Sweet summer evening
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Borders of salt, borders of sand
Of endless prayer thrown through the skiesi
T’as la bougeotte facile, faut le dire, incapable de rester en place plus de trois secondes, sauf quand t’es appelé sur Call of par Cody - dans ces cas-là faut une armée pour te sortir du canapé, parce que t’es un glandeur inné quand ça parle de mitrailler des gars qu’ont rien demandé, mais ça va, c’est en ligne donc ça compte pas, les jeux vidéos, ça rend violent que dans l’imaginaire général des boomers du dimanche.
Mais là, y a pas de jeu qui tienne, Cody est sûrement en vadrouille avec son bus à jouer aux animateurs de camping, et toi tu t’emmerdes. C’est ton jour de repos, et comme toujours, tu réfléchis à la dernière minutes à savoir ce que t’aurais vraiment envie de te faire subir. Passer ton temps avec Shrimp, tu le fais déjà, tu viens de passer deux heures au parc, et si t’es pas le plus brillant des scarborians, y a que le clébard qu’aime bien courir après un bâton aussi longtemps, toi tu te lasses plutôt vite hein, étonnamment.
Au bout d’un moment, après avoir redéposé le chien dans l’appartement de Ren - t’as encore du mal à te dire que c’est aussi chez toi maintenant, mais c’est compliqué, tu regardes encore par-dessus ton épaule à te demander si t’allais pas revivre dans ta caisse un petit coup, juste parce que t’étais pas le plus vivable des mecs du quartier - t’as l’illumination de te dire que tu visiterais bien ton pote sur la plage.
Elles te font mal au coeur les plages de Scarborough. T’as beau te dire qu’on peut pas comparer l’incomparable, que par chez toi, c’était pas la même eau, c’était pas le même climat, c’était pas la même ambiance. Y en a qu’aiment ça, vivre au milieu d’un film d’Hitchcock, mais toi t’as pas la même vibe. La première fois qu’on t’en a parlé, t’as été content de te dire qu’ici aussi, y avait la mer, que tu pourrais l’observer, aller au milieu - et t’y vas, avec le bateau du daron, au grand dam de Nor - te sentir de nouveau chez toi, un peu. Mais c’est pas la même chose. Toi tu te souviens du soleil, de la chaleur étouffante mais agréable, du bronzage qui partait jamais, des couleurs, partout, tout le temps, sur les bâtiments, dans les yeux des gens. Ouais, c’était pas pareil, ici.
Mais c’est le petit camion - pas le bus, l’autre véhicule, à croire que tous tes potes savaient pas ce que c’était qu’une caisse normale - qui te sort de tes pensées, te laissant presque les pieds dans le sable, mais garé sur la promenade. “Hey dude ! How is it going today ? Busy day ?” ça ne semblait pas, mais faut dire que vu l’heure, John était sans doute en train de fermer boutique. T’étais bien le seul à venir à trois secondes de la fermeture juste par ennui. “I’m never gonna say no to that, you know it, right ? Rocky Road please !” T’es pas poli avec tout le monde, mais les copains, c’était différent. Surtout ceux qui t’offraient des glaces.
T’as le sourire jusqu’aux oreilles, t’aimes bien voir du monde. Surtout que tu sais que tu t’amuses bien avec John, en général. “I'm definitly stayin'. Do you want to stick to the beach or should we move around a little? I can drive !” T’adores conduire. Des camions, des motos, des voitures. Par contre, tu sais pas spécialement respecter les limitations, mais c’est pas si grave, pas vrai ? “ How are you ?” Pendant que t’engloutis ta glace, tu t’intéresses. T’aimes bien ça, être sûr que tout va bien, peut-être que c’est une déformation professionnelle, ou peut-être que t’y tiens, à ce pote-là, et qu’il a déjà vécu assez.