It's taking me higher, higher
Higher off the ground
C’est le week-end. Aujourd’hui, tu peux mettre au placard les fringues ternes que tu gardes pour le boulot - parce qu’il paraît que selon à qui tu parles, les chemises à motifs peuvent être un peu hors de propos, si ce n’est choquer légèrement le tout-venant - et t’as ressorti le bermuda, les baskets déglinguées que tu te trimballes depuis au moins ton arrivée à Scarborough, la chemise ornée d’équidés de toutes les couleurs et les lunettes de soleil au contour orange fluo. T’as aucun style, et pourtant, t’es le plus frais de tous les Scarborians, à n’en pas douter.
Pour une fois, les jours où tu ne travaillent pas coincident avec la sortie du soleil, que l’on n’attendait plus vraiment. T’en es soulagé, et tu passes la matinée au parc avec Shrimp, à le faire courir, se rouler dans la terre, dans le lac, puis encore dans la terre, et l’heure avant ton rendez-vous avec Evangeline est donc, évidemment, destinée à vous nettoyer, lui comme toi. Le temps que tu le ramènes à l’appart et que tu ressortes, aussi fringuant que trois heures plus tôt, t’es presque en retard. Faut dire que t’as jamais été le plus ponctuel, mais tu lui devais bien ça, à la rouquine, alors qu’elle t’avait soutenue dans les heures les plus sombres de tes allers-venues au Luna Park. Que tu voyais déjà apparaître à l’horizon d’ailleurs.
Evangeline était déjà là, et tu la rejoins avec un grand sourire, impatient de passer la journée dans l’ambiance du parc que tu aimes tant. C’était qu’il t’en fallait peu pour t’enthousiasmer, et les lieux comme celui-ci te permettaient de sortir la tête de ta réalité. Tout était plus intense, juste du jeu, il semblait n’y avoir aucune espèce d’existence en-dehors du divertissement et le temps s’écoulait différemment. A se donner presque l’envie d’y retourner, jour après jour, en oubliant qu’il fallait pouvoir payer les activités.
T’avances aux côtés de la jeune femme dans la file, impressionné par le monde. Faut dire que la saison vient de se terminer, et comme toi, les habitant.es de la ville sont trop peu habitué.es au soleil pour résister à l’envie de s’amuser lorsqu’il poind ne serait-ce qu’un peu.
“Ecoute, ça va plutôt bien ! Je vais bien dormir ce soir, Shrimp m’a fait courir plus que mon corps de quarantenaire peut supporter.” Des mots, bien sûr. Si tu trouves divertissant le fait de te plaindre, t’en es pas encore au stade où tes genoux craquent dès que tu fais un mouvement. Le fait que t’aies jamais arrêté les activités sportives aidaient grandement.
“Et toi ?” Si votre amitié se résumait grandement à une existence à l’intérieur des barrières du parc, comme si vous n’aviez que très peu d’existence à l’extérieur, t’apprécies avoir un oeil sur ce qu’elle peut bien vivre quand elle n’est pas là à éclater ses lunettes contre le bitume à vingt mètres de hauteur et à grande vitesse.
“Je propose les auto-tamponneuses ! Ca nous fait commencer léger, aller directement sur les manèges à sensation, c’est peut-être pas le mieux pour l’estomac.” Même si t’as pas mangé grand-chose, parce que tu sais que t’allais vouloir bouffer du sucre plus que de raison une fois sur place.
Joignant le geste à la parole, une fois que vous arrivez à rentrer, tu te déplaces vers lees auto-tamponneuses, qui ne sont pas loin de l’entrée.
“J’espère que t’es prête à faire pleurer des gosses, parce que moi oui.” Heureusement que t’es pas daron, Say, parce que t’en serais un relativement mauvais.
Y a pas beaucoup de queue, alors t’arrives vite pour payer avec les jetons que t’as récupéré à l’entrée.
“Deux tickets s’vous plaît.” Y a pas que des gamins, faut en convenir, y a quelques ados, quelques adultes, mais quand même.
“Tiens choisis dans quel bolide tu veux qu’on se mette, je te suis !” @Evangeline O'Hara- La chemise, pour référence: