu’on t’en a parlé, t’as été content de te dire qu’ici aussi, y avait la mer, que tu pourrais l’observer, aller au milieu - et t’y vas, avec le bateau du daron, au grand dam de Nor - te sentir de nouveau chez toi, un peu. Mais c’est pas la même chose. Toi tu te souviens du soleil, de la chaleur étouffante mais agréable, du bronzage qui partait jamais, des couleurs, partout, tout le temps, sur les bâtiments, dans les yeux des gens. Ouais, c’était pas pareil, ici.

Mais c’est le petit camion - pas le bus, l’autre véhicule, à croire que tous tes potes savaient pas ce que c’était qu’une caisse normale - qui te sort de tes pensées, te laissant presque les pieds dans le sable, mais garé sur la promenade. “Hey dude ! How is it going today ? Busy day ?”  ça ne semblait pas, mais faut dire que vu l’heure, John était sans doute en train de fermer boutique. T’étais bien le seul à venir à trois secondes de la fermeture juste par ennui. “I’m never gonna say no to that, you know it, right ? Rocky Road please !” T’es pas poli avec tout le monde, mais les copains, c’était différent. Surtout ceux qui t’offraient des glaces.

T’as le sourire jusqu’aux oreilles, t’aimes bien voir du monde. Surtout que tu sais que tu t’amuses bien avec John, en général. “I'm definitly stayin'. Do you want to stick to the beach or should we move around a little? I can drive !” T’adores conduire. Des camions, des motos, des voitures. Par contre, tu sais pas spécialement respecter les limitations, mais c’est pas si grave, pas vrai ? “ How are you ?” Pendant que t’engloutis ta glace, tu t’intéresses. T’aimes bien ça, être sûr que tout va bien, peut-être que c’est une déformation professionnelle, ou peut-être que t’y tiens, à ce pote-là, et qu’il a déjà vécu assez.