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Gonna let you see my fire

2 participants
Khadijah Brown
aucune suspicion

Khadijah Brown

saisons : (trente années)
occupation : (cambrioleuse)
myocarde : (brisée)
miroir : Gonna let you see my fire Xet3
faciès & artiste : jorja smith (av : mooncalf, gif : girlscapitalism)
victimes : 51


I was born to be
the chosen
Gonna let you see
my fire


❝ ❞


tw/cw : incarcération, vulgarités, références religieuses

Quelque part dans la prison de Whitby aux abords de Scarborough, Khadijah se préparait à sortir. Elle répétait un rituel maintenant bien établi, prenant soin d’appliquer le plus beau fard à paillettes en sa possession à l’aide d’un miroir de poche habilement subtilisé. Elle prenait soin d’accentuer son regard, faisant ainsi ressortir ses yeux de biche et mouvant ses lèvres pour mieux se concentrer.

Ils n’allaient pas tarder à venir la chercher pour la laisser sortir - et même si ce n’était ni la première fois ni la dernière, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir pour une énième fois une excitation de gamine. Au-delà de la réjouissance de quitter enfin ce trou à rats, elle ne tenait plus en place à l’idée de retrouver Bisous. Un sourire béat se dessinait sur ses lippes lorsqu’elle pensait à leurs retrouvailles - à tel point que ses comparses de cellule avaient commencé à la titiller sur ses potentielles retrouvailles avec un amoureux. I’m not that type of bitch, avait-elle simplement répondu.

On tambourina à sa porte et elle se redressa aussitôt pour quitter au plus vite son taudis. Laissant volontairement derrière elle les quelques objets qu’elle avait pu accumuler durant ces derniers mois - elle n’avait plus besoin de ces bibelots après tout, elle en obtiendrait d’autres, plus beaux, plus resplendissants. On l’invita à suivre deux agents à travers les différents couloirs jusqu’à la salle des départs. D’excellente humeur, elle tirait la langue à certaines détenues, adressant même des doigts d’honneur aux plus chanceuses, “I’m leaving this hell, ladies, don’t you dare forgetting my angel face” avait-elle hurlé à tue-tête à destination des curieuses.

Dans la salle de départ, elle ramassa ses affaires, retrouvant avec joie ses effets personnels, son téléphone portable, ses bijoux et autres artifices essentiels à son existence. Elle enfila sa doudoune courte puis son sac sur son dos, tout en échangeant quelques banalités avec les agents présents, certaines trognes étant définitivement trop familières. See you soon, ‘Brown, avait-on murmuré alors qu’elle franchissait finalement le portail.

La première bouffée d’air frais eut l’effet d’une drogue, revigorante, euphorisante et terriblement réconfortante. Se sentir de nouveau libre. Elle était définitivement addict à cette sensation. Mais si elle savait que la véritable libération était spirituelle, Du sein de la détresse, j’ai invoqué l’Éternel : l’Éternel m’a exaucée, m’a mise au large.

Elle récupéra son portable dans le fond de son sac, réactivant la puce restée trop longtemps loin de son habitacle. Elle triturait les boutons du vieux bigo à une allure folle, trop impatiente de découvrir ce qui l’attendait en ligne et dans ses messages. Parmi la multitude de missives reçues, elle chercha en priorité les messages envoyés par Bisi, sa sœur d’une autre mère. Et bien sûr, le dernier message lui annonçait qu’elle était déjà en route.

Khadijah scrutait les voitures qui défilaient comme on attend ses parents à la sortie de l’école, faisant de grands gestes à chaque fois que la conductrice ressemblait un peu trop à Bisi. Beaucoup trop impatiente et affamée - elle espérait qu’on lui avait ramené un goûter.

crédits icons : soeurdelune


Bisi Ajayi
forte suspicion

Bisi Ajayi

saisons : entre dans une nouvelle décennie, accueille trente ans pleine d'aspirations et d'envies.
occupation : créatrice de l'excès et reine du temple du sucré, celle qui gave vos gosses de bonbons avant qu'ils aillent se dépenser dans les allées du luna park.
myocarde : le cœur fuyant tout contact hypothétique, s'amuse au loin sans réussir à se projeter. sa peur se complait de ses angoisses.
miroir : Gonna let you see my fire VaW5VTVR_o
faciès & artiste : ayo edebiri (corvidae♡, ewan-mitchells).
victimes : 102

online

I was born to be
the chosen
Gonna let you see
my fire


❝ ❞

« Hi cutie, did you miss me? » Bisi s'agenouille tout en veillant à ne pas tacher son pantalon blanc. « Of course, I did. » dit-elle d'une voix mièvre. Le chat couleur crème se tient devant elle, passe entre ses jambes et s'y frotte. Ses ronronnements s'intensifient lorsque la jeune femme ouvre enfin la boîte de thon. La petite créature y plonge son museau, se délecte et Bisi l'observe, l'affection au fond des prunelles. Elle n'a pas le temps d'avoir un chat, du moins son train-train quotidien ne lui permet pas. Pas souvent chez elle, vadrouille à droite à gauche, bosse la plupart du temps : avec déception, elle s'est fait une raison. Alors, elle compense, nourrit les chats du quartier, attirant assurément certains chats errants qui ont l'air de se passer le mot. Courbe le dos, baisse le museau quand elle voit des notices dans le hall « Don't feed feral and stray cats » ou que les vieux geignards du quartier râlotent à coup de « For god's sake! » à la rencontre de toujours plus de chats vagabonds. Plus fort qu'elle ; arrive pas à se contrôler face aux minous qui l'implorent pour une bonne pâtée.

Hypnotisée par les ronrons, avide de caresses, d'un peu d'amour félin qui la perde dans une contemplation d'entichée, elle n'entend absolument pas l'un de ses réveils programmés sur son portable. Le bruit répété fait fuir le chat, la forçant à sortir de sa transe. Contrariée, Bisi découvre toutefois qu'elle est bien en retard pour son rendez-vous du jour.

Tout se déroule à merveille, bien que Bisi soit un peu à la traîne. Elle organise cette surprise depuis plusieurs semaines : le plan d'épargne logement est craqué, la belle tenue enfilée, la journée entièrement banalisée et réservée pour la princesse, la location d'une décapotable d'époque blanche comme carrosse signée et actée. Ainsi une vieille Nash-Healey, star des films d'amour des fifties, rutilante et comme neuve, l'attend. Prête à être cabossée et secouée dans tous les sens, Bisi s'y installe et la démarre. Des ballons gonflés, un peu plus tôt dans la matinée, sont accrochés aux rétroviseurs. Elle ne conduit pas beaucoup, préfère emprunter les transports en commun ou marcher la plupart du temps. Vivant non loin du centre-ville, ce n'est pas gênant au quotidien. Seulement, pour ce genre d'occasion en or, elle est bien heureuse d'avoir un permis quelque peu poussiéreux. Khadijah mérite le meilleur, surtout pour sa sortie de prison. Aidée d'un bon chèque et de son petit minois, Bisi a donc réussi à ce que le propriétaire lui loue la bagnole pour la journée, histoire d'avoir une voiture à la hauteur de sa sœur.

Bisi y croit dur comme fer : chaque nouvelle sortie de prison l'éloigne un peu plus de la récidive. Un travail de longue haleine, éreintant mais absolument pas contraignant : elle y passerait le reste de sa vie à aider Khadijah s'il le fallait. À l'approche du centre pénitencier, elle se met à klaxonner frénétiquement. Quand la silhouette de son amie se dessine au loin, elle tambourine contre le volant, tente de se lever de son siège et fait vaciller la voiture sur le gravier. Elle répond avec enthousiasme aux gestes de sa copine, n'est en rien désarmée par les regards que les rares passants peuvent leur lancer. C'est d'une simplicité folle d'ignorer le jugement des autres pour se concentrer sur la flamboyance de Brown, réussit avec brio à détourner Bisi de ses propres insécurités.

Bisi se gare hasardeusement, ouvre élégamment sa portière et fond sur la jeune femme. « So happy to see you, love! » L'enlace avec bonheur, lui adresse un sourire solaire. Flanquée de deux frères, Khadijah est la sœur d'une autre mère, celle dont elle a toujours rêvé. Sur les bancs de la fac, impossible de ne pas trouver l'une perpétuellement à proximité de l'autre. Elle finit par se détacher, recule tout en retirant ses lunettes de soleil qu'elle pose sur son front. Se tournant légèrement vers la voiture, elle passe une main sur la carrosserie. « Look at this. Not gonna lie but I'm pretty proud of myself. Do you recognize it? » Fine connaisseuse de voitures n'est pas un rôle qui lui sied à ravir alors elle se sent un peu maladroite dans ses gestes. « One of the most iconic cars in the history of rom-com. », Bisi s'exclame, ne cache pas sa volonté de jouer les Hepburn et Bogart pour apaiser leur cœurs déglingués et âmes peinées.

@Khadijah Brown
cr: soeurdelune

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