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retrograde (damon)

Norbert Vaast
légère suspicion

Norbert Vaast

saisons : 42 ans
occupation : conseiller en recherche d'emploi
myocarde : célibataire, divorcé. retrouvez-le sur meetic.
miroir : retrograde (damon) RCm15RR6_o
faciès & artiste : robert pattinson (sung-jinwoo)
victimes : 307


retrograde
You're on your own, in a world you've grown
Few more years to go, don't let the hurdle fall

❝ ❞

Tout se bousculait depuis la terrible soirée d’Halloween — les pensées d’abord, étrangement parasitées par une paix intérieure semblant millénaire et qu’il savait ne pas être sienne. Norbert avait beau se faire vieux, il savait que ça n’avait pas été lui, rien de tout ça n’avait été eux; ni lui, ni Sayanel, ni Annabeth, ni Pearl, ni même le boucher du samedi. Pourtant, il n’appellerait pas ça de la possession non plus, pas dans le sens où il avait toujours compris ça: ça n’est pas qu’on était entré dans son corps malgré lui, personne n’avait pris sa place. Il était devenu l’autre, presqu’omnisciente quand bien même pitoyable aux dés, grandiose même si seulement de nullité. C’était peut-être plus terrifiant encore: il n’y avait probablement rien pour soigner ça, ni empêcher que ça se reproduise. Et si l’esprit de la Mort dont il était momentanément devenu l’avatar n’était occupé que de la sûreté de ce qu’elle avait à faire et de tout ce qui était et n’était pas, lui se souvenait avec horreur des coups assénés à son meilleur ami déjà au sol, de la manière pitoyable dont le manche de son arme s’était écrasé dans la chaire des autres en voulant l’atteindre à nouveau.
Il avait passé des soirées, en revenant de ce qui n’aurait dû être qu’une fête, avec le doigt qui se tient au-dessus du contact de Sayanel, à n’oser rien faire, préférer le silence aux excuses qui le terrifiaient.
Lui restait aussi en tête le démon qu’était devenu Pearl, les étranglements, puis l’horreur qui remplaçait l’exaltation dans son regard quand entrait dans son champ de vision le corps à terre du boucher. Norbert ignorait de quoi était faite leur relation,
Le soleil était bien bas dans le ciel quand Norbert se décidait enfin à entrer dans la boucherie, une seule (espérait-il) dernière cliente se faisant encore servir.
Il n’était pas revenu là depuis la terrible soirée, pour une raison que lui-même ignorait.

Il jetait un oeil à la marchandise, sans aucun intérêt apparent, les mains dans les poches, aucune trace d’un quelconque sac de courses pour la première fois depuis qu’il fréquentait le commerce. Son regard se relevait vers la personne derrière le comptoir de viande bien vite, et Norbert ne savait pas exactement quelle attitude avoir face à lui. Le conflit qui les avait opposés brièvement au coeur de l’horreur avait été infondé et ne les concernait pas tant eux que ceux qu’ils étaient momentanément devenus. Il n’y avait eu aucune rancune dans l’après, non plus — s’il avait eu le temps et l’esprit suffisamment libéré pour y penser, Norbert lui aurait peut-être même tendu la main pour l’aider à se relever et fuir, surtout quand il semblait connaître Pearl. Mais il ne l’avait pas fait; quelques mots et il l’avait laissé dans la grange, ignorant s’il en était sorti par lui-même, s’il conservait aussi quelconque souvenir de ce qui s’était passé.
L’horloge au mur annonçait une minute après la fermeture, ce qui était suffisant pour Norbert pour supposer qu’il était libre de disposer de son temps personnel maintenant. La femme devant lui sortait joyeusement de la boutique, et l’atmosphère retombait aussi vite que la porte s’était refermée. L’intrus s’éclaircissait un peu la gorge, comme pour s’annoncer si l’autre ne l’avait pas déjà vu. Il s’avançait un peu, devant la caisse enregistreuse, là où il venait d’habitude un sourire aux lèvres et la bouche pleine de phrases d’accroche toutes ratées.
Son cerveau n’offrait que peu de mots au boucher aujourd’hui; que sa réserve ait été vidée ou que les mots se bousculent tant au portillon que rien ne voulait sortir, il n’en était pas sûr lui-même. « Hey. » Il se voulait plus détendu qu’il ne l’était vraiment, trahi par la tension dans les épaules qui lui descendait jusque dans les mains cachées dans les poches. Il avait plus l’air de la planche à découper posée sur le comptoir que d’un homme. « Glad to see you made it out okay. »

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✶ death awaits ✶
When you're dead there will be no grave to remember your name, For your greed brings your end and there's no one but yourself to blame.