wings of a butterfly, eyes of a tiger
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09.24 || Aurore douloureuse, odeur de café et de pâtisseries, thé earl grey avec un nuage de lait, tout ça est une parfaite coïncidence.
Mags aime pas qu’on se foute de sa gueule. Fort heureusement, cela n’arrivait pas souvent, et ceux qui s’y essayaient ne retentaient pas leur chance après coup. Mags, elle aime quand les choses filent droit, sont claires et nettes, franches. Les tourliloulas tourliloupiots, les mots biaisés, les faux sourires ou pire encore… le passif-agressif ça la foutait en rogne. Pourquoi être passif quand on pouvait se contenter de l’agression ? En plus, en général, cela marchait aussi bien, voir plus, que de chercher à dissimuler sa colère derrière des bonnes manières.
Inutile de dire que les réunions parents-professeurs, avec elle, ne s’étaient pas toujours passées comme les chers géniteurs l’espéraient.
Enfin, heureusement, l’éducation des mioches c’était maintenant du passé. Elle éduquait, enfin conseillait des adultes, et même s’ils n’étaient parfois pas plus dégourdis que les gosses, ils avaient moins tendance à taper sur les nerfs. Ou à se foutre de sa gueule.
Mais il y avait quelque chose, en dehors du taff, qui commençait à l’ennuyer. Elle n’était pas une traqueuse hors pair, mais elle avait déjà eu à semer quelques relous dans sa jeunesse, alors qu’elle rentrait tard chez elle la nuit, et elle avait pris l’habitude de percevoir, du coin de l’oeil, une silhouette qui lui collerait au train. Et depuis quelques jours, elle en remarque une, récurrente. Ce n’est que quelques instants, et le temps qu’elle se retourne totalement pour faire face au malotru, la vision s’est enfuie.
Fuck. Ce n’est pas le genre de truc qui met à l’aise.
Elle y songeait encore quand elle passe au Eat me (qui aurait été vraiment son café préféré s’il s’était appelé Hit me mais bon…
Elle commande son café, alors qu’elle avait sa gourde shaker dans une main, qu’elle secoue machinalement. Elle ne taille pas vraiment la causette, Mags ; elle ne prend pas sur place non plus. Mais cette fois…
Ce n’est pas une paire d’yeux sur sa nuque qui attire son regard, non, pas cette fois. Elle aurait très bien pu ne pas le voir, mais à force de chercher quelque chose, on finit toujours par le trouver. C’était un sweat. La couleur lui est familière. La capuche rabattue semble étrange dans un café (on a peur de quoi ? qu’il lui pleuve dessus ?).
Sans doute qu’une autre personne aurait haussé les épaules et serait parti, avec sa commande. Mais si Mags avait été un tant soit peu réfléchie et un chouïa moins impulsive, cela se saurait. La couleur est familière, et, poussons même plus loin, la vibe également.
Il n’est même pas neuf heures, mais elle sent déjà son sang bouillir.
Elle traverse l’espace entre elle et le sweat (avec l’humain dedans) en quelques pas vifs. Ses semelles compensées sont relativement silencieuses sur le sol bien lavé.
"Hey, you. Want a photo? A punch in your fucking face?" Elle agrippe la capuche qu’elle tire en arrière afin de révéler le visage du creep, s’attendant à découvrir une tête inconnue (un follower d’insta qui se serait mis en tête de la pister, un gars chelou qui aurait flashé sur elle en sortant du bus, qu’en savait-elle ?) mais ce n’est pas du tout ce que le destin lui servit.
Ce visage et surtout ces yeux… Elle les connaissait bien.
"Shit… It’s you?" Alors ça… si elle s’y était attendue… "What the fuck are you doing here? What…" Elle n’ose pas plus l’attraper, se contente d’avoir sa poigne sur son vêtement, bien serrée. "The fuck Vicky?!"