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Strangers (John)

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Sam Hall
aucune suspicion

Sam Hall

saisons : Trentenaire.
occupation : CV pourri, rendez-vous chiants avec son conseiller emploi, compte bancaire troué. Rien à signaler.
myocarde : Coeur brisé et verve inexistence, Sam a le célibat résolu.
miroir : Strangers (John) Cc502e898945f3c1422c353764253fe51a5ab7e6
faciès & artiste : Barry Keoghan (@persephoniagraphic)
victimes : 17


Strangers

❝ ❞
11.24 || Quai touristique, matin désert, tabac froid.


Scarborough a changé sans que le cœur n’évolue. Ils ont pu repeindre les devantures, faire vieillir les enfants, échanger de place le manège et le vendeur de gaufre, au fond ça reste la même ville, la même merde, le même silence assourdissant dans les oreilles de Sam.
Il déteste cette ville, il se le dit en continu, il se le marmonne, avec un fond d’angoisse dans la voix quand il sent ses murs l’entourer et l’empêcher de partir. Piégé, il est piégé ici, comme quand il était enfant, comme quand il regardait le ciel et jalouser les oiseaux qui, eux, pouvaient voir ailleurs. Là encore il se balade avec le nez en l’air, comme quelqu’un proche de se noyer, qui cherche au plus haut la bouffée d’air qui le gardera en vie pendant la longue apnée à venir.
Ses amis ont vieilli sans lui, sa famille ne ressemble plus à rien, sa vie n’en parlerons pas, et il ya ce trou béant là où elle devrait se trouver et elle lui manque, elle lui manque, elle lui manque…
Il se met à chanter, là, du bout des lèvres, pour adoucir la lente, atrocement lente agonie.

La plage, elle, est peut-être ce qu’il y a de moins moche de la ville.
En semaine, en automne, hors des vacances, pendant que la mer est loin, l’endroit est assez désert pour que s’y balader soit agréable. Sam s’y perd un moment, fait quelques aller-retour. Il a le temps. Il a tellement de temps qu’il ne sait plus quoi en faire. Il pourrait fumer. La pensée lui passe à peine par la tête qu’il a déjà la main à sa poche arrière pour sortir un paquet désespérément vide. Merde.
Et c’est là qu’on a un peu la rage d’être sur une plage déserte.
Il finit de remonter l’étendue de sable qui s’étend presque à l’infini ce matin jusqu’à ce que le petit point qui représente le vendeur de glace devienne assez gros pour qu’on puisse discerner la présence d’un autre être humain à l’intérieur. Si Dieu est bon, un fumeur.
Maintenant qu’il la veut, sa clope, Sam la veut maintenant. C’est abominable comme le cerveau est construit et soudain la plage est minuscule, et atrocement vide, et il n’en peut plus de marcher. Enfin, il discerne l’arrière d’une tête à cheveux long et se retrouve assez proche pour lancer à l’aventure :
— Hey mate! Got a fag to spare?
Il n’est jamais aussi sûr de lui et audacieux que quand il essaye de taxer. L’habitude. Une série de phrases, de réflexions, d’attitudes qu’il a appris par contre.
La façade bien huilée se fracasse au sol quand le gars se retourne et que Sam reconnaît..
— Sean?!
C’est comme si le gars lui avait roulé dessus avec son camion de glace. Sam n’est plus à Scarborough mais à Londres, dans leur appartement pourri, en train d’accorder sa guitare pendant que Sean nettoie sa flûte. Ils rigolent d’un truc, Sam lui montre une chanson qu’il a écrite, ils espèrent avoir un concert bientôt. Et puis plus rien.
— What the fuck mate?
Il est juste là, perdu, comme chaviré sur la plage, à regarder une incohérence se présenter sous un masque de normalité. Sean et Scar c’est pas censé se croiser, c’est même pas censé savoir que l’autre existe et là… soudain…
Sam ne sait même pas par où commencer pour essayer de faire sens de ce qu’il a sous les yeux.


John Brixton
légère suspicion

John Brixton

saisons : 34 ans, si vous voulez la marque de sa crème de jour, il peut vous envoyez le lien amazon.
occupation : Marchand de glace affable et qui propose des goûts sympa à prix pas trop abusés.
myocarde : Célibataire, et assez discret sur la question en général.
faciès & artiste : Hozier, by Sarah
victimes : 81


Strangers

❝ ❞
11.24 || Quai touristique, matin désert, tabac froid.


John n’avait pas assez dormi. Pas la première fois qu’il passe une nuit quasi-blanche, mais l’habitude ne rendait pas l’affaire plus simple à supporter.
S’il écoutait ses amis, il serait resté dans son lit toute la matinée pour rattraper quelques heures de sommeil, mais il peinait à enfreindre ses manies. Le matin, il allait se poser avec son camion aux abords de la plage, qu’il pleuve, qu’il vente ou que le soleil lui tabasse la gueule.
S’il commençait à ne pas suivre ses rituels, ses horaires, il craignait que toute sa vie ne se délite de nouveau. Il était assez familier avec le sentiment de chuter vers les abysses pour ne pas se pousser lui-même dans le ravin.
Cependant il fallait avouer que quand il faisait face au vide touristique, à cette heure matinale, il regrettait un peu de céder aussi facilement aux sirènes de l’habitude.
Il servit une famille avec un sourire un peu étiré, entama une courte discussion avec des joggers (qui fait ça ?) qu’il voit souvent passer et qui, à défaut de lui acheter quoi que ce soit, se font un plaisir de lui rapporter quelques ragots, et entre deux interactions il se demande s’il ne serait pas intelligent d’installer dans un coin du camion un petit pouf sur lequel il pourrait se laisser sombrer dans les moments de pause.
Faute de pouf, il s’active à nettoyer l’intérieur. Surtout la machine à gaufres qu’il ne pas va tarder à remettre en marche avec la baisse des températures. Il est là, avec son éponge et son vinaigre blanc (c’est plus écolo et moins cher à ce qui paraît) à frotter bercé par le fond rassurant de la mer qui lèche le sable quand une voix lui parvient.
C’est qu’il en sursauterait presque, et d’abord il pense que ce n’est pas adressé à lui. Il est glacier, pas tenancier de PMU après tout, mais quand il se retourne c’est pour constater que c’était bien à lui qu’on s’adressait.
"Erm… sorry mate," répond-il en imitant un peu le langage de l’homme face à lui. "Only ice-cream here."
Il n’a pas encore le temps de se dire que le gars a l’air un peu paumé, un peu en dehors d’une certaine manière qu’il le voit s’agiter et…
John fronce les sourcils de l’entendre appeler un inconnu comme ça, et doit se retenir de se retourner pour vérifier que personne n’a fait irruption dans son dos. Il sait très bien que non. Après il est encore tôt et peut-être que le type sort d’une nuit chargée et se perd encore dans ses sens.
Il semble véhément cependant, et John a sa main droite sur son portable, prêt à appeler les autorités pour le débarrasser d’un mec dosé si jamais c’était nécessaire.
"I’m sorry sir," reprend-il cette fois en insistant un peu plus sur la politesse, comme si cela allait permettre de créer une barrière et de faire comprendre à l’inconnu son erreur. "I don’t follow you. I don’t have any cigarette. If you want a scoop I can help you, if not you’ll have to go." Pas comme s’il pouvait vraiment demander à quelqu’un de dégager d’un espace public comme les bords d’une plage, mais il espérait que son ton était assez ferme pour faire passer le message.
Il avait bien besoin de ça, un allumé dès le matin. Il lui faudrait un café, et bien serré. Dommage que Ren ne fasse pas de livraison.


Sam Hall
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Sam Hall

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Strangers

❝ ❞
11.24 || Quai touristique, matin désert, tabac froid.


Sean est sous ses yeux mais Sean ne ressemble pas à Sean. C’est les années, déjà, Sam ne sait pas exactement combien mais ça doit ressembler à quinze. On change en quinze ans, lui-même a dû changer en quinze ans, mais là c’est autre chose. C’est un regard qui ne le replace pas ou qui fait semblant de ne pas le faire.
Sam se prend la douche froide quand le gars qu’il considérait comme un frère lui sort du sir là, avec le ton de celui qui se demande ce que lui veut son dingo.
Est-ce que c’est lui ce dingo ?
Est-ce que Sam s’est inventé Sean ?
Y a eu pire, y a plus absurde dans la vie de Sam et, soudain, il doute. Il a même un pas en arrière, frappé par la peur de lui-même, d’avoir un peu agressé un gars comme ça, à son taff, parce qu’il lui rappelle son ami imaginaire. Ce serait retour là d’où il vient, direct.

Sauf que la voix de ce gars, c’est la voix de Sean. Et ses manières, et quelque chose dans son regard, et vraiment Sam est imaginatif mais pas assez pour s’inventer quelque chose d’aussi précis. Non, Sam n’en est pas à sa première hallucination, mais c’est bien la première fois qu’il se retrouve face à quelqu’un d’aussi tangible. Et il se souvient quand même des photos, et son psy lui a appris à reconnaître le réel du fantasmé et… Il inspire trois fois, il remonte sa check-list et, non, non.
Sean était réel.
Sean est en train de se foutre de sa gueule.
— Don’t sir me, man. What the fuck you playing at?!
Ça n’a aucun sens. Sean, déjà plus grand que Sam, le domine depuis son comptoir surélevé et Sam s’énerve de cette distance, de cette réponse de merde, de ce cinéma ridicule.
— You fucking abandon me and now this? I have to go? After you come to my hometown?
Ça lui fait mal d’articuler ces mots mais la colère l’aide à mettre des mots sur ce qu’il n’avouerait jamais en restant calme. Ça n’a aucun sens. C’est juste sacrément cruel, de venir jusqu’ici pour l’envoyer dans les roses. Il préférait encore quand il pouvait s’imaginer Sean crevé dans une allée, incapable de reprendre contact pour cause de décès. Pas parce qu’il n’en a, juste, plus envie.
— Just say you’re done with me! Come on! I can take it. He can’t. But don’t play fucking games with me.


John Brixton
légère suspicion

John Brixton

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Strangers

❝ ❞
11.24 || Quai touristique, matin désert, tabac froid.


cw : mention de décompression, de crise psychotique.

Pendant un instant, il pense que ça va suffire. L’inopportun visiteur recule, semble comprendre dans un éclair de lucidité qu’il a merdé. La prise de John sur son portable se détend, et il va jusqu’à le lâcher et sortir sa main de sa poche.
On n’a pas idée d’être aussi jumpy, a-t-il le temps de se dire, presqu’énervé envers lui-même de se mettre aussi facilement sur la défensive. Il devait se détendre, rien que pour sa tension nerveuse.
Alors il n’a pas de clope à filer, mais il est prêt à lui passer un gobelet de café. C’est pas une mauvaise idée, et ça lui remettrait peut-être les idées en place, à ce gars. "I can…" commence-t-il avant de se faire interrompre brusquement, et avec beaucoup de rage. Le f-word est lâché et vraiment, John n’apprécie pas ça. Des clients désagréables, il en a eu, comme tout le monde, mais on est rarement trop agressif avec le marchand de glace du bord de plage. Là, clairement, il y avait quelque chose. Sans que John ne parvienne à mettre le doigt dessus.
La suite l’éclaire.
C’était personnel. C’était personnel, mais l’homme en face de lui était un parfait inconnu. Un parfait inconnu qui l’accuse d’abandon, comme s’il était le dernier des Dom Juan. Il bat des cils, plongé dans la plus complète des perplexité, sans savoir quoi répondre à ce qu’on lui assène.
Il ne voit que deux explications.
La première : il est face à un homme en pleine crise de désillusion. Décompression ou autre, il n’en sait rien, mais le type part en vrille, et sa crise s’est cristallisé autour de la première personne qu’il a croisé, ici : John.
Évaluation du danger : léger à moyen si en face le type est armé.
Conduite à tenir : désamorcer.
La deuxième explication… Il la chasse de son esprit sans vraiment prendre la peine d’y songer. Il n’a pas la place pour ça, là. Il ne veut pas y penser.
Bon… désamorcer donc. Il vient poser ses deux mains sur le rebord de son comptoir amovible, comme un signe de bonne volonté, et surtout un signe de non-agression.
"Look, man, I really… don’t get what you’re saying. I’m sorry. You must mistake me for someone else?" Il rajoute après cela un pieu mensonge, pour ne pas avoir l’air accusateur ou de prendre l’inconnu pour un idiot. "I get that a lot. Must have a familiar face, you know?" C’est qu’en face, l’homme n’avait pas vraiment une tête familière. John avait déjà vu des personnes paumées, il croisait régulièrement le regard d’une d’elle d’ailleurs, quotidiennement, et ce n’était pas quelque chose dans les fringues, dans l’attitude, dans le visage, mais dans le regard.
Ce gars-là, il y avait quelque chose dans ses yeux, quelque chose de perdu, dans tous les sens du terme.
"There, my name’s John. What’s yours? I can’t give your a smoke, but what about coffee?" Et en disant cela, il chope un gobelet et recule d’un pas, sans lui tourner le dos ou le perdre de vue, pour mettre en route sa machine à café. "On the house." On avait souvent dit à John qu’il avait une voix douce, apaisante. Il espérait que ça pourrait faire la différence aujourd’hui.


Sam Hall
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Sam Hall

saisons : Trentenaire.
occupation : CV pourri, rendez-vous chiants avec son conseiller emploi, compte bancaire troué. Rien à signaler.
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❝ ❞
11.24 || Quai touristique, matin désert, tabac froid.


Sam n’est pas doué avec les visages, avec les voix, avec les gens de manière générale. Il a du mal avec le temps qui passe, il a du mal à garder le contact, il sait qu’il peut être difficile à suivre, et à garder, et à apprécier sur le long terme. Il se connait, même s’il préfère parfois ne pas se regarder en face, et il y a quelque chose d’un peu absurde dans la situation, qui ne lui ressemble pas.
Quand on s’est fait abandonner, par le système, par sa famille, par ses amis, par la femme qu’on aime, quand y a un abandon systémique, puis choisi, puis subi, y a quelque chose dans ton crâne qui te dit « arrête ». Arrête les frais, arrête de chercher, garde la distance. Ils veulent pas de moi, très bien, bah moi non plus je veux pas d’eux. Et dans la plupart des situations, ça marche.
Sam s’est déjà imaginé recroiser Sean. Des dizaines, des dizaines de fois. Il s’est même préparé à revoir Sean. À sa sortie de taule, après des années de silence, Sam a un peu hésité mais il a fini par se présenter devant chez son meilleur ami pour exiger des explications. Puis il l’a appelé, et appelé des potes en commun, et il l’a cherché. Et pendant tout ce temps, il avait des discours dans sa tête, des réflexions acerbes, des dialogues entiers où un Sean qui aurait complètement changé de personnalité irait soit lui cracher à la figure soit lui pleurer dans les bras. Qu’on en finisse, c’était ce que Sam s’était gardé en tête pendant toute cette quête. Qui n’avait abouti à rien.
Et pendant tout ce temps, toutes ces scènes fantasmées, aucune ne l’a regardé comme ça.
Non, Sean n’est pas doué avec les visages, mais Sean aurait dû être la personne qui reste malgré tout, et voilà que c’est celle qui l’abandonne le plus complètement.

La colère remontée redescend comme un soufflé quand le gars se présente avec carrément un autre nom. Quand Sean se présente comme John. Lui offre un café. Qui offre un café à la personne qu’on fait semblant de ne pas reconnaître ? Qui essaye d’adoucir le coup qui sert à te déloger aussi violemment ?
Sam reste là, complètement ahuri, à chercher ce qu’il est censé faire, dans cette situation.
— What the fuck, se retrouve-t-il à dire très bas.
Sean n’a pas de jumelé, n’a pas le genre de vie qui fait que tu as un jumeau aux cheveux longs qui se balade à l’autre bout du pays. Sean c’est le gars normal, sans histoire, qui a un rire bizarre et qui te défonce sur GameCube. C’est ni un manipulateur, ni un mec cruel.
Sam est maintenant parfois sonné, et sous le choc, perdu dans des souvenirs contraires, à revivre des scènes qui n’ont rien à voir avec la situation.
Qu’est-ce qu’il fout ?
Y a un muret non loin du camion de glace, il s’y laisse tomber, marmonne quelques mots, se parle à lui-même pour essayer de se calmer, de se raisonner lui-même.
— Maybe some coffee, lâche-t-il finalement.
Peut-être que s’il fait comme si la situation était normale, peut-être que s’il accepte que ce John n’est pas Sean, alors le délire s’arrêtera. Merde. Il ne veut pas que ça recommence. Il ne veut vraiment pas que ça recommence.


John Brixton
légère suspicion

John Brixton

saisons : 34 ans, si vous voulez la marque de sa crème de jour, il peut vous envoyez le lien amazon.
occupation : Marchand de glace affable et qui propose des goûts sympa à prix pas trop abusés.
myocarde : Célibataire, et assez discret sur la question en général.
faciès & artiste : Hozier, by Sarah
victimes : 81


Strangers

❝ ❞
11.24 || Quai touristique, matin désert, tabac froid.


Il voit l’homme en face redescendre à la manière d’un matelas gonflable dont on ouvre la valve, et c’est presque saisissant de voir à quel point cela a été rapide. A tel point que John se dit qu’il aurait peut-être pu être psy, ou négociateur pour la police, plutôt que glacier (enfin l’idée de reconversion ne dure vraiment pas longtemps). Il ne va pas spécialement chercher à creuser quand son énergumène se marmonne un truc, le laisse s’éloigner un peu pour s’installer sur le muret qui longeait la digue de la plage.
Bien sûr s’il avait une file de clients à l’attendre il ne jouerait pas à ça, mais là il était seul et bien seul avec ce monsieur qui ne lui avait toujours pas dit son nom. Alors il pouvait bien se permettre de perdre un peu de temps pour éviter que l’inconnu n’explose comme une cocotte minute privée de soupape.
La machine a crachoté son café dans le gobelet, il passe un petit cercle de carton pour rendre le contenant plus portatif (pas que ça le dérange lui, mais il ne voulait rien faire qui pourrait énerver son bonhomme). Il sort ensuite du camion pour rejoindre le type auprès du muret. Il ne va pas s’asseoir à ses côtés, il ne veut pas pousser la chance, et il craint qu’une trop grande proximité ne l’enfonce un peu trop dans sa désillusion.
Alors il se contente de lui tendre le gobelet :
"There you go, man. Careful, it’s hot."
Il lui adresse un sourire de service, presque machinal, qu’il peine à ravaler tant c’est habituel. Après tout, le type une fois assis ne paraissait pas trop dangereux, et John n’était pas un agneau égaré, il faisait presque deux mètres et savait se défendre en cas de besoin.
"Having a rough day eh? I know the feeling… Do you need me to call someone for you?"
Quelqu’un de sa famille, un ami… Quelqu’un qui pourrait prendre soin de lui, comprendre ce qui se passait. parce que John jouait ses cartes à l’aveugle.
"Or I can call you a taxi too, to bring you to your house, if need be."
C’était plutôt clean comme offre, trouvait-il.


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