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shroom trip (sigrid)

2 participants
Norbert Vaast
légère suspicion

Norbert Vaast

saisons : 42 ans
occupation : conseiller en recherche d'emploi
myocarde : célibataire, divorcé. retrouvez-le sur meetic.
miroir : shroom trip (sigrid) RCm15RR6_o
faciès & artiste : robert pattinson (sung-jinwoo)
victimes : 308


Shroom trip

❝ ❞

Norbert avait passé la soirée un bloc-note à la main, à essayer de noter les informations qui lui étaient données. Il avait écrit, entre les ratures:
10 girolles
2 cèpes
10 lactaires
10 champignons de paris
1 échalote
1 gousse d'ail
10 châtaignes
1 fenouil

Des étapes de préparation, il n'avait eu que la moitié, et probablement mal notées, parce qu'on l'avait distrait entre temps avec un jeu concours et qu'il écrivait trop lentement pour suivre le rythme de la télé de toute façon.
Il avait toujours détesté les champignons, mais il avait toujours aimé masterchef, et son amour des émissions télé surpassait apparemment sa haine culinaire. Alors il avait noté tant bien que mal ce dont il avait besoin, bien déterminé à sauver l'ennui de son lundi midi à venir avec un plat audacieux, si non bon. Un plat qui laisserait une impression, qu'elle soit bonne ou mauvaise, à la fois à ses papilles et aux narines de ses collègues.
Sauf qu'avant lundi, on est dimanche. Et le dimanche, tout est fermé.

Norbert avait soupiré devant les portes automatiques du supermarché qui refusaient de s'ouvrir, comme si le parking vide n'avait pas été un indice suffisant. Il aurait pu rentrer et faire de la purée, mais c'était admettre un échec auquel il ne s'était pas préparé pour une fois, et il n'en avait pas envie.
A la place, il était remonté dans sa voiture, et avait tourné en rond jusqu'à trouver le chemin de la forêt la plus proche où partir en quête de champignons à cuisiner.
Il n'avait pas pensé à chercher de photos des champignons en question, mais il partait d'un constat simple: comme il n'en aimait à priori aucun, ça changerait probablement pas grand chose. Une fois garé en lisière de la forêt, il n'avait plus assez de réseau pour chercher quoi que ce soit de toute façon. Il trouverait celui qui lui évoque le plus le mot girolle ou cèpe, prierait pour qu'aucun animal ne soit venu pisser dessus, et ça serait probablement le champignon qu'il lui faut. L'élu, en soit. De toute façon, la cuisine c'est comme tous les Arts, des fois, ça se fait au feeling. Faut avoir confiance en soi, qu'ils avaient dit à la télé. Alors Norbert avait confiance; il sortait de la voiture, la verrouillait, et s'enfonçait entre les arbres.
Il fallait une dizaine de minutes avant qu'il ne se baisse pour en ramasser un dont l'apparence lui inspirait quelque chose (bon ou mauvais, pas sûr), en bordure d'un chemin de terre. Il le sentait d'un air hésitant. Il avait un gros chapeau marron, et des petits points blanc partout dessus. Pour autant qu'il sache, c'était pas juste un champignon: c'était Le Champignon, celui qu'on s'imaginait en pensant au mot en lui-même. Rien que pour ça, c'en était un qu'il lui fallait probablement.
Norbert galérait un moment à sortir un sac de courses de la poche de sa veste. Un de ceux qu'on peut replier sur eux-mêmes pour les ranger, sauf qu'il y arrivait jamais, s'énervait pour tout faire rentrer dans la petite pochette en tissus, et finissait par faire des nœuds improbables avec. Il avait deux ennemis dans la vie: les heures sup et les trucs qui se replient sur eux-mêmes.
Il reposait son champignon le temps de démêler le sac, avant de l'ouvrir dramatiquement, comme on aurait fait un sac poubelle, et d'y enfouir les quelques champignons qu'il avait trouvé là.
Le gros chapeau, les petits points blanc, ça lui évoquait le nom girolle, alors il décidait de se faire confiance et de ramasser ceux autour des arbres alentours qui ressemblaient à ceux déjà dans son sac.


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✶ death awaits ✶
When you're dead there will be no grave to remember your name, For your greed brings your end and there's no one but yourself to blame.

Sigrid Grahn
aucune suspicion

Sigrid Grahn

saisons : 32 années, déjà.
occupation : restauratrice d’oeuvre au Rotunda Museum
myocarde : queer, célibataire et avec un cœur à prendre
miroir : La plus belle :sparkles:
faciès & artiste : emma stone (chioexe) - signature: ikvgai, amekajies, awonaa
victimes : 115


cueillir des champis

CW : Mort et Emetophobie

Septembre.

Urban Legend était de ce type de poney qui avait le pied sûr, et ça se sentait sous chacun de ses pas. Il avançait sans se soucier du terrain escarpé, toujours certain du chemin le plus pratique. Sigrid ne montait que rarement les rênes tendues et le laissait faire, confortablement assise dans la selle de cuir qui accompagnait d’un léger craquèlement régulier, les pérégrinations des deux comparses. Il n’était pas toujours attentif à sa cavalière - Sigrid l’avait empêché de passer dans un trou de souris quelques minutes avant - mais elle lui faisait suffisamment confiance dans les sous-bois. Elle profitait de la brise sur sa peau, du soleil qui réchauffait imperceptiblement son épiderme. L’air était saturé de cette bonne odeur de chlorophylle et de terre fraîchement retournée, si caractéristique des sols forestiers.

Pour la jeune femme, les dimanches étaient toujours un moment particulier et étaient bien souvent réservés à son poney dale et elle. Elle avait la volonté de profiter de ses moments en forêt avant que la météo britannique ne rende les sous-bois et les chemins impraticables. Dans quelques semaines, ils devraient se contenter de balades plus courtes, sur des chemins banalisés, autant profiter de l’aventure maintenant.

Mais la jeune femme savait les dangers des sous-bois. Les équidés étaient des animaux de proie et un rien pouvait les terrifier. Elle restait à l’affût de prédateur ou de sangliers. C’est que fuir les lieux n’était pas le plus aisé, elle allait se manger une branche en pleine tête si Urby paniquait.

Et c’était bien le moment de penser à cela, tient. Urban avait relevé la tête et s’était arrêté soudainement. Un bruit de sac plastique l’avait arrêté dans son élan. Et s’il y avait bel et bien un prédateur connu des équidés, c’étaient forcément les sacs plastiques. Sigrid s’était levée de ses étriers pour observer d’où venait le bruit et semblait provenir… D’un grand homme brun ? Penché sur le sol ?

Elle grattouilla l’encolure de son compagnon, hésitante alors à mettre un pied, ne sachant pas ce que l’étrange personnage comptait faire. Il avait l’air absorbé par sa tâche et à cette distance, elle avait bien du mal à savoir ce qu’il en était.

Le trentenaire - Ou quarantenaire, difficile à dire - s’était relevé, fier comme un paon, un champignon à la main. Et d’ordinaire, Sigrid n’était pas sûre de vouloir faire confiance à un homme seul, dans une forêt… Mais il avait ce qui semblait être une amanite dans les mains.

Ce qui n’était pas l’idée du siècle s’il comptait la manger.

Elle mit pied à terre avec souplesse, passa les rênes par-dessus la tête du poney qui semblait toujours dubitatif de l’étranger et s’avança suffisamment vers l’homme en restant à une distance respectable. Elle racla sa gorge pour attirer son attention - il semblait perdu dans la contemplation du champignon - même si les craquements de branches auraient déjà dû le prévenir de sa présence. « Excusez-moi… Je suis vraiment navrée de vous déranger, mais… » Elle pointa du doigt le sac de l’énergumène. « Vous comptez manger le champignon que vous avez ramassé ?  … » Pour sûr, elle ne comptait pas lui voler son sac, mais elle connaissait les effets de ce genre de champignon. Au mieux, il passerait une soirée en totale paranoïa, au pire, il allait passer une soirée en totale paranoïa, puis à vomir ses tripes jusqu’à la mort. « Je crois que vous avez ramassé une amanite. »

Et pour faire bonne mesure, elle ajouta. « ‘Fin, si vous la mangez, au mieux vous passerez une soirée délabrée sur vos toilettes, mais au pire… » Elle porta sa main à sa gorge et mima une grimace.

Le voilà prévenu. Au pire, s’il tentait de l’attaquer avec son sac, elle se jetterait sur Urban et ils fuiraient le fou du bus à toute vitesse. Au mieux, elle venait de faire sa bonne action de la journée.  


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Screaming birds sound an awful lot like singing.

Norbert Vaast
légère suspicion

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saisons : 42 ans
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Shroom trip

❝ ❞

La même curiosité morbide qui le faisait ralentir au bord de la route quand un accident avait lieu lui donnait envie de croquer le champignon. Une partie de lui commençait à se dire que plus il saurait l'étendue de l'horreur qu'il allait cuisiner tôt, plus il aurait de temps pour se préparer psychologiquement à tout ça.
Notons qu'aucune partie de lui-même ne se décidait à abandonner l'opération et juste partir manger des haricots vert et de la saucisse.

« Excusez-moi… Je suis vraiment navrée de vous déranger, mais… Vous comptez manger le champignon que vous avez ramassé ?  … »
Le bruit fit sursauter Norbert, qui manqua de laisser s'échapper un des champignons.
Il se retournait vivement, lui-même surpris de ne pas avoir entendu arriver ni la jeune femme ni le cheval. Clairement, les champignons éveillaient en lui un débat de première importance.
Il fronçait les sourcils en se repassant ce que la jeune femme lui disait, bien que son regard restait fixé sur le cheval. Norbert n'avait jamais aimé les chevaux. Ils lui faisaient penser à ces statues gigantesques, prévues pour qu'on ne les voit que d'un point de vue, tout en bas, et qui ont du coup des proportions très étranges quand observées en face. Il ne ferait jamais confiance à un cheval - il préférait encore les champignons.
« Je crois que vous avez ramassé une amanite. ‘Fin, si vous la mangez, au mieux vous passerez une soirée délabrée sur vos toilettes, mais au pire… » Le mime de la cavalière était au mieux mauvais, mais il comprenait l'idée.
Pour la première fois, Norbert détachait son attention du cheval pour la reporter sur la jeune femme. Jeune, plutôt jolie, et clairement inconsciente pour faire confiance à un animal pareil. En clair: le genre de personne dont les livres de conte de fée de son enfance lui avaient appris à se méfier. Norbert serrait son sac de courses devenu sac à cueillette contre lui.
« Une amanite? Je pense que vous vous trompez, c'est clairement une girolle. » Il appuyait le mot, comme si ça allait lui donner du poids et de la légitimité, et se redressait même pour afficher la même confiance que ses mots. « Une amanite, ça a clairement un nom à être... rouge, enfin. » Il disait ça d'un ton désinvolte, comme si c'était une évidence et qu'il n'avait pas dû réfléchir avant de terminer sa phrase. Par acquis de conscience, il jetait quand même un regard à ses champignons, juste au cas où. Clairement des girolles.
Ou peut-être bien des amanites.
Les deux mots se repassaient dans sa tête jusqu'à ce qu'aucun des deux ne veuille plus rien dire. Norbert n'était pas très doué avec les mots, il le réalisait maintenant. Pas beaucoup plus qu'avec la cueillette, en tout cas.
Son regard faisait des aller-retours entre les champignons qu'il avait ramassés et la jeune femme, occasionnellement le cheval (au cas où), pendant qu'il réfléchissait à la chose. Ses épaules s'affaissaient un peu au fur et à mesure de sa réflexion. Il ne se souvenait clairement plus assez bien de l'émission de la veille pour être sûr - et puis marron, beige, rouge... c'était tout la même merde, de toute façon, c'est pas comme si il pourrait les différencier pour sûr. Il avait pensé à à quel point sa préparation avait capacité à être horrible, mais assez peu au fait qu'elle pourrait être mortelle. L'idée devenait clairement moins drôle, maintenant qu'on la lui mettait sous le nez. Aujourd'hui encore, il aurait mieux fait de rester à la maison.
Il écartait un peu le sac de son torse, presque prêt à en renverser le contenu parterre sur le champ selon ce qu'allait lui répondre la jeune femme. « Mais juste au cas où, si, admettons, je sais pas, c'est peut-être un rouge très délavé après tout (je juge pas moi aussi y a des jours où je suis un peu blafard vous savez), ou bien je suis peut-être daltonien après tout, on parle de quel ratio de chances entre la soirée wc et la descente d'organes? Juste au cas où. » Si ses chances étaient grandes, il pouvait bien tenter quelque chose (pour la science, c'est important), mais il n'était pas têtu au point de tenter la mort non plus. Pas aujourd'hui, en tout cas.


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✶ death awaits ✶
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Sigrid Grahn
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Sigrid Grahn

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cueillir des champis


Oh non. C’était réellement le fou du bus.

Le regard hagard, il regardait le duo de comparse comme s’il était une victime d’hallucination, au point où Sigrid avait déjà peur qu’il se soit tapé un croc dans un champignon - ce qui n’aurait pas été une surprise, au vu du personnage. Elle était prête à dégainer son téléphone pour contacter le service des urgences - ou la police, dépendant de la situation.

« Une amanite? Je pense que vous vous trompez, c'est clairement une girolle. Une amanite, ça a clairement un nom à être... rouge, enfin. » Sigrid regarda à nouveau le champignon qu’il tenait dans la main, remontant son regard sur son visage fier. Dubitative, dumbfounded, elle plissa les yeux un instant. Soit elle avait à faire à un Parisien citadin pure souche qui n’avait vu que des girolles au supermarché en lamelles, soit elle avait à faire à un cinglé. Vu la désillusion, elle penchait plutôt sur la deuxième option. « Je crois vraiment pas que ce soit une girolle. Vous en avez déjà vu en vrai ? … » Peut-être que raisonner avec un fou était une mauvaise idée. Elle aurait déjà dû fuir. Il y avait toujours une chance qu’il l’attaque avec son sac.

Elle serra un peu les rênes dans sa main, son poney toujours un peu perturbé par le sac en plastique de l’inconnu.

« Mais juste au cas où, si, admettons, je sais pas, c'est peut-être un rouge très délavé après tout (je juge pas moi aussi y a des jours où je suis un peu blafard vous savez), ou bien je suis peut-être daltonien après tout, on parle de quel ratio de chances entre la soirée wc et la descente d'organes? Juste au cas où. »

Ils en étaient réellement rendu là ? Est-ce que Sigrid allait être la témoin d’un suicide ? Un dimanche matin ? Dans la forêt ? Elle allait vraiment passer un super moment à expliquer à la police que le fou du bus voulait vraiment manger des amanites en pensant manger des girolles. « En ratio, je sais pas. Mais pour avoir connu des cueilleurs, vous savez, ils préfèrent vraiment éviter tous les types d’amanites. Vous ne devriez vraiment pas essayer. »

Elle allait devoir être un peu plus insistante pour qu’il arrête de penser à bouffer des champignons interdits. « Puis bon, toutes les amanites ne sont pas rouges, non plus. » Si elle pouvait éviter d’avoir un mort sur la conscience d’ici ce soir, c’était le moment. « Et puis en plus, les girolles, ça fait la taille d’un gros pouce et ça ressemble à une trompette orangée, si jamais. »

Peut-être, elle aurait dû commencer par là.  


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Norbert Vaast
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Shroom trip

❝ ❞

« Je crois vraiment pas que ce soit une girolle. Vous en avez déjà vu en vrai ? » Norbert la fixait d'un regard vide. Quelle question idiote! Il n'avait jamais vu d'éléphant, d'aurore boréale ni de demandeur d'emploi motivé dans son bureau, et pourtant il avait une bonne idée de ce à quoi ça devait ressembler.
Il la voyait se rapprocher du cheval qui, maintenant qu'il prenait le temps de l'observer dans son entièreté, ressemblait probablement autant à un gros chien qu'à un étalon. « En ratio, je sais pas. Mais pour avoir connu des cueilleurs, vous savez, ils préfèrent vraiment éviter tous les types d’amanites. Vous ne devriez vraiment pas essayer. » Il réfléchissait un moment à sa réponse, pesant le pour et le contre, ce qu'il valait mieux entre sauver sa peau et passer pour un con après avoir été si sûr, ou prendre des risques et être un homme certain de ses convictions, quitte à avoir tord. Qui connaissait vraiment des cueilleurs, de toute façon? Il y avait bien une chance sur deux qu'elle soit aussi peu informée que lui sur le sujet et se foute seulement de sa gueule.
Au final, Norbert soupirait, de la manière théâtrale dont l'aurait fait un adolescent sûr de lui face à un adulte qui tentait de l'arrêter de faire quelque chose d'idiot.
« Vous savez, madame, il est un vieil adage qui dit que la chance sourit aux audacieux. Nos prédécesseurs auraient-ils fait les découvertes scientifiques qui font aujourd'hui avancer notre monde, notre humanité, sans quelques avant-gardistes prêts à s'opposer à l'avis d'une masse ignare? »
En vérité, Norbert aurait été prêt à vider son sac là et repartir bredouille manger des pâtes si la jeune femme lui tournait le dos, mais elle semblait garder son attention bien fixée sur lui. Il avait fait son choix, et préférait encore passer pour un homme aux certitudes douteuses qu'un naïf.
Dans le pire des cas, et juste au cas où, il pourrait toujours emmener le plat qu'il préparerait à ce voisin qui s'entêtait à garer son horrible SUV à moitié dans l'allée de sa maison à lui. Il lui tenait à cœur d'être un voisin bon et généreux, et quoi de mieux alors que de le régaler d'un bon plat maison? L'idée était particulièrement séduisante quand il savait qu'aujourd'hui encore, il devrait aller sonner chez lui et attendre qu'il daigne bouger avant de pouvoir se garer comme il faut.
« Puis bon, toutes les amanites ne sont pas rouges, non plus. Et puis en plus, les girolles, ça fait la taille d’un gros pouce et ça ressemble à une trompette orangée, si jamais » Elle le sortait à nouveau de ses pensées, et il la regardait, surpris, la bouche légèrement entrouverte. Bien sûr que de tous les habitants du coin, il avait fallu qu'il tombe sur la dingue des champignons. Ne sachant quoi répondre sur le coup, il ouvrait le sac à nouveau pour l'examiner. Norbert tendait le pouce à côté des champignons, plissait les yeux un moment, des fois que ça aide.
Le plat serait définitivement pour le voisin.
« Ceci dit, il se reprenait en refermant le sac et le passant à son poignet comme si ne pas en voir le contenu suffisait à l'oublier, je peux bien me résigner, s'il n'y a que ça pour apaiser votre esprit inquiet. » Ne pas passer pour un idiot était bien plus aisé quand il était entre les quatre murs de son bureau à essayer de convaincre Pierre, Paul et Jacques qu'un sourire ne suffirait pas à leur retrouver un emploi stable. Il était définitivement plus à l'aise en ville qu'ici, et tâcherait de s'en rappeler la prochaine fois.
Quand il reprenait la parole, son sourire l'accompagnait, ainsi que son attitude toujours aussi théâtrale. « Eh bien! N'est-ce pas ma chance d'être tombé sur quelqu'un de si cultivé en matière de champignons que vous! » Il ignorait jusque là que c'était même un domaine dans lequel on pouvait, ou voudrait, être cultivé. Il avait beau être un homme seul en forêt ramassant potentiellement des champignons-poison, il était presque sûr qu'elle était la plus étrange des deux. Le cheval format échantillon, c'était déjà beaucoup, mais elle était en plus experte en champignons, et connaissait des cueilleurs? C'était beaucoup pour une seule femme. « Dites-moi donc, à qui dois-je mon sauvetage? Je m'en voudrais de ne pas pouvoir vous remercier comme il se doit. » Il ne lui tendait pas la main comme il l'aurait fait d'habitude, se contentait d'accompagner sa question d'un sourire commercial.

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✶ death awaits ✶
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Sigrid Grahn
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cueillir des champis


Ce n’était pas rare pour Sigrid de regretter d'être sociable. Combien de fois avait-elle regretté d'avoir répondu à l’affirmative à une soirée ? Combien de fois avait-elle dû se secouer les puces pour rejoindre des amis alors qu’elle voulait juste rester chez elle ? Elle ne comptait plus. Mais regretter d'aider quelqu’un, c’était presque une première. La prochaine fois qu’elle croiserait une silhouette de cueilleur de champignon anonyme, elle l’éviterait soigneusement. Le mal de crâne n’en valait pas le coup.

Elle en rirait sûrement dans quelque temps : de ce taré dans la forêt qui se pensait au-dessus de l’évolution. Sigrid avait l’impression qu’il l’écoutait à moitié - comme tous les hommes cis avaient tendance à faire - et qu’il avait un comportement self-destructeur - un comportement d’adolescent ? Elle avait déjà eu sa part des deux types de personnes qu’il représentait. Ces gens qui se croyaient au-dessus des lois de la physique et du bon sens la dépassait. N’avait-il donc aucun instinct de survie ?

Son équidé commençait à tirer sur les rênes, tendant le bout du nez pour choper des brindilles d’herbe et de la mousse. Elle le laissa faire, suffisamment distraite par l’homme qui se tenait devant elle.

« Vous savez, madame, il est un vieil adage qui dit que la chance sourit aux audacieux. Nos prédécesseurs auraient-ils fait les découvertes scientifiques qui font aujourd'hui avancer notre monde, notre humanité, sans quelques avant-gardistes prêts à s'opposer à l'avis d'une masse ignare? »

C’était tout bonnement impossible d’être aussi déconnecté de la réalité qu’il ne l’était. Pourtant, elle était claire : des personnes expérimentées ne s’y frottaient même pas et lui, il lui parlait de faire avancer l’humanité. « Mais … Des gens ont probablement payé d leur vie en mangeant ce type de champignons avant nous ? … Je ? » Elle était pantoise, ce n’était pas possible. Était-ce un prank ?

Elle reprit dans la foulée. « Excusez-moi, mais est ce que vous êtes une sorte… D’influenceur ? Vous faites des pranks et les mettait sur Internet après ? » Le fil Instagram de Sigrid était un mystère de variété et elle se souvenait de ces vidéos qui se voulaient drôles au dépens des autres. Ça devait en être. Ce type de contenu n’était clairement pas son favori et la rouquine avait tendance à les skip pour éviter de nourrir son algorithme… Ironique si elle se retrouvait dans l’une de ses vidéos.

Elle s’était mise à regarder autour d’eux, observant s'il n’avait pas caché une ou deux caméras dans les buissons autour d’eux. Elle l’observa assez longuement, essayant de détecter une lentille de téléphone dans sa direction sur sa personne. Elle n’arrivait pas à croire que ce n’était pas une blague de sa part.

« Ceci dit,_ je peux bien me résigner, s'il n'y a que ça pour apaiser votre esprit inquiet. »

« I mean … Personne n’aime voir une mort sur la conscience. » Elle était à présent convaincue d’avoir à faire à une blague.  

« Eh bien! N'est-ce pas ma chance d'être tombé sur quelqu'un de si cultivé en matière de champignons que vous! Dites-moi donc, à qui dois-je mon sauvetage? Je m'en voudrais de ne pas pouvoir vous remercier comme il se doit.»

Il ne semblait pas réellement enclin à vider son sac … Mais elle espérait qu’il y réfléchirait à deux fois. Ou au moins juste une fois. Elle dissimula une légère grimace. « Oui, de la chance… » Sûrement, son destin était un petit diablotin. Elle ne doutait pas que tout arrivait pour une raison et que s’il avait jugé bon de le mettre sur son chemin, c’est qu’il y avait une raison. Mais pour être honnête, elle se serait passée de ce genre de rencontre.

Et en plus de ça, il la regardait avec un sourire qui la terrifiait au plus haut point. Ce même sourire de RH qui venait annoncer le bilan annuel et qui allait prendre un malin plaisir à jouer avec les mots pour annoncer toutes les choses à améliorer dans sa façon de faire. Le sourire du mauvais moment à passer. « Oh, vous savez… J’aime juste en manger de temps en temps. Ne me remerciez pas, c’est vraiment la moindre des choses. » Elle ne comptait pas insulter ses talents culinaires, mais s’il voulait faire un plat à base de champignons sans savoir les identifier… C’était suffisamment parlant.

« Oh et vous pouvez m’appeler Victoria. Vous êtes ? » Un prénom qui n’était pas le sien, prononcer sans sourciller, usée et désabusée du nombre de fois où elle avait déjà dû le faire au courant de sa courte existence. Ce n’était pas la première, ni la dernière fois qu’elle donnerait un prénom factice à un garçon un peu trop entreprenant ou qui forçait bien trop pour avoir son contact.

L’homme qu’elle avait en face d’elle était bien trop étrange pour qu’elle lui adresse sa confiance.   


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Shroom trip

❝ ❞

Plus le temps passait et plus la femme qui s'était imposé (rappellons-le) à Norbert lui semblait étrange.
Lui, déjà, n'était pas de ceux qui croyaient la première chose qui se passait, bêtement. Beaucoup étaient probablement morts après avoir mangé des pâtes bolognaise, et aucun lien n'avait pourtant été établi entre les prouesses culinaires italiennes et la chute démographique du pays. Elle faisait preuve d'une étroitesse d'esprit qui le laissait perplexe, et d'autant plus quand elle se mettait à observer les alentours comme le vieux parano qui vivait en bas de sa rue (il aurait peut-être quelques champignons pour lui aussi, histoire qu'il ait au moins une vraie raison d'être aux aguets).
« Excusez-moi, mais est-ce que vous êtes une sorte... d'influenceur? Vous faites des pranks et les mettez sur internet après? » Norbert pensait au blog de pêche et à la chaîne tiktok que Sayanel et lui avaient parlé d'ouvrir au milieu d'une nuit et après quelques boissons. Il n'était pas sûr que ces projets hautement artistiques soient ce à quoi elle tentait de faire référence. Lui qui se croyait à la pointe des modes sur les réseaux aurait quelques recherches de plus à faire en rentrant. « Sans vouloir vous manquer de respect (l'idée ne me viendrait jamais à l'esprit), qu'est-ce qui vous fait penser que je voudrais mettre quelconque partie de... ça, il montrait le chien-cheval du bout du doigt, avant de faire une signe général pour englober l'ensemble de la scène autour d'eux, pas assez méchant pour la pointer elle directement, sur quelconque réseau? Je ne suis pas sûr de vous suivre - un homme ne peut-il pas seulement tenter de faire avancer l'humanité à son échelle? » Presque vexé des regards qu'elle lui adressait, comme si elle s'adressait à un fou avec lequel on ne peut argumenter, il ajoutait: « Tous les génies de ce monde ont un jour été pris pour des idiots, vous savez. »
En toute honnêteté, une partie de lui comprenait parfaitement pourquoi elle avait les réactions qu'elle avait - mais la vérité était qu'il était bien plus drôle de jouer le jeu et d'ajouter à la chose, voir jusqu'où il pouvait aller. Pris par le bon angle, ce qu'il disait n'était même pas si scandaleux. Si on plissait les yeux (les oreilles?), il pourrait même commencer à faire sens.

« Oh, vous savez... J'aime juste en manger de temps en temps. Ne me remerciez pas, c'est vraiment la moindre des choses. » Il grimaçait un peu à l'idée que quelqu'un puisse sincèrement aimer... ça (mentalement, il gesticulait encore vaguement entre elle, la forêt, l'animal, les champignons). « Oh et vous pouvez m'appeler Victoria. Vous êtes? » Le nom lui allait drôlement mal, ce qu'il estimait un fait qui au final lui allait bien. Ca collait avec le reste - à défaut d'avoir bon goût, elle était cohérente. « Norbert. » Il agrémentait sa présentation d'un léger signe de tête. « Ravi de faire votre connaissance, Victoria aux champignons. Je suppose avoir interrompu votre... balade?, je m'en excuse sincèrement. » Il n'y avait rien de sincère dans son excuse.
Norbert observait encore (il n'arrivait pas à s'en détacher) le poney à côté d'elle. « Et votre... cheval? » L'hésitation s'entendait au ton de sa voix.
Plus bas, presque destiné qu'à elle comme s'il risquait de vexer l'animal (il avait vu Raiponce, on la lui fait pas à lui), il ajoutait: « C'est bien un cheval, rassurez-moi? »

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✶ death awaits ✶
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Sigrid Grahn
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cueillir des champis

En résumé : l’homme qui se tenait face à elle était venu dans une forêt, un dimanche matin, pour cueillir des champignons qu’il était incapable d’identifier pour en faire un plat, n’était pas du genre à rire… Et il lui soutenait mordicus qu’il était un génie en devenir.

Si elle croyait à une blague précédemment, elle était en train de revenir vers son idée de départ : cet homme était complètement égaré et déboussolé. Au point, où elle se demanda, si comme certaines personnes sujettes à ce genre de crise de désillusion, il portait sur lui une carte avec une personne à contacter. Parce que ce brave Norbert - ses parents devaient le haïr - n’avait pas l’air de faire le plus de sens de la situation.

Sigrid ne l’interrompit pas dans son monologue - bien qu’elle en ai eu envie à de nombreuses reprises, c’était faire appel à un sacré self contrôle la concernant. Elle avait légèrement froncé les sourcils, se retenant de lui dire que non, bouffer des champignons pour savoir lequel le tuerait ou lui donnerait la chiasse ne faisait pas de lui un génie, mais il semblait hermétique au bon sens.

« Enchanté… Norbert. »

Mais ce qui inquiétait la rouquine, c’est que vu son manque de bon sens, le garçon allait faire les faits divers dans quelques semaines.

Et elle fut encore plus inquiète quand il regarda son équidé et lui demanda si c’était bien un cheval. Elle regarda l’animal, le garçon, puis l’animal à nouveau. Non, c’était clairement un lama ? Urban s’ébroua légèrement sous le regard de sa cavalière, ne se doutant pas un instant de ce qui se passait. « … Il s’appelle Urban. » Elle lui grattouilla l’encolure avec un petit sourire. « C’est bien un cheval. Enfin, un grand poney. » Urban était dans les standards hauts de sa race, mais ça allait très bien à Sigrid : elle pouvait toujours mettre le pied à l’étrier sans avoir besoin d’aide. « Vous voulez le caresser ? Il ne mord pas. » Il avait l’air de mépriser l’animal - sûrement plus par crainte que par méchanceté (enfin, elle espérait.). Et pour être honnête, la rouquine pouvait comprendre : il fallait avoir un sacré problème pour montrer sur une bête de 500 kg qui avait l’instinct de survie d’une banane. Le contrôle avec eux n’était qu’une illusion.

Nonobstant, Urby était une bonne patte. C’était un animal qui n’avait pas peur de grand-chose dans la vie et qui se montrait relativement confiant. La preuve, il était même assez calme à ses côtés.  

Sigrid aurait été tentée d’appeler les autorités compétentes pour aider l’homme aux champignons. Qu’ils viennent le chercher et le raccompagnent de là où il venait. Mais entre le peu de réseau, le fait qu’ils étaient dans une forêt et qu’ils mettraient au minimum une vingtaine de minutes pour les rejoindre - s’ils ne l’envoyaient pas paître… Elle n’était pas vraiment sûre de l’idée. En dernier recours, sûrement.

Il n’avait pas l’air si perdu que cela, non ? Fallait espérer en tout cas.

« Vous allez avoir besoin d’aide pour retrouver votre chemin ? » Elle ne savait pas d’où il venait, mais elle ne voulait pas croire qu’il avait fait une heure de marche pour se retrouver perdu dans les sous-bois. Mais elle n’était à l’abri de rien. Dans tous les cas, il ne pouvait pas avoir pris de bus. Pas dans le coin un dimanche matin en tout cas. « Si vous voulez, je peux vous accompagner avec Urban. On a parcouru l’endroit en large et en travers. » Et les bois étaient souvent un endroit un peu traître, elle le savait pertinemment. Mais rien de bien inquiétant pour Sigrid, elle avait toujours aimé se balader entre les arbres.

Et puis elle voulait l’accompagner pour éviter un fait divers et s’acheter un peu de tranquillité d’esprit. Elle dormirait mieux ce soir si l’homme ressortait de la forêt sans champignons morbides.
  


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Screaming birds sound an awful lot like singing.

Norbert Vaast
légère suspicion

Norbert Vaast

saisons : 42 ans
occupation : conseiller en recherche d'emploi
myocarde : célibataire, divorcé. retrouvez-le sur meetic.
miroir : shroom trip (sigrid) RCm15RR6_o
faciès & artiste : robert pattinson (sung-jinwoo)
victimes : 308


Shroom trip

❝ ❞

Si Norbert était sûr d’une chose depuis qu’il était entré dans cette forêt, c’était qu’aucune partie de Victoria (vraiment, ce prénom lui allait horriblement mal) n’était enchantée de le rencontrer. Elle était probablement aussi mauvaise menteuse que lui était un professionnel de l’exercice, mais il n’en faisait pas cas. Il était un type d’existence où ça n’était pas nécessaire, probablement, supposait Norbert. Le type où elle devait parler à quelqu’un d’autre qu’un énième cas désespéré au potentiel duquel elle devait faire semblant de croire, un éternel sourire pendu aux lèvres. Il supposait que plus le travail était essentiel au bon fonctionnement de cette société, plus il était d’usage de faire semblant, pour le bien commun. La tâche n’était pas facile, il est vrai, mais il s’en sentait capable. Il fallait bien que quelqu’un le fasse, pour que d’autres comme elle puissent vivre une vie loin de tout ça, loin du poids de la société et du capitalisme accablant que la majorité semblait penser nécessaire et qu’il devait malgré lui alimenter. Norbert faisait partie du grand moteur de la vie, était probablement au monde ce que l’aorte était au corps humain: essentiel, quand bien même on y pensait pas toujours. Un héros de l’ombre, tout bonnement. Le sacrifice au bout des doigts, acceptant les responsabilités pour en libérer les autres. Elle aurait définitivement dû être enchantée.

Norbert ne quittait pas le cheval des yeux, même quand la voix de Victoria lui parvenait. « Il s’appelle Urban. » Drôle de nom. Norbert s’apprêtait à le lui dire, perplexe du choix avant de se rappeler qu’il avait, un jour, appelé son chat Soup. Il ravalait sa remarque en vitesse. « C’est bien un cheval. Enfin, un grand poney. » « Un grand poney? Est-on sûrs de l’appellation? » La réponse sortait cette fois sans prévenir - non pas qu’il s’en serait retenu s’il avait pu. « Vous voulez le caresser? Il ne mord pas. » Voilà qui était nouveau: Norbert n’avait même pas envisagé que l’animal puisse le mordre.
Il ajoutait une nouvelle peur à la liste.
Norbert feignait un sourire, le genre qu’on réserve à la famille quand Tatie Marthe demandait « Tu veux voir une photo de mon petit fils? » et que la politesse voualit que tu répondes « Bien sûr, Tatie, j’attendais que tu le proposes! » quand tu détestes en réalité les enfants et que tu te cares le rein de ce qui arrivait ou non dans la vie de Tatie.
Norbert déglutissait, tendait avec hésitation la main vers l’animal, gardant celle qui tenait le petit sac de sa récolte dans son dos, loin de l’autre. Du bout des doigts, il tapotait la tête de l’animal, tentait une gratouille avec un petit rire nerveux. « J’ai jamais été à l’aise avec les chevaux. Je crois que c’est le fait de pas savoir où commence leur nez et où finit leur front. Ca me perturbe. » Il se laissait aller à tapoter quelques fois de plus son nez-glabelle-front, comme l’aurait fait quelqu’un de très mal à l’aise pour réconforter une vague connaissance, avant de récupérer sa main et la frotter sans y penser sur son bermuda. Pour une fois, l’insulte implicite n’était pas voulue.
« Vous allez avoir besoin d’aide pour retrouver votre chemin? Si vous voulez, je peux vous accompagner avec Urban. On a parcouru l’endroit en large et en travers. » Norbert souriait à la proposition, presque touché. Il s’écartait de la trajectoire directe du cheval, comme une invitation à s’avancer avant même de parler.
Ses bras se croisaient dans son dos comme un vieillard, le sac se balançant doucement à son poignet dans ce qu’il restait du mouvement. « Je finirais bien par sortir, mais je ne refuse ni l’aide ni la compagnie. » En réalité, sa voiture n’était pas garée bien loin et il avait un sens de l’orientation plutôt correct, il n’aurait pas eu de gros souci à retrouver sa route — mais il n’y avait aucun fun dans cette idée-là. Ils ne mettraient pas longtemps à sortir de là dans tous les cas, autant profiter jusqu’au bout de cette rencontre péculière.
« Après vous. » Il faisait un petit signe de tête, laissait la jeune femme et son animal entamer la marche avant de les suivre, la détente visible jusque dans sa démarche.
« Je dois admettre ne pas m’aventurer souvent dans les bois. Je suis un homme des villes, plutôt qu’un homme des champs, vous voyez? » Il évitait de justesse quelques obstacles, manquait de littéralement manger un arbre. D’un coup d’oeil pour éviter une énième racine, il remarquait l’état pitoyable de ses chaussures et ses chaussettes: couvertes de terre, ou de boue, ou de va-savoir-quoi. Norbert était trop précieux pour la nature. « C’est votre passe temps, les balades dominicales en poney, ou vous êtes un genre de ranger de la forêt? »

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✶ death awaits ✶
When you're dead there will be no grave to remember your name, For your greed brings your end and there's no one but yourself to blame.

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