the doors i'm locking (hwan)
2 participants
# Sam 14 Sep - 17:17
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
❝ keep me in sight when you turn out the lights when you open your eyes i'll be laying on the ground never making a sound. meet me outside with the doors wide open; but this one i'll leave alone ❞
La soirée s’est terminée étonnamment tôt; les doigts ont virevolté sur les touches usées du piano, accompagnant les voix des clients un peu trop imbibés, déjà; les verres de bière et les shots se sont alignés sur le dessus du piano, remplacés à mesure. Et bientôt, la musique d’un DJ invité a remplacé les notes de chansons populaires par de l’EDM aux basses assourdissantes, et la fatigue s’est abattue sur Locke comme une chape de plomb. Les clés ont tourné entre ses doigts, une, puis deux, puis trois fois; puis dix, alors qu’il a contemplé sa voiture dans le parking bondé du bar. Tôt, encore tôt; assez pour qu’il rentre chez lui, profite d’une entière nuit de sommeil sous la courtepointe fanée de son propre lit. Mais il a bu. Pas à outrance peut-être, mais assez… Assez pour justifier de laisser le pickup sur place et marcher jusqu’à–
Non. L’esprit se dresse contre le nom, se refuse à le laisser s’épanouir, même dans le secret de ses pensées. Et pourtant les clés retournent dans la sécurité de sa poche et il se met en mouvement, bravant la fraîcheur de la nuit entamée pour s’éloigner du rythme entêtant qui fait vibrer les fenêtres du bar. S’éloigne vers le silence, poussé par un vent insistant, attiré malgré lui par une main brûlante qui le saisit entre les côtes et l’emmène, un pas après l’autre, toujours plus près.
Les fesses posées sur le perron, frigorifié. Le regard est fixé sur une mauvaise herbe rebelle qui s’est glissée entre deux pavés, ballottée doucement par une brise qui semble envelopper Locke. Il a déjà pensé partir trois fois, sans réussir à faire plus que d’étirer les jambes devant lui, puis les ramener à lui pour se réchauffer. Chaque voiture qui passe emplit son estomac de papillons, alors qu’il se force à ne pas lever les yeux pour voir si elles tournent dans l’entrée.
De toute façon, il sait que ce n’est pas lui. Il le sait, parce que lorsque le bitume craquèle sous les pneus, il ne sait pas retenir le mouvement qui le saisit tout entier. Il se redresse, fixe la voiture qui s’arrête, attend avec impatience que la portière s’ouvre; suit, presque hypnotisé, la silhouette élancée qui remonte le chemin jusqu’à lui. « Tu rentres tard. » Un mince sourire qui se moque, de lui, d’eux; il pourrait presque être sa femme inquiète, sa femme suspicieuse: t’étais où, et avec qui ? Locke réprime le frisson qui menace de l’envahir, après tout ce temps passé dehors, avachi sur la pierre glacée. « Ton horaire a changé ? » Il voudrait retenir la tension qui se glisse dans sa question. Parce qu’il s’est fié à ses heures habituelles. Parce qu’il devrait être rentré, normalement. Ignorant ostensiblement le fait qu’il possède la clé de la porte avant, et qu’elle traîne obstinément sur le bureau de sa chambre, intouchée depuis qu’il l’y a posée.
Non. L’esprit se dresse contre le nom, se refuse à le laisser s’épanouir, même dans le secret de ses pensées. Et pourtant les clés retournent dans la sécurité de sa poche et il se met en mouvement, bravant la fraîcheur de la nuit entamée pour s’éloigner du rythme entêtant qui fait vibrer les fenêtres du bar. S’éloigne vers le silence, poussé par un vent insistant, attiré malgré lui par une main brûlante qui le saisit entre les côtes et l’emmène, un pas après l’autre, toujours plus près.
Les fesses posées sur le perron, frigorifié. Le regard est fixé sur une mauvaise herbe rebelle qui s’est glissée entre deux pavés, ballottée doucement par une brise qui semble envelopper Locke. Il a déjà pensé partir trois fois, sans réussir à faire plus que d’étirer les jambes devant lui, puis les ramener à lui pour se réchauffer. Chaque voiture qui passe emplit son estomac de papillons, alors qu’il se force à ne pas lever les yeux pour voir si elles tournent dans l’entrée.
De toute façon, il sait que ce n’est pas lui. Il le sait, parce que lorsque le bitume craquèle sous les pneus, il ne sait pas retenir le mouvement qui le saisit tout entier. Il se redresse, fixe la voiture qui s’arrête, attend avec impatience que la portière s’ouvre; suit, presque hypnotisé, la silhouette élancée qui remonte le chemin jusqu’à lui. « Tu rentres tard. » Un mince sourire qui se moque, de lui, d’eux; il pourrait presque être sa femme inquiète, sa femme suspicieuse: t’étais où, et avec qui ? Locke réprime le frisson qui menace de l’envahir, après tout ce temps passé dehors, avachi sur la pierre glacée. « Ton horaire a changé ? » Il voudrait retenir la tension qui se glisse dans sa question. Parce qu’il s’est fié à ses heures habituelles. Parce qu’il devrait être rentré, normalement. Ignorant ostensiblement le fait qu’il possède la clé de la porte avant, et qu’elle traîne obstinément sur le bureau de sa chambre, intouchée depuis qu’il l’y a posée.
(c) x ambassadors, vocivus
fire in your eyes i can't ignore the afterimage familiar grief that i don't wanna see the fire in your eyes burns as bright as mine ☽ pieces of me they cast a different shadow |
# Sam 14 Sep - 21:38
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
((20 septembre)) tôt ou tard, tu ne sais pas vraiment. à en juger la tension dans tes épaules, dans ta mâchoire, dans ton estomac qui crie famine, dans la langueur qui te dévore les pensées, à la douleur dans ton dos : tu dirais rudement tard. mais l’heure affichée dans l’habitacle de ta voiture semble te détromper à moitié. même ton humeur est maussade, tirée vers le bas ; comme si l’univers te poussait vers le sol. et le sol, tu ne l’as jamais cotoyé, il n’était pas pour toi ; il matchait pas avec la grandeur de ton ambition, avec les couleurs de tes émotions.
le silence dans l’habitacle de ton aston martin vantage ; loin d’être la voiture que tu utiles pour aller à la clinique, mais ton téléphone n’a cessé de sonner alors que tu étais ailleurs ; un feu à éteindre, les responsabilités autour du col. le ronronnement de la voiture ne semble même pas te distraire, te donner le plaisir si habituel. tu conduis presque de manière automatique, dans le vague, le cœur lourd d’une sensation que tu n'exprimes jamais. le portail du garage ouvert d’un bouton, tu ralentis dans l’allée pour venir garer la britannique à côté de l’allemande. claquement de portière. un frisson déjà dans le corps, les poils hérissés sur ton corps entier, comme une sensation étrange dans l’air. un mauvais pressentiment. l’empressement dans le cœur.
tu reviens sur tes pas pour revenir vers l’entrée de ta maison, les yeux plissés en reconnaissant une silhouette que tu reconnais aussitôt. le coup dans le cœur. incapable de savoir si tu es heureux ou agacé par sa présence. savant et subtil mélange des deux ; équilibre précaire. le cœur affolé, la gorge serrée tu t’approches, portant simplement la chemise blanche et le pantalon de costume en coton sombre ; l’uniforme bleu nuit abandonné à la clinique. « tu rentres tard. » léger haussement de sourcil, alors que ta main cherche tes propres clefs. « et ? » que tu lâches en passant devant lui, grimpant les marches du perron. « ton horaire à changé ? » tu fronces légèrement les sourcils. peut-être qu’un autre jour tu l’aurais taquiner ; peut-être qu’un autre jour ça t’aurait amusé. mais pas ce soir, pas aujourd’hui. t’es trop crevé. t’as juste envie de te laisser tomber sur ton lit ou ton canapé, t’abrutir devant une série de merde pour éloigner la réflexion sur tes sensations désagréables. tendu, tu l’es. et l’idée qu’hemlocke connaisse ton horaire te donne une sensation étrangement agréable dans le corps… mais peut-être qu’elle ne devrait pas l’être : s’il est capable de deviner tes horaires, c’est que tu passes trop de temps avec celui qui t’as volé si longtemps ton frère, haiden, qui n’est plus. pointe au coeur, pointe de colère ; toutes ces années volées... « tu sonnes comme mon ex, locke. »
porte déverrouillée, tu la laisses ouverte derrière toi pour laisser le squatteur rentrer. « à m’attendre aussi longtemps et risquer l’hypothermie… tu aurais pu rentrer te mettre au chaud… et être utile, à défaut d’être adorable… » le sarcasme arrive, la taquinerie frontale aussi, presque trop brutale, sans aucune transition. « … et nous préparer à dîner. » mais sans doute qu’hemlocke a déjà dîné, contrairement à toi. tu échappes un léger soupire amer, ajoute, railleur et passif-agressif : « mais c’est vrai que tu n’as pas de clef d’ici. »
léger regard jeté à sa destination, tu as l’impression que sa présence finalement te crispe plus qu’autre chose. parce que quand il est là, y a tellement de choses étranges qui se trament dans ton ventre, dans ta poitrine ; cette envie de venir le prendre dans tes bras, respirer profondément l’odeur de sa peau, le garder là, et plus bouger. des sensations, des envies, que tu n’as jamais nourris envers aucun homme de ta vie et encore moins pour le petit ami secret de ton défunt frère. alors, tu ne le nommes pas, incapable d’être heureux de le voir ici, incapable de souhaiter de le voir quitter les lieux, maintenant qu’il est là.
silencieux, tu disparais en direction de ta chambre : tu y troques ta chemise pour un polo en coton et rapporte un pull à hemlocke que tu jettes dans sa direction.
silencieux, tu attrapes une bouteille de vin rouge, d’une cuvée française. bientôt un verre (ou deux) servi, il demande, un doute dans l’âme : « on devait se voir ? » cela t'étonne un peu, tu n’es pas du genre à oublier si facilement quelque chose ; plutôt du genre (très) organisé et méticuleux. « il s’est passé quelque chose ? » que tu finis par demander, aussi, incapable de pas t’inquiéter un peu de le voir ici si tard, et surtout de l’avoir attendu aussi longtemps dans le froid.
# Dim 15 Sep - 15:04
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
Tu sonnes comme mon ex. Le pli amer de la bouche destiné au vide, alors que la porte s’ouvre derrière lui; une courte inspiration pour revenir à la neutralité, et il déplie les jambes avec difficulté, comme incrusté de glace. La chaleur de la demeure l’enveloppe comme une caresse. Le parfum familier, les couloirs qu’il pourrait naviguer les yeux fermés. Il laisse ses chaussures sur le côté de la porte, retire la veste humide et froide pour la laisser tomber au même endroit. Il rêve d’une douche brûlante, d’une couverture pesante pour presser un semblant de chaleur dans son corps transi. « Peut-être que tu devrais m’en donner une. » La provocation lancée sur un ton léger; malgré toutes les complications qui sont attachées à ce simple petit bout de métal qu’il possède déjà; qu’il refuse d’accrocher à son trousseau, pire qu’une laisse autour du cou. L’intimité partagée est bien assez dérangeante alors qu’il ne peut que négocier l’entrée de mots jamais tout à fait honnêtes. De petits mensonges cousus de fil blanc; d’embellir (ou d’enlaidir, plutôt) la réalité pour justifier sa présence là où elle devrait lui être refusée.
Et malgré tout il enfile le pull avec gratitude, enveloppé d’une chaleur qui n’a pas tout à voir avec la laine chaude et douce aux couleurs sombres. « Non. » Ils ne doivent jamais se voir. Devraient vivre leur vie loin de l’autre, libérés de ce heurt qui les suit aussi bien qu’un nuage noir.
Locke pivote vers le réfrigérateur, ouvre les double portes à la recherche de quelque chose pour s’occuper les mains; à la recherche d’ingrédients qu’il pose sur le comptoir sans regarder son hôte, dans une danse qu’ils ont effectuée des milliers de fois. Si confortable qu’il sent la tension de sa mâchoire; l’instinct qui lui dit que Hwan est fatiguée; l’instinct qui le pousse à ignorer les mots tranchants pour apaiser ce qui se cache en dessous. Il met l’eau à bouillir, s’équipe d’un couteau parfaitement aiguisé. « J’avais trop bu pour rentrer. Les yeux obstinément tournés vers la lame, vers les gestes trop précis. J’ai laissé la voiture au bar. » Pas d’autre canapé disponible, alors que la fête ne faisait que véritablement commencer. Pas la force de résister l’impulsion qui a guidé ses pas jusqu’ici, aussi sûrement qu’une main tendue l’aurait ramené à la maison. Cet endroit qu’il aime autant qu’il déteste, prison dorée qui lui dévore le coeur; chaque geste si familier, chaque tiroir ouvert si aisément pour y trouver ce dont il a besoin.
Il dresse la table pour une personne, affligeant jusqu’au bout. Il va même jusqu’à poser une chandelle immaculée sur la table, embrasée juste avant qu’il ne revienne à la cuisine pour servir une seule assiette. « Votre dîner, Majesté. » Il déteste l’affection qui pointe sous le sarcasme, le sourire qui éclot dans son coeur et tente de fleurir sur ses lèvres. Il ignore le vin, refuse de s'asseoir à ses côtés, se fait violence pour ne pas se laisser aller à un confort qu'il ne mérite pas. Qu'il se refuse, leur refuse. Le deuil qui lui entaille la gorge, le secours qu'il sait à quelques pas, s'ils se laissaient y croire. « Je suis juste ici pour dormir, qu’il souffle, tournant le dos à cette scène trop domestique, trop confortable; de peur d'avoir envie d'y rester. Je te dérangerai pas longtemps. » Juste assez pour satisfaire le vide entre ses côtes; pour emplir le coeur blessé; pour se donner le courage de repartir une fois de plus en se disant que cette fois, peut-être qu'il arrivera à véritablement dénouer le désordre qui l'étreint, l'immobilise; l'apaise et l'alourdit; le désespère.
Et malgré tout il enfile le pull avec gratitude, enveloppé d’une chaleur qui n’a pas tout à voir avec la laine chaude et douce aux couleurs sombres. « Non. » Ils ne doivent jamais se voir. Devraient vivre leur vie loin de l’autre, libérés de ce heurt qui les suit aussi bien qu’un nuage noir.
Locke pivote vers le réfrigérateur, ouvre les double portes à la recherche de quelque chose pour s’occuper les mains; à la recherche d’ingrédients qu’il pose sur le comptoir sans regarder son hôte, dans une danse qu’ils ont effectuée des milliers de fois. Si confortable qu’il sent la tension de sa mâchoire; l’instinct qui lui dit que Hwan est fatiguée; l’instinct qui le pousse à ignorer les mots tranchants pour apaiser ce qui se cache en dessous. Il met l’eau à bouillir, s’équipe d’un couteau parfaitement aiguisé. « J’avais trop bu pour rentrer. Les yeux obstinément tournés vers la lame, vers les gestes trop précis. J’ai laissé la voiture au bar. » Pas d’autre canapé disponible, alors que la fête ne faisait que véritablement commencer. Pas la force de résister l’impulsion qui a guidé ses pas jusqu’ici, aussi sûrement qu’une main tendue l’aurait ramené à la maison. Cet endroit qu’il aime autant qu’il déteste, prison dorée qui lui dévore le coeur; chaque geste si familier, chaque tiroir ouvert si aisément pour y trouver ce dont il a besoin.
Il dresse la table pour une personne, affligeant jusqu’au bout. Il va même jusqu’à poser une chandelle immaculée sur la table, embrasée juste avant qu’il ne revienne à la cuisine pour servir une seule assiette. « Votre dîner, Majesté. » Il déteste l’affection qui pointe sous le sarcasme, le sourire qui éclot dans son coeur et tente de fleurir sur ses lèvres. Il ignore le vin, refuse de s'asseoir à ses côtés, se fait violence pour ne pas se laisser aller à un confort qu'il ne mérite pas. Qu'il se refuse, leur refuse. Le deuil qui lui entaille la gorge, le secours qu'il sait à quelques pas, s'ils se laissaient y croire. « Je suis juste ici pour dormir, qu’il souffle, tournant le dos à cette scène trop domestique, trop confortable; de peur d'avoir envie d'y rester. Je te dérangerai pas longtemps. » Juste assez pour satisfaire le vide entre ses côtes; pour emplir le coeur blessé; pour se donner le courage de repartir une fois de plus en se disant que cette fois, peut-être qu'il arrivera à véritablement dénouer le désordre qui l'étreint, l'immobilise; l'apaise et l'alourdit; le désespère.
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# Dim 15 Sep - 19:57
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
((20 septembre)) « Peut-être que tu devrais m’en donner une. » Tu ne peux pas t’empêcher de froncer les sourcils et de le fusiller du regard. L’amertume dans la bouche, tu n’aimes pas cette boutade récurrente. Tu ne comprends pas d’ailleurs pourquoi il se fait si entêté, mais qu’il finit parfois sur ton porche à attendre comme un animal perdu. Un geste qui te semblait d’une grande bonté de ta part, une preuve de ta volonté de le soutenir aussi et qu’il se sente le bienvenue… balayé par tu ne savais quoi. Insulté, voilà comment tu te sens. Qu’il n’accepte pas ton geste, ce pas immense que tu as tenté de faire vers lui ; ce refus catégorique de se sentir le bienvenue ici. Et peut-être qu’au fond il a raison, il n’est pas vraiment le bienvenue ici ; à mi-temps, peut-être les jours impairs, ou bien les pairs si tu as eu le plaisir de voir tes internes filer droit. « Ouais. J’y penserais. » L’insulte ravalée. Insulté, voilà comment tu te sens. Indigne de sa présence, comme si venir ici était la pire insulte qu’il pourrait se faire à lui-même. Sujet avorté lorsque tu t’échappes, sincèrement agacé. Les pensées trop rapidement tournées vers Haiden ; alors que ton deuil il est plus ou moins passé. Mais à voir et revoir Hemlock autour de toi, t’y reviens toujours, enchaîné à cette présence qui te manque dans ton quotidien ; cette présence que tu as remplacé partiellement par Locke, mais aussi par le travail.
« Non. » La télécommande entre les doigts pour mettre un peu de musique en fond, rien de bien violent, juste pour meubler et accompagner tes pensées parasites. Tu l’observes bouder le verre et surtout s’affairer à préparer à manger. Quelque chose s’apaise en toi, de le voir prendre l’espace ; quelque chose qui se crispe de le voir prendre à la lettre tes mots ; le plaisir souillé de savoir que tu vas passer un peu de temps avec lui. « Y a un truc génial qui s’appelle un taxi, tu sais ? » que tu ironises presque, une gorgée de vin avalée. Mais au fond, tu ne lui en veux pas. Mais tu sais que la soirée n’aura rien de légère, qu’il passera son temps à te fuir, alors qu’il est venu de lui-même ici. Tu ne comprends pas grand-chose, si ce n’est qu’il n’a pas vraiment besoin de toi ; que tu n’as pas vraiment besoin de lui. La fois où tu lui as formulé, il a arrêté de venir, Hemlocke. Combien de jours, combien de semaines, peut-être même de mois, libéré de l’un l’autre ? Tu ne t’en souviens plus. Et puis il a fallu se croiser sur la tombe d’Haiden lors d’un anniversaire pour que le manège étrange reprenne.
Tu observes la flamme de la chandelle danser ; tu ignorais que tu en avais (des chandelles), tu ne sais même pas où elles sont rangées, sans doute un achat de ton ex-femme pour mieux recevoir, pour les dîners romantiques que tu as sans doute raté.
Tu observes l’assiette unique ; le vide de nouveau au cœur. Ce n’est pas un mensonge : tu te sentais seul, mais rarement disposé à nouer des nouvelles relations. Inconsciemment, tu t’invitais toujours chez les femmes que tu fréquentais quelques jours, quelques semaines, quelques mois ; pour ne pas prendre le risque de tomber sur Hemlocke, de devoir revenir sur tes mots lorsque tu lui as soufflé une unique et seule fois, qu’il était le bienvenue ici. Inconsciemment, Hemlocke comble un vide qui ne lui appartient pas et tu cherches sans trouver, quelque chose que tu n’arrives pas à nommer, encore moins à qualifier. Mais cela s’impose toujours dans ton esprit, tous les mois, certaines nuits plus que d’autres ; et certains disent que ce n’est que ton horloge biologique masculine qui tic tac dans ton esprit.
Figé devant l’assiette, tu inspires, expires un peu plus longuement avant de t’asseoir avec personne en face de toi. A choisir, tu aurais préféré t’allonger le ventre vide ; ou avoir un peu de compagnie. La fourchette qui farfouille les légumes sans conviction et les pattes ; tu préfères avaler une nouvelle gorgée de vin. Ton regard se perd sur le dos du pianiste qui s’éloigne déjà ; tu sais où : trouver un plaid, une couverture, subtiliser un oreiller pour s’installer sur le canapé. Scène répétée tant de fois, qu’elle en devient absurde. Tu n’as pas la foi de tenter de le convaincre une millième fois de dormir dans la chambre libre ; tu as déjà essayé tous les arguments, des plus stupides aux plus subtiles. Tu l’as déjà vu s’endormir dans le salon alors que la télévision était allumée pour toi, lorsque tu écoutais de la musique ou étais au téléphone ; rien ne le déloge, de ta gentillesse à ta passivité-agressivité.
Tu manges sans conviction ; ravales ton envie de lui signifier que ce n’est pas un hôtel (tu sais très bien qu’il s’en irait sur le champ) ; le regardes faire. Tu finis par demander : « Tu veux regarder un film ? » Pas besoin de parler ; puisqu’il semble si incapable de s’adresser à toi, comme si tu étais la peste et la choléra additionné. « J’ai envie de regarder un truc. » que tu ajoutes, lui faisant aumône de ne pas mentionner la chambre libre (une n-énième fois) si cela ne lui convient pas.
Le reste de ton assiette jetée, la vaisselle glissée dans le lave-vaisselle, tu demandes : « Tu prends ton verre ou pas ? » prêt à le boire à sa place ; peut-être que cela t'aidera à te détendre un peu. Tu t’approches, courant d’air de chaos dans sa petite installation sur ton confortable canapé. Tu soulèves brusquement la couverture pour t’installer, un sourire sardonique aux lèvres, un amusement cruel sur le minois. Tu t’installes, ton verre de vin rempli encore à la main. « Un commentaire, Baines ? » Une pupille taquine vers lui, tu ajoutes : « Sa Majesté désire et Sa Majesté obtient. » railles-tu.
# Lun 16 Sep - 0:10
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
Il se fait contrariant, énervant, obstiné, comme un rituel familier dont il ne sait se passer. De céder du terrain serait trop facile; serait de les lancer sur une pente glissante qu’ils ne pourraient jamais remonter. Il sait ce que n’est pas ce que Hwan veut; et pire, ce n’est absolument pas ce dont il a besoin. Alors pourquoi s’obstine-t-il à dormir au salon, là où il est impossible de l’ignorer ? Il pourrait se dissimuler dans la chambre aux draps jamais froissés, la porte close; mais rien que ça lui semble une familiarité de trop. Locke préfère déranger, errer comme un fantôme dans la maison presque aseptisée. Il lui semble qu’elle ne prend vie que lorsqu’ils s’y affrontent, le port au creux même de la tempête; l’empreinte de la violence entre eux encore visible entre les murs; révélée chaque fois que la houle se fait trop vigoureuse. Et pourtant il revient, à ce parfum doux, à cette prévoyance mal dissimulée sous les piques trop brusques, à ce besoin qu’il a de ne pas le laisser sombrer seul; une maison sans lui, sans eux. Rien qu’envisager une chose pareille lui donne le tournis, lui laisse un creux immense où le coeur devrait se trouver; l’emplit d’une espérance si violente qu’elle lui en coupe le souffle.
« Comme tu veux. » Il peut prétendre avec sommeil autant qu’il veut, à y mettre autant de coeur qu’il le peut; Locke sait très bien que le sommeil tardera à venir. Il comptait sur le travail compliqué de Hwan, sur un retour de bonne heure, pour investir le salon tandis que ce dernier irait se coucher. Et au lieu de cette soirée paisible qu’il avait imaginée, le voilà à peine réchauffé, à se battre contre Hwan et contre lui-même, main tendue pour attraper la coupe qu’il a si bien ignorée quelques minutes auparavant. Pour adoucir les arêtes effilées de sa présence, celles qui se coincent dans sa gorge lorsqu’il essaie de s’éloigner, mais plus encore lorsqu’il voudrait se rapprocher.
Le vin est doux sur sa langue, boisé; des notes que son bourge d’hôte sait sûrement identifier, alors que lui ne sait que dire qu’il est bon. Excellent, même; et il va pour en prendre une seconde gorgée lorsque Hwan se laisse choir sur le canapé à ses côtés; et plutôt qu’une gorgée, c’est une vague qui s’engouffre dans sa bouche, manque de le faire s’étouffer; manque de lui faire renverser la moitié sur le cuir immaculé. Et c’est aussi bien, parce que les mots lancés avec tant de désinvolture lui font monter la gêne aux joues, une chaleur qu’il espère camouflée par le clair-obscur de la pièce. « Sa Majesté est chez elle, après tout. Et puis, après un instant: T’as presque rien mangé. »
Inquiet, offensé. S’il avait su, il aurait pas pris la peine de lui préparer quelque chose au lieu de se jeter tête première dans les bras de Morphée; les yeux fermés, espérant que le sommeil vienne le cueillir et mettre fin à sa misère. Mais rien de tel; juste l’envie d’effacer la fatigue sous ses yeux, d’alléger le poids sur ses épaules. Il voudrait demander si tout va bien; lui lancer que si c’était dégueulasse, il aurait au moins pu le lui dire; suggérer autre chose, comme s’il allait passer la nuit à cuisiner jusqu’à ce que cet air soucieux ne soit plus qu’un souvenir. Mais Hemlocke tait; fronce les sourcils, fixe l’écran de ses yeux noirs; d’un regard noir. Agacé.
Buté, alors qu’il pose le verre sur la table d’appoint et qu’il se recroqueville, comme pour se protéger, plutôt pour se réchauffer: adossé sur le côté, les pieds glacés accolés à la cuisse de Hwan. Embrassé par la chaleur du vin, du corps juste assez près du sien. Juste assez loin, derrière la muraille de ses genoux, élevée entre eux comme s’il avait besoin d’un bouclier. Silencieux sur le choix du film, haussant les épaules comme un ado maussade; jusqu’à ce qu’il plonge le regard dans le carmin au fond du verre, presque épuisé. « T’as ramené la bouteille, au moins ? » Il espère que sa Majesté aura la décence de se lever.
« Comme tu veux. » Il peut prétendre avec sommeil autant qu’il veut, à y mettre autant de coeur qu’il le peut; Locke sait très bien que le sommeil tardera à venir. Il comptait sur le travail compliqué de Hwan, sur un retour de bonne heure, pour investir le salon tandis que ce dernier irait se coucher. Et au lieu de cette soirée paisible qu’il avait imaginée, le voilà à peine réchauffé, à se battre contre Hwan et contre lui-même, main tendue pour attraper la coupe qu’il a si bien ignorée quelques minutes auparavant. Pour adoucir les arêtes effilées de sa présence, celles qui se coincent dans sa gorge lorsqu’il essaie de s’éloigner, mais plus encore lorsqu’il voudrait se rapprocher.
Le vin est doux sur sa langue, boisé; des notes que son bourge d’hôte sait sûrement identifier, alors que lui ne sait que dire qu’il est bon. Excellent, même; et il va pour en prendre une seconde gorgée lorsque Hwan se laisse choir sur le canapé à ses côtés; et plutôt qu’une gorgée, c’est une vague qui s’engouffre dans sa bouche, manque de le faire s’étouffer; manque de lui faire renverser la moitié sur le cuir immaculé. Et c’est aussi bien, parce que les mots lancés avec tant de désinvolture lui font monter la gêne aux joues, une chaleur qu’il espère camouflée par le clair-obscur de la pièce. « Sa Majesté est chez elle, après tout. Et puis, après un instant: T’as presque rien mangé. »
Inquiet, offensé. S’il avait su, il aurait pas pris la peine de lui préparer quelque chose au lieu de se jeter tête première dans les bras de Morphée; les yeux fermés, espérant que le sommeil vienne le cueillir et mettre fin à sa misère. Mais rien de tel; juste l’envie d’effacer la fatigue sous ses yeux, d’alléger le poids sur ses épaules. Il voudrait demander si tout va bien; lui lancer que si c’était dégueulasse, il aurait au moins pu le lui dire; suggérer autre chose, comme s’il allait passer la nuit à cuisiner jusqu’à ce que cet air soucieux ne soit plus qu’un souvenir. Mais Hemlocke tait; fronce les sourcils, fixe l’écran de ses yeux noirs; d’un regard noir. Agacé.
Buté, alors qu’il pose le verre sur la table d’appoint et qu’il se recroqueville, comme pour se protéger, plutôt pour se réchauffer: adossé sur le côté, les pieds glacés accolés à la cuisse de Hwan. Embrassé par la chaleur du vin, du corps juste assez près du sien. Juste assez loin, derrière la muraille de ses genoux, élevée entre eux comme s’il avait besoin d’un bouclier. Silencieux sur le choix du film, haussant les épaules comme un ado maussade; jusqu’à ce qu’il plonge le regard dans le carmin au fond du verre, presque épuisé. « T’as ramené la bouteille, au moins ? » Il espère que sa Majesté aura la décence de se lever.
fire in your eyes i can't ignore the afterimage familiar grief that i don't wanna see the fire in your eyes burns as bright as mine ☽ pieces of me they cast a different shadow |
# Lun 16 Sep - 1:27
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
((20 septembre)) « Comme tu veux. » Parce que cela serait trop lui demander d’avoir un avis ; de l’assumer pour une fois dans sa vie ; pour exprimer ses désirs ; pour exprimer ses limites. Non, ce n’est qu’un rêve fantasmagorique ; tu l’as abandonné depuis longtemps. Hemlocke est toujours prêt à dépouiller le moindre de tes espoirs. Il a été clair depuis si longtemps : il n’est pas ici par plaisir, non, jamais ! Pourquoi serait-il ici si souvent, sinon ?
Alors, tu avances tout seul, sans jamais trop savoir si le plaisir est partagé ; s’il est là parce qu’il a oublié de payer sa facture d’électricité et qu’il crève de froid ; s’il est là parce qu’il avait envie de te voir un peu ; ou si c’est juste plus facile de finir chez toi au lieu de commander un taxi.
Tes prunelles noisettes qui viennent retrouver son visage lorsque tu l’entends tousser ; inconscient d’être venu si brusquement à ses côtés. « Avale correctement. » Tes sourcils légèrement froncés, inconscient du sous-entendu qu’il pourrait se glisser dans tes palabres justement choisis. « Cette gorgée coûte plus chère que ta chemise, honore-là. » Ca sonne et tombe si durement ; un ordre d’un classisme évident. La pupille presque inquisitrice, alors que tu laisses une nouvelle gorgée de ce Saint Joseph, du domaine Guigal, des Vignes de l’Hospice, millésime 2021, glisser sur ta langue. Puissant et intense, complexe (autant que l’homme qui se tient à tes côtés), tu en perçois nettement les notes de cassis, les arrières goûts de graphite ou de terre fumée ; une minéralité étonnante pour sa puissance (et c’est bien pour cela que tu l’adores). Cette bouche concentrée et élégante, qui te laisse dans la bouche un goût que tu apprécies. Tu es certain qu’Haidan l’aurait adoré. Et puis ce n’était pas comme si tu avais acheté ces caisses lorsqu’il avait commencé ses études de droits (pour fêter son barreau que tu avais affirmé). « Sa Majesté est chez elle, après tout. » Nouveau sourire narquois sur tes lèvres, tu minaudes tout bas : « Tout à fait. » Des monsieurs par-ci, des chefs par-là, sa majesté manquait à ton répertoire ; et tu ne peux pas dire que tu n’apprécies pas l’entendre t’appeler ainsi. Cela t’amuses un instant, te fait oublier la langueur de ton âme. Parce qu’Hemlocke te divertit malgré lui, te fait regarder autre chose que la propre solitude.
« T’as presque rien mangé. » La première idée qui te vient c’est de simplement dire que ce n’était pas bon ; que tu avais déjà mangé ; que tu rêvais de quelque chose de plus gras. Mais la vérité, c’est que dans ta provocation, c’était l’espoir de partager un moment avec lui : préparer à dîner ou prendre le repas avec lui. Cette simple pensée t'agace… Tu n’aimes pas vouloir ces habitudes avec lui ou simplement les apprécier. Mais peut-être que cela serait plus simple de les accepter si Hemlocke ne rendait pas tout si dramatique, si compliqué. Dans chaque instant, il faisait tant d’effort pour te montrer qu’il n’était pas là par envie ; il allait faire mine de ne pas regarder la série (que tu ne regardes qu’avec lui) qu’il t’a fait découvrir. Non. Pourquoi faire ? Qui étais-tu pour pouvoir être apprécié par le grand et putain d’Hemlocke Baines ? A deux doigts de t’excuser en voyant son air offensé ; à deux doigts de glisser tes doigts dans ses cheveux pour lui faire passer cet air. Mais tu ne fais rien. Tu préfères te concentrer sur la télécommande et l’écran alors que tu choisis l’épisode où vous vous êtes arrêtés de Grey’s Anatomy.
Bientôt ses pieds glacés contre ta cuisse, tu en devines la température au travers le tissu de ton pantalon. Léger froncement de sourcil, tu tires la couverture pour la remettre correctement contre ses pieds, contre l’une de tes jambes ; presque un réflexe alors que tu ne quittes pas l’écran des yeux. La télécommande lâchée lorsque l’épisode est mis en route. « Mmh ? » que tu souffles, en l’entendant ; quelques secondes de retard pour comprendre sa question. Sans un mot, une légère grimace au visage ; tu te lèves, les muscles douloureux et le corps fatigué, pour récupérer la bouteille de vin rouge. Tu la déposes à côté de son verre avant de revenir t’installer à ses côtés ; la main se posant naturellement contre l’une de ses chevilles. Le contact de sa peau glacée si légère ; la tienne si brûlante. Contact de rien du tout, mais qui apaise l’horreur au fond de ton cœur. Incapable de te l’expliquer ; ni ça, ni certaines images qui trainent dans ton crâne lorsque tu t’égares. Les muscles qui se détendent légèrement, tu marmonnes : « C’est qui lui, déjà ? » Capable de mémoriser tous les noms de tes employés, des internes du service (même si tu fais semblant que pas), mais pas capable de te souvenir de qui est le Dr. Owen Hunt dans un énième épisode la série. « Il va se faire virer. » que tu commentes, avant de reposer son regard sur Hemlocke, retirant ta main doucement. Toi, t’allais pas faire long feu. Peut-être que t’allais t’endormir ici. Ca serait pas une première… mais d’habitude y avait pas le corps de l’ex de ton frère sur ton canapé lorsque cela arrivait.
# Lun 16 Sep - 4:39
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
Côte à côte, devant une série ridicule et ridiculement prenante, la main sur sa cheville comme une fin du monde. Il ferme les yeux, feint l’exaspération; un souffle du nez pour se laisser le temps de retrouver ses repères. « Qu’est-ce qui te fait dire ça.. ? qu’il raille, les traitements sans queue ni tête ou les innombrables manquements à l’éthique ? » Il n’ose pas ouvrir les paupières, s’enfuit l’espace d’un instant dans une noirceur aux formes étranges. Il sent le regard de Hwan comme s’il l’effleurait du bout des doigts. C’est stupide. Peut-être qu’il ne l’observe pas du tout, peut-être qu’il est tout entier dédié à la belle gueule de Kevin McKidd sur l’écran de la télé, parce que personne n’est là pour le réalisme; il faut un certain degré de masochisme pour avoir envie de regarder une série médicale en bossant dans le domaine. Épisode après épisode, saison après saison, les commentaires fusent; jusqu'à ce que Locke se fâche, lui balance un coup d'oreiller, l'encourage à se taire en degrés de politesse variés; jusqu'à ce que les commentaires désobligeants soient abruptement cessés, remplacés par des larmes que ni l'un ni l'autre n'a vu venir.
Locke ne sait pas ce qu’il préfère: croire que ce monde est abandonné, à la merci du chaos et de la vilenie; ou bien à celle d’un dieu farceur et cruel, qui se réjouit de le voir ainsi empêtré. De les voir ainsi inextricablement liés; ils n’ont rien en commun, et pourtant; réunis par l’absence, par un monde qui s’est écroulé sous leurs pieds. La trame de leur vie enchevêtrée pour le meilleur et surtout pour le pire; parce que les secrets les parent de mille facettes chatoyantes, fausses; parce qu’ils ne sauront jamais regarder derrière le miroir, Hemlocke en est convaincu. Il y a trop de masques à faire tomber, trop de terreurs à délivrer à la lumière du jour.
Lui qui se croyait un brasier éteint n’a eu besoin que d’un souffle pour renaître; un soupir de désespoir échoué à sa porte, un sanglot au creux de son cou. Le souffle est devenu tempête, le brasier devenu incontrôlable; Hwan et sa tristesse abyssale; sa froideur tranchante; ses colères incandescentes. Il lui en veut; la culpabilité l’étouffe; les secrets l’étreignent; son absence est libératrice; son absence est dévastatrice. Les tendresses, rares et enivrantes, lui semblent empoisonnées.
Et son coeur tendre est pris au piège. Douloureusement posé aux pieds de celui qui a quitté; délicatement réparé, pièce par pièce, sous le regard de celui qui n’en a aucune idée.
« Tu devrais pas plutôt dormir ? » Il se refuse toujours à ouvrir les yeux. Il sait qu’il se perdra dans les jeux d’ombres sur son visage, s’attardera sur le pli agacé de la bouche; sur la douceur des traits, lorsqu’il s’oublie et se laisse captiver par les amours impossibles à l’écran. « T’as l’air fatigué… » L’ajout dans un souffle, la vulnérabilité de laisser poindre un peu de vérité. Un peu d’inquiétude. La remarque en multitude de questions; est-ce que tout va bien ? pourquoi t’es rentré si tard ? tu bosses pas demain ? « En plus je peux pas m’étendre, quand t’es là. J’vais me réveiller avec un torticolis, et tu vas être obligé de t’occuper de moi. » C’est plus fort que lui, chaque fois qu’il fait un pas devant, il s’empresse de faire deux pas vers l’arrière. En l’occurrence, Locke replie les jambes sous lui et s’élance vers l’avant, par-dessus Hwan, et referme la main sur la télécommande. « J’suis un très mauvais patient. » Et il appuie sur le bouton, plongeant la pièce dans une obscurité tout juste percée par un lampadaire quelques maisons plus loin, garde solitaire des heures noires.
Locke ne sait pas ce qu’il préfère: croire que ce monde est abandonné, à la merci du chaos et de la vilenie; ou bien à celle d’un dieu farceur et cruel, qui se réjouit de le voir ainsi empêtré. De les voir ainsi inextricablement liés; ils n’ont rien en commun, et pourtant; réunis par l’absence, par un monde qui s’est écroulé sous leurs pieds. La trame de leur vie enchevêtrée pour le meilleur et surtout pour le pire; parce que les secrets les parent de mille facettes chatoyantes, fausses; parce qu’ils ne sauront jamais regarder derrière le miroir, Hemlocke en est convaincu. Il y a trop de masques à faire tomber, trop de terreurs à délivrer à la lumière du jour.
Lui qui se croyait un brasier éteint n’a eu besoin que d’un souffle pour renaître; un soupir de désespoir échoué à sa porte, un sanglot au creux de son cou. Le souffle est devenu tempête, le brasier devenu incontrôlable; Hwan et sa tristesse abyssale; sa froideur tranchante; ses colères incandescentes. Il lui en veut; la culpabilité l’étouffe; les secrets l’étreignent; son absence est libératrice; son absence est dévastatrice. Les tendresses, rares et enivrantes, lui semblent empoisonnées.
Et son coeur tendre est pris au piège. Douloureusement posé aux pieds de celui qui a quitté; délicatement réparé, pièce par pièce, sous le regard de celui qui n’en a aucune idée.
« Tu devrais pas plutôt dormir ? » Il se refuse toujours à ouvrir les yeux. Il sait qu’il se perdra dans les jeux d’ombres sur son visage, s’attardera sur le pli agacé de la bouche; sur la douceur des traits, lorsqu’il s’oublie et se laisse captiver par les amours impossibles à l’écran. « T’as l’air fatigué… » L’ajout dans un souffle, la vulnérabilité de laisser poindre un peu de vérité. Un peu d’inquiétude. La remarque en multitude de questions; est-ce que tout va bien ? pourquoi t’es rentré si tard ? tu bosses pas demain ? « En plus je peux pas m’étendre, quand t’es là. J’vais me réveiller avec un torticolis, et tu vas être obligé de t’occuper de moi. » C’est plus fort que lui, chaque fois qu’il fait un pas devant, il s’empresse de faire deux pas vers l’arrière. En l’occurrence, Locke replie les jambes sous lui et s’élance vers l’avant, par-dessus Hwan, et referme la main sur la télécommande. « J’suis un très mauvais patient. » Et il appuie sur le bouton, plongeant la pièce dans une obscurité tout juste percée par un lampadaire quelques maisons plus loin, garde solitaire des heures noires.
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# Lun 16 Sep - 19:36
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
tw | vulgarité, colère 20 septembre
« J’allais dire pour sa tête de con… » Pas si profond, pas si recherché. Vague sourire amusé, tu portes ton regard sur Hemlocke. « Il me fait penser à un ancien collègue… » que tu te rappelles lentement, happé par des souvenirs, un autre temps, une autre époque, une autre ville. « Typiquement le genre de gars qui pense avoir tout vu, tout savoir ; qui pense qu’il a suffisamment côtoyé la vie ou la mort, pour… » Mais tu te tais, conscient que tu étais à deux doigts de partir dans une tirade énamourée pour ta propre profession ; coupée par l’arrivée d’une nouvelle (belle) médecin à l’écran. « C’est vraiment pire qu’amour gloire et beauté. » railles-tu. « Mais dans les faits, c’est plutôt réaliste. Tu sais qu’on a un budget pour mettre à disposition des préservatifs dans nos salles de pauses ? » Sur ton visage, impossible de savoir si tu es réellement sérieux ou pas, le sourire aux lèvres. Commentaires après commentaires ; tu finis par recevoir un oreiller (que tu n’as pas vu venir) en pleine face. Un brin boudeur, tu le gardes contre toi, l’oreiller (inconscient de l’odeur de Locke dessus) (inconscient du bien que cela te fait). Tu comprends pas l’intérêt de regarder ce navet si ce n’est pas pour critiquer et échanger ; mais visiblement tu le déranges, alors que c’est lui qui s’incruste ici, chez toi, dans ta soirée, sur ton canapé (et pas dans tes bras)... Ton humeur maussade, ta tristesse pathologique, en phase avec la suite de l’épisode ; les larmes aux yeux qui en restent là, ta froideur mise en mal.
Tu luttes parfois contre le sommeil. Peut-être bien que tes paupières se ferment parfois : une ou deux secondes, peut-être quinze, peut-être même une ou deux minutes. Mais tu finis toujours pas les rouvrir : un frisson sur le corps, une sensation étrange ; comme si tu avais peur de véritablement lâcher prise, de t’endormir ici, alors qu’Hemlocke est toujours là. Bercé par les multiples voix à la télévision ; parfois ce n’est que brumeux, tu comprends sans comprendre ; l’ombre d’un sourire par moment. « Tu devrais pas plutôt dormir ? » La voix qui te rappelle à l’ordre, te tire brusquement de cette sensation agréable. L’agacement sur les lèvres et dans tes sourcils, tu papillonnes un peu avant de reposer ton attention sur lui : prêt à te foutre dehors de ton propre salon. « T’as l’air fatigué… » Pas juste l’air. « En plus je peux pas m’étendre, quand t’es là. » Malaise. Ça te glace le sang. Ça te donne la gerbe. La colère brusque dans le coeur, l’indignation dans la gorge. Mais rien ne vient.
Le mouvement initié pour te relever (te barrer, comme il l’a si gentiment demandé) sans anticiper le mouvement improbable d’Hemlocke. Ton crâne heurte le sien et tu échappes une exclamation de douleur. « Putain ! Mais t’es con, c’est pas possible ! » La colère exultée, profondément grondée, tremblotante dans ta gorge et ta poitrine ; elle fuse et dégoupille sans crier gare.
Tu frottes ton crâne ; alors que la pièce est plongée dans le noir. La conscience de la proximité soudaine du pianiste ; beaucoup trop proche (pas assez) ; la panique te prend soudainement et tu persifles : « C’est quoi ton problème, à la fin ?! » La main posée tu ne sais trop où (sa face, son épaule, son torse, t’en sais foutrement rien), tu le repousses avant de bondir sur tes pieds, les muscles ankylosées. Les pas presque silencieux pour t’éloigner, traverser la pièce. « Si j’te… » Mais la colère est si brûlante dans ton souffle que tu t’en mords la langue. Tu ne finis pas ta phrase, prêt à fuir, comme trop souvent ; peureux de dire un mot de trop, avoir le geste de trop. Ton « Bonne nuit. » claque dans les ténèbres ; la culpabilité déjà sur les talons alors que tu files te terrer dans ta chambre ; impressionnée par l’intensité de tes émotions si vives. Tu grommelles déjà, t’insultant tout bas.
# Lun 16 Sep - 21:06
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
Hemlocke ne sait pas trop s’il a merdé ou s’il a réussi avec brio; à couper la poire en deux, il pourrait se dire qu’il a trop bien réussi. La douleur irradie son front, la voix éclate, et lui reste silencieux. Un glapissement de surprise quand la main vient repousser son visage, le nez écrasé en plein milieu de la paume alors qu’il retombe lourdement sur l’accoudoir du canapé. Le problème, c’est qu’il est là et pas chez Eryn; le problème, c’est qu’il préfère s’introduire sans s’annoncer ici; le problème, c’est que Hwan lui pardonne tout. Alors il essaie encore et encore, presque sans le vouloir, d’atteindre la limite. La fois de trop. Celle où la porte restera fermée, celle où il le virera de son salon pour le renvoyer chez lui. Il ne cherche pas à blesser, Locke. Il cherche juste un moyen se détacher sans que ça n’en tienne qu’à sa volonté. Parce qu’à chaque fois il craque; chaque fois la crainte se faufile entre ses poumons; l’espoir se saisit de son coeur comme un étau; et le voilà à piétiner de toutes ses forces pour en éteindre les braises. Et le cycle reprend, et la faim se creuse; s’affûte; aiguise le regard qui ne sait plus comment il a pu être fixé ailleurs.
La chaleur s’éloigne, le bruit sec de la porte qui se ferme au bout du couloir résonne à peine; et c’est la honte qui prend le relais, de son cou à ses oreilles à ses joues, cramoisies, brûlantes, qu’il ignore jusqu’à pouvoir les plonger dans la fraîcheur de l’oreiller de bambou (encore un truc de riche, ça).
Il étire enfin les jambes, à peine plus confortable que recroquevillé: le vrai problème, ce sont les jeans et le t-shirt un peu trop serré qu’il porte sous le pull emprunté. Le vrai problème c’est qu’il pourrait tout avoir, s’il prenait la peine de demander. Il aurait la chambre, un jogging, un hoodie fluide et doux pour dormir comme dans un nuage. De quoi le convaincre de revenir, encore et encore. De quoi ne plus savoir comment repartir.
La prochaine fois, il prendra un taxi.
La prochaine fois, il passera la nuit à danser avec les réguliers du bar, avec les inconnus qui ont joint la fête pour une soirée; et peut-être qu’il réussira à s’attirer les bonnes grâce de quelqu’un pour lui prêter un coin où passer la nuit sans avoir à débourser la moitié des pourboires de la soirée.
La prochaine fois, il ne restera pas sur les coussins froids à regarder le plafond et à se demander pourquoi.
Ses pensées l’emportent dans un tourbillon, s’entrechoquent et tournent, reviennent sur elles-mêmes, reviennent à l’oeil de la tempête; le sommeil lui échappe; le fuit, même. Et c’est à pas de loup qu’il retourne à la cuisine, nettoie les chaudrons, les replace dans les armoires avec une lenteur exagérée. La table, avec sa chandelle égarée, semble le narguer; il va s’y asseoir, contemple la cire qui a coulé, à peine, sur le chandelier épuré. La mèche éteinte. Le front se pose sur la table et Locke se retient de ne pas l’y frapper un coup ou deux, histoire de voir si ça lui remettra un iota de bon sens dans le corps. Il n’a pas besoin de ça; il sait quoi faire. Mais il tarde. Replace la chandelle, retire la goutte de cire qui s’y est accolée, retire le pull et le laisse soigneusement plié sur le comptoir, bien à la vue. Il en est à remettre ses chaussures lorsqu’une silhouette se détache des ombres. « Je t’ai réveillé ? » Avec un peu de chance, ce n’est pas le cas; il ne mentait pas quand il lui a fait remarquer ses traits tirés. « J’ai rangé… La veste glissée sur ses épaules, encore humide d’avoir traîné par terre; un frisson lui traverse l’échine, impossible à cacher. J’suis en état de conduire. Je devrais sûrement rentrer. » Marcher jusqu’au bar, monter le chauffage dans l’habitacle au mieux de ses capacités, aller ruminer ses regrets dans sa chambre pleine de courants d’air, jusqu’à devoir se préparer à sortir de nouveau. « J’espère que t’as pris congé. Tu devrais vraiment dormir. » Même pas une excuse, rien qu’un regard piteux lancé en espérant ne pas se faire prendre. Incertain; envie de tendre la main, de savoir qu’il ne parle pas à un mirage; envie d’avoir un dernier goût de sa chaleur avant de se laisser avaler par l’obscurité. « Merci pour le canapé. » Et il devrait regretter, ne pas le provoquer encore plus, mais y’a un vrai sourire quelque part, entre les remords et la fierté d’avoir su l’énerver; la reconnaissance de l’avoir vu se sacrifier pour lui; il ne devrait pas apprécier, mais il ne peut pas s’en empêcher.
La chaleur s’éloigne, le bruit sec de la porte qui se ferme au bout du couloir résonne à peine; et c’est la honte qui prend le relais, de son cou à ses oreilles à ses joues, cramoisies, brûlantes, qu’il ignore jusqu’à pouvoir les plonger dans la fraîcheur de l’oreiller de bambou (encore un truc de riche, ça).
Il étire enfin les jambes, à peine plus confortable que recroquevillé: le vrai problème, ce sont les jeans et le t-shirt un peu trop serré qu’il porte sous le pull emprunté. Le vrai problème c’est qu’il pourrait tout avoir, s’il prenait la peine de demander. Il aurait la chambre, un jogging, un hoodie fluide et doux pour dormir comme dans un nuage. De quoi le convaincre de revenir, encore et encore. De quoi ne plus savoir comment repartir.
La prochaine fois, il prendra un taxi.
La prochaine fois, il passera la nuit à danser avec les réguliers du bar, avec les inconnus qui ont joint la fête pour une soirée; et peut-être qu’il réussira à s’attirer les bonnes grâce de quelqu’un pour lui prêter un coin où passer la nuit sans avoir à débourser la moitié des pourboires de la soirée.
La prochaine fois, il ne restera pas sur les coussins froids à regarder le plafond et à se demander pourquoi.
Ses pensées l’emportent dans un tourbillon, s’entrechoquent et tournent, reviennent sur elles-mêmes, reviennent à l’oeil de la tempête; le sommeil lui échappe; le fuit, même. Et c’est à pas de loup qu’il retourne à la cuisine, nettoie les chaudrons, les replace dans les armoires avec une lenteur exagérée. La table, avec sa chandelle égarée, semble le narguer; il va s’y asseoir, contemple la cire qui a coulé, à peine, sur le chandelier épuré. La mèche éteinte. Le front se pose sur la table et Locke se retient de ne pas l’y frapper un coup ou deux, histoire de voir si ça lui remettra un iota de bon sens dans le corps. Il n’a pas besoin de ça; il sait quoi faire. Mais il tarde. Replace la chandelle, retire la goutte de cire qui s’y est accolée, retire le pull et le laisse soigneusement plié sur le comptoir, bien à la vue. Il en est à remettre ses chaussures lorsqu’une silhouette se détache des ombres. « Je t’ai réveillé ? » Avec un peu de chance, ce n’est pas le cas; il ne mentait pas quand il lui a fait remarquer ses traits tirés. « J’ai rangé… La veste glissée sur ses épaules, encore humide d’avoir traîné par terre; un frisson lui traverse l’échine, impossible à cacher. J’suis en état de conduire. Je devrais sûrement rentrer. » Marcher jusqu’au bar, monter le chauffage dans l’habitacle au mieux de ses capacités, aller ruminer ses regrets dans sa chambre pleine de courants d’air, jusqu’à devoir se préparer à sortir de nouveau. « J’espère que t’as pris congé. Tu devrais vraiment dormir. » Même pas une excuse, rien qu’un regard piteux lancé en espérant ne pas se faire prendre. Incertain; envie de tendre la main, de savoir qu’il ne parle pas à un mirage; envie d’avoir un dernier goût de sa chaleur avant de se laisser avaler par l’obscurité. « Merci pour le canapé. » Et il devrait regretter, ne pas le provoquer encore plus, mais y’a un vrai sourire quelque part, entre les remords et la fierté d’avoir su l’énerver; la reconnaissance de l’avoir vu se sacrifier pour lui; il ne devrait pas apprécier, mais il ne peut pas s’en empêcher.
fire in your eyes i can't ignore the afterimage familiar grief that i don't wanna see the fire in your eyes burns as bright as mine ☽ pieces of me they cast a different shadow |
# Mar 17 Sep - 15:54
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
tw | deuil 20 septembre
Endormi mais pas assez ; les pensées qui tourbillonnent, déformées par les rêves ; les formes difformes, les évènements de la journée mélangés au passé, à l’imagination, au subconscient ; le sommeil un peu, mais pas trop, si léger : tu es entre deux eaux ; prêt à bouger, à gémir tout bas, à chercher une nouvelle position. Réveillé, tes yeux grands ouverts sur l’obscurité, la mélancolie comme partenaire. Perdu dans les sensations de ton propre corps, ton myocarde qui bat lentement, ton souffle qui marque la mesure ; il te semble entendre du bruit, si léger, presque imaginé. Tu fermes les yeux parfois, puis tu finis par te lever.
Immobile dans l’encadrement du couloir, ombre dans la pénombre relative, tu observes la cuisine rangée, la couette pliée sur le canapé, les oreillers posés dessus, le pull déposé sur le plan de travail. Et lui, qui lace ses chaussures. Muet, tu observes la scène, incapable de retenir la tristesse qui t’envahit de nouveau. Tu te sens si stupide d’être touché à ce point, encore, par ces gestes qu’Hemlocke Baines a fait des dizaines de fois. Les détails observés de tes prunelles perçantes ; tu l’écoutes ; tu l’appréhendes, toujours aussi immobile.
« Pourquoi fais-tu tout cela, Hemlocke ? » demandes-tu d’une voix si calme, si douce. Aucun reproche dans la voix, dans le ton, si ce n’est une véritable question, une interrogation adressée, offerte à ses yeux : une nouvelle fois. Tu inspires un peu, la sensation qu’un courant d’air glacé te prend le corps entier. Chaque départ, de plus en plus dur ; chaque départ de plus en plus désagréable. « Il me semblait que nous avions été clairs, la précédente fois. » La conversation à laquelle tu fais allusion est vieille, vieille d’un an. Peut-être qu’il ne s’en souvient pas, mais toi, tu t’en souviens comme si c’était hier : cet aveu qu’il n’avait pas besoin de toi, et toi, tu n’avais pas besoin de lui. L’absence marquée, finalement balayée. Aujourd’hui, tu réalisais à quel point tu avais faux : tu avais besoin de lui, sans trop savoir pourquoi ; tu sais que cela dépasse le deuil de ton frère, ou peut-être t’es-tu simplement habitué à sa présence… Un mensonge : ce n’est pas juste cela. Et tu n’as pas tous les mots pour le décrire. « Je te l’ai déjà dit, et je te le redis : tu es le bienvenue ici. » Tu lèves la main en direction de l’escalier de l’autre côté de la cuisine, la direction qui mène à la dite chambre. « Une chambre t’attends. Quand tu en as envie. Ou de manière permanente si tu le souhaites. C’est ce que… » Mais tu te coupes, le cœur au bord des lèvres. Qu’est-ce que tu allais dire ? C’est ce qu’Haidan aurait voulu ? C’est ce que c’est d’être une famille ? T’en as un frisson dans le corps ; t’en ravales ta salive ; incapable de finir ta phrase. Tu balais l’émotion d’une légère inspiration : « Que tu n’en veuilles pas, je peux le concevoir… Que mon comportement des débuts soit le sujet, je le conçois. » La douceur qui se cristallise dans une douleur palpable. « Mais aujourd'hui ? Que tu continues à me faire sentir le malvenu chez moi, que tu me laisses la sensation que tu n’es pas le bienvenue malgré tout… ? » Tu fronces les sourcils, ton regard passant de la couverture au pull, si soigneusement pliés, sur ta cuisine immaculée. « … et partir au beau milieu de la nuit ? » Les expressions si vivantes sur ton visage et au fond de tes yeux. Bien sûr que tu allais t'inquiéter pour lui, cela ne serait pas une première !
Tu soupires sincèrement, de ce genre de soupir qui vient du cœur ; ta main glissant sur ton visage fatigué. « Ce numéro me fatigue. Je n’y crois plus une seule seconde. » Mais tu ne t'attends pas à un miracle de la vie, que soudainement cela change quoi que ce soit avec Hemlocke. Il vient, il reviendra ; sans doute fera-t-il l'effort de ne plus le faire pendant quelques semaines...
L’air désespéré, tu n’attends pas vraiment sa réponse pour t’avancer pour glisser tes pieds dans des chaussures, enfiler une veste. Parce que malgré ta fatigue, malgré l’heure avancée, jamais tu ne le laisserais rentrer à pied, seul, au beau milieu de la nuit.
Tu attrapes les clefs de ta BMW, les gestes un peu lents, les gestes qui traînent. Tu lui jettes un coup d’oeil, blasé, prêt à te diriger vers le garage. Tout dans son comportement ferme la discussion de si oui ou non tu allais grimper dans sa voiture ou pas ; peut-être était-ce les années de pratique à mener un service de médecine.
# Mar 17 Sep - 18:28
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
Comme un gamin à qui on ferait des remontrances: le sourire tremble avant de s’effondrer, laisse place à une neutralité qui dissimule mal son embarras. C’est que de cette simple question, lancée avec tant de désinvolture, Hwan vient mettre en évidence toute la connerie de Locke. Lui qui espérait un haussement d’épaules, un rejet agacé, ou même un autre duel aux piques acérées; il se retrouve face à une honnêteté désarmante, une déception difficile à avaler. La voix si claire à ses oreilles, épuisée, exaspérée; l’émotion à vif dans sa modulation, dans le souffle qui chasse à peine le silence. Il n’ose pas bouger, ose à peine respirer; ne parvient pas à détourner le regard de la silhouette qui se détache à peine, transpercée d’un faible rayon de lumière. L’horreur et le soulagement prennent de l’expansion dans sa poitrine; y creusent un vide abyssal. Il ne sait pas partir; il attend qu’on le chasse. Il attend, impatient et anxieux, que Hwan lui montre la porte. Qu’il décide de mettre fin à ce jeu brisé auquel Locke ne sait que revenir, encore et encore.
Il ne comprend pas, hébété, quand Hwan enfile ses chaussures et une veste, ne réagit enfin que lorsqu’il attrape les clés de la voiture. Il devrait accepter. Devrait le suivre jusqu’à la voiture sans rien dire, claquer la portière sans même dire au revoir. Peut-être que ça adoucira le départ, le refus; accepter son aide à défaut d’accepter son lit, la clé de la maison qu’il se refuse de jeter, mais ne peut se résoudre à utiliser. Il ouvre la bouche; un beau poisson hors de l’eau. Mais ce qui sort de sa bouche, traîtresse, ce n’est pas allons-y. C’est « attends », puis « non, Hwan. Non. » L’urgence qui le pousse à franchir les quelques pas entre eux, à se glisser entre Hwan et la porte. La main sur son sternum, la paume ouverte; l’obliger à s’arrêter, bloquer le chemin. « J’ai pas dit que t’avais l’air fatigué pour te faire chier. » Enfin, oui, mais pas que. « Tu devrais pas conduire. Tu vas t’endormir et crasher quelque part. » Dans le pire des cas. Et il voudrait bien se dire dramatique, mais ils savent très bien, tous les deux, que les accidents n’épargnent personne: pas même les médecins arrogants et captivants. Pas même les avocats brillants à l’avenir prometteur. Ça le tuerait de le perdre lui aussi; aussi compliquée soit leur relation. Il veut qu’il soit libre, putain, pas six pieds sous terre !
« Je sais pas comment partir. » L’aveu lui arrache la gorge; sa main retourne à ses côtés comme s’il s’était brûlé, les doigts formant un poing trop serré. Il ne sait pas comment expliquer; comment justifier. « Je sais pas comment te laisser vivre ta vie. » Chaque fois qu’il part et laisse une part de son coeur ici, entre la cuisine et le salon; chaque fois que son esprit revient au sourire sardonique; chaque fois que le regard s’attarde et que la culpabilité l’étouffe. « J’ai perdu un– il s’interrompt, inspire, et recommence: j’ai perdu un ami. Tu as perdu ton frère. » Locke fixe un point quelque part sur la veste de Hwan; quelque part sur la manche, là où il ne risque rien. Il est trop près pour regarder par-dessus son épaule, au risque de croiser les yeux si noirs; de se laisser prendre au piège. De tout déballer, mis à nu par le regard qui semble déjà tout deviner. Tout ce qu’il veut dire reste coincé dans sa poitrine, tiraillé entre le coeur et la raison. Une fois les mots envolés, ils ne pourront être rétractés; et pire encore que de le repousser volontairement serait de savoir que c’est lui, que les secrets qu’il porte sont trop difficiles à accepter. « J’attends toujours que tu refuses d’ouvrir la porte. Que tu changes les serrures. » Un bref coup d’oeil, les yeux levés vers le visage encore trop près. « J’espère que tu le fasses. » Même si ça le blesserait profondément; même s’il ne saurait pas s’en remettre. L’un des deux finira bien par y parvenir, et si ce n’est pas lui, qu’à cela ne tienne.
« Chaque fois que je te vois, je pense à lui. Et chaque fois que je pense à lui… » Terrifié que dans ses non-dits, Hwan entende la vérité. Toute la vérité, celle qu’il a juré de ne jamais dévoiler; celle qu’il se refuse toujours à trahir, des années plus tard. Ce secret qu’il tire encore comme un boulet, le plus inoffensif de tous et pourtant, le plus venimeux. « Je peux pas lâcher prise. »
Il ne comprend pas, hébété, quand Hwan enfile ses chaussures et une veste, ne réagit enfin que lorsqu’il attrape les clés de la voiture. Il devrait accepter. Devrait le suivre jusqu’à la voiture sans rien dire, claquer la portière sans même dire au revoir. Peut-être que ça adoucira le départ, le refus; accepter son aide à défaut d’accepter son lit, la clé de la maison qu’il se refuse de jeter, mais ne peut se résoudre à utiliser. Il ouvre la bouche; un beau poisson hors de l’eau. Mais ce qui sort de sa bouche, traîtresse, ce n’est pas allons-y. C’est « attends », puis « non, Hwan. Non. » L’urgence qui le pousse à franchir les quelques pas entre eux, à se glisser entre Hwan et la porte. La main sur son sternum, la paume ouverte; l’obliger à s’arrêter, bloquer le chemin. « J’ai pas dit que t’avais l’air fatigué pour te faire chier. » Enfin, oui, mais pas que. « Tu devrais pas conduire. Tu vas t’endormir et crasher quelque part. » Dans le pire des cas. Et il voudrait bien se dire dramatique, mais ils savent très bien, tous les deux, que les accidents n’épargnent personne: pas même les médecins arrogants et captivants. Pas même les avocats brillants à l’avenir prometteur. Ça le tuerait de le perdre lui aussi; aussi compliquée soit leur relation. Il veut qu’il soit libre, putain, pas six pieds sous terre !
« Je sais pas comment partir. » L’aveu lui arrache la gorge; sa main retourne à ses côtés comme s’il s’était brûlé, les doigts formant un poing trop serré. Il ne sait pas comment expliquer; comment justifier. « Je sais pas comment te laisser vivre ta vie. » Chaque fois qu’il part et laisse une part de son coeur ici, entre la cuisine et le salon; chaque fois que son esprit revient au sourire sardonique; chaque fois que le regard s’attarde et que la culpabilité l’étouffe. « J’ai perdu un– il s’interrompt, inspire, et recommence: j’ai perdu un ami. Tu as perdu ton frère. » Locke fixe un point quelque part sur la veste de Hwan; quelque part sur la manche, là où il ne risque rien. Il est trop près pour regarder par-dessus son épaule, au risque de croiser les yeux si noirs; de se laisser prendre au piège. De tout déballer, mis à nu par le regard qui semble déjà tout deviner. Tout ce qu’il veut dire reste coincé dans sa poitrine, tiraillé entre le coeur et la raison. Une fois les mots envolés, ils ne pourront être rétractés; et pire encore que de le repousser volontairement serait de savoir que c’est lui, que les secrets qu’il porte sont trop difficiles à accepter. « J’attends toujours que tu refuses d’ouvrir la porte. Que tu changes les serrures. » Un bref coup d’oeil, les yeux levés vers le visage encore trop près. « J’espère que tu le fasses. » Même si ça le blesserait profondément; même s’il ne saurait pas s’en remettre. L’un des deux finira bien par y parvenir, et si ce n’est pas lui, qu’à cela ne tienne.
« Chaque fois que je te vois, je pense à lui. Et chaque fois que je pense à lui… » Terrifié que dans ses non-dits, Hwan entende la vérité. Toute la vérité, celle qu’il a juré de ne jamais dévoiler; celle qu’il se refuse toujours à trahir, des années plus tard. Ce secret qu’il tire encore comme un boulet, le plus inoffensif de tous et pourtant, le plus venimeux. « Je peux pas lâcher prise. »
fire in your eyes i can't ignore the afterimage familiar grief that i don't wanna see the fire in your eyes burns as bright as mine ☽ pieces of me they cast a different shadow |
# Mar 17 Sep - 21:34
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
tw | deuil, relation toxique, vulgarité homophobie "ordinaire", violence verbale
20 septembre
« Attends, non, Hwan. » Figé dans ton mouvement, tu fermes les yeux quelques secondes. Le murmure exaspéré qui s’échappe de tes lèvres : « Quoi, encore ? » Ca t’épuise, tu ne comprends plus rien au script que tu suivais pourtant à la lettre au début : avancer, tenir, tenir pour toi, tenir pour tes parents, tenir pour lui. Tu as tout suivi à la lettre et pourtant tu as l’impression que tout prend l’eau, sans que tu ne puisses rien y faire ; tout hors de contrôle, hors de ton pouvoir.
Bientôt, il s’interpose, Hemlocke. Entre toi et la porte qui mène au garage ; et cette main qui n’a rien à faire contre toi. Tu serres tes doigts contre tes clefs de voiture, agacé. « J’ai pas dit que t’avais l’air fatigué pour te faire chier. » T’inspires l’air, t’essaies de calmer le désemparement qui s’insinue dans tes veines. Tu n’y crois pas un mot, ce petit con a toujours joué avec tes nerfs, même lorsque tu faisais mine d’y être insensible. « Tu devrais pas conduire. Tu vas t’endormir et crasher quelque part. » Cela te fige, la déglutition difficile. Le souvenir poignant de l’annonce de l’accident de ton frère. Le souffle glacial dans tes poumons, la mort qui rode contre ta peau. Tu sens tes épaules se crisper. C’est plus fort que toi : tu te souviens du linceul levé pour reconnaître ton frère, tu te souviens de ta mère qui a hurlé devant toi lorsque tu as simplement hoché la tête. « Commence pas. » Ca claque, comme un coup de fouet ; un coup de scalpel. Ce trajet ne te prendra tout au plus quelques minutes : beaucoup plus rapide en voiture qu’à pied, surtout par ce temps, surtout par cette heure. Surtout avec toutes les horreurs qui rôdent dehors. Tu détestes lorsqu’il te parle ainsi ; prêt à te materner (ce qu’il fait trop souvent) alors que tu es son aîné ; alors que tu as passé l’âge. Tu t’inquiètes pour son retour ; et il te retourne le sujet ; alors que tout serait beaucoup plus simple s’il restait tout simplement dormir au lieu de lutter contre des pensées qui t’échappent.
« Je sais pas comment partir. » Dans tes prunelles, sur ton visage ; il y a une ombre qui passe. La caresse d’une émotion vive, d’une tristesse blessée. Mais elle passe, elle glisse, s’envole. Tu te contentes de serrer les dents (un peu), de respirer (pas mal) et de prendre un peu de distance avec ça. Tu n’es pas prêt à l’entendre dire des choses pareilles. « Je sais pas comment te laisser vivre ta vie. » Parce que c’est évident : il y pense toujours, qu’il est de trop, malgré tes efforts pour lui faire comprendre que ce n’est pas le cas ; malgré tes efforts pour accepter les années volées ; malgré les heures passées à ses côtés pour l’écouter parler d’Haiden ; malgré les heures passées à accepter que ton frère avait le droit d’être amoureux d’un homme ; malgré les heures passées à lui faire une place ici, à trouver parmi ses défauts et ses paroles désagréables, ces si nombreuses qualités qu’il ne semble pas soupçonner. « Mais tu fais partie de ma vie, pour l’amour du ciel. » que tu murmures encore, blessé. Comment peut-il dire une chose pareille ? Comment peut-il penser une chose pareille ? Tu es blessé qu’il ne te demande pas ton avis ; blessé qu’il puisse renier des cinq dernières années et tout ce que vous avez pu traverser comme si ce n’était rien du tout. Avec ou sans Haiden. Toujours Haiden pour vous réunir, même au détour des pires disputes.
Tu t’écartes d’un pas, fuis son contact en détournant la tête. Tu n’es pas prêt pour la suite de cette discussion. Pourtant, celle que tu as initiée il y a un an, n’était qu’une mise en bouche. Tu le sais. Et ton erreur, c’est d’espérer que l’issue sera différente.
« J’ai perdu un-- j’ai perdu un ami. Tu as perdu ton frère. » Tu ne comprends toujours pas pourquoi il s’obstine à tenir un secret qui n’existe pas. Une relation taboue, une relation tue ; une relation que tes parents n’auraient jamais acceptée ; mais qui crevait les yeux. « J’attends toujours que tu refuses d’ouvrir la porte. Que tu changes les serrures. J’espère que tu le fasses. » Figé. Tu l’observes sans mesurer la portée de ses mots dans ton cœur. Non, tu as tout coupé ; comme lorsque tu es à l’hôpital. Tu compartimentes pour te protéger. Il ne souhaite que cela, que tu le repousses ; alors que cela fait si longtemps que tu lui laisses une place étrange dans ta vie ; que tu attends qu’il la prenne. Tu te sens soudainement ridicule, con. Tu savais qu’il n’en voulait pas. Tu le savais. Mais il y a un monde entre le deviner dans ses gestes et ses réactions ; et l’entendre te le dire. « Pourquoi je ferais une chose pareille. » que tu râles presque, désespéré. Tu aurais dû fermer ta grande gueule ; rien ne change. Non. Et tu auras beau être patient, gentil, lui tendre la main ; tu auras beau être un sacré connard, un fils de pute avec lui ; cela ne changera rien : Haidan est mort.
« Chaque fois que je te vois, je pense à lui. Et chaque fois que je pense à lui… Je peux pas lâcher prise. » Tu fais un léger signe négatif de la tête et tu essaies. Tu essaies avec tout l’amour que tu possèdes pour lui, pour ton frère, pour toute l’humanité entière, t’essaies de comprendre, d’entendre. D’être empathique envers lui. « Okay. Fine. Faisons-ça, si c’est ce dont tu as besoin. » Peu importe ce que cela veut dire pour toi. T’avales sa salive ; goût étrange de cendres dans la bouche.
Froid, mécanique, tu ouvres la porte et lui fais signe : « Avance. » Tu ne dis rien de plus alors qu’il passe devant toi. Dans l’escalier où la fraîcheur de la nuit vient déjà vous mordiller les doigts, la peau. Tu n’es pas assez couvert, un frisson te dévore l’échine ; dans cette sensation vive, tu sens tes poils s’hérisser. Dans les ombres, tu découvres les démons du deuil. Dans la pénombre, tu observes ce futur plausible. L’absence de cet abruti dans ta vie. Et cela tombe comme un éclair.
Cette fois-ci, le rictus de mépris tire tes traits : micro-expression qui dévore ton visage. Le sensation est plus forte que toi ; les compartiments explosent : tout se mélange. Tu n’as même pas pris la peine d’allumer la lumière du garage que tu sens un léger tremblement te prendre, que ta voix éclate : « T’es vraiment qu’un putain d’enfoiré. » Un grognement agressif. L’inspiration trop profonde. « Ca fait cinq ans, Hem. » Cinq ans qu’Haidan est mort, que tu te noies autant que lui. « Cinq ans que tu passes la moitié de ton temps libre ici. Cinq ans que tu me fais chier avec ce canapé. Que tu m’appelles à pas d’heure quand ça va pas. Cinq ans que je viens te récupérer parce que tu fais de la merde ! » Toujours là pour pallier les conneries, payer les amendes, le sortir de cellule de dégrisement, le récupérer au détour d’un bar ou d’une soirée. Toujours là. Toujours. « CINQ ANS NOM DE DIEU ! » finis-tu par hurler. Les poings serrés, les tremblements dans le corps, les mandibules crispées. Et puis, il y a cette soudainement sensation de s’étouffer, de crever, d’être incapable de respirer, le myocarde qui s’emballe. La crise d’anxiété qui lui saute à la gorge, toi qui pensait t’en être débarrassé après ta première année de deuil…. Mais les sensations sont similaires : tu vois le futur, tu vois la perte, l’absence ; tu vois un second deuil non-désiré. Ton corps se souvient, ton coeur se souvient ; et la détresse est présente au creux de ton coeur ; Tu fermes les yeux pour te calmer, regrettant ton coup de colère, ton impulsivité dangereuse. « Va-t-en, Hemlocke. Va-t-en. » un murmure, une supplique ; la voix si basse, l’éclat perdu. « Si toi et moi, tu le résumes simplement à Haidan, va-t-en. » Tu fermes les yeux, l’envie de vomir malgré le nœud invisible noué autour de ta gorge. « J’ai pas autant de temps et d’énergie à consacrer à quelqu’un qui n’est pas capable d’assumer être devenu mon meilleur ami… ou mon frère. » Acide. « Dégage. »
# Jeu 19 Sep - 2:24
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
tw: mentions de deuil, violence verbale/physique, santé mentale (panique)
Peut-être que cette fois sera la bonne. Que Hwan comprendra, qu’il brisera la chaîne qui les retient tous les deux; qu’il les libérera enfin de ces mailles lourdes qui entament la peau, qui creusent leurs marques sur leurs souvenirs, jusqu’à s’immiscer dans leurs rêves. Il y croit presque, Hemlocke; il a presque réussi à se convaincre qu’il n’y a pas d’autre solution, que ce désir brûlant qui dévore tout sur son passage sera enfin étouffé lorsqu’ils seront séparés. Que lorsqu’il ne pourra plus y revenir, de l’autre côté d’un verrou dont il n’a plus la clé, la culpabilité s’effacera, doucement; qu’elle ne sera plus qu’un lointain souvenir brumeux, emportant avec elle le poids de ces yeux qui ne le quittent jamais. Il y croit presque lorsque la porte s’ouvre et que Hwan le laisse passer en premier: il s’attend à entendre la porte claquer derrière lui, le verrou tourner. Un claquement sec et définitif, celui qui brisera tout espoir de revenir en arrière, qui lui coupera le souffle aussi sûrement que le priver d’oxygène. Parce que c’est bien ça, le problème; c’est qu’il ne peut pas respirer sans Hwan, ne sait plus comment être autrement qu’en sa présence; ne sait plus détacher la tristesse de son âme, et son âme de la sienne. Et le pire, c’est qu’il n’en a même pas conscience.
Mais ce qui claque aussi sûrement qu’un coup de tonnerre n’est pas la porte refermée avec vigueur. C’est la voix qui s’élève derrière lui, l’insulte en un coup de fouet; pas la pire qui lui a été destinée, même de la part de Hwan. C’est une énumération de toutes ses fautes, de l’expression d’un deuil étouffé, c’est l’accusation de plus, l’accusation de trop. « Tu dis ça comme si j’étais le seul, qu’il siffle, faisant volte-face. Descend de ton putain de piédestal, Hwan. » La colère s’empare de lui sans prévenir, glaciale. « Je SAIS. » Comme s’il n’avait pas compté les jours; rejoint les Akerman aux anniversaires, les premières années; comme s’il ne savait pas depuis combien de temps, exactement, il ne les a plus vus, parce qu’il n’y est plus à sa place. Parce que c’est une affaire de famille, et que Hwan a beau dire ce qu’il veut, les Akerman sont prêts à laisser Hemlocke partir. « C’est ce que j’allais– » Il s’interrompt d’un grognement de frustration, les mots puérils à peine retenus. Parce qu’il le connaît trop; parce qu’il reconnaît les signes; la voix entrecoupée, les souffles trop rapides qui commencent à se déclarer.
« Évidemment que c’est à-propos d’Haiden. La fureur est retenue, muselée; la tension toujours dans la voix, l’agression domptée. J’suis pas ton frère. Puis, doucement: Je peux pas le remplacer. » Et c’est la douleur qui l’étouffe, cette fois. De ce frère si compliqué, qui lui déchire le coeur d’un coup de dents; qui ramène, encore, Haiden sur le tapis. Hwan qui le détestait tellement, jusqu’à en venir aux coups; qui lui a mis toute la misère du monde sur les épaules, comme si tout était de sa faute; comme si Haiden n’avait pas de libre arbitre, qu’il n’avait jamais entraîné Hemlocke à sa suite. Frère. S’il savait à quel point ces cinq lettres lui font du mal; lui retournent l’estomac; lui donnent envie de lui foutre une claque; lui donnent envie de hurler, de fondre en larmes; de s'enfoncer six pieds sous terre pour de bon.
Il s’avance presque à l’aveugle, en traînant les pieds, quelques pas jusqu’à ce que sa main tendue joigne le tissus d’une veste, la chaleur du bout des doigts. « Respire. » En théorie, il lui faudrait peut-être faire preuve de douceur; mais tout ce que Locke arrive à faire, c’est de se retenir de lui balancer sa paume à la figure; parce que plus il y pense, plus ça lui semble une bonne idée pour parer la crise de panique qui est en train de se déclarer. « You’re such a shithead. Il peut pas s’empêcher de marmonner, le nez levé pour évaluer l’état de Hwan. C’est pas son premier rodéo. Évidemment que tu te tapes une crise après m’avoir balancé mes quatre vérités. Faut toujours que t’aies le dernier mot. » Les deux mains contre le visage, une inspiration pour se calmer; les doigts glissent dans les cheveux, ramènent tout vers l’arrière, et il regarde le plafond sans réellement le distinguer. « Inspire par le nez. Agacé. Deux, trois, quatre. Expire par la bouche. Deux, trois, quatre. » Il croise les bras. Le fait recommencer, une deuxième, puis une troisième fois. Et une fois stabilisé, ou à peu près, Hemlocke le contourne – largement – pour retourner à l’intérieur et revenir avec un verre d’eau glacée, qu’il lui fiche dans la main.
C’est un énième frisson qui le sort de sa contemplation, alors que la froideur de la nuit s’immisce dans le garage, le ciment glacé sous leurs pieds. « Tu veux vraiment que je reste ? » Et il se doute bien qu’en ce moment, tout de suite, Hwan a probablement envie de le foutre dehors d’un bon coup de pied au cul. Ce n'est pas de ça – pas juste de ça – qu'il parle. Mais si Hwan n'y croit plus; et si Hemlocke se donne enfin la chance d'y croire; alors peut-être qu’il serait temps d’arrêter de jouer. « Si je reste… Il n’arrive même pas à finir cette phrase. Il ne sait pas comment. Ce serait comme de donner vie à son pire cauchemar. On devrait rentrer. J’ai froid. Et j’avais pas fini de te crier dessus de toute façon. »
Peut-être que cette fois sera la bonne. Que Hwan comprendra, qu’il brisera la chaîne qui les retient tous les deux; qu’il les libérera enfin de ces mailles lourdes qui entament la peau, qui creusent leurs marques sur leurs souvenirs, jusqu’à s’immiscer dans leurs rêves. Il y croit presque, Hemlocke; il a presque réussi à se convaincre qu’il n’y a pas d’autre solution, que ce désir brûlant qui dévore tout sur son passage sera enfin étouffé lorsqu’ils seront séparés. Que lorsqu’il ne pourra plus y revenir, de l’autre côté d’un verrou dont il n’a plus la clé, la culpabilité s’effacera, doucement; qu’elle ne sera plus qu’un lointain souvenir brumeux, emportant avec elle le poids de ces yeux qui ne le quittent jamais. Il y croit presque lorsque la porte s’ouvre et que Hwan le laisse passer en premier: il s’attend à entendre la porte claquer derrière lui, le verrou tourner. Un claquement sec et définitif, celui qui brisera tout espoir de revenir en arrière, qui lui coupera le souffle aussi sûrement que le priver d’oxygène. Parce que c’est bien ça, le problème; c’est qu’il ne peut pas respirer sans Hwan, ne sait plus comment être autrement qu’en sa présence; ne sait plus détacher la tristesse de son âme, et son âme de la sienne. Et le pire, c’est qu’il n’en a même pas conscience.
Mais ce qui claque aussi sûrement qu’un coup de tonnerre n’est pas la porte refermée avec vigueur. C’est la voix qui s’élève derrière lui, l’insulte en un coup de fouet; pas la pire qui lui a été destinée, même de la part de Hwan. C’est une énumération de toutes ses fautes, de l’expression d’un deuil étouffé, c’est l’accusation de plus, l’accusation de trop. « Tu dis ça comme si j’étais le seul, qu’il siffle, faisant volte-face. Descend de ton putain de piédestal, Hwan. » La colère s’empare de lui sans prévenir, glaciale. « Je SAIS. » Comme s’il n’avait pas compté les jours; rejoint les Akerman aux anniversaires, les premières années; comme s’il ne savait pas depuis combien de temps, exactement, il ne les a plus vus, parce qu’il n’y est plus à sa place. Parce que c’est une affaire de famille, et que Hwan a beau dire ce qu’il veut, les Akerman sont prêts à laisser Hemlocke partir. « C’est ce que j’allais– » Il s’interrompt d’un grognement de frustration, les mots puérils à peine retenus. Parce qu’il le connaît trop; parce qu’il reconnaît les signes; la voix entrecoupée, les souffles trop rapides qui commencent à se déclarer.
« Évidemment que c’est à-propos d’Haiden. La fureur est retenue, muselée; la tension toujours dans la voix, l’agression domptée. J’suis pas ton frère. Puis, doucement: Je peux pas le remplacer. » Et c’est la douleur qui l’étouffe, cette fois. De ce frère si compliqué, qui lui déchire le coeur d’un coup de dents; qui ramène, encore, Haiden sur le tapis. Hwan qui le détestait tellement, jusqu’à en venir aux coups; qui lui a mis toute la misère du monde sur les épaules, comme si tout était de sa faute; comme si Haiden n’avait pas de libre arbitre, qu’il n’avait jamais entraîné Hemlocke à sa suite. Frère. S’il savait à quel point ces cinq lettres lui font du mal; lui retournent l’estomac; lui donnent envie de lui foutre une claque; lui donnent envie de hurler, de fondre en larmes; de s'enfoncer six pieds sous terre pour de bon.
Il s’avance presque à l’aveugle, en traînant les pieds, quelques pas jusqu’à ce que sa main tendue joigne le tissus d’une veste, la chaleur du bout des doigts. « Respire. » En théorie, il lui faudrait peut-être faire preuve de douceur; mais tout ce que Locke arrive à faire, c’est de se retenir de lui balancer sa paume à la figure; parce que plus il y pense, plus ça lui semble une bonne idée pour parer la crise de panique qui est en train de se déclarer. « You’re such a shithead. Il peut pas s’empêcher de marmonner, le nez levé pour évaluer l’état de Hwan. C’est pas son premier rodéo. Évidemment que tu te tapes une crise après m’avoir balancé mes quatre vérités. Faut toujours que t’aies le dernier mot. » Les deux mains contre le visage, une inspiration pour se calmer; les doigts glissent dans les cheveux, ramènent tout vers l’arrière, et il regarde le plafond sans réellement le distinguer. « Inspire par le nez. Agacé. Deux, trois, quatre. Expire par la bouche. Deux, trois, quatre. » Il croise les bras. Le fait recommencer, une deuxième, puis une troisième fois. Et une fois stabilisé, ou à peu près, Hemlocke le contourne – largement – pour retourner à l’intérieur et revenir avec un verre d’eau glacée, qu’il lui fiche dans la main.
C’est un énième frisson qui le sort de sa contemplation, alors que la froideur de la nuit s’immisce dans le garage, le ciment glacé sous leurs pieds. « Tu veux vraiment que je reste ? » Et il se doute bien qu’en ce moment, tout de suite, Hwan a probablement envie de le foutre dehors d’un bon coup de pied au cul. Ce n'est pas de ça – pas juste de ça – qu'il parle. Mais si Hwan n'y croit plus; et si Hemlocke se donne enfin la chance d'y croire; alors peut-être qu’il serait temps d’arrêter de jouer. « Si je reste… Il n’arrive même pas à finir cette phrase. Il ne sait pas comment. Ce serait comme de donner vie à son pire cauchemar. On devrait rentrer. J’ai froid. Et j’avais pas fini de te crier dessus de toute façon. »
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# Jeu 19 Sep - 17:34
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
tw | deuil, relation co-dépendante
20 septembre
« Tu dis ça comme si j’étais le seul. Descend de ton putain de piédestal, Hwan. » Tu ne protestes pas : tu sais très bien que tes fautes sont nombreuses. Et peut-être que trop souvent, tu ne t’excusais pas. Mais c’était là un défaut que vous partagiez tous les deux. Le piédestal… Il n’a jamais existé entre lui et toi ; tu n’as toujours été qu’un cafard grouillant à même le sol ; un homme de colère ; un homme de chagrin. Alors que vous vous connaissiez au fond si peu, il est aujourd’hui celui qui en connaît le plus de toi : toutes tes horreurs, toutes tes colères, tes états d’âmes, tes peurs. Aucune de tes craquelures ne pourrait échapper à ses yeux : il en sait beaucoup trop. Ta peine apaisée, la réalité acceptée ; tu avais l’espoir de pouvoir lui montrer un peu plus de joie, de bon, d’agréable… Foutue idée. Etais-tu en train d’essayer de le manipuler ? De lui donner envie de redevenir ? De lui faire sentir silencieuse ou par certains gestes que tu tenais à lui ? Foutue idée.
« Evidemment que c’est à propos d’Haiden. » Oui, sans doute que tu devrais simplement l'accepter ; comment pouvait-il deviner des choses que tu as trop peu explicitées ? « J’suis pas ton frère. » La douleur est vive dans ton cœur. Tu vois l’ombre du tsunami se construire : l’eau qui se retire et tu attends le fracas, la mort. Cela a le mérite d’être clair. Trop clair. Ça piétine ton cœur atrophié : tu le pensais mort depuis trop longtemps. Tu te trompais. Encore et encore. « Je peux pas le remplacer. » Tu fronces légèrement les sourcils, dépité. « C’est pas ce que je dis. » Comment pourrait-il remplacer Haiden ? Ce n’était pas ce que tu étais en train de signifier, pas le moins du monde. Et il ne semble pas vouloir prendre cette place que tu lui as donné malgré lui, malgré toi. Tu déglutis, piégé dans tes propres émotions. Et la douleur dans ta poitrine est de plus en plus vive : tu détestes être ainsi, être si faible… tu détestes encore plus avoir un public. Plus encore que cela soit Hemlocke. Pauvre loque que tu es : tu pensais avoir dépassé cela mais la vérité est déplaisante et toute autre.
C’est profondément épidermique : ce frisson qui te remonte des poignets jusqu’aux épaules, la crispation de tes muscles et de ta mâchoire, alors qu’il s’approche et serre ses doigts contre ta veste. L’ordre claque, désagréable ; tu aimerais pouvoir répliquer, mais tu es bientôt pris par ce nœud dans ta poitrine qui semble prêt à vouloir exploser. L’insulte d’Hemlocke ne tarde pas ; son désespoir aussi ; et malgré tout il t’aide. Sans doute parce que tu lui fais pitié, ou parce que tu es la seule chose qui le relie encore à Haiden. Alors, tu fermes les yeux, repoussant loin de toi cette sensation qui te frôle l’âme, cette envie si faible que de venir fondre dans ses bras. L’agacement dans sa voix, la honte dans ton souffle. Tu ne veux pas te résumer à cela, tu ne peux pas te résumer à cela, n’est-ce pas ?
Les gouttes de sang sont essuyées, le verre d’eau avalé. « Tu veux vraiment que je reste ? » Pas frère. Pas ami. Juste deux âmes en peine, incapable d’être autre chose que ces âmes qui baignent dans un marasme putride. Tu sens la fatigue te peser sur les épaules, la tristesse se nouer à ton âme. « Fais ce dont tu as besoin. » que tu finis par murmurer ; même si cela veut dire de ne jamais revenir, que tu dois changer les verrous, que tu dois cesser d’espérer l’impensable. Lui et toi, tu pensais que c’était plus qu’Haiden ; qu’il n’avait été que l’épicentre de votre rencontre. Tu pensais à tort. « Je m’en remettrais. » Chaque chose en son temps, cela a toujours été ton mantra.
Rentrer au chaud, le ramener en voiture, le laisser partir et ne jamais revenir.
Peu importe.
Peu importe.
Tu sais que tu finiras par revenir.
# Ven 20 Sep - 16:26
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
tw: relation toxique, vulgarité
Le ressentiment bouillonne, là juste sous la surface. Pas parce qu’il juge, pas parce qu’il croit Hwan faible, ou fragile – il est même désolé d’en avoir été la cause – mais parce que ça lui a coupé l’herbe sous le pied. L’a empêché de les précipiter dans une autre engueulade où les arguments finissent pas ne plus servir à rien; ils les ont hurlés mille fois, ces mots qui n’ont plus de sens, voix écorchées mécaniquement, le réconfort dans l’habitude. L’inquiétude et la colère, la honte et la tristesse; il ne sait plus quelle émotion commence où, laquelle prend le dessus et laquelle se terre sous les autres, horrifiée.
Mais, si près l’un de l’autre, il voit très bien ce qui gagne chez Hwan. La courbe fatiguée de ses épaules et celle, malheureuse, de sa bouche; le puits sans fond de ses yeux, qui semble avaler toute la lumière autour. Ils se connaissent trop pour ne pas se reconnaître; et ça jette aussi bien de l’huile que de l’eau sur le feu; il brûle plus fort, moins fort; la pression grimpe dans sa poitrine sans savoir si elle finira par exploser.
« Je l’ai déjà entendue, celle-là. Grincheux, de mauvaise foi peut-être. T’es plus en état de me conduire où que ce soit, de toute façon. Viens. » Il retient l’envie d’agripper Hwan par le poignet pour le tirer à sa suite; réinvestit la maison qu’il souhaitait tellement quitter, ignore ostensiblement les traces de son propre passage; de son propre désordre.
« J’vais appeler un taxi pour rentrer au bar. » Ça le fait chier de dépenser l’argent qu’il n’a pas pour un trajet de quelques minutes, et hors de prix de surcroît, mais c’est tout ce qu’il arrive à trouver pour lever le drapeau blanc. Un minimum, du moins. Parce qu’il n’avait pas menti, et que Hwan avait raison: il y a cinq ans de heurts entre eux, et ils n’arrivent plus à les balayer sous le tapis comme s’ils n’avaient jamais existé.
Les doigts pianotent sur l’écran fissuré, retrouvent le numéro de téléphone; il parle à voix basse, téléphone coincé entre la joue et l’épaule. La bouilloire remplie, posée sur la cuisinière, indécis; jusqu’à ce que l’opératrice lui annonce que le taxi sera là dans dix minutes. « Je suis tellement en colère contre toi, en ce moment. » Les mots énoncés trop clairement, mesurés, sans pouvoir camoufler le chagrin derrière. Adossé au comptoir, le regard sur une bague qu’il fait tourner autour de son doigt. « Tu m’as blessé. Souvent. Sa gorge se serre, et la suite est bien moins assurée que ce qu’il aurait voulu; il a dit en colère et pas triste, mais il faut croire que son coeur encore meurtri n’a pas saisi le message. Et tu fais comme si j’étais là que pour te causer des problèmes, alors que j’ai fait– j’ai fait tout ce que je pouvais pour te réconforter, pour t’aider. » Hemlocke s’arrête. Il ne veut pas pleurer; ne veut pas être ici, dans l’obscurité, à offrir la tendreté de sa nuque au coup d’épée fatal; mais a-t-il d’autre choix que de le faire, s’il veut mettre fin à ce manège infernal ? « On se tirait vers le bas. Et à chaque fois, je me disais que ça pouvait plus continuer. Mais j’arrivais pas à t’abandonner. J’y arrive toujours pas. » À chaque fois, partir devenait plus difficile que de rester; mais rester était de plus en plus douloureux. Dévastés l’un sans l’autre aussi bien que l’un avec l’autre.
Ici, dans la cuisine aux murs immaculés, Hemlocke se sent perdu; vidé, épuisé, vulnérable. Au bord des larmes; le barrage qui ne tient qu’à un fil, l’horreur grandissante de ce qu’il vient de révéler y presse, inexorablement. Il cherche une échappatoire; un secours qui ne vient pas. Ce foutu taxi qui le laisse en plan, au milieu de ce cauchemar; the only way out is through. « Il y a un putain de nœud à l'intérieur de ma poitrine et tu es au putain de centre ! Et t’es là à m’accuser d’en avoir rien à foutre ! FUCK. » Il se détache brusquement du comptoir, fébrile, fragile; l’instinct de fuir, d’échapper à tout ce que Hwan pourrait dire; de laisser l’orage passer sans y être emporté. Il ouvre la porte, le coeur dans la gorge, l’impression d’avoir le diable aux talons; pleurerait de soulagement à voir la voiture s’arrêter devant la demeure.
C’est dans le taxi que la digue lâche, que les larmes se mettent à rouler librement sur ses joues; la tête dans les mains, un océan au creux des paumes. Les billets froissés sont jetés vers le conducteur sans vraiment regarder, la portière de son camion ouverte et claquée avant de s’effondrer sur le siège, la clé tournée, le chauffage crinqué au plus haut alors que la radio grésille un morceau triste de musique classique. Un pas devant, deux pas derrière. Comme toujours. Retour à la maison lent et en silence, le piano rythmé par ses reniflements pathétiques. La chambre froide retrouvée avec soulagement et peine; le chat attrapé (à son plus grand déplaisir) et tenu contre son coeur, emmitouflé dans ses couvertures, jusqu’à ce qu’un sommeil entrecoupé de rêves étranges ne vienne le cueillir.
Le lendemain soir
Hemlocke a l’air con.
Bon, ça, c’est franchement pas nouveau. Mais il a l’air spécialement con, là, le visage rougi par le vent et l’embarras, à danser d’un pied à l’autre, à reculer puis avancer, revenu trois fois à la voiture garée une rue plus loin. La soirée doucement entamée, un rare soleil qui frise la ligne d’horizon; et à la main, une clé. Une toute petite clé, seule, rattachée à rien. Pas même un anneau, encore moins un porte-clé; et sûrement pas rangée parmi le trousseau malingre qui traîne constamment au fond de sa poche.
Il regarde son téléphone pour la millième fois; la dernière conversation avec Eryn lui retourne l’estomac. Il sait qu’elle a (sûrement) raison, il se le répète depuis des heures, relit son mot d’encouragement bardé de petits coeurs pastels et tente de trouver la force dont elle fait preuve. C’est pas la mer à boire. Juste un grand, grand lac; au moins l’eau n’est-elle pas salée. Mais si Hwan l’avait écouté, pour une fois ? Ce serait… terrible. Probablement justifié, mais terrible.
Il n’ose plus y aller. Ose encore moins qu’il y a quelques secondes, alors qu’il fixait la clé comme si elle allait soudainement lui mordre les doigts.
T’as changé les serrures ?
Pourquoi il a envoyé ça ? Pourquoi Hwan répondrait ? Et s’il ment, juste pour le décourager de revenir ?
Non.
Oh. OH. Oh non, c’est encore pire.
C’est encore pire, parce qu’il mettra la clé dans la serrure, tournera et…
Locke fait un pas vers l’avant. Insère la clé, tourne, sent le verrou glisser silencieusement. Comme dans un rêve; il se voit ouvrir la porte, entrer à l’intérieur, apercevoir Hwan juste là. « C’est moi… » Le peu de courage qu’il avait semble le quitter; et il s’y accroche, rien qu’une minute, à peine deux; il n’a pas fait tout ce chemin pour rien; n’a pas saisi la clé maudite pour rien; n’a pas découvert son flanc en offrande pour reculer maintenant. « Je pensais ce que j’ai dit. » Il s’adosse contre la porte, les mains derrière le dos pour s’empêcher de trembler, pour s’empêcher de tripoter ses manches, son téléphone, ses clés. « Je suis désolé d’être parti si vite. Je veux plus qu’on se fasse du mal. Je veux qu’on s’entraîne vers le haut. J’ai peur qu’on aie rien en commun, que sans… » Les mots manquent. « Je veux qu’on soit amis. » Il se laisse à peine respirer, rien qu’une inspiration pour parvenir à la fin de sa tirade; il avait tellement d’autres choses à dire, mais là, devant Hwan, il ne sait qu’aller à l’essentiel. « Je joue dans un bar de riche tout à l’heure et je me demandais si tu voulais m’accompagner. S’il-te-plaît. » Plus qu’à attendre la fin du monde.
Le ressentiment bouillonne, là juste sous la surface. Pas parce qu’il juge, pas parce qu’il croit Hwan faible, ou fragile – il est même désolé d’en avoir été la cause – mais parce que ça lui a coupé l’herbe sous le pied. L’a empêché de les précipiter dans une autre engueulade où les arguments finissent pas ne plus servir à rien; ils les ont hurlés mille fois, ces mots qui n’ont plus de sens, voix écorchées mécaniquement, le réconfort dans l’habitude. L’inquiétude et la colère, la honte et la tristesse; il ne sait plus quelle émotion commence où, laquelle prend le dessus et laquelle se terre sous les autres, horrifiée.
Mais, si près l’un de l’autre, il voit très bien ce qui gagne chez Hwan. La courbe fatiguée de ses épaules et celle, malheureuse, de sa bouche; le puits sans fond de ses yeux, qui semble avaler toute la lumière autour. Ils se connaissent trop pour ne pas se reconnaître; et ça jette aussi bien de l’huile que de l’eau sur le feu; il brûle plus fort, moins fort; la pression grimpe dans sa poitrine sans savoir si elle finira par exploser.
« Je l’ai déjà entendue, celle-là. Grincheux, de mauvaise foi peut-être. T’es plus en état de me conduire où que ce soit, de toute façon. Viens. » Il retient l’envie d’agripper Hwan par le poignet pour le tirer à sa suite; réinvestit la maison qu’il souhaitait tellement quitter, ignore ostensiblement les traces de son propre passage; de son propre désordre.
« J’vais appeler un taxi pour rentrer au bar. » Ça le fait chier de dépenser l’argent qu’il n’a pas pour un trajet de quelques minutes, et hors de prix de surcroît, mais c’est tout ce qu’il arrive à trouver pour lever le drapeau blanc. Un minimum, du moins. Parce qu’il n’avait pas menti, et que Hwan avait raison: il y a cinq ans de heurts entre eux, et ils n’arrivent plus à les balayer sous le tapis comme s’ils n’avaient jamais existé.
Les doigts pianotent sur l’écran fissuré, retrouvent le numéro de téléphone; il parle à voix basse, téléphone coincé entre la joue et l’épaule. La bouilloire remplie, posée sur la cuisinière, indécis; jusqu’à ce que l’opératrice lui annonce que le taxi sera là dans dix minutes. « Je suis tellement en colère contre toi, en ce moment. » Les mots énoncés trop clairement, mesurés, sans pouvoir camoufler le chagrin derrière. Adossé au comptoir, le regard sur une bague qu’il fait tourner autour de son doigt. « Tu m’as blessé. Souvent. Sa gorge se serre, et la suite est bien moins assurée que ce qu’il aurait voulu; il a dit en colère et pas triste, mais il faut croire que son coeur encore meurtri n’a pas saisi le message. Et tu fais comme si j’étais là que pour te causer des problèmes, alors que j’ai fait– j’ai fait tout ce que je pouvais pour te réconforter, pour t’aider. » Hemlocke s’arrête. Il ne veut pas pleurer; ne veut pas être ici, dans l’obscurité, à offrir la tendreté de sa nuque au coup d’épée fatal; mais a-t-il d’autre choix que de le faire, s’il veut mettre fin à ce manège infernal ? « On se tirait vers le bas. Et à chaque fois, je me disais que ça pouvait plus continuer. Mais j’arrivais pas à t’abandonner. J’y arrive toujours pas. » À chaque fois, partir devenait plus difficile que de rester; mais rester était de plus en plus douloureux. Dévastés l’un sans l’autre aussi bien que l’un avec l’autre.
Ici, dans la cuisine aux murs immaculés, Hemlocke se sent perdu; vidé, épuisé, vulnérable. Au bord des larmes; le barrage qui ne tient qu’à un fil, l’horreur grandissante de ce qu’il vient de révéler y presse, inexorablement. Il cherche une échappatoire; un secours qui ne vient pas. Ce foutu taxi qui le laisse en plan, au milieu de ce cauchemar; the only way out is through. « Il y a un putain de nœud à l'intérieur de ma poitrine et tu es au putain de centre ! Et t’es là à m’accuser d’en avoir rien à foutre ! FUCK. » Il se détache brusquement du comptoir, fébrile, fragile; l’instinct de fuir, d’échapper à tout ce que Hwan pourrait dire; de laisser l’orage passer sans y être emporté. Il ouvre la porte, le coeur dans la gorge, l’impression d’avoir le diable aux talons; pleurerait de soulagement à voir la voiture s’arrêter devant la demeure.
C’est dans le taxi que la digue lâche, que les larmes se mettent à rouler librement sur ses joues; la tête dans les mains, un océan au creux des paumes. Les billets froissés sont jetés vers le conducteur sans vraiment regarder, la portière de son camion ouverte et claquée avant de s’effondrer sur le siège, la clé tournée, le chauffage crinqué au plus haut alors que la radio grésille un morceau triste de musique classique. Un pas devant, deux pas derrière. Comme toujours. Retour à la maison lent et en silence, le piano rythmé par ses reniflements pathétiques. La chambre froide retrouvée avec soulagement et peine; le chat attrapé (à son plus grand déplaisir) et tenu contre son coeur, emmitouflé dans ses couvertures, jusqu’à ce qu’un sommeil entrecoupé de rêves étranges ne vienne le cueillir.
Le lendemain soir
Hemlocke a l’air con.
Bon, ça, c’est franchement pas nouveau. Mais il a l’air spécialement con, là, le visage rougi par le vent et l’embarras, à danser d’un pied à l’autre, à reculer puis avancer, revenu trois fois à la voiture garée une rue plus loin. La soirée doucement entamée, un rare soleil qui frise la ligne d’horizon; et à la main, une clé. Une toute petite clé, seule, rattachée à rien. Pas même un anneau, encore moins un porte-clé; et sûrement pas rangée parmi le trousseau malingre qui traîne constamment au fond de sa poche.
Il regarde son téléphone pour la millième fois; la dernière conversation avec Eryn lui retourne l’estomac. Il sait qu’elle a (sûrement) raison, il se le répète depuis des heures, relit son mot d’encouragement bardé de petits coeurs pastels et tente de trouver la force dont elle fait preuve. C’est pas la mer à boire. Juste un grand, grand lac; au moins l’eau n’est-elle pas salée. Mais si Hwan l’avait écouté, pour une fois ? Ce serait… terrible. Probablement justifié, mais terrible.
Il n’ose plus y aller. Ose encore moins qu’il y a quelques secondes, alors qu’il fixait la clé comme si elle allait soudainement lui mordre les doigts.
T’as changé les serrures ?
Pourquoi il a envoyé ça ? Pourquoi Hwan répondrait ? Et s’il ment, juste pour le décourager de revenir ?
Non.
Oh. OH. Oh non, c’est encore pire.
C’est encore pire, parce qu’il mettra la clé dans la serrure, tournera et…
Locke fait un pas vers l’avant. Insère la clé, tourne, sent le verrou glisser silencieusement. Comme dans un rêve; il se voit ouvrir la porte, entrer à l’intérieur, apercevoir Hwan juste là. « C’est moi… » Le peu de courage qu’il avait semble le quitter; et il s’y accroche, rien qu’une minute, à peine deux; il n’a pas fait tout ce chemin pour rien; n’a pas saisi la clé maudite pour rien; n’a pas découvert son flanc en offrande pour reculer maintenant. « Je pensais ce que j’ai dit. » Il s’adosse contre la porte, les mains derrière le dos pour s’empêcher de trembler, pour s’empêcher de tripoter ses manches, son téléphone, ses clés. « Je suis désolé d’être parti si vite. Je veux plus qu’on se fasse du mal. Je veux qu’on s’entraîne vers le haut. J’ai peur qu’on aie rien en commun, que sans… » Les mots manquent. « Je veux qu’on soit amis. » Il se laisse à peine respirer, rien qu’une inspiration pour parvenir à la fin de sa tirade; il avait tellement d’autres choses à dire, mais là, devant Hwan, il ne sait qu’aller à l’essentiel. « Je joue dans un bar de riche tout à l’heure et je me demandais si tu voulais m’accompagner. S’il-te-plaît. » Plus qu’à attendre la fin du monde.
(c) vocivus
fire in your eyes i can't ignore the afterimage familiar grief that i don't wanna see the fire in your eyes burns as bright as mine ☽ pieces of me they cast a different shadow |
# Dim 22 Sep - 13:59
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
tw | deuil, relation co-dépendante
21 septembre
« Je l’ai déjà entendue, celle-là. » qu’il crache. Pourquoi est-ce que t’en ressens de la culpabilité ? Pourquoi est-ce que le fait que tu veuilles qu’il fasse le mieux pour lui est accueilli de cette manière ? Parfois, tu as juste la sensation que vous désirez tout et son contraire. Tu aspires à réussir à trouver un minimum d’équilibre, de quitter la toxicité de cette relation… Les années sont passées, l’absence d’Haiden est moins présente, les sujets de vos disputes ont évolués… Suffisamment attaché à lui pour lui souhaiter le meilleur, vouloir le meilleur. Tu es capable de comprendre que tu ne l’es pas, que tu es un poids. Tu n’aimes pas cette sensation d’être puni pour essayer ; comme si tu devais avoir honte de ça.
« J’vais appeler un taxi pour rentrer au bar. » Léger hochement de tête. Aucune force pour te battre une nouvelle fois avec lui ; l’amertume dans la bouche d’avoir une nouvelle fois perdu patience et pied face à lui, à cause de lui. Une honte, une infamie. Mais les excuses restes bloquées dans ta gorge. Tu attends toujours la fois de trop, le mot de trop qui le fera disparaître et jamais revenir.
« Je suis tellement en colère contre toi, en ce moment. » En colère. Mais pas dégoûté. Pas brisé. Pas trahi. Tu ravales ta salive et l’observe faire, muet. « Tu m’as blessé. Souvent. » Tu sais tout ça ; tu étais là, tu l’as vécu toi aussi. Tu l’as écorché autant qu’il a pu le faire. Les tords sont partagés, tu sais que tu n’es pas blanc comme neige : jamais. Seulement, tu apprécierais qu’il aspire aux mêmes choses : à mieux, à pouvoir se parler ouvertement, calmement, à tenter de s’améliorer. Tu t’en penses capable. Mais chacune de tes tentatives tombent dans l’eau. Peut-être devrais-tu demander conseil à Annabeth pour t’exprimer correctement sur ce sujet. Demander de l’aide pour si peu t’agace profondément. Tu ne pensais avoir autant de mal à te faire comprendre. « Et tu fais comme si j’étais là que pour te causer des problèmes… » Etait-ce vraiment ce que tu faisais ? Cela te serre le coeur ; incapable de respirer. Ce n’est pas la sensation que tu as envie de lui laisser, ni même ce à quoi tu aspires. Tu pensais l’avoir exprimé plusieurs fois, tu pensais avoir été clair. Cela te donne envie de vomir qu’il résume tout à cela. Tu pensais faire suffisamment d’efforts pour que cela soit visible. Palpable. Pour que cela devienne suffisamment réel pour lui.
« On se tirait vers le bas. (...) J’y arrive toujours pas. » Figé, un énième frisson d’horreur sur la chair. Tu as froid, tu te sens crever de l’intérieur. Tu pensais que tout ceci était dépassé, de l’histoire entière. Un chapitre affreux achevé. De nouvelles pages à écrire. Était-il à ce point sourd et aveugle à tes mains tendues ? Etais-tu à ce point incapable de lui faire ressentir autre chose ? Incapable de faire autre chose que le tirer vers le bas ? Tu sais. Tu sais tout ça. Mais tu pensais que tu avais réussi à changer, à t’améliorer, à lui pardonner toutes les horreurs que tu lui reprochais : tout et n’importe quoi ; coupable de la perte de ton frère.
« Il y a un putain de noeud à l’intérieur de ma poitrine et tu es au putain de centre ! Et t’es là à m’accuser d’en avoir rien à foutre ! » Avant, c’est Haiden qui était au centre de tout. Tu frémis encore, face aux éclats de voix, face à l’expression d’Hemlocke, face à ta propre culpabilité. Pauvre con que tu es.
La porte claque et tu as la sensation de sentir ton cœur dans ta gorge. L’envie de gerber. L’envie de juste fermer les yeux. L’envie de tout éteindre, plus rien ressentir. Trop. C’est beaucoup trop. Tu n’as jamais aspiré à tant d’émotions, tant de péripéties. Une expiration douloureuse et tu attrappes ton téléphone. C’est presque par automatisme que tu envoies un virement bancaire sur le compte d’Hemlocke pour rembourser le taxi, aller-retour, peut-être même un repas. C’est trop. C’est toujours trop. Mais si tu n’es pas capable à lui offrir la sécurité émotionnelle dont il a besoin ; tu refuses de le foutre dans la merde financièrement à cause de tout ça.
(...)
Malgré la musique agréable qui flotte dans la maison, malgré ta tenue décontractée, malgré ce bon vin dans ton verre et ce repas de prince que tu es en train de te préparer ; tu es tendu. Tes muscles sont tendus, ta mâchoire serrée. Toute la nuit et la journée à avancer avec ton cœur serré, pétrifié dans ta poitrine. La peur dans le ventre en voyant le prénom d’Hemlocke sur ton téléphone. Tu ne comprends plus rien. Tout ceci te dépasse depuis trop longtemps. Tu aimerais juste être capable de plus, capable de comprendre quoi faire, de voir ce que tu pourrais faire pour décanter la situation une fois pour toute.
Le bruit de la porte qui se fait entendre : un bond dans le coeur, les doigts serrés sur le couteau de cuisine. Figé en voyant Hemlocke passer l’encadrement de cette porte qu’il n’a jamais ouvert avec cette clef que tu lui as donné y a si longtemps. Mais qu’est-ce qui se passe encore ?
« Je pensais ce que j’ai dit. » Tu t’en doutes bien. Silencieux, tu laisses ton regard passer sur lui, sans le couper dans son élan. Un léger sourire aux lèvres en entendant ses paroles ; inconscient de ce poids qui s’évapore lentement à chacun de ses mots. « Je partage les mêmes envies que toi, Hemlocke. » que tu réponds si calmement. Tu le laisses pourtant finir, un léger hochement de tête alors que tu essuies tes mains avant de t’approcher de lui, en déglutissant difficilement. « Je te considère déjà comme un ami. » Un ami bien trop important, qui a bien trop de pouvoir sur toi et tes humeurs. Un ami co-dépendant, avec ses bons et ses mauvais côtés. Tu expires avant de le prendre dans tes bras, sans trop crier gare. Mais tu n’as pas vraiment du mal (pour ta part) avec ce genre d’égard. Tu sais que ce n’est pas le cas d’Hemlocke. Alors, malgré la plénitude qui t’envahis le coeur, tu n’abuses pas de ce contact que le pianiste fuit si facilement. « Elle est sympa ta chemise. » que tu remarques en t’éloignant déjà, inconscient que cette chemise a été subtilisée dans tes propres affaires il y a bien longtemps. « As-tu déjà dîné ? »
Alors que tu repars derrière les fourneaux ; presque amusé par la formulation d’Hemlocke. « Un bar de riche, mh. Lequel ? » cela t’amuses assez. Et la proposition te touche plus que tu ne voudrais bien l’admettre. Cela fait longtemps que tu n’as pas eu le plaisir de l’entendre jouer, de l’observer jouer. Un plaisir égoïste : tu adores le voir concentré sur le morceau, de le voir parfois le vivre. Fasciné par cette technicité qui te dépasse, tu n’as jamais osé lui demander de t’apprendre ; un rêve de gosse. Mais à la place, t’as eu des cours d’équitation et de cricket, de finances et de droit, gamin. « Avec plaisir, oui. Tu dois y être pour quelle heure ? » que tu demandes en jetant un coup d’oeil à ta montre.
# Jeu 26 Sep - 19:41
Hemlocke Baines
aucune suspicion
saisons : 32 ans
occupation : piano-man, musicien de bar et barman occasionnel
myocarde : queer, out and proud, évite le contact physique comme la peste et se contente de jeter des regards énamourés aux sujets de ses désirs
miroir :
faciès & artiste : phil dunster, soeurdelune / missatomicbomb / séléné, vocivus, northlane
victimes : 191
the doors i'm locking
Comment se fait-il qu’il soit aussi dévasté par un oui que par un non ? Que cette fin du monde crainte, ce refus attendu, presque espéré, ne vienne pas; que le calme et la douceur de Hwan soient un tout autre cataclysme, tout aussi dévastateur ? Les repères fuient, s’évanouissent dans les abysses de ce oui, de ces mots qu’il réalise n’avoir jamais prononcés; jamais entendus en retour. Que sous les actions se cachait toujours la peur des mensonges; qu’il avait besoin de l’entendre le dire pour y croire vraiment.
L’étreinte trop courte lui laisse une impression d’inachevé; l’envie de se faufiler de nouveau dans ses bras, de cacher son visage au creux de son cou; en pardon, en réconfort, de ce bonheur d’être enfin revenu à la maison. Hwan sait qu’il n’aime pas qu’on le touche, d’ordinaire. Ce qu’il ne sait pas, c’est le pourquoi; que ce n’est pas parce qu’il abhorre tout contact, que c’est parce qu’il se cache. Il veut dissimuler le besoin criant de proximité qui le ronge depuis trop longtemps; le rythme de son coeur énamouré qui tente de rejoindre le sien, prisonnier entre ses côtes. « C’est un cadeau. » Un cadeau qu’il s’est offert à lui-même, directement de la garde-robe luxueuse du médecin. Un cadeau qu’il traite avec tous les égards pour ne pas l’endommager; c’est le seul vêtement dispendieux qu’il possède, et n’a pas vraiment les moyens de la remplacer. « J’dois être à l’entre-deux idéal: assez pauvre pour mériter du pourboire, mais assez aisé pour qu’ils me recalent pas à l’entrée. » Et, vraiment, quoi de mieux que cette chemise voluptueuse, juste assez usée par les années ?
Locke hésite quelques secondes à l’entrée, fait “non” de la tête avant de retirer ses chaussures et de suivre Hwan à la cuisine. Il se place à ses côtés, les mouvements familiers, des années à travailler à l’unisson, à se contourner et s’éviter pour ne pas se nuire. « J’sais pas… C’est le genre de "high-end" bullshit qu’a probablement même pas de nom. Mais ils sont généreux sur les pourboires. Les yeux quittent un instant le couteau et son rythme régulier pour se poser sur Hwan, moqueurs: C’est ton genre d’endroit, j’suis sûr que ça va te plaire. »
Et si la raison lui crie que c’est trop simple, trop facile, le coeur y reste sourd.
《 On ne peut pas prendre la aston martin.
Le débat dure depuis plusieurs minutes, déjà: chacun avec ses clés, chacun l’air buté de celui qui n’a pas l’intention de céder un pouce de terrain.
J’suis censé être un artiste maudit, j’peux pas avoir un sugar daddy, Hwan ! 》
L’ambiance feutrée est bien loin des bars de village qu’il a l’habitude de divertir. À chaque fois, le presque silence le surprend; les verres clinquants, les conversations à mi-voix ne le brisent qu’à peine. Le piano prendra toute la place, dans un coin de la pièce, sur une estrade à peine relevée. Il s’y installe, demande une table assez près de lui pour Hwan; même si ça lui donne le trac; il serait un bien mauvais hôte de le laisser se débrouiller, seul à l’autre bout de la salle. Mais voilà, il ne peut pas s’empêcher de jeter des regards timides par-dessus le piano, à se demander par quoi commencer. Quelques notes, une mélodie pour s’échauffer, pour tester les notes; et le voilà parti, alors que la salle se tait, devient muette pour écouter le premier morceau. Et puis, peu à peu, la vie revient, les yeux se détournent, l’attention retournent aux conversations entamées avant que Locke commence à jouer. Les applaudissements épars soulignent la fin de la première pièce; et alors qu’il tourne la page vers le prochain morceau prévu, il décide plutôt de se précipiter vers la fin, vers une pièce qu’il a jouée encore et encore chez lui, jusqu’à en être écoeuré. Une chanson pour lui, une chanson entendue d’une voix douce, accompagnant la radio. Une chanson qu’il n’a plus jouée depuis des mois, depuis sa dernière fuite.
D’instinct, il cherche Hwan. Trouve le visage en jeu d’ombre et de lumière, les doigts fin encerclant son verre. Beau comme un ange, comme un démon; obscurité avalant toute la lumière. Il voudrait pouvoir ne jamais en détacher le regard; voir son expression alors qu’il joue les premières notes; alors qu’il lui demande pardon à sa façon, la mélodie plutôt que les mots; je prête attention, je te vois, je t’aime, je suis désolé.
L’étreinte trop courte lui laisse une impression d’inachevé; l’envie de se faufiler de nouveau dans ses bras, de cacher son visage au creux de son cou; en pardon, en réconfort, de ce bonheur d’être enfin revenu à la maison. Hwan sait qu’il n’aime pas qu’on le touche, d’ordinaire. Ce qu’il ne sait pas, c’est le pourquoi; que ce n’est pas parce qu’il abhorre tout contact, que c’est parce qu’il se cache. Il veut dissimuler le besoin criant de proximité qui le ronge depuis trop longtemps; le rythme de son coeur énamouré qui tente de rejoindre le sien, prisonnier entre ses côtes. « C’est un cadeau. » Un cadeau qu’il s’est offert à lui-même, directement de la garde-robe luxueuse du médecin. Un cadeau qu’il traite avec tous les égards pour ne pas l’endommager; c’est le seul vêtement dispendieux qu’il possède, et n’a pas vraiment les moyens de la remplacer. « J’dois être à l’entre-deux idéal: assez pauvre pour mériter du pourboire, mais assez aisé pour qu’ils me recalent pas à l’entrée. » Et, vraiment, quoi de mieux que cette chemise voluptueuse, juste assez usée par les années ?
Locke hésite quelques secondes à l’entrée, fait “non” de la tête avant de retirer ses chaussures et de suivre Hwan à la cuisine. Il se place à ses côtés, les mouvements familiers, des années à travailler à l’unisson, à se contourner et s’éviter pour ne pas se nuire. « J’sais pas… C’est le genre de "high-end" bullshit qu’a probablement même pas de nom. Mais ils sont généreux sur les pourboires. Les yeux quittent un instant le couteau et son rythme régulier pour se poser sur Hwan, moqueurs: C’est ton genre d’endroit, j’suis sûr que ça va te plaire. »
Et si la raison lui crie que c’est trop simple, trop facile, le coeur y reste sourd.
《 On ne peut pas prendre la aston martin.
Le débat dure depuis plusieurs minutes, déjà: chacun avec ses clés, chacun l’air buté de celui qui n’a pas l’intention de céder un pouce de terrain.
J’suis censé être un artiste maudit, j’peux pas avoir un sugar daddy, Hwan ! 》
L’ambiance feutrée est bien loin des bars de village qu’il a l’habitude de divertir. À chaque fois, le presque silence le surprend; les verres clinquants, les conversations à mi-voix ne le brisent qu’à peine. Le piano prendra toute la place, dans un coin de la pièce, sur une estrade à peine relevée. Il s’y installe, demande une table assez près de lui pour Hwan; même si ça lui donne le trac; il serait un bien mauvais hôte de le laisser se débrouiller, seul à l’autre bout de la salle. Mais voilà, il ne peut pas s’empêcher de jeter des regards timides par-dessus le piano, à se demander par quoi commencer. Quelques notes, une mélodie pour s’échauffer, pour tester les notes; et le voilà parti, alors que la salle se tait, devient muette pour écouter le premier morceau. Et puis, peu à peu, la vie revient, les yeux se détournent, l’attention retournent aux conversations entamées avant que Locke commence à jouer. Les applaudissements épars soulignent la fin de la première pièce; et alors qu’il tourne la page vers le prochain morceau prévu, il décide plutôt de se précipiter vers la fin, vers une pièce qu’il a jouée encore et encore chez lui, jusqu’à en être écoeuré. Une chanson pour lui, une chanson entendue d’une voix douce, accompagnant la radio. Une chanson qu’il n’a plus jouée depuis des mois, depuis sa dernière fuite.
D’instinct, il cherche Hwan. Trouve le visage en jeu d’ombre et de lumière, les doigts fin encerclant son verre. Beau comme un ange, comme un démon; obscurité avalant toute la lumière. Il voudrait pouvoir ne jamais en détacher le regard; voir son expression alors qu’il joue les premières notes; alors qu’il lui demande pardon à sa façon, la mélodie plutôt que les mots; je prête attention, je te vois, je t’aime, je suis désolé.
fire in your eyes i can't ignore the afterimage familiar grief that i don't wanna see the fire in your eyes burns as bright as mine ☽ pieces of me they cast a different shadow |
# Sam 28 Sep - 19:33
Hwan Akerman
aucune suspicion
saisons : ((42 ans)) chaque nouvelle année comme un défi, chaque souffle pour ravir ta vie. certaines étapes plus compliquées que d’autres, tu touches des doigts les rêves d’excellence.
occupation : ((anesthésiste-réanimateur)) la pression comme seconde peau, de si nombreuses vies entre tes doigts, la précision et le perfectionnisme. chaque détail pouvant être fatal, réactif serein qui se découvre au fil des opérations. tu ne joues pas, tu es dieu dans les blocs opératoires.
myocarde : ((divorcé)) mariage trop tôt, trop rapide. on a qu’une seule vie, qu’on dit. tu étais amoureux et tu pensais pouvoir faire ta vie avec elle. trop investi mais pas avec elle ; trop présent mais pas avec elle. le divorce a été décidé d’un commun accord, ton égo abîmé par cette défaite, l’amour apaisé depuis trop longtemps.
miroir :
faciès & artiste : gong yoo (by-nukaven)
victimes : 75
tw | homophobie ordinaire
21 septembre
« C’est un cadeau. » Tu jettes seulement un coup d'œil vers le dit cadeau. Un ami, penses-tu. Un ami, fort probablement. La curiosité soudainement déplacée : serais-tu au courant si c’était bel et bien le cas ? Si Hemlocke fréquentait quelqu’un ? Lui qui prend si grand soin de dissimuler la véritable nature des liens qui l'unissaient à ton frère. Et cela te convient parfaitement : tu ne tiens pas particulièrement à parler de ce côté-ci de la vie de ton frère ; un sujet si tabou dans ta famille ; un sujet de nombreuses disputes. Tu espères seulement que si ami il a, qu’il le traite bien, qu’il le traite mieux, bien mieux que tu sembles être incapable de faire. « J’dois être à l’entre-deux idéal : assez pauvre pour mériter du pourboire, mais assez aisé pour qu’ils me recalent pas à l’entrée. » La formulation t’amuses assez. « Avec ces chaussures, aucun risque. » dis-tu, l’ironie dans la bouche, mais tellement cru de vérité. Tu n’es pas réputé pour mentir, encore moins pour prendre quatre chemins ; tu es en fracture avec la culture de tes géniteurs, que tu n’as jamais connu si ce n’est au travers de tes recherches.
« C’est ton genre d’endroit, j’suis sûr que ca va te plaire. » Tu échappes un léger rire, reposant ton regard sur lui alors que tu t’attaques à la cuisson. « Je ne sais pas comment le prendre. » Venant de lui, venant de cette manière. L’idée néanmoins séduisante qu’il puisse fréquenter le même genre d’endroit que toi. L’envie silencieuse qu’il puisse apprendre à les apprécier. Partager des choses avec lui, comme cette préparation culinaire ; comme ce repas où tu n’es pas assis seul.
(...)
« Un artiste maudit ? » que tu soulignes en levant les yeux au ciel, dans un soupir trop fort, ta manière de râler. Tu abandonnes les clefs de l’Aston, même si tu sais que tu auras toujours plaisir à conduire l’allemande ; enclencher le mode sport juste pour le plaisir de tes oreilles ; ton plaisir aussi de l’entendre râler à son tour. Tu récupères les clefs entre ses doigts, et minaudes : « Et ca serait quoi le soucis d’avoir un sugar daddy ? » que tu plaisantes, en lui jetant un coup d’oeil, taquin. « Être convoité par quelqu’un attirera davantage d’attention sur toi, tu sais ? » Léger haussement d’épaules.
(...)
Tu t’es permis un bon verre de vin dans leur suggestion ; avant de t’installer à une place de choix pour observer le pianiste à l’oeuvre. Les bras croisées, le dos sur le dossier de ta chaise. Ton attention parfois perdu ailleurs : sur les lieux, le décor, les personnes, les lumières, l’ambiance et les mouvements. Mais ton regard finit toujours par revenir sur lui. Tes lèvres s’étirant dans un sourire parfois lorsqu’il cherche du soutien silencieusement. Tu papillonnes presque jusqu'au second morceau. Tu reconnais les premières notes immédiatement. Surpris, joyeux ; tes lippes se drapent d’un sourire. Et tu es incapable de le lâcher des yeux. Si tu faisais un effort inconscient pour ne pas le faire jusqu’à présent ; tu en es incapable présentement. Tu déposes tes bras sur la table, concentré sur lui ; le sourire si tendre, même lorsqu’il t’observe aussi. Inconscient de ce qui se joue au travers des notes, mais agréablement surpris que tu ai appris ce morceau ; bien heureux d’assister à cela.
La soirée dure, les morceaux s’enchaînent. Un ou deux autres verres aussi. Tu quittes parfois ta table ; pour le bar ; discute avec quelques femmes, quelques hommes, la barmaid. Mais ton regard retombe toujours sur Hemlocke, le frisson sur le derme parfois à certains morceaux, sensible à la beauté du piano. Tu t’éclipses quelques longues minutes à l’extérieur du bar pour un coup de fil du travail, négociant à demi-mots pour ne pas avoir à t’abandonner ici et aller à l’hôpital.
(...)
L’artiste a terminé, sans doute remplacé par un autre. Tu viens le retrouver tout naturellement à son retour. Le compliment te reste coincé dans la gorge (étonnement). « Tu veux boire quelque chose ? … Rentrer ? » Evidemment que tu es volontaire pour le ramener chez lui, chez toi ; pour continuer la soirée ici et ailleurs. Ton coeur tellement plus léger que de le savoir avoir décidé de ne pas tirer un trait sur votre relation ; de cette énième chance qu’il te donne, si peureux de la ruiner encore et de tout briser définitivement. Alors, tu ne veux être que le positif.