lorsque poppy pénètre dans le studio, ses deux comparses sont déjà là, affairées à la préparation des micros et autres technologies dont elles ont le secret — un plaisir qu'elle leur laisse volontiers, très peu friande de ces choses-là. dans ses mains, un sac rempli de douceurs encore tièdes et déjà, l'odeur du
carrot cake maison qui embaume le petit studio, sa spécialité. quelques mois après son arrivée à scarborough, c'est avec une joie intense que poppy avait découvert ses deux compagnes d'antan, celles-ci s'installant dans le bourg tout auprès d'elle. il ne leur avait pas fallu longtemps pour qu'elles reprennent leurs habitudes de
tea party (et pas que du
tea, d'ailleurs), rituel régulier auquel poppy était très attachée. tout pour les gâter, toujours, les bourrer de douceurs sucrées et passer du temps à leurs côtés. des amitiés de longue date dont elle prenait un soin tout particulier. la remembrance de leurs épopées européennes au sortir de la faculté, la
dolce vita.
le podcast de gigi avait soudainement pris une place importante dans ces réunions nocturnes, le studio installé au sous-sol de la maison de la grand-mère — l'atmosphère tamisée et paisible, sous les néons et les guirlandes colorées, petite ambiance cosy dont poppy raffolait. lorsqu'avery avait rejoint gigi au micro, guest de premier choix, la brune s'était sitôt autoproclamée
responsable des snacks et des sweet treats. la plupart du temps, elle s'installait dans un fauteuil, grignotait quelque chose en écoutant, une tasse de thé ou un cocktail improvisé à la main. les premiers temps, elle n'avait pas osé parler, peu à l'aise à l'idée qu'on l'enregistre ou de devoir réécouter son propre timbre, se contentant de glousser dans un coin ou de lâcher des
fuck un brin trop vocaux. à mesure que les épisodes étaient enregistrés, elle avait consenti à participer pleinement aux épisodes, timidement au début, puis de manière de plus en plus assurée. finalement, l'angoisse s'était évaporée pour laisser la place à de réels moments de complicité assumés entre les trois amies.
and now, she was fucking loving it.la nuit est seulement tombée depuis quelques dizaines de minutes lorsque poppy prend place dans son fauteuil fétiche, observant ses comparses en clair obscur. voilà quelques semaines qu'elle n'a plus pu se joindre à elles, sans qu'elle ne leur ait pour le moment fourni de réelle explication —
trop de travail, qu'elle avait marmonné à moitié lorsqu'elle s'était excusée de ne pas venir.
trop de nausées, qu'elle aurait dû leur avouer, mais la révélation était encore trop difficile à formuler. elle leur propose rapidement une boisson pour éclaircir leurs voix, toujours des plus prévenantes. gingembre et citron, pour oublier le froid de canard de ces nuits de novembre. dans ses propres mains, une tasse encore fumante — tout pour réchauffer ses mains gelées. se débarrassant hâtivement de ses sabots à moumoute, elle s'installe en tailleur et se penche un peu vers elles avec un sourire attendri :
«
what topic did you choose for tonight ? »
et déjà, ses pupilles brillent d'excitation, à l'idée d'une nouvelle thématique horrifique pour ce mois de novembre et scarborough qui paraît hanté aux premiers jours de l'automne.
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