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Je chante et la montagne danse (ft Jacob)

Alcyon Oates
aucune suspicion

Alcyon Oates

faciès & artiste : Blanca Soler, Romistigri
victimes : 14


Je chante et la montagne danse


Elle a envoyé ce texto ce matin, ce texto fait de quelques mots mais de bruits, beaucoup, beaucoup de bruit, elle criait dans ce texto, courageuse et affranchie de timidité, dans ce texto, elle a mis ses doutes mais aussi, surtout, ses désirs. Elle a attendu, choquée, d’abord, par sa réponse, rougissante par la lenteur. Elle s’est demandé si elle attendait ça, ce compliment qui voulait tout dire. Elle s’est sentie amoureuse, comme si ce sentiment roulait tout autour de ses ailes, de son corps fluet mais ferme, musclé par les heures de natation et de danse dans le salon. Elle s’est tue lorsqu’elle a reçu sa réponse, elle a posé le portable du diable et a attendu que son cœur se calme. Elle ne s’était pas rendu compte, qu’elle l’aimait. Toutes ces années en coup de vent, croisé et disparu. Il avait le regard du solitaire et cela lui plaisait. Cette obscurité entourant son être. Alors le texto, le compliment
Vient
Elle lui a dit
Vient
Il faut qu’on parle.
Pour tout jeter à la gueule des vagues et tant pis si ça ne plaisait pas, tant mieux si ça plaisait. Si elle récoltait une réaction, bonne ou mauvaise, il fallait qu’elle parle, qu’elle jette toute la passion, toute la langueur, tout le désir pour lui. Depuis combien de temps ? Combien d’année ? Des dizaines peut-être. A force de le côtoyer et de s’absenter. Elle n’y pensait pas avant. Ils partaient simplement. Se retrouvaient. Mais là, il lui manque, comme une blessure profonde se rouvrant. Alors, dans
Le parc éclairé faiblement, sans présence ni cris d’enfants, assise sur le banc du rendez-vous, elle pose son livre – une histoire de montagne et de sorcières – car elle a entendu les pas du promis. Elle a soulevé ses longues mèches, elle a gardé son visage neutre car les expressions ne semblent pas correctes, pour garder la dignité, pour se préserver, pour se protéger, pour l’accueillir sans encore déverser les vannes. Puis après, que se passera-t-il après ? Car elle a rêvé et elle aime rêver mais elle n’aime pas vivre la réalité, trop encombrante de soucis et d’angoisse, elle a dessiné des scènes, a aimé les vivre dans le coton du songe. Elle sourit. Cependant. Elle sourit.
Je crois que je t’aime.
Parce qu’il fallait le dire maintenant, au risque de se dénaturer et de se dévoiler. Parce qu’il fallait le dire, que cette parole fuse sans prévenir, qu’elle bousille et soigne en même temps, rend heureux et inquiet et dans l’expectative. Qu’il est beau, ses cheveux ébouriffé et ses yeux tout droit plantés dans le sol et ensuite vers le ciel.